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16/03/2020

"Soins intensifs, trois régions à la limite. Le système risque de ne pas tenir."

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Italie. Revue de presse.

Le coronavirus occupe toujours les Unes des médias italiens (JT et presse quotidienne). La presse relève notamment les mesures qui devraient être adoptées aujourd’hui et qui prévoient 25 Mds d’€ d’aides pour les secteurs les plus touchés : "Conte : restons unis, c'est le moment le plus critique" (Corriere della Sera), "Un mur antivirus" - "Le nouveau décret. Un plan pour produire les masques et les respirateurs. 25 milliards pour les médecins, les familles et les entreprises" (La Repubblica), "Un budget d'urgence contre le virus" - "L'Eurogroupe décide lui aussi des fonds" (La Stampa), "Santé, travail, impôts : toutes les mesures du gouvernement" (Sole 24 Ore), "Virus, un bonus pour les médecins et les travailleurs" - "Désormais 24 787 infectés, 368 morts en un jour" (Il Messaggero), "Voici l'argent" - "Dans le projet du décret de l'aide pour les familles et les entreprises. Un milliard pour les médecins" (Il Giornale), "Impôts, travail, médecins, voici le fonds" (Il Mattino).

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Giuseppe Conte, Président du Conseil : « Restons unis, ce sont les semaines les plus décisives. Restons chez nous et arrêtons les polémiques » : « Ce sont des semaines décisives pour vaincre le coronavirus. Les experts nous disent que le pic n’est pas encore atteint. C’est pourquoi nous ne pouvons pas baisser la garde, c’est le défi le plus important : pour gagner, il faut 60 millions d’Italiens. C’est le moment des sacrifices, des choix responsables. Depuis le début, j’ai travaillé dans un esprit d’unité, mettant la santé au centre de mes préoccupations. Nous sommes confrontés à une urgence inédite depuis l’après-guerre. Nourrir la polémique n’est pas stérile, c’est de la folie. L’organisation de la santé est dans les mains des régions. Ne pouvant ni ne voulant bouleverser notre organisation constitutionnelle, nous devons tous collaborer pour rendre le système de santé aussi efficace que possible. Je ne connais pas personnellement Bertolaso mais je trouve positif que la région soit assistée par une personne qui connaisse la machine organisationnelle de la protection civile. Il n’y a pas de division sur le rôle de la protection civile, qui est essentielle pour coordonner le soutien aux régions. Nous devons attendre quelques semaines pour vérifier les résultats de nos décisions. Pour le reste, nous n’avons pas besoin de nouvelles interdictions. Les maires ont bien fait de fermer les parcs et de veiller à éviter les rassemblements. Cela vaut malheureusement aussi pour les églises. Il faut éviter les déplacements de ceux qui quittent Milan le week-end pour rejoindre leur famille ou leur résidence dans le Sud. Le monde des entreprises est confronté à un défi très dur : beaucoup ont fermé et celui qui reste ouvert doit garantir aux travailleurs un niveau adéquat de protection. Ce décret ne sera pas suffisant. Les dégâts seront sérieux et diffus, il faudra lancer un véritable plan de « reconstruction ». Après le coronavirus rien ne sera plus comme avant. Nous devrons nous asseoir et reformuler les règles du commerce et du marché libre ».

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, A. Cazzullo : « Avec le drapeau tricolore sur nos balcons, nous pouvons battre le cynisme » : « Dans cette épreuve terrible, le caractère des personnes se manifestent. Celui des peuples aussi. Les Latins sont perçus comme étant plus émotifs, que cela soit dans leurs réactions que dans leurs décisions. Ce n’est pas un mal en soi. L’Italie a choisi la voie de fermeture totale. L'Espagne a suivi l'exemple de l'Italie et Macron, après la gaffe de Lagarde, a fait un très beau discours et il a dit aux Français qu'il comptait sur eux et sur leur sens des responsabilités, parce que cette crise doit réveiller le meilleur de nous-même. La ligne des Anglais est totalement différente, tout reste ouvert et l'Allemagne de Merkel a reporté la fermeture, en affirmant que chaque Land décide pour lui. Trump a, au contraire, suivi le dogme du système privé et de l'argent, en sous estimant cette épidémie. Mais maintenant il est en train d'adopter des mesures plus sévères. Le scenario change tous les jours et tous les peuples s'adaptent selon leurs capacités et leurs habitudes. L'Italie a probablement perdu trop de temps, a reporté des mesures importantes et a eu des retards mais, comme dans tous les moments décisifs de l'histoire, les Italiens se montrent solidaires, travailleurs et courageux. Le patriotisme, les chansons et les drapeaux tricolores sur les balcons peuvent ne pas plaire mais ils sont le signal d'un pays qui résiste ».

ARTICLE, Corriere della Sera, A. Trocino : « Maintenant le Sud craint la grande 'vague': le gouvernement doit nous aider, nous ne tiendrons pas » : « Le Sud attend comme on attend un tsunami après un tremblement de terre, les effets de la fuite massive des « émigrants » de retour du Nord. Les effets de cette fuite attendue, dans les prochains jours, pourraient mettre à genoux le Sud de l'Italie qui souffre déjà d’un système sanitaire affaibli, qui sera fragilisé face à une diffusion de la maladie. Les présidents des régions essaient de mettre en place un cordon sanitaire. Dans les Pouilles, 20 000 personnes sont en quarantaine après être rentrées du Nord; le président de région Emiliano estime : « nous pouvons gérer 2000 contaminés et 200 personnes en soins intensifs. Pas plus ». Le même nombre de lits est disponible en Sicile a indiqué Nello Musumeci, le président de région, qui a accueilli 30 000 « rapatriés » du Nord. En Calabre, c'est encore pire. '' Nous avons 100 places en soins intensifs '' affirme la présidente Joe Santelli. Avec De Luca, président de la région Campanie, Nusumeci et Santelli évoquent aussi l'aide de l'armée pour faire respecter les restrictions du gouvernement.»

ARTICLE, Il Messaggero, M. Evangelisti: « Soins intensifs, trois régions à la limite. Le système risque de ne pas tenir » : « L'urgence qu'est en train de vivre l'Italie est le manque de machines respiratoires pour augmenter les places en soins intensifs. Il s'agit d'une guerre globale sur le marché car chaque pays essaie de s'en procurer. Consip a annoncé d'en avoir acheté 3.800 mais les temps de livraison risquent d’être trop lents. La Lombardie est dans l'urgence mais les Marches vivent aussi une situation semblable. Il y a seulement dix machines respiratoires disponibles. Si la protection civile n’en envoie pas d'autres, on ne sait pas comment soigner les patients ».

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Francesco Boccia, ministre des Affaires Régionales : «'' Plus jamais de réductions sur les dépenses de santé, cette crise changera le monde. Lombardie la région la plus aidée'': « J'espère voir uniquement des lumières vertes au Parlement quand nous voterons le décret pour l'urgence économique, si les partis avaient le même sens de la communauté que ceux qui chantent sur les balcons, nous serions un meilleur pays. Nous sommes en train de maintenir le système productif italien au minimum nécessaire pour le garder en vie. La Lombardie est la région qui a reçu le plus de matériels, 200 ventilateurs en plus des 200 déjà donnés seront livrés à partir de mercredi. La polémique sur les masques est inutile. Cette crise n'est pas temporaire, elle changera le monde. Il ne faudra plus jamais économiser sur la santé publique. À l'intérieur de l'UE, il vaudrait mieux se tenir la main au lieu d’ériger des murs et des barbelés.''

EDITORIAL La Repubblica S. Folli « Il était une fois l’Europe » : « Tous ceux qui, pendant de longues années, avaient cru dans l’Europe devraient dessiner un cercle noir dans le calendrier, ou mieux mettre une pierre noire comme le faisaient les Romains dans l’antiquité pour marquer les jours funestes. La raison de cela nous vient de Berlin. La capitale de la nation hégémonique en Europe, le pivot de l’architecture économique et institutionnelle sur lequel repose l’Union Européenne. Berlin a décidé d’effacer en un instant la convention de Schengen. En quelques semaines, le virus a balayé l’illusion de cet emblème d’esprit de solidarité. La décision de l’Allemagne de fermer ses frontières, imposant des contrôles comme à l’époque des Etats nationaux, dément la valeur de fond de l’Europe : le dépassement des égoïsmes. La devise unique a fini par devenir l’objectif et non pas le point de départ. Pendant des années, la BCE de Draghi a contenu les faiblesses de la construction européenne. Francfort était le vrai moteur de l’Union. Cela n’est plus vrai. Pas seulement pour les erreurs de Lagarde mais en raison de quelque chose de pire : l’absence totale de sens politique montrée de la part de celui qui devrait en avoir en abondance pour le rôle qu’il joue. La fermeture de Schengen a été décidée par Berlin seule, suivant une logique nationale. Elle n’a pas été discutée avec les partenaires et ne s’est pas limitée à fermer les frontières extérieures. Il a été choisi de réactiver l’une après l’autre les frontières, cela pour calmer un électorat nerveux. Tout cela alors que les aides sanitaires nous parviennent plus facilement, en Italie, par la « fourbe » Chine plutôt que par nos « méfiants » amis européens. Le virus a fait apparaitre les hypocrisies et c’est la rhétorique qui demeure ».

COMMENTAIRE, La Stampa, M. Bresolin « Le coup de frein des Pays-Bas et de l’Allemagne sur le pacte de stabilité » : « A ce stade, les ministres de la zone euro ne semblent pas vouloir suspendre l’application du pacte de stabilité. Du moins pas tous. Lors des contacts préparatoires de l’Eurogroupe prévus pour aujourd’hui, le scepticisme de certains gouvernements – notamment hollandais et allemand – s’est manifesté, considérant l’activation de la clause proposée par la Commission prématurée. Il est vrai aussi que la situation évolue rapidement, ces dernières heures. Dans les derniers jours, la France, l’Espagne et les Pays-Bas ont pratiquement tout fermé et d’autres sont prêts à le faire. Du coup, la confrontation entre ministres est tout sauf prévisible. A la demande italienne, malgré la résistance de plusieurs, les ministres se réuniront en visioconférence. L’agenda de l’Eurogroupe a complétement changé : les ministres n’adopteront pas la réforme du MES comme prévu initialement. Ils discuteront essentiellement du coronavirus. L’impact sur l’économie européenne sera dévastateur, avec une forte récession prévue pour 2020. Un autre sujet crucial sera aussi les stimulations budgétaires auxquelles seront appelés les gouvernements. A ce stade, peu d’Etats ont alloués des fonds pour faire face à l’urgence sanitaire et économique. En dehors de l’Italie, l’intervention la plus importante pourrait être celle de la France, qui aurait envisagé un plan à hauteur de 30-40 milliards d’euros. Le Président de l’Eurogroupe, M. Centeno, espère pouvoir sortir de la réunion avec un chiffre global. Un chiffre pour dire combien l’Europe sera prête à mettre sur la table, même s’il s’agira très probablement d’une somme d’investissements nationaux, de fonds européens et de garanties pour les prêts ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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