12/02/2020
"Renzi est en train d’essayer de nous user. / Meloni accuse Salvini."
Italie. Revue de presse.
La politique intérieure, notamment la réforme de la prescription et le vote au Sénat pour autoriser l’enquête sur M. Salvini (Ligue) pour l’affaire du navire « Gregoretti » sont également en Unes : « Prescription, Italia Viva vote avec l’opposition » (Corriere della Sera), « CSM : stop aux réformes qui ne sont pas impartiales » - ‘’Le président Ermini prône pour des solutions partagées’’ (Il Messaggero), « Salvini risque la prison » - ‘’Le Sénat se prononce aujourd’hui’’ (Il Giornale).
Le rapport faisant état d’une baisse du taux de natalité est aussi largement commenté, après les appels du Président de la République à une réponse de la part du gouvernement : « Mattarella : Aidons les familles » (La Repubblica), « L’Italie se dépeuple, le Sud encore plus » (Il Mattino).
Sur Twitter, les hashtags #iostoconsalvini (je suis avec Salvini) et #Gregoretti (en référence au vote au Sénat pour autoriser ou non l’enquête sur M. Salvini pour séquestration) dominent.
COULISSE, Repubblica, G. De Marchi : « Conte contre Renzi ‘’Assez d’arrogance et de diktats ‘’ » : « Il y a eu un changement de stratégie au Palais Chigi : ne plus rester observateur tandis qu’on se bagarre dans la majorité. Giuseppe Conte attaque : ‘’La politique ne peut pas avoir le visage de l’arrogance‘’. Le président du Conseil ne donne pas de nom. Mais il parle de la prescription, du rôle d’Italia Viva qui semble être un parti de lutte et non pas de majorité. Cette fois-ci, Conte ne se soustrait pas à la confrontation. Le Conseil des ministres de demain devra permettre de trouver une harmonie et une solution. Le climat de guerre risque d’emporter les nouvelles normes sur la prescription et le projet de loi sur le procès pénal. Renzi savoure ce qu’il considère être une victoire : ‘’Je suis satisfait – dit-il à ses collaborateurs les plus fidèles – tout le plan du PD contre nous s’est écroulé misérablement ‘’. Voici le point. Au-delà de la résilience de Conte et avec des effets directs sur le gouvernement, se consomme, désormais au grand jour, le conflit entre le PD et Italia Viva. »
COMMENTAIRE Sole 24 Ore L. Palmerini « La troisième voie des “renziens” : non au gouvernement mais sans aller aux élections anticipées » : « C’est le timing qui est erroné dans la bataille menée par M. Renzi sur la prescription. Toute l’attention est concentrée sur le coronavirus et il y a un risque que toute cette polémique sur la justice ne soit considérée que comme une énième dispute entre alliés. Il y a donc l’impression que derrière ce problème de tempo, il y ait une conviction cachée : la cohabitation avec le gouvernement Conte est en train d’affaiblir le parti de Renzi. L’objectif ne serait donc pas celui de rester mais de se défiler. L’ancien Président du Conseil serait en train de sortir de la coalition et du gouvernement sans pour autant provoquer d’élections anticipées, qui par ailleurs lui infligerait un score autour de 4-5% avec un nombre de parlementaires divisé par deux. Renzi a été l’architecte de ce gouvernement Conte II pour freiner Salvini et devenir le « Macron italien ». Cet objectif est encore loin ».
COULISSES, Corriere, M-T. Meli, « Zingaretti : l’exécutif doit être défendu. Renzi est en train d’essayer de nous user » : « Pour Zingaretti la coupe est pleine. Il parle au téléphone avec Conte qui l’avertit qu’il prononcera des mots très durs envers Matteo Renzi, mais change d’avis car la Chambre est sans dessus-dessous. Sur la prescription, le PD et le M5S ont prévu de faire adopter la loi avant l’été. Le secrétaire du PD est certain que Renzi a une ‘’stratégie précise pour nuire au gouvernement’’ : ‘’Il espère recueillir ainsi des voix mais il se trompe car les Italiens ne veulent pas de polémiques mais des faits concrets’’. Il est cependant inquiet, étant sûr que Renzi continuera ainsi ».
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Arachi : « En Italie, jamais si peu d’enfants. Mieux au Nord, record à Bolzano » : « Le rapport démographique annuel de l’ISTAT fait état d’une baisse du taux de natalité en Italie qui est devenu, après le Japon, le pays le plus vieux du monde. Les données de l'ISTAT soulignent que les femmes qui deviennent mères sont de plus en plus âgées : l’âge moyen du premier accouchement est passé à 32,1 ans. A contre-courant des données nationales, le Nord de l’Italie, et en particulier le Nord-Est, a eu une croissance supérieure au reste du pays : 3,4 pour mille en plus en Lombardie tandis qu’à Bolzano la croissance est encore supérieure, + 5 pour mille. Le Président de la République Mattarella, préoccupé par ces chiffres, a lancé un appel pour aider les familles et éviter que le pays ne se dépeuple et ne s’affaiblisse par un taux de natalité parmi les plus bas du monde ».
ANALYSE, Corriere della Sera, F. Fubini : « Il n’y a pas seulement la dénatalité : beaucoup quittent le Sud » : « L’Italie est en train de se réduire et c’est à la fois la cause et l’effet de sa stagnation. Beaucoup de jeunes préfèrent émigrer parce qu’ils ne voient pas des perspectives d’emploi, ni de revenu satisfaisants. La baisse de la population qui en découle provoque l’érosion de la consommation, de la productivité et même des perspectives de croissance qui pourraient servir aux jeunes s’ils décidaient de rester en Italie. Il s’agit d’une spirale auto-alimentée, même si la crise démographique italienne est composée par deux histoires totalement différentes : une tenue discrète au Nord, et encore mieux au Nord-Est, et un effondrement au Sud du pays. Les données publiées hier par l’ISTAT ne laissent aucun doute : il y a eu une forte baisse du taux de natalité mais la population a augmenté, en 2019 dans le Nord, de 0,14 %, soit 36 000 personnes, grâce surtout aux entrées nettes de personnes du reste de l’Italie ou de l’étranger ».
RETROSCENA La Stampa A. La Mattina « Meloni accuse Salvini : ‘’stop aux agressions’’ » : « Une partie de Fratelli d’Italia a attaqué ouvertement leur allié, la Ligue, lors d’une réunion : elle ne supporte pas les « provocations » continues. Il s’agit d’une véritable « guerre » à basse tension. A commencer par cette prétention d’avoir un candidat dans les Pouilles. En général, le parti de Giorgia Meloni se sent relégué au rôle de roue de secours. Mais Salvini doit accepter que Fratelli d’Italia soit le seul parti en train de croître à échelle nationale. Meloni a dû calmer les choses mais elle ne fait pas marche arrière sur son candidat pour les Pouilles, R. Fitto. Et elle veut à tout prix que Salvini indique son candidat pour la Toscane, cela aussi pour éviter toute rumeur « d’accord caché » avec Matteo Renzi. Bref, le chaudron de Fratelli d’Italia est en ébullition » ;
ENTRETIEN, La Stampa, de Mattia Santori, co-fondateur du mouvement des « Sardines » : « La manifestation des 5 Etoiles est une erreur. Plusieurs de nous sont contre la coupe des parlementaires » : « ‘’[La rencontre d’hier avec le ministre pour le Sud, Provenzano] fait partie d’une double approche : lundi nous étions dans la rue de Padoue, hier au ministère. Il faut une composante territoriale et une autre nationale, permettant un poids majeur. Le ministre Provenzano nous a parlé de son plan pour le Sud. Nous lui avons proposé une rencontre entre experts internationaux à Tarente, pouvant impliquer l’UE sur la relation environnement-santé-emploi. Et puis l’idée d’un Erasmus intra-national entre le Nord et le Sud. La manifestation du M5S de samedi ? J’ai l’impression qu’il s’agit là d’une erreur. Cela fait sourire qu’un parti de gouvernement manifeste, en plus sur la thématique des rentes des parlementaires alors que le pays entier discute des décrets sur la sécurité. Quant à la réforme constitutionnelle sur la coupe des parlementaires, il y a une sensibilité diffuse qui est contre. Nous devons comprendre si cela représente la multitude. La formation d’un parti ? Je l’exclus. Nous voulons trouver quelque chose qui soit à mi-chemin entre la politique et les citoyens. Ce qui nous intéresse, c’est d’être un rempart contre le populisme’’ »
ENTRETIEN, La Repubblica, de Luigi Di Maio, Ministre des Affaires Étrangères : « Au Caire il faut un ambassadeur pour Zaky et Giulio » : « ‘’Sur le cas de Patrick Zaky l’ambassade est en train de mener toutes les actions nécessaires pour avoir le maximum d’informations et activer tous les organismes de garantie. Sur le cas de Giulio Regeni l’objectif que nous nous sommes donnés depuis la naissance de ce gouvernement est la réactivation du dialogue entre les parquets, qui était interrompu depuis un an. Ce sera la preuve de la réelle volonté de collaborer. Je ne suis pas Alice au Pays des Merveilles, je sais que ce ne sera pas simple mais je m’attends à des faits concrets. Nous voulons que les coupables soient identifiés et punis. Mais ce processus de connaissance des faits et de demande de justice ne peut se faire que si un Ambassadeur est présent au Caire. Sur les frégates Fremm, le gouvernement n’a pris aucune décision ; aucune vente n’a été approuvée pour le moment. L’Égypte est cruciale pour la stabilisation de la Méditerranée et pour la question énergétique. En Libye, la mission européenne doit mettre en acte un embargo réel des armes à l’égard des deux factions qui combattent ; les armes arrivent surtout par voie aérienne et par la terre. La loi de la mer qui prévoit le sauvetage des migrants doit être respectée mais les migrants doivent être accueillis par le pays d’appartenance des navires».
ARTICLE Sole 24 Ore B. Romano « Allemagne, la crise politique bloquera les réformes en Europe » - Berlin aura la présidence tournante à partir du 1er juin, c’est surtout le perfectionnement de l’union bancaire qui est en péril: « C’est avec prudence que l’establishment communautaire suit les évènements allemands. Le séisme arrive juste au moment où un renouvellement institutionnel et politique est en cour en Europe. Le moment est délicat. Les diplomates à Bruxelles se demandent si les prochaines campagnes électorale pousseront la CDU à une attitude plus rigide pour prendre ses distances des Verts et tenter d’éviter une perte de voix à droite ou bien à des positions plus proches aux thématiques environnementales pour tenter de créer une nouvelle coalition avec les « grünen ». Selon Eric Maurice, représentant de la Fondation Schumann à Bruxelles ‘’je crains que dans cette phase, Berlin sera peu disposée à faire des avancées sur l’union bancaire’’ ».
ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « L’instabilité à Berlin et celle à Rome » : « Les données de la production industrielle en chute libre suscite une sorte de parallèle entre les deux nations. Même sur le plan politique, nous assistons à une Allemagne instable qui n’est plus construite autour d’un centrisme démocrate-chrétien mais qui est lacérée par une fuite vers les extrêmes. A ce stade, la « grande coalition » semble tenir. Mais jusqu’à quand ? Cette question intéresse tous ceux qui estiment que Berlin soit essentielle au projet européen. Chose qui est par ailleurs vraie. La faiblesse de notre principal partenaire peut être insoutenable pour une Italie renfermée dans son immobilisme et incapable de réagir aux données du PIB ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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