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10/07/2023

"Salvini joue les pompiers pour affaiblir Meloni."

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Italie. Revue de presse. 

Le débat politique autour de l'enquête visant le fils du président du Sénat Ignazio La Russa (Frères d'Italie), fait les gros titres « Haute tension sur l’affaire La Russa » (Corriere della Sera), « La Russa, polémiques autour des propos de la ministre Roccella (Frères d'Italie) [qui défend le président du Sénat] » (La Stampa) « La Ligue se démarque de Meloni : oui aux réformes mais évitons les tensions [avec la magistrature]» (La Repubblica). Le sommet de l’Otan à Vilnius est aussi cité « Biden freine sur l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan » (Corriere, Repubblica). 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Une intervention publique sur la réforme de la Justice, la stratégie de la Présidente du Conseil pour une ‘’trêve’’ avec la magistrature » : « Rompre le siège, tenter de faire retomber les tensions entre politique et justice, notamment suite aux enquêtes ayant visé la ministre Daniela Santanchè et le secrétaire d’Etat Andrea Delmastro. Giorgia Meloni pense qu’il n’y a aucun bénéfice pour le pays à réitérer l’épisode de la guerre d’il y a trente ans entre Berlusconi et les juges. Si elle veut mener à bien la réforme de la justice, il n’est pas possible de le faire dans un climat de guérilla permanente. ‘’Rien ne sera ajouté [à la réforme] par punition ou par rancune, rien ne sera retiré par crainte’’ dit-elle. Le gouvernement se trouve également dans l’embarras face à la réaction du Président du Sénat Ignazio La Russa suite à l’accusation de viol visant son fils, qui provoque l’indignation de l’opposition et pas seulement. Certains membres de la majorité alimentent ce climat incandescent, Giorgia Meloni tente de calmer les choses et semble être sous haute pression. Depuis plusieurs jours, elle tente de trouver le ton juste, sans tomber dans l’offensive ni la résignation pour rétablir le dialogue dans un cadre civilisé et courtois. Le secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil, Alfredo Mantovano, travaille avec elle dans ce sens, appelant ‘’à la prudence, car cette confrontation ne profite à personne’’. Il semble que la magistrature aussi veuille une trêve. La Présidence de la République aussi suit avec grande attention ce bras de fer entre les institutions de l’Etat mais semble jusqu’à présent vouloir se tenir en dehors de la bataille. Le Président Sergio Mattarella pourrait toutefois, dans les prochains jours, après avoir soupesé les tenants et les aboutissants du conflit, faire entendre sa voix. La réforme de la Justice du ministre Carlo Nordio est examinée par les experts du Quirinal et Mattarella devra ensuite donner son feu vert pour son passage au Parlement. Les récentes affaires judiciaires visant la majorité alimentent toutefois l’instabilité. »

COULISSES, La Repubblica, T. Ciriaco « Salvini joue les pompiers pour affaiblir Meloni » : « Par le biais d’un communiqué diffusé par la Ligue, M. Salvini résume sa posture : stop aux polémiques avec les juges, éviter la tentation de se laisser aller à des ‘’vengeances’’ contre la magistrature et soutenir la réforme de la justice en évitant qu’elle soit empoisonnée par les récentes enquêtes qui ont visé des responsables de premier plan de Fratelli d’Italia. Il s’agit d’une ligne inédite pour la Ligue qui ne sera certainement pas bien accueillie par le Palais Chigi. C’est toutefois la stratégie adoptée par le dirigeant du parti, après des jours de silence et d’embarras. C’est aussi une décision qui pourrait laisser annoncer un bras-de-fer au sein de la majorité et pouvant affaiblir la Présidente du Conseil. Chose qui ne déplait pas à Salvini. Ainsi, la Ligue n’interviendra pas dans les enquêtes qui ont secoué Fratelli d’Italia. Ce tournant de Salvini n’est pas anodin : il a mal vécu l’OPA hostile de FdI sur Forza Italia, dans la perspective des élections européennes de 2024, visant à isoler la Ligue au Parlement Européen et à favoriser la fusion avec le parti du « Cavaliere » afin de construire une alliance entre le PPE et les Conservateurs. Salvini fait savoir qu’il n’y aura aucun soutien « a priori » des personnalités de Fdi visées par des enquêtes. Par ailleurs, la Ligue a été le premier parti à demander à la ministre du tourisme D. Santanchè de s’expliquer devant le Parlement au sujet de l’enquête en cours. Sans oublier le silence d’il y a trois jours quand l’affaire du fils du président du Sénat a éclaté. Ignazio La Russa a choisi une ligne publique de défense de son fils, accusé de violence sexuelle. Une stratégie qui n’a convaincu personne au sein de la Ligue. »

