19/06/2023
"Justice, le texte arrive au Parlement. Test en vue pour la majorité."
Italie. Revue de presse.
Les tensions au sein du Parti démocrate, et les polémiques autour de la réforme sur les écoutes présentée par le ministre de la Justice Carlo Nordio (Frères d'Italie), se partagent les gros titres « Tension au sein du PD sur [la participation à la manifestation organisée par] le M5S » (Corriere della Sera), « La tempête Grillo s’abat sur le PD » (Il Mattino), « Des écoutes fortement limitées » (Repubblica), « Après l’abus de pouvoir, Nordio s’en prend aux écoutes téléphoniques » (Fatto Quotidiano). La rencontre à Pékin entre le Secrétaire d’Etat américain A. Blinken et son homologue chinois Q. Gang est aussi citée « Les Etats-Unis à Pékin pour rouvrir les canaux de la diplomatie » (Corriere), « Etats-Unis-Chine, une tentative de dégel » (Il Messaggero).
Les JT couvrent le débat politique au sein du parti démocrate suite à la participation d’Elly Schlein à la manifestation organisée par Mouvement 5 Etoiles.
Sur Twitter, le hashtag #Grillo, en référence aux propos du garant du M5S sur la nécessité d’instituer des ‘’brigades de citoyenneté’’, fait tendance.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, d’A. Arachi, « [Le Parti démocrate et] le Mouvement 5 Etoiles ensemble dans la rue, protestations et démissions au sein du PD » : « Une minorité de démocrates ne pardonne pas à la secrétaire du parti, Elly Schlein, d’avoir participé samedi à une manifestation organisée par le Mouvement 5 Etoiles. Certaines déclarations de Beppe Grillo, fondateur du Mouvement, ou encore de Moni Ovadia qui s’en est pris à l’Ukraine, ne passent pas. Alessio D’Amato, membre du PD, ancien assesseur de la région Latium est candidat face à Francesco Rocca à la présidence de la région en février dernier, a présenté sa démission à Stefano Bonaccini et on évoque un possible passage chez Azione. D’Amato dénonce ‘’une erreur politique’’ de Schlein et explique ne pas ‘’se retrouver dans cette ligne politique’’. Cette fois, la réprobation d’une minorité au sein du PD se fait clairement entendre. Elle est notamment portée par des membres importants comme Lorenzo Guerini ou Pina Picierno. Ce n’est toutefois pas le cas de Francesco Boccia, président des sénateurs démocrates, qui appelle ‘’à ne pas alimenter de polémiques stériles’’ profitant au gouvernement. Il rappelle notamment que grâce à Elly Schlein, ‘’le principal parti progressiste italien’’ est passé de ‘’14,1% à 21,3%’’ dans les sondages depuis janvier. Schlein a également le soutien du chef de la délégation à Bruxelles, B. Benifei, pour qui ‘’on ne peut pas l’attaquer pour avoir participé à une manifestation contre le travail précaire organisée par le M5S’’. Les difficultés ne s’arrêtent pas là. Le projet de loi pour que la gestation pour autrui devienne un ‘’délit universel’’ sera discuté cet après-midi. La majorité est bien décidée à faire passer cette loi. Si Elly Schlein s’est ouvertement déclarée favorable à la GPA, elle n’est pas suivie par l’ensemble du Parti. Non seulement les catholiques démocrates y sont opposés, mais également Stefano Bonaccini et au moins 200 féministes ayant signé un document à ce sujet. Une discussion qui pourrait s’éterniser et les déclarations contre la secrétaire démocrate ne devraient pas manquer. Récemment, elle a également dû faire face aux maires démocrates favorables à la norme du gouvernement sur l’abolition de l’abus de pouvoir. »
ENTRETIEN, Il Foglio, d’Adolfo Urso (Frères d’Italie), ministre des entreprises et du Made in Italy « Les entreprises, le marché et l’intervention de l’Etat » : « ‘’Concernant le rachat d’Ita par Lufthansa, nous attendons l’avis de la Commission européenne et surtout celui de l’autorité Antitrust quant à la création de ce groupe aérien, qui sera davantage compétitif. C’est important notamment parce que dans le projet industriel il est prévu que Rome devienne un hub de la Méditerranée. Pour ce qui concerne le mémorandum d’entente sur les « Routes de la Soie », je pense que dans le contexte global actuel il faut réduire les risques politiques et augmenter les opportunités commerciales. La Chine est et demeure un partenaire commercial, même s’il n’est pas le principal pour l’Italie. Il suffit de dire que nous exportons plus en Autriche qu’en Chine. Concernant Stellantis, il s’agit d’une multinationale italo-française qui a deux têtes, deux actionnaires et deux histoires automobilistiques : celle de Fiat et celle de Peugeot. Peugeot a une participation à hauteur de 12,7% de l’Etat français, semblable à celle de la famille Peugeot, puis il y a d’autres partenaires dont une entreprise chinoise. En Italie, cela ne se passe pas ainsi : chez nous – en raison des choix des précédents gouvernements – quand une entreprise est en difficulté, l’Etat fournit des ressources sous forme d’aides, de facilitations, le chômage technique, sans entrer dans le capital. Par conséquent, le groupe italien n’a pas de participation de