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24/07/2023

"Volte-face de Giorgia Meloni sur les migrants : "L’UE et l’Italie ont besoin [d’eux], mais seulement en situation régulière."" et "Le tandem Giorgia-Ursula, un pacte vers les élections européennes."

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Italie. Revue de presse. 

Tous les médias commentent largement l’issue du premier tour des élections en Espagne (« Espagne, un gouvernement difficile » Corriere della Sera, « le flop souverainiste » La Repubblica). Les images des incendies en Grèce, en particulier à Rhodes, sont aussi très présentes. La Conférence sur les migrations, appelée « le processus de Rome », qui s’est tenue hier est également citée, la presse revenant notamment sur l’« accord pour lutter contre les [passeurs], de von der Leyen à Saied» (Corriere della Sera, Stampa). 

Les JT couvrent essentiellement les incendies sur les îles de Rhodes et de Corfou en Grèce, la victoire en demi-teinte du Parti Populaire lors des élections en Espagne et le maintien du parti socialiste.

La conférence internationale sur les migrations et le développement à Rome ce dimanche et l’attaque de drones à Moscou survenue cette nuit sont aussi citées.

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Caprara : « La ligne de Meloni pour la Méditerranée : un dialogue d’égal à égal et lutte contre les [passeurs] » : « Giorgia Meloni considère que la Conférence internationale sur les migrations et le développement qui s’est tenue à Rome est un succès, mais le chemin est encore long avant que ce bilan ne puisse être unanimement partagé. Précédée au micro par le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, et accompagnée par l'autre vice-président du Conseil, Matteo Salvini, Meloni continue d’adapter à ses besoins gouvernementaux son discours sur le phénomène migratoire et les réfugiés.  ‘’L'Italie et l'Europe ont besoin de l'immigration", reconnait-elle désormais, contrairement à l'époque où elle réclamait un ‘blocus naval’ pour arrêter les passeurs. ‘’Concernant la lutte contre l'immigration clandestine, je pense que la priorité doit être de renforcer la coopération entre nos forces de police", a déclaré la Présidente du Conseil devant les représentants d'une vingtaine de pays dont ceux de la rive sud de la Méditerranée, de l'Afrique et du Moyen-Orient, parmi lesquels cinq chefs d'Etat (Tunisie, Libye, Emirats arabes unis, Mauritanie, Chypre) et huit chefs de gouvernement. Enfin, des phrases visant à réduire la méfiance à l'égard de l'héritage d'une droite italienne qui n'était certainement pas appréciée de tous en Afrique au 20e siècle. ‘’Ce que nous inaugurons est avant tout un dialogue d’égal à égal ", a assuré Giorgia Meloni."La grande nouveauté est que les nations qui recevront les fonds décideront comment elles entendent les dépenser." L'échange tacite qui semble être proposé consisterait en un financement de la part du Nord en échange de blocages des départs au Sud. Mais il manque encore beaucoup de prérequis pour la construction de ce chemin que Meloni a baptisé le "processus de Rome’’. La présence de la France, de l’Allemagne et d’autres pays européens n’était pas prévue lors de cette conférence. On peut souligner la convergence entre Meloni et la présidente de la Commission européenne sur deux propositions. Ursula von der Leyen a déclaré que le récent accord avec la Tunisie est un "modèle à imiter" et a ajouté : "Le premier domaine potentiel de coopération concerne l’investissement dans les énergies renouvelables". » 

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Conférence internationale à Rome sur les migrations et le développement