ARTICLE, La Repubblica, G. Vitale « La RAI souverainiste trébuche avec le présentateur Facci après ses propos sexistes » - L’éditorialiste du quotidien Libero, pressenti pour animer un programme sur Rai2, dans la tourmente : « Faut-il bloquer le programme d’approfondissement, annoncé vendredi dernier à Naples comme l’une des principales nouveautés de la RAI melonienne ? Faut-il faire signer le contrat à l’éditorialiste de Libero, M. Facci, bien connu pour ses positions sexistes, opposé à l’islam, les 5 Etoiles et les méridionaux ? Ou bien faut-il céder aux pressions des oppositions, résilier le contrat et éviter ainsi d’autres polémiques ? C’est là le dilemme qui plane sur la direction de la Rai, à Viale Mazzini. M. Facci s’est exprimé sur l’affaire impliquant le fils du Président du Sénat, Ignazio La Russa, en renvoyant la responsabilité à la victime présumée de viol. Quoi qu’il en soit, il s’agit d’un faux pas pour les souverainistes à la tête de la télévision publique. Si la présidence de la RAI devait confirmer le contrat avec Facci, elle serait accusée de sexisme et de misogynie. Si elle devait en décider autrement, elle pourrait être taxée d’imprudence et de légèreté pour avoir choisi comme visage public un polémiste bien connu pour ses positions controversées. Facci a écrit hier que ‘’cette jeune fille de 22 ans était sans doute déjà sous l’effet de la cocaïne avant de se droguer chez Leonardo La Russa’’. Le Parti Démocrate s’est insurgé, suivi par les autres partis d’opposition. A. Bonelli (les Verts) a déposé une question parlemntaire en commission de vigilance sur l’audiovisuel : ‘’comment est-il possible de permettre à Facci d’assurer une émission sur la télévision publique ?’’. »

EDITORIAL, Corriere della Sera, P. Mieli « Il faut changer de registre » : « Nous y revoilà. Trente ans après l’enquête « Mains propres », nous voici à nouveau en pleine tension entre le monde politique et la magistrature. Le scénario est souvent le même : quelques un ou plusieurs représentants de la majorité sont visés et voilà que la politique perd le sens du contrôle en dénonçant un « complot ». Ce qui déclenchera inévitablement l’action de magistrats audacieux voulant mettre sous pression d’autres représentants de la coalition au pouvoir. Le gouvernement montrera alors toute sa fragilité, effectuera un remaniement, de plus en plus important jusqu’au moment où il s’écroulera. La panique des marchés favorisera ensuite la naissance d’un gouvernement technique qui vivotera jusqu’aux prochaines élections législatives. Comme l’a expliqué dans ce quotidien l’éditorialiste Massimo Franco, il y a une « posture toxique » à l’égard de la magistrature qui demeure au sein de la droite, même après la disparition de Berlusconi. Tout cela nous pousse à nous demander ce qu’attend le garde des Sceaux C. Nordio pour présenter sa réforme de la justice, déjà largement annoncée en campagne électorale. Il est assez déplorable que ce soient d’autres qui l’évoquent – avec l’annonce des nouveautés révolutionnaires telles que la séparation des carrières entre les magistrats et les procureurs –  comme une rétorsion pour des enquêtes visant un ministre. Le temps des déclarations hors du temps est révolu. Il faut que la réforme de la justice prenne la forme d’un projet de loi pour qu’elle soit enfin discutée au Parlement. »

ARTICLE, il Messaggero, Luca Cifoni : « Pnrr, le gouvernement accélère sur 30 milliards de fonds supplémentaires » : « Le Plan national complémentaire (PNC) est resté jusqu'à présent dans l'ombre du Pnrr, alors que le gouvernement est toujours engagé dans des négociations complexes avec Bruxelles pour revoir les cibles et les échéances des fonds qui doivent être utilisés d'ici à la mi-2026. Ce plan représente près de 30 milliards d’euros, qui s'ajoutent aux 191,5 milliards du Pnrr et à ceux des autres programmes européens. Il n’est pas sous la menace du couperet de l'UE en cas de non-réalisation des objectifs, car il s'agit de ressources nationales. A la fin de l'année 2022, selon l'audit trimestriel réalisé par le Bureau de la comptabilité générale de l'État, sur plus de 140 objectifs pour 2021 et 2022 (répartis en 24 volets d'action), 15 n'ont pas été atteints et 23 l'ont été partiellement. Parmi les actions retardées figurent celles liées au renouvellement des autobus verts, des trains et des bateaux, aux services de citoyenneté numérique, à la revitalisation économique et sociale des zones du centre de l'Italie touchées par le tremblement de terre, et à la modernisation des ponts et des viaducs. Trois raisons principales expliquent ces ralentissements : la crise économique internationale et l'augmentation conséquente des prix des matériaux, l'absence d'un point de contact unique pour certains programmes, également liée à la réorganisation de certains ministères lors du changement de législature, et enfin, la non-obtention de certaines autorisations européennes en matière de concurrence. Dans ces conditions, le nouvel exécutif a été confronté, quelques semaines seulement après son entrée en fonction, à plusieurs demandes de prolongation de délais, ce qui l’a poussé à en suspendre certains ou à proposer des modifications des calendriers (à la condition que ces modifications respectent l'objectif de fin 2024 pour l'augmentation de la capacité de dépense). Sur les objectifs du plan, 19 des 30 milliards d’euros en jeu se rapportent à 24 programmes "exclusifs", tandis que 6 autres programmes, avec les ressources restantes, cofinancent des objectifs du Pnrr. Parmi les autres caractéristiques du PCN, on notera la subdivision territoriale des ressources. La région qui reçoit le plus de ressources par habitant est celle des Abruzzes, qui fait administrativement partie du Mezzogiorno. Cela est dû essentiellement à deux programmes particulièrement importants : les interventions dans les zones touchées par les tremblements de terre de 2009 et 2016 et la mise en œuvre d'un système de surveillance pour le contrôle à distance des ponts, des viaducs et des tunnels. En ce qui concerne les zones sismiques, 25 communautés énergétiques seront bientôt créées en Italie centrale. Les ressources engagées au titre du PNC s'élèvent à 68 millions d'euros ».

