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17/02/2021

"Draghi fait son discours au Sénat."

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Italie. Revue de presse.

Le vote de confiance au Sénat ce mercredi sur le nouveau gouvernement Draghi, et les attentes quant au contenu du discours que le nouveau premier ministre prononce à cette occasion pour fixer la ligne et relancer l'économie, font les gros titres des médias italiens. « Le discours de Draghi et la ligne de conduite pour éviter les frictions au sein de la majorité» (Corriere della Sera), « Draghi annonce des aides ciblées pour les entreprises » (La Repubblica), « Draghi, voici comment nous reconstruirons l'Italie » (La Stampa), « Draghi fait son discours au Sénat » (Sole 24 Ore), « Accord entre le Pd et la Ligue pour proroger la suspension des licenciements jusqu'en juin » (Il Messaggero),  « Un soutien pour Conte » - LeU, Pd et M5S se coordonnent pour maintenir la coalition en vie (Il Fatto Quotidiano)

PREMIER PLAN, La Stampa, de P. Russo « Les variants font grimper le taux de contaminations ; le ministère étudie un plan B et évoque un confinement le week-end » : « Le plan B du ministre de la Santé Roberto Speranza est déjà prêt : si le nombre de cas quotidiens continue d’augmenter, toutes les régions pourraient être placées en zone orange ou rouge durant les week-ends. L’obligation de porter des masques de type FFP2 pourrait également être introduite dans les lieux publics. Une ligne dure donc, pas facile à digérer pour la Ligue. En attendant, on surveille l’Ombrie de près, où les décès ne cessent d’augmenter, et on mise sur des mesures locales. En Lombardie, quatre communes ont été placées en confinement, mais aussi dans la province de Latina, non loin de Rome. Mais ce système est jugé insuffisant par les virologues, qui font de plus en plus pression sur le gouvernement pour que des mesures soient prises à l’échelle nationale contre la diffusion des nouveaux variants. Dans plusieurs régions en effet, les médecins alertent sur l’explosion de la part des variants dans les hôpitaux. »

ARTICLE, La Repubblica, T. Ciriaco « Draghi au Parlement. L'appel : tous les partis doivent faire un sacrifice » : « Le Premier ministre sera au Sénat aujourd'hui pour le vote de confiance : il évoquera l'initiative du Quirinal et demandera "l'unité" de toutes les forces au regard de la situation exceptionnelle.  A l'extérieur du Palazzo Chigi, pas une âme ne bouge. A l'intérieur non plus. Mario Draghi écrit le discours avec lequel il s'adressera ce matin au Sénat pour demander la confiance dans son gouvernement. C'est un autre monde. Et ce monde alternatif implique de rares prises de position publiques. Il n'envisage pas l'utilisation des réseaux sociaux et promet de ne parler qu’à travers les réalisations du gouvernement. L'histoire des mois à venir nous dira si c'est la bonne voie. Certes, les forces politiques ne semblent pas rester inactives. Le centre-gauche ne reste pas immobile, formant un intergroupe pour défier la droite. Mais surtout, Matteo Salvini est agité. Tout le monde attend Draghi, dans l'hémicycle. Une certitude, au moins une, en découle : le Premier ministre retournera au Quirinal et rappellera à tous la mission qu'il a reçue dans les jours dramatiques de la crise. Draghi s'inscrira dans la continuité de la ligne européenne, celle incarnée par Angela Merkel, qui n'a pas hésité une minute à reconfiner pour lutter contre les variants. Et puis la crise économique, qui frappe fort. Alors place à quelques mots clés : "solidarité sociale", en mettant l'accent sur les citoyens qui souffrent dans cette phase. Engagement pour garantir l'avenir des jeunes. Et la capacité d'exploiter les ressources provenant de l'Europe. Le Next Generation EU est le miroir de l'Europe que le président du Conseil a à l'esprit. La preuve que l'intégration, la collaboration et l'attention portée à la croissance peuvent être le carburant du moteur de Bruxelles. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Franco « Une trêve pouvant imposer de privilégier l’intérêt national » : « Avec la participation de certains membres de l’exécutif, la confusion a refait surface avec la polémique sur la fermeture des stations de ski. Ce couac peut toutefois se reproduire chaque jour, à l’infini, et il serait alors mieux d’éviter cette approche. Dans cette perspective, la rencontre d’hier entre les anciens ennemis Zingaretti (PD) et Salvini (ligue) est un point positif. Il faut prendre acte que, devenus désormais des alliés, il sera nécessaire de signer une trêve au nom de l’intérêt national. Un premier sentiment de responsabilité, une graine à planter et à faire pousser, qu’il faut cultiver réciproquement. Il faut espérer que cette graine soit plantée également par le M5S. Il s’agit d’éclaircir les rapports au sein du M5S et d’oublier le sentiment de nostalgie à l’égard du gouvernement précédent, alimenté par un psychodrame qui exalte plus les narcissistes qu’il ne produit de vrais résultats. Tous doivent faire face à leurs propres contradictions, avec tout ce qu’ils ont pu dire à l’encontre des adversaires devenus entretemps des alliés. Rassembler des partis aux antipodes implique de prendre conscience qu’une phase totalement nouvelle est en train de s’ouvrir. Collaborer sous la menace de la pandémie et de la crise sociale dans laquelle se trouvent l’Italie et le reste de l’Occident représente un défi aux contours encore flous. Ce serait un acte suicidaire de penser pouvoir utiliser cette phase cruciale et incertaine pour obtenir des avantages électoraux. Cela apparaitrait comme irresponsable aux yeux d’une opinion publique qui s’attend à de la compétence, du partage et de la capacité à mettre en place des actes et des lois efficaces et incisives. Tout cela a manqué au gouvernement sortant. Il est probable qu’une période d’essai sera nécessaire. Ce qui compte, c’est la présence d’une vraie envie de trêve institutionnelle. Le gouvernement Conte 2 est tombé à cause de la devise du ‘’tout va bien’’. Ce serait impardonnable, maintenant, de se retrouver sur le terrain de la conflictualité alors que l’on est obligés d’avancer ensemble. Voici la première des ruptures sur laquelle s’engager.»

ARTICLE, Il Foglio, D. Mosseri « Mattiolo, conseiller diplomatique de Draghi, un maître de l’équilibrisme » : « Le nouveau Président du Conseil vient de nommer Luigi Mattiolo, l'ancien ambassadeur italien à Berlin, comme conseiller diplomatique. Qu'il s'agisse du Brexit, de la cohésion européenne, des réseaux énergétiques ou des relations avec la Russie ou avec l'autre côté de l'Atlantique, les cartes sont distribuées sous l'œil attentif de l'Allemagne. C’est à Berlin que les meilleurs diplomates sont envoyés. Entre le Président du Conseil et son conseiller, il faut aussi de la compréhension et de la confiance. Le coup de foudre entre les deux a dû se produire fin octobre 2019, lorsque Mattiolo a accompagné le président Sergio Mattarella à Francfort pour les adieux de “Super Mario’’ à la tête de la BCE. A l’instar de Draghi, l'ambassadeur Mattiolo a le don de la synthèse. Homme à la forte culture humaniste et d'une expérience peu commune en matière de relations internationales - il s'est vu confier des représentations diplomatiques délicates comme Tel Aviv (2008-2012) et Ankara (2015-2018) -, Mattiolo est en effet doué d'une grande éloquence, mais se garde bien de gaspiller ses mots. Il s’agit d’une personnalité très compétente, qui confirme l'importance accordée par le nouveau gouvernement à la scène internationale, avec les yeux grands ouverts et tournés vers les alliances transatlantiques. Ce nouveau conseiller diplomatique de Draghi "est un choix de premier ordre qui, je crois, pourrait vraiment convenir à la Farnesina : la structure ministérielle ne s'entend pas toujours bien avec le conseiller diplomatique du Palazzo Chigi". C'est l'avis du diplomate de longue date Marsili, qui souligne un aspect unique du jeune diplomate Mattiolo : c'est un professionnel "d'un grand équilibre". En d'autres termes, "il n'a pas d'ennemis ; en outre, il a un excellent caractère qui lui permettra d'établir de très bonnes relations avec ses autres collègues". Pas une qualité des moindres dans un gouvernement dirigé par un poids lourd mondial comme Mario Draghi, accompagné d'un ministre des affaires étrangères de moindre envergure internationale comme Luigi Di Maio. »

COULISSES, La Stampa, d’A. La Mattina  « Salvini prend part à la fois à la lutte et au gouvernement ; il s’attaque à l’euro et parle avec le Parti démocrate » : « Matteo Salvini fait tout son possible pour être une voix influente au sein de ce gouvernement. Il multiplie les rencontres avec les députés, les présidents de régions, en passant par les associations et les chefs de partis, y compris Nicola Zingaretti. Les crises sont nombreuses, notamment sur le plan social, dans les entreprises. Or la bombe pourrait bien exploser entre les mains des deux ministres concernés : Andrea Orlando (PD) et Giancarlo Giorgetti (Ligue), il faut donc bien que l’ancien communiste et le leghista modéré travaillent main dans la main. ‘’Il faut enterrer la hache de guerre’’ déclare Salvini, mais il dérape l’instant d’après en plaisantant sur l’avenir de l’euro ‘’seule la mort est irréversible’’. Matteo Salvini défend par ailleurs son idée de ‘’chambre de compensation’’ vouée à compenser l’excédent de pouvoir des ministres techniques, qui auront entre leurs mains les fonds européens. La Ligue juge que les ministres ont été choisis de façon trop autonome par Mario Draghi, avec peu d’intervention du Quirinal et n’est pas totalement satisfaite. Enfin, Salvini est convaincu que lorsque la Ligue est au gouvernement, elle a davantage de poids qu’à l’opposition et peut montrer de quoi il est capable : si son parti parvient à sortir le pays de la crise maintenant, ‘’les électeurs lui en seront reconnaissants’’. Les calculs électoraux ne sont jamais loin. »

TRIBUNE, La Repubblica, de Nicola Zingaretti, président du parti démocrate «"Avec Draghi, pas de querelles. Mais la politique n'est pas terminée : nous sommes des alternatives à la Ligue"» : « L'Italie est entre de bonnes mains. Le gouvernement Draghi représente un grand pari. Le PD le soutiendra par son engagement et sa loyauté, par son contenu programmatique et par ses idéaux et valeurs. Draghi est une grande personnalité italienne, européenne et internationale. Il est respecté dans le monde politique, tout comme il est reconnu par les grandes forces économiques et entrepreneuriales du monde. (…). Le PD ne recule pas ; au contraire, nous mettrons toute notre énergie à faire en sorte que le nouveau gouvernement soit en mesure d'agir avec calme et efficacité. Nous sommes conscients que nous sommes une force réformiste fondamentale de la démocratie italienne, sur laquelle repose une grande partie du système politique, démocratique et institutionnel. Les priorités du PD ont été clairement identifiées. Arrêter la pandémie. Vacciner le plus grand nombre possible de citoyens. Créer du travail et donc dépenser rapidement et correctement les ressources européennes, en ouvrant une nouvelle saison d'investissement avec des projets opportuns et réalisables, axés sur des programmes qui garantissent la croissance et la qualité, dans un contexte de forte concurrence mondiale. Garantir des politiques actives de l'emploi, empêcher que la fin du gel des licenciements ne devienne une tragédie sociale ingérable. Promouvoir un plan pour l'emploi féminin. (…) Après sa défaite en 2018, le PD a été isolé, divisé et largement détesté par le public italien. Nous avons fait des pas en avant. Nous avons construit un système d'alliances. Nous avons été les protagonistes d'une expérience gouvernementale positive. Nous avons tout d'abord garanti une relation avec l'Europe. Nous avons imposé des principes d'égalité, de solidarité et d'intégration au milieu d'une terrible tempête sociale et économique sans précédent. Nous avons reconstruit une empathie avec les citoyens qui a conduit à une augmentation constante du soutien. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni « Pd-M5S-LeU, un groupe et un programme communs ; ‘’C’est ainsi que l’on valorisera tout le travail accompli’’ déclare Conte » : « Giuseppe Conte n’abandonne pas la politique. Il est derrière le nouvel « intergroupe parlementaire » qui représentera le centre-gauche, notamment en vue des prochaines échéances électorales. Mais cette alliance entre les survivants du gouvernement Conte 2 reste à construire. Ils se définissent comme un soutien décisif à Draghi sur l’axe politique pro-européen ‘’qui aurait été plus faible autrement’’, comme le souligne Zingaretti. Ce dernier reconnait que le nouveau groupe doit beaucoup à Conte pourtant, au sein du PD, tous ne sont pas prêts à déplier le tapis rouge au passage de l’ancien Président du Conseil. Ils n’ont pas encore décidé non plus s’ils proposeront son nom pour occuper, à la Chambre, le siège laissé vacant par Pier Carlo Padoan. Certains conseillent d’ailleurs à Conte de se tenir à distance de la Chambre afin de préserver son image et le consensus qu’il suscite. Quoiqu’il en soit, le juriste reste en piste et fera entendre sa voix, proposant même de prendre la tête de la nouvelle alliance. Le message est clair : l’ancienne majorité garde un avantage numérique et Conte en demeure le point de référence. Un message qui s’adresse aussi à tous les membres du M5S qui songeraient à ne pas voter la confiance à Draghi. »

OPINION, La Repubblica, C. Maltese « L’oligarchie de la modernité » : « Le gouvernement Draghi n'est pas du tout un gouvernement technique. Qu'a été la politique ces dernières années ? Commençons par le Parti démocrate. L'écologie a été la dernière chose à laquelle ils ont pensé, ils ont fait très attention à ne pas en parler, comme s'il s'agissait d'un sujet stérile qui apporte des problèmes. Pour l'éducation, ils ont évité tout investissement sérieux, en infligeant des réformes incessantes qui ont entraîné notre système scolaire au plus bas en Europe. Un désastre. Le Mouvement 5 étoiles a prôné l'écologie en jouant sur le mot pour qu'il perde son sens. Il s'agit d'un gouvernement purement politique. Une démocratie moderne dans le moule espagnol et surtout allemand, où les Verts sont la force politique la plus brillante de l'avenir. Il faudra quelques années pour mener à bien la révolution contre l'ignorance et l'incapacité dans lesquelles la politique italienne était tombée, et personne ne doit avoir l'illusion que cette administration ne nous accompagnera que pendant quelques mois. L'année prochaine, Sergio Mattarella dira s’il est disponible pour un second mandat. Peut-être que, comme Giorgio Napolitano, il n’ira pas jusqu’au bout, mais il aura suffisamment de temps pour que Draghi termine sa mission. Et peut-être qu'à la fin de la législature, le climat politique sera transformé. Il est ridicule d'appeler ce gouvernement "Conte ter". Peu importe si nous nous retrouvons avec trois anciens ministres sans portefeuille de Forza Italia ou Luigi Di Maio aux Affaires étrangères. Lorsque nous aurons besoin de parler de choses sérieuses en Amérique ou en Europe, Mario Draghi nous représentera et dirigera l'orchestre. Le chef du gouvernement a satisfait les différentes parties avec des ministères collatéraux, mais l'équipe de 8 techniciens va gérer l'argent nécessaire pour faire redémarrer le pays. Et c'est précisément avec ce genre d'oligarchie que Mario Draghi a mené une opération politique très pointue. Ce dont l'Italie avait besoin, c'était d'un leader ayant une idée précise de la modernité et de la relance du pays, car les gens ont besoin quelqu’un leur permettant de s'améliorer et de se relever plus rapidement. Maintenant, ils l'ont. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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