ARTICLE, Il Messaggero, F. Bechis, « Volte-face de Giorgia Meloni sur les migrants : ‘’L’UE et l’Italie ont besoin [d’eux], mais seulement en situation régulière’’ » : « Les dirigeants des pays méditerranéens défilent dans la capitale italienne pour prendre part à la conférence sur le développement et les migrations. Ce n’est pas un sommet contre l’immigration mais ‘’contre l’immigration illégale’’ précise Giorgia Meloni dans son discours d’ouverture, ajoutant que ‘’l’Italie et l’Europe ont besoin de l’immigration’’. Ces propos, prononcés par la femme forte de la droite européenne qui promettait en arrivant au Palais Chigi la plus grande fermeté sur les arrivées de migrants, produisent un certain effet. L’immigration est utile, c’est même une nécessité, reprend la présidente du Conseil. Et c’est pour cela que ‘’nous ne pouvons pas continuer à donner l’impression que ceux qui entrent illégalement sont favorisés au détriment de ceux qui souhaitent le faire légalement’’. Le projet de Meloni se divise en quatre volets : ‘’Premièrement, la lutte contre l’immigration illégale. Deuxièmement, la gestion des flux légaux d’immigration. Troisièmement, le soutien aux réfugiés et personnes déplacées’’, et enfin la ‘’coopération au développement avec l’Afrique’’. Ce dernier point était au centre de la conférence de Rome. L’Afrique, explique Giorgia Meloni, ‘’n’est pas un continent pauvre, c’est surtout un continent exploité’’ qui pourrait toutefois se révéler pour une Europe à court de ressources ‘’un extraordinaire producteur d’énergie, propre notamment’’. Le sommet de Rome est une ‘’rencontre entre pairs, d’où émerge un plan sur le long terme, et l’Italie peut avoir un rôle central’’ assure la Présidente du Conseil. La rencontre s’est conclue par une déclaration conjointe qui sera envoyée au secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres. Sur le fond, les parties s’engagent sur deux points. D’une part la lutte contre les trafiquants et d’autre part la coopération pour le développement, à laquelle sera dédié un fonds commun des pays invités à Rome. L’émir Mohammed ben Zayed Al Nahyane a promis que les Emirats arabes unis verseraient à la ‘’caisse de la Méditerranée’’ 100 millions d’euros. Une conférence des donateurs devrait avoir lieu l’année prochaine, promet Giorgia Meloni. En marge du sommet, Giorgia Meloni a pu s’entretenir en premier lieu avec le président Saïed, qui revendique l’initiative de Rome, lançant ensuite un réquisitoire contre le ‘’colonialisme’’ occidental ‘’responsable’’ de la vague de migration au sud. Meloni ne regrette pas la mission italienne pour sauver la unisie de la banqueroute : ‘’abandonner ce pays à son destin pourrait avoir de graves conséquences’’. » 

ARTICLE, Messaggero, de M. Ajello, « Le tandem Giorgia-Ursula, un pacte vers les élections européennes » : « La représentation d'un axe qui semble fonctionner a été mise en scène hier à la Farnesina : l’axe entre Meloni et von der Leyen.  L’Italie retrouve sa place centrale dans la politique internationale et le succès dans ce domaine revient à Giorgia Meloni, très proche de von der Leyen malgré les rumeurs qui les disaient incompatibles. La présidente du Conseil italien a remercié cette dernière pour ‘’le travail incessant qu’elle accomplit’’. Et von der Leyen de souligner que ‘’la signature du protocole entre la Tunisie et l'UE est bon instrument de coopération avec tous les pays concernés, à reproduire’’. Meloni veut être la référence pour la Méditerranée. Et Ursula partage et soutient cette aspiration. Meloni a compris - dit-on au siège de l’UE - qu'il ne suffit pas d'être méchant pour résoudre le problème des exodes massifs. L’axe Giorgia-Ursula repose sur des intérêts mutuels. Certains disent qu'Ursula n'a pas fait preuve d’intransigeance avec l'Italie et son Plan de Relance, et qu'elle est très ouverte à la stratégie melonienne sur l'immigration, car elle brigue un deuxième mandat à la présidence de la Commission européenne et compte sur son soutien. »

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COMMENTAIRE, Il Corriere della Sera, A. Cazzullo, « Pas de grand changement en Espagne. Voici les scénarios possibles » : « En Espagne, de manière surprenante, la digue socialiste tient et la droite est loin de la majorité absolue, à l’inverse de ce que prédisaient les sondages. Le premier ministre socialiste Pedro Sánchez remonte tandis que les Populaires progressent et s’imposent comme le premier parti sans pour autant avoir réussi à percer. Vox de son côté perd 19 sièges. L'Espagne profonde a refusé l'accord entre les Populaires et les Conservateurs et les socialistes ont mobilisé leurs territoires traditionnels. Séville, autrefois bastion rouge, aujourd'hui gouvernée par la droite, a basculé en faveur de Sánchez. Idem en Catalogne, où la gauche indépendantiste d'Esquerra Republicana s'est effondrée, et où même les séparatistes de droite de Junts per Catalunya ont cédé des voix au PS : Barcelone ne veut pas de la droite au gouvernement. Bien sûr, ce n'est pas une victoire pour le Psoe, les Populaires sont passés devant. Mais des accords peuvent être passés au parlement avec les Catalans et les Basques, ce que ne peuvent pas faire les Populaires. Pourtant, Alberto Núñez Feijóo, le leader du Pp, revendique le droit de tenter de former un gouvernement. À ce stade, il y a trois scénarios possibles. Le roi demande à Feijóo de former le nouveau gouvernement. Sánchez réussit à reconstruire une majorité, mais il doit transformer l'abstention des Basques et d'Esquerra Republicana en voix en sa faveur. Sinon il faut retourner aux urnes. Feijóo se serait volontiers passé du dialogue avec Vox. Son projet reste un gouvernement minoritaire, avec l'abstention des socialistes. Tout au long de la campagne électorale, le candidat a été très critique à l'égard de Vox, en se démarquant du parti d’extrême droite sur de nombreux points : le centralisme exagéré - Feijóo est président de la Galice, une terre avec une ancienne tradition d'autonomie -, le négationnisme sur le changement climatique, le refus de reconnaître la violence de genre. Il est vrai que Feijóo a gardé un ton dur, parfois agressif, notamment lors de son seul débat télévisé avec Sánchez. Il est clair cependant que Feijóo a choisi de ne pas poursuivre Vox sur la voie de l'extrémisme, mais plutôt de conquérir le centre. Il n'y est parvenu que partiellement. Les Populaires ont par ailleurs un lien ancien avec le Cdu allemand : après tout, l'Allemagne contrôle une grande partie de la dette publique espagnole. L'interlocutrice naturelle de Feijóo ne peut qu’être Ursula von der Leyen. Ces dernières années, l'Espagne s'est aussi développée grâce à l'Europe, le gouvernement socialiste ayant reçu 77 milliards d'euros du Pnrr. Vox sort meurtri du vote et s'avère finalement être le meilleur allié des socialistes. Le Pp doit maintenant choisir entre maintenir sa ligne centriste ou passer à droite, pour absorber les voix de Vox. Quant à Sumar, une coalition qui rassemble toutes les forces à gauche des socialistes : sa cheffe de file, la vice-première ministre Yolanda Díaz, rassemble 31 sièges qui pourraient s'avérer décisifs pour conforter l'actuelle majorité gouvernementale. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de P. Mastrolilli, « Le choix de l’Italie, adieu à la Route de la soie avec l’aide des Etats-Unis » : « L’Italie ne renouvellera probablement pas, à la fin de l’année, l’accord la liant à la nouvelle Route de la soie chinoise. La Présidente du Conseil Giorgia Meloni en parlera avec le Président Joe Biden lors de sa visite jeudi à la Maison Blanche. Les responsables du dossier affirment qu’aucune décision officielle n’est prise pour le moment, mais tout va dans cette direction. Giorgia Meloni reçoit d’importantes garanties de la part de l’Union européenne pour que cela se fasse sans trop porter préjudice à l’Italie. Lors du dernier sommet du FMI déjà, le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti avait fait comprendre qu’il n’approuvait pas le choix fait par Giuseppe Conte, alors Président du Conseil. Une accélération vers la sortie de l’accord a récemment été marquée par Giorgia Meloni lors du Sommet de Vilnius. Au même moment, l’accord politique de l’UE sur l’Anti-Coercion Instrument avait lui aussi beaucoup encouragé Rome. Les diplomates le voient comme une sorte d’article V du Traité de l’OTAN, obligeant les pays à défendre un membre lorsqu’il est attaqué militairement. D’après Bruxelles, ‘’l’ACI est avant tout conçu pour dissuader toute coercition économique potentielle, pour fournir les instruments afin de convaincre le pays tiers de mettre fin aux mesures coercitives, et enfin pour permettre à l’UE de prendre des mesures contre le pays en question’’. Ainsi, si la Chine décidait de punir l’Italie pour la sortie de la Route de la soie, toute l’UE devrait la défendre à travers des mesures de rétorsion potentiellement très lourdes. Rome aurait en outre obtenu que, si les entreprises italiennes étaient chassées de Chine, les alliés européens n’essaieraient pas de les remplacer et qu’il n’y aurait donc pas de concurrents allemands, français ou espagnols prêts à profiter des mésaventures italiennes. Ces engagements devraient être ratifiés à l’automne, avant l’échéance du MoU en cours avec la Chine. Meloni attend des garanties similaires de la part des Etats-Unis et pourquoi pas un soutien économique mais surtout, elle veut comprendre quelle est la marge pour maintenir les relations commerciales avec Pékin même sans reconduire l’accord actuel. A priori, Rome ne devra pas mettre fin à tout commerce avec la Chine mais veiller à établir des partenariats plus stratégiques. Les diplomates chinois en Italie se plaignent déjà et la réaction sera assurément négative. Les experts soulignent que les échanges avec les Etats-Unis, même purement économiques, valent plus que ceux avec la Chine. Nous n’aurions donc aucun intérêt à refuser de soutenir notre allié historique dans sa réponse au défi historique lancé par les autocraties contre les démocraties. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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