ARTICLE, Il Messaggero, F. Bechis « OTAN, Giorgia Meloni met la pression pour sécuriser le front Sud de l’Europe. Visite des troupes à Riga » : « La Présidente du Conseil italien se rendra aujourd’hui à Riga, en Lettonie. Il s’agira de la première visite d’un chef du gouvernement italien depuis 1998 dans un pays où la sécurité est au cœur de la collaboration avec Rome. Après une rencontre avec son homologue Krisjanis Karins, Giorgia Meloni rendra visite aux troupes italiennes de l’Otan postées dans la base militaire de Camp Adazi. Demain après-midi, la délégation italienne atterrira à Vilnius, en Lituanie, où se tiendra le sommet annuel de l’Otan. A l’ordre du jour, la possible adhésion de l’Ukraine à l’Otan, une question qui divise les alliés. L’Alliance atlantique n’est pas prête à l’adhésion ukrainienne, que les Russes considèreraient comme un acte de guerre. Selon toute probabilité, on se limitera à offrir de nouvelles garanties de sécurité, par exemple en impliquant les Etats membres dans un mécanisme nouveau et durable de soutien militaire et d’aides économiques à Kiev en débloquant en urgence 500 millions d’euros. Meloni reste sceptique sur une éventuelle adhésion de l’Ukraine, convaincue, au même titre qu’Emmanuel Macron et Olaf Scholz, de la nécessité d’une affiliation plus modérée des Ukrainiens à l’alliance. La diplomatie italienne travaille cependant sur un communiqué des pays du G7 prenant la forme d’un accord des sept grandes économies occidentales pour envoyer une aide militaire et financière à Kiev. Ce sommet sera aussi un test décisif pour la politique étrangère du gouvernement conservateur de Giorgia Meloni, qui devra y jouer un subtil jeu diplomatique. Rome tentera de demander une implication plus directe de l’Otan sur le flanc sud de l’Europe, dans les opérations de patrouille en Méditerranée, où la flotte russe continue de défier les unités italiennes, mais surtout pour faire face à l’instabilité en Afrique du Nord. L’absence des partenaires de l’espace méditerranéen, du Koweït à la Jordanie en passant par la Tunisie de Saïed – qui est devenu une plaque tournante de l’immigration vers les côtes italiennes – n’a pas manqué d’irriter la Présidente du Conseil, tout comme les résistances de la France, qui aurait gelé durant des mois les fonds des alliés destinés à la Tunisie, convaincue que l’Otan n’a pas à s’occuper du « voisinage » européen du Sud. Autre point à résoudre, la nomination de l’amiral Giuseppe Cavo Dragone, chef de l’état-major de la défense, à la présidence du Comité militaire de l’Otan. Une charge qui aiderait à orienter les projecteurs de l’Alliance atlantique sur les inquiétudes du gouvernement Meloni en Méditerranée. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de F. Timmermans, vice-président de la Commission européenne, « Le PPE doit voter en faveur du Green Deal sans céder aux souverainistes » : « Sur le Green Deal pour la transition écologique, depuis que la droite italienne est arrivée au gouvernement, le PPE a cessé de négocier et refuse toute discussion sans avancer de contre-proposition. Il faut rétablir le dialogue, même lorsque nous ne sommes pas d’accord à 100%. Je ne comprends pas pourquoi le PPE ne parle plus et bloque tous les compromis alors que le ministre italien a lui-même reconnu des avancées. Nous savons que la droite la plus radicale est contre la mesure de protection des habitats naturels alors que le PPE était favorable. Je ne comprends pas la ligne du centre-droit qui ne conçoit pas que l’urgence climatique et la biodiversité soient plus importantes que les différences politiques. Je me bats pour une proposition qui est essentielle pour atteindre l’objectif de 55% de réduction des émissions d’ici 2030. Le PPE pense que pour l’avenir de l’Europe il doit s’allier à la droite plus radicale mais pour moi ce n’est pas réaliste, la droite n’est pas en mesure de construire l’Europe, elle veut en freiner la construction. Avant les élections en Italie, j’aurais dit la même chose de Fratelli d’Italia mais avec ce gouvernement, malgré les différences certaines, nous avons tout de même pu travailler. L’UE doit être unie, les nationalistes ne comprennent pas que la souveraineté n’est possible qu’ensemble, même en Chine ils savent qu’il faut un accord Etats-Unis-Chine-UE sur le climat. Si la mesure n’était pas approuvée mercredi, nous perdrions au moins une année, car nous n’aurons plus le temps d’en rediscuter. Ce serait un échec pour toute la Commission et un refus adressé aussi à Ursula von der Leyen. Auparavant il y avait un large consensus autour des questions climatiques, à droite comme à gauche, mais cela a brusquement changé avec l’arrivée des partis radicaux. Ce que nous faisons est essentiel pour l’avenir du secteur agricole, les jeunes agriculteurs le comprennent. Avec la grande industrie, la distance persiste, c’est notamment le cas avec la Coldiretti en Italie. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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