09/08/2019
"Salvini : trois ministres du M5S doivent partir."
Italie. Revue de presse.
Les Unes de la presse italienne portent sur la « crise » qui affecte le gouvernement après le vote hier sur la ligne Lyon-Turin, pendant lequel les deux alliés du gouvernement ont voté de manière diamétralement opposée. Les médias soulignent que la majorité gouvernementale est proche de la rupture et reviennent abondamment sur la rencontre hier soir entre G. Conte et le chef de la Ligue pendant laquelle celui-ci aurait posé plusieurs conditions pour que la Ligue reste au gouvernement : changement du contrat de gouvernement et demande que plusieurs Ministres 5 Etoiles quittent le gouvernement : « Gouvernement dans le chaos, air de crise » (Corriere della Sera), « Il était une fois le gouvernement » (La Repubblica), « L’attaque de Salvini contre le gouvernement » (La Stampa), « Salvini trahit Di Maio avec le PD et demande de postes ministériels» (Il Fatto Quotidiano), « Salvini : trois ministres du M5S doivent partir » (Il Messaggero), « Gouvernement, le diktat de Salvini » (Il Mattino), « Gouvernement, ultimatum de Salvini à Conte » (Sole 24 Ore).
Journaux télévisés : La crise qui affecte le gouvernement, après le vote d’hier au Sénat sur la TAV, fait l’ouverture des JT.
COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli : « Une coalition jamais née » : « Le théâtre politique de mi-août au Palais Madama a fermé, avec un résultat final terriblement explicite. Maintenant il a déménagé sur les plages. Hier soir, le ministre de l’Intérieur Salvini a fait ce qu’il avait promis, il a donné le départ, depuis la localité de Sabaudia, à un tour sur les plages du Centre-Sud qui coïncide avec sa campagne électorale permanente. Aucune annonce retentissante, mais la confirmation que le maître du gouvernement tient Conte et Di Maio en échec et attend de les voir danser au rythme de la Ligue. D’ailleurs, pourquoi devