23/09/2019
"Centre droit, le sommet annulé."
Italie. Revue de presse.
L’élaboration de la loi de finances fait les gros titres des médias transalpins. La presse évoque notamment les divergences entre le Président du Conseil G. Conte et L. Di Maio sur la création de nouvelles taxes. Les commentateurs reviennent également les déclarations de G. Conte pour l’établissement de mesures plus dures, notamment des peines de prison, pour les fraudeurs du fisc : « Impôts, Di Maio défie Conte » - ‘’Distances sur les boissons et goûters sucrés’’ (Corriere della Sera), « Conte et le syndicat CGIL unis dans la lutte contre l’évasion » - ‘’Le Président du Conseil favorable à des peines sévères pour les fraudeurs du fisc’’ (La Repubblica), « Taxes, Di Maio corrige Conte » - ‘’Le leader 5 Etoiles s’oppose à des taxes sur les goûters et les vols aériens’’ (La Stampa), « Réforme de la TVA et déficit plus élevé » - ‘’L’exécutif veut éviter l’augmentation de la TVA et mise à un déficit à hauteur de 2,1%’’ (Il Messaggero), « Conte : ‘’les fraudeurs du fisc en prison’’ » (Fatto Quotidiano), « Plus de déficit et réforme de la TVA » (Il Mattino).
EDITORIAL, La Stampa, A. Mingardi : « L’inutile impôt sur les péchés » : « Trouver 35 milliards pour la prochaine loi de finances et maintenir les engagements sur le déficit sans toucher la réforme des retraites anticipées et le revenu de citoyenneté, est une tâche qui n’est pas des moindres. Raison pour laquelle le gouvernement Conte était plutôt en faveur de la méthode des petites taxes, moins visibles. Hier, Di Maio a tenté de corriger le cap, exprimant l’opposition du Mouvement 5 Etoiles. En réalité, les mesures proposées sont cohérentes avec le positionnement de la coalition de gouvernement. L’égalisation des taxes sur l’essence et le diesel est vue comme une action environnementale. Quelle soit juste ou pas, cela représente une augmentation pour les propriétaires de véhicules alimentés par cette solution. La taxation des vols est vue là aussi comme une volonté de toucher les plus riches. Quant aux goûters sucrés, l’idée est de faire d’une pierre deux coups : rendre plus coûteux les produits considérés comme nuisibles à la santé et réduire l’abus à long terme qui retombe inévitablement sur le service sanitaire national. Toutefois, une société libre est celle où les personnes croient que l’Etat ne doive pas intervenir dans les affaires des individus mais que ces derniers doivent apprendre à se contrôler. Or, la pensée commune est désormais l’opposé et même les systèmes fiscaux se sont adaptés en ce sens ».
ARTICLE Repubblica, C. Lopapa « Centre droit, le sommet annulé. FI : ‘’Non à l’OPA de la Ligue’’. Salvini est le roi des plateaux télé » : « La droite est une armée en fuite. Silvio Berlusconi rompt définitivement le front uni : ‘’la coalition ne sera jamais souverainiste. L’OPA de la Ligue a échoué‘’. Le chef de la Ligue le liquide: ‘’Berlusconi ? Je m’occupe de la vie réelle ‘’. Les tensions sont tellement fortes dans la coalition que le sommet que les trois leaders auraient dû tenir demain pour parler des élections régionales est repoussé. Le chef de Forza Italia déserte pour la première fois la kermesse organisée chaque année par le vice-président Tajani. Officiellement l’hélicoptère n’a pas pu décoller d’Arcore (la résidence milanaise de Berlusconi) à cause du mauvais temps. Le risque que Forza Italia explose – une moitié attirée par Salvini et Meloni, l’autre par Renzi, est toujours plus fort. Le leader de la Ligue termine sa journée sur le plateau de télé ami de Barbara D’Urso, en répondant en direct à des VIP qui le détestent. C’est du jamais vu, la politique qui se transforme définitivement en spectacle.»
COMMENTAIRE, La Repubblica, I. Diamanti : « Un pays sans identité politique » : « A la fin, le Parti de Renzi est né. Non le PdR, que j’avais déjà évoqué en 2014 quand je faisais allusion à la personnalisation du PD. Mais ‘’ Italia Viva ‘’, un parti vraiment ‘’ personnel ‘’. Créé par Matteo Renzi, pour bouleverser d’abord le PD, en vue des prochaines élections, demandées et redoutées par ceux-là mêmes qui les demandent. Toutefois, les sondages ne donnent pas beaucoup d’espace au parti de Renzi et selon Demos ses électeurs représentent 3-4 %, avec une zone d’incertitude supérieure à 10 %. Cependant, l’aspect le plus intéressant, d’après moi, ne concerne pas tellement le destin de Renzi et de son aventure mais plutôt le système politique italien. En fait, pour la première fois dans l’après- guerre, nous nous retrouvons dans un cadre sans références. Après la chute du Mur de Berlin et après celle du « mur d’Arcore », construit par Silvio Berlusconi pour maintenir le sentiment anti communiste, la géographie politique du pays, et surtout du PD a changé. Les acteurs de la scène politique ont changé, les partis se sont transformés profondément. Le pays est devenu progressivement incolore et les leaders sont devenus plus importants que les partis et ainsi les partis personnels se sont imposés, avec les anti-partis comme le M5S, qui a intercepté le malaise des électeurs sans plus de points de repère ou d’appartenance. Le tournant décisif a eu lieu lors des élections de 2018, qui ont établi le succès de deux partis différents, le M5S, un non-parti, et la Ligue de Salvini, un parti personnel, resserré autour de son leader. Aujourd’hui l’Italia Viva de Renzi, propose à nouveau le même modèle et le même schéma. C’est un parti personnel. Il ne se réfère pas à des bases sociales ni à des idéaux précis ».
COULISSES, La Stampa, I. Lombardo « Conte à New York pour rabibocher les liens avec les Etats-Unis et pour demander à Trump un engagement sur la Libye » : « Oublier Salvini, dissiper les ombres russes provoquées par l’ancien vice-président du Conseil de la Ligue et remettre l’Italie sur les bons rails : ceux au sein de l’ONU et à côté des Etats-Unis. Ainsi, Conte retrouvera Trump après un sensationnel changement de coalition. Le message que Conte lancera sera ‘’plus jamais d’excentricité ou d’ambiguïté’’ en politique étrangère. La nouvelle phase partira avec une retouche de notre contribution militaire à l’Otan et un décret sur la cyber-sécurité, preuve que le gouvernement veut tout faire pour protéger nos réseaux des infiltrations présumées des ennemis de la Maison Blanche : Moscou et Pékin. En échange, la mission de la délégation italienne est d’obtenir un engagement structuré sur la Libye. Trump devra dire comment il compte gérer la poudrière qui brûle en Méditerranée. Un sommet européen sur la Libye pourrait se tenir début décembre, divisé en deux rencontres parallèles : l’une avec les Libyens et l’autre avec les leaders internationaux impliqués et qui se tiendra en Allemagne pour éviter que le défi italo-français sur le pays de l’Afrique du Nord ne se rallume. Pendant les journées onusiennes, Rome et Paris seront en première ligne sur la Libye. Le 26, Di Maio et Le Drian coordonneront ensemble une réunion avec leurs collègues. Pour Di Maio, la visite newyorkaise l’aidera à faire oublier ses gaffes diplomatiques de l’année passée, allant des gilets jaunes à la question vénézuélienne ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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