l’Etat. Puis, on réalise une fusion, ou plutôt une fusion par incorporation : une entreprise en incorpore une autre, ce n’est donc pas une fusion, et on constitue ainsi Stellantis. Stellantis est donc le fruit de la « fusion » entre Exor et Peugeot, cette dernière voit une participation de l’Etat français et puis il y a aussi la Caisse de Dépôts et Prêts (CDP). L’Etat français participe donc deux fois dans Stellantis : en tant qu’actionnaire de Peugeot, un actionnaire important, et puis directement avec la CDP. La conséquence est qu’il n’y a pas de gouvernance paritaire mais une gouvernance où prévalent les actionnaires français parmi lesquels il y a toujours une présence significative de l’Etat français. Nous avons un échange sain, constructif et continu avec l’entreprise pour que l’on comprenne qu’il faut augmenter la production en Italie, augmenter les investissements sur les modèles innovatifs, se préparer à la transition électrique. Il y a ici un aspect singulier : à ma connaissance, Stellantis serait en train d’importer en Italie le modèle français selon lequel certaines composantes sont réalisées à l’intérieur et d’autres sont confiées par le biais d’appels d’offre au prix le plus bas. Et il est alors inévitable que certains produits arrivent par exemple de Chine. L’objectif de l’Etat italien et du gouvernement est de protéger la filière nationale et pour ce faire il faut certainement augmenter la production de voitures en Italie, si possible en atteignant le niveau français’’. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, de P. Brera, « Pour arrêter les passeurs, Tajani (Forza Italia) demande de l’aide aussi aux Emirats » : « Plus de 45 000 migrants arrivés en Italie en six mois et 1500 personnes mortes ou portées disparues : malgré les déplacements et les rencontres en série avec les leaders de tous les pays influents en Méditerranée centrale, les huit premiers mois du gouvernement Meloni coïncident avec le pire désastre migratoire depuis 2017. Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani s’est également rendu aux Emirats Arabes Unis hier pour y rencontrer son homologue. La Tunisie et la Libye sont au centre de la rencontre, explique le ministre italien, les deux principaux Etats côtiers qu’il faut convaincre de lutter contre le trafic d’êtres humains. ‘’Les Emirats Arabes Unis peuvent jouer un rôle important car ils connaissent le continent africain, la sensibilité de ces pays et peuvent apporter leur contribution, nous espérons aussi qu’une conférence internationale sera organisée afin de favoriser la stabilité, la croissance et la réduction des flux migratoires‘’ déclare Tajani. Les efforts du gouvernement ont eu peu de résultats jusqu’à présent. Au contraire, on a déjà pu voir que l’augmentation des peines contre les passeurs et la restriction de la protection internationale est une stratégie qui ne fonctionne pas. Les arrivées clandestines ne diminuent pas alors que le nombre de personnes en situation irrégulière augmente. A Lampedusa, le centre de premier accueil a reçu rien qu’hier près de 500 nouvelles personnes alors qu’il est déjà en surpopulation. La Présidente du Conseil a durci sa bataille contre les ONG et a tenté de déplacer le débat européen de la ‘’gestion des mouvements secondaires’’ à celle des ‘’mouvements primaires’’, c’est-à-dire à empêcher les arrivées. Mais en Tunisie le Président Saied n’a aucune intention d’approuver les réformes démocratiques demandées et en Libye, malgré les accords avec Haftar et Dbeibah, les trafics font l’objet d’une dynamique si enchevêtrée que personne n’en a le plein contrôle. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, d’A. Ginori, « La Grande Illusion » : « Le défilé des dirigeants européens à Tunis – hier c’était au tour des ministres français et allemand de l’Intérieur, après le déplacement de Giorgia Meloni, U. von der Leyen et M. Rutte – risque d’alimenter l’énième grande illusion. Passer tout accord avec le président tunisien sans dénoncer ses dérives en matière de respect des droits de l’homme et du pluralisme démocratique révèle non seulement un manque moral de la part de l’UE mais aussi une incapacité obstinée de regarder la réalité en face. L’exploitation du désespoir restera plus forte que les poignées de main, les déclarations politiques et la militarisation des frontières. Continuer à investir sur l’externalisation des contrôles ne luttera pas contre les réseaux de passeurs. Le renvoi des migrants clandestins vers les pays de transit s’accompagne du manque de protection des personnes concernées et de leurs droits. C’est un mirage brandi par les gouvernements à des fins de propagande interne. Il manque encore des dirigeants en mesure de penser le destin d’un continent voisin qui sera peuplé d’ici 20 ans de 2,5 milliards d’habitants. Le soutien de l’Afrique est une nécessité, en plus d’une obligation notamment historique. Il faut renforcer la coopération et les aides au développement en faveur des pays de provenance des migrants. Il faut tout faire pour éviter de nouveaux drames en mer, il s’agit de protéger femmes, enfants et familles mais aussi l’honneur du continent européen. ‘’Solidarité’’ est un mot trop souvent oublié de la Constitution et de la Charte des droits humains de l’UE. Il faut rétablir un mécanisme régional commun pour les arrivées et la redistribution des personnes, dans le respect du secours en mer, impératif légal et humanitaire, au lieu d’invoquer un improbable et inhumain blocus naval. Au lieu de ça, la tentation est d’exporter en Tunisie le modèle barbare des camps libyens, et ce malgré toutes les difficultés qu’a l’Italie à faire respecter les accords avec le maréchal Haftar. Les personnes qui fuient ces pays n’ont pas d’alternatives. Le modèle des corridors humanitaires de la Communauté de Sant’Egidio est vertueux, à la fois humain et efficace pour l’intégration des personnes. Il est temps d’ouvrir un véritable dialogue y compris sur l’immigration légale, d’ouvrir des canaux migratoires légaux et sûrs, à travers les ambassades et les consulats. »
ARTICLE, la Repubblica, Giuseppe Colombo, « Le Pnrr est plus cher à cause de la hausse des taux. L'Italie écrit à Bruxelles : il faut augmenter le budget européen » : « Les difficultés liées au Pnrr s’accumulent pour l’Italie. Alors que le pays avait emprunté à faible taux (aux alentours de 1,1%) pour le financement du Plan, la hausse des taux annoncée par la BCE (4%) rend le service de la dette plus onéreux et ‘’alourdit le fardeau du gouvernement’’, déjà aux prises avec la révision des règles fiscales et la question de la troisième tranche, toujours gelée à Bruxelles. Anticipant le risque associé à l’augmentation du prix de la dette, le ministre en charge du Pnrr, Raffaele Fitto, a remis il y a quelques jours au Commissaire européen au Budget Johannes Hahn un document lui signifiant ses préoccupations pour les finances italiennes. En outre, ce passage : "l'augmentation des taux d'intérêt rend le service de la dette plus onéreux : en ce sens, il sera indispensable de renforcer la ligne Euri, liée aux intérêts de la dette du Next Generation EU". L’Italie espère ainsi minimiser les dépenses supplémentaires liées à ce risque inflation, en demandant à l’UE ‘’le renflouement des caisses du fonds que la Commission européenne a mis en place pour couvrir les coûts de financement de la relance’’. Le futur budget s’annonce complexe pour la Commission, qui devra de fait payer beaucoup plus cher pour emprunter sur les marchés ces prêts qui finiront ensuite dans les caisses des différents pays (ils s'élèvent à 122,6 milliards pour l’Italie). La solution de récupérer des ressources sur d'autres postes du budget européen impliquerait nécessairement de réduire les dépenses dans les domaines de la défense et du numérique, mais aussi de l'environnement et de la gestion des frontières. Enfin, la question des règles fiscales du Pacte de stabilité peut représenter une menace pour les finances italiennes, alors que le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti demande depuis des mois la prise en compte d'un principe : ‘’l'exclusion des dépenses d'investissement, à commencer par le Pnrr pour le numérique et la transition verte, du calcul de la dette’’ ».
ARTICLE, Corriere della Sera, Adriana Logroscino, « Justice, le texte arrive au Parlement. Test en vue pour la majorité » : « A travers les mots des représentants du gouvernement et de la majorité, la droite veut garder le cap sur la réforme de l’administration pénale et cherche à éviter les tensions avec l’opposition. Les déclarations de la Ministre Anna Maria Bernini vont dans le sens d’une responsabilisation du débat politique : ‘’Nous ne pouvons pas nous satisfaire d’une justice aussi lente […]. Nous devons protéger la vie des personnes, c’est un bien fragile’’. Même son de cloche pour Tommaso Foti, chef de groupe Fratelli d’Italia à la Chambre des députés : ‘’Alors que Schlein et Conte sèment le trouble sur les places, le gouvernement Meloni est au travail pour donner aux Italiens une justice qui soit juste, avec des garanties équitables et intransigeante’’. Les modifications éventuelles du texte seront donc ‘’substantielles’’, selon les mots de la députée du même parti Maria Carolina Varchi, laquelle semble aussi vouloir éviter les polémiques. Le Pd, lui, reste sur ses positions et se prononce toujours contre l’abrogation du délit de l'abus de fonction et appelle à ''ne pas faire de la récupération sur la mort de Berlusconi pour réaliser des réformes déséquilibrées". Quant au conflit ouvert avec la magistrature, le gouvernement pourrait s’avouer moins serein. Après les sévères critiques de l’ANM (Association nationale des magistrats), le gouvernement appelle à la mesure – le texte n’ayant pas encore été approuvé au Parlement – même s’il sait que l’issue du vote sera déterminant pour l’avenir de la majorité ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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