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25/01/2022

" Sous l’avalanche de bulletins blancs, il a été possible de voir la petite lueur d’une négociation."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur l’élection du Président de la République, et notamment sur le premier scrutin marqué hier par l’absence de convergence politique autour d’un candidat commun, la plupart des grands électeurs ayant choisi de voter blanc : « Quirinal, des négociations avec plusieurs obstacles » - Une série de rencontres a eu lieu entre les dirigeants et Draghi. Salvini serait tenté d’imposer son choix mais Letta prévient : attention, tout risque de sauter (Corriere della Sera), « Le double jeu de Salvini » - Fumée noire pour le premier scrutin. Le chef de la Ligue négocie avec Letta mais s’oppose à l’idée de nommer Draghi au Quirinal. Conte cherche une convergence sur un nom de centre droit : Frattini serait le favori (La Repubblica), « Draghi ouvre les négociations sur le Quirinal » - Le Président du Conseil rencontre Salvini et Letta pour connaitre son avenir. Le centre-droit et Conte (M5S) convergent sur Frattini (La Stampa), « Quirinal, coup d’envoi des négociations » - Salvini rencontre Draghi et les leaders du PD et du M5S, puis augmente le prix de l’accord, suscitant l’énervement de ses alliés : ce n’est pas lui qui décide (Il Messaggero), « Draghi s’invite dans les consultations » - Le chef du gouvernement décide enfin de s’exposer pour évaluer ses chances mais ne parvient pas à convaincre les partis. L’hypothèse d’un Mattarella-bis fait surface (Il Giornale). 

COULISSES, Corriere della Sera, de Monica Guerzoni, « Coups de téléphone et entretiens menés par le Président du Conseil ; les inquiétudes pour le gouvernement » : « Mario Draghi entre dans l’arène, bien décidé à préserver l’héritage de son gouvernement et à conjurer l’agression des marchés financiers contre l’Italie. Il s’est lancé dans une série de consultations avec les leaders de la majorité. Il a rencontré discrètement Matteo Salvini qui va avoir un rôle déterminant dans l’élection du prochain président de la République, puis Enrico Letta et Giuseppe Conte. C’est seulement le début et les contacts se poursuivront aujourd’hui, afin de favoriser un accord qui préserve l’unité nationale. Mais il parait que son face à face avec le leader de la Ligue ne se serait pas bien passé, voire pas bien du tout. La Présidence du Conseil dément par ailleurs catégoriquement que Draghi ait tenté de négocier les noms et portefeuilles pour le prochain gouvernement. Ce n’est donc pas vrai que Matteo Salvini lui aurait demandé le ministère des Infrastructures. D’après les soutiens de Draghi, ces rencontres s’expliquent par la promesse de l’ancien président de la BCE que l’on ne parviendrait à aucune solution pour la présidence de la République et pour le gouvernement ‘sans les partis ou contre les partis’. A Salvini puis à Letta il aurait dit vouloir avancer pas à pas, avec prudence et attendrait des partis qu’ils  lui indiquent le rôle qu’il devra jouer dans cette phase, pour le bien du pays. Et, s’il devait succéder à Mattarella, ce serait aux partis de construire un accord sur le gouvernement. Il n’aurait en revanche commenté aucun des noms qui ont émergé pour lui succéder. Mais lui aussi a exprimé ses conditions. Si c’est un candidat partisan qui accède au Quirinal, cela mettra fin au gouvernement d’unité nationale et l’exécutif tombera. Or il met en garde sur le risque d’affaiblissement du Président du Conseil et d’instabilité politique pour le pays. Deux possibilités pour préserver la majorité et le gouvernement : ou c’est Draghi qui est élu au Quirinal, ou il faut parvenir à une entente autour d’une figure impartiale telle que Giuliano Amato, afin que l’actuel chef de l’exécutif conserve son poste sans remous. Les proches de Draghi alternent entre pessimisme et optimisme. Certains pensent que l’actuel marasme politique lui permettra d’être élu à la tête de l’Etat lors du quatrième scrutin, d’autres affirment que le mur érigé par la Ligue est trop haut, avec l’aide de Forza Italia, des 5 Etoiles les plus proches de Conte et d’une part des démocrates proches de Franceschini, Bettini et Orlando. Au PD au fond, nombreux sont ceux qui misent tout sur Casini. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Le Quirinal et le gouvernement demeurent le nœud le plus difficile à défaire » : « Sous l’avalanche de bulletins blancs, il a été possible de voir la petite lueur d’une négociation, chose considérable par rapport au brouillard de ces derniers jours. Il y a aussi un aspect important à signaler : le Président du Conseil a renoncé à son silence et a accepté de rencontrer (ou d’appeler par téléphone) certains des joueurs du rébus concernant le Quirinal. Il s’agit d’un changement de stratégie nécessaire en partant du fait que les dirigeants des partis, bien qu’amoindris, ne peuvent pas être ignorés. Trois personnalités sont en train d’émerger dans ces négociations : M. Salvini, E. Letta et, de manière plus discrète, M. Renzi. Certes, ces négociations, sans doutes difficiles, auraient moins de chances de réussite s’il l’un des interlocuteurs n’était pas au Palais Chigi. Draghi reconnait au partis un poids déterminant et reconnait que les négociations concernent non seulement le Quirinal mais aussi le prochain gouvernement : sa composition, son épaisseur politique, son programme et la personne qui le dirigera. Encore une fois, on revient au point principal : l’élection du Chef de l’Etat est strictement liée à l’exécutif de fin de mandature. Salvini semble se présenter comme l’architecte de cette nouvelle centralité de la Ligue : il veut obtenir un maximum avant d’engager son parti en faveur de Draghi au Quirinal. Mais ce qu’on demande à Salvini, à Letta et à Renzi, est d’œuvrer en faveur de la stabilité, au lieu de commencer une campagne électorale. Autant aller aux élections anticipées que se disputer pour des fins électorales et nous exposer au désarroi international. »

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Cappellini « Le grand obstacle » : « Le principal obstacle sur le chemin de Draghi au Quirinal ne s’appelle pas S. Berlusconi mais M. Salvini. La vérité est que le dirigeant de la Ligue a hâte de se débarrasser d’une figure encombrante qui a provoqué une guerre interne, puisqu’un courant du parti, allant de Giorgetti aux présidents des régions, a montré plus d’affinité avec Draghi qu’avec son chef de parti. Par ailleurs, cette solution verrait Draghi Président du Conseil préparer un prochain exécutif en confiant entre les mains de Draghi Président de la République la tâche purement notariale de le ratifier. Ce serait un contresens constitutionnel. La présence de la Ligue au sein de l’exécutif, arrivée à la dernière minute après l’avis défavorable de Salvini, aurait dû représenter une garantie d’un schéma bipartisan pouvant être valable aussi pour le Quirinal. Or, Salvini n’est pas un homme d’unité nationale. Et Draghi a sans doute sous-estimé l’instabilité du leader politique, qui poursuit toujours le but de revenir sur le devant la scène depuis qu’il a perdu le ministère de l’Intérieur au moment où les sondages galvanisaient les ambitions de la Ligue. Et dans cette volonté de devenir le faiseur de roi, il pourrait même trouver un allié inattendu : G. Conte, qui n’a jamais digéré son remplacement au Palais Chigi par le « super technicien » voulu par B. Grillo. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, A. Polito « Le meilleur, le moins bien et le plan C » : « Pour sauver à la fois la majorité gouvernementale et la mandature, il ne reste plus que deux chemins possibles : le plus grand dénominateur commun (Mario Draghi) ou le plus petit dénominateur commun (P.F. Casini ou un autre nom évoqué hier par E. Letta et M. Salvini). Le choix n’est pas facile car le « meilleur » les divise et « le moins bien » pourrait leur faire perdre « le meilleur ». C’est la raison pour laquelle les dirigeants politiques, à commencer par Salvini, ont commencé à prendre la température auprès de Draghi, pour lui demander : si nous votons pour toi au Quirinal, quel Président du Conseil vas-tu nommer ? Y aurait-il plus de ministres politiques dans le gouvernement ? Encore une fois, ils ont reçu une réponse institutionnelle : il n’est pas dans les prérogatives du chef du gouvernement de désigner son successeur. Bref, les leaders de la majorité devront assumer leur décision sans connaitre les conséquences ou les bénéfices. Du coup, Salvini a demandé à E. Letta un peu plus de temps, tout en lui répondant que Casini n’était pas son choix et qu’il aurait évalué un « moins bon » pouvant convenir à tous. Franco Frattini, par exemple, qui semble avoir le soutien de Di Maio. Mais dans cette phase de crise ukrainienne, quelqu’un est allé sur Internet pour ressortir les déclarations du candidat Frattini comme ‘’arrêtons avec les paranoïas antirusses’’ ou encore ‘’il faut frapper à la porte du Kremlin’’. Une décision devra être prise aujourd’hui, pour la faire décanter demain et la voter jeudi. Au-delà de ce terme, n’importe qui pourrait être élu président de la République » 

COULISSES, Corriere della Sera, P. Di Caro « Forza Italia en difficulté mais le règlement de comptes est reporté. L’hypothèse de Casini est sur la table » : « Depuis dimanche, S. Berlusconi est hospitalisé au San Raffaele à Milan. On assure qu’il se porte bien. Toutefois, les contacts avec certains représentants de Forza Italia ont été interrompu et la queue de personnes très proches qui lui rendent visite (Dell’Utri, Galliani, Confalonieri, ses filles Marina et Eleonora) dévoile un climat lourd. Hier, le parti, par le biais de L. Ronzulli, a dû souligner que les divisions internes au parti étaient ‘’inexistantes’’. Toujours est-il que Forza Italia se retrouve sans une régie directe de son leader pendant ces jours déterminants de pourparlers. Certes, Tajani a été mandaté pour rencontrer les autres dirigeants politiques et Gianni Letta maintient les contacts avec tous, y compris Salvini, pour faire une synthèse. La position officielle de Forza Italia sur Draghi demeure toujours la même : il ne peut pas aller au Quirinal car ‘’il doit diriger le gouvernement’’ et son élection représenterait une sorte de ‘’dictature’’ des techniciens et la débâcle définitive de la politique. Mais Berlusconi pourrait faire la surprise et proposer la candidature de P.F. Casini : un homme chevronné et transversal qui appartient à la famille du PPE. On laissera Salvini tenter la carte d’un représentant du centre droit, pour ensuite proposer Casini et sortir ainsi Forza Italia de l’impasse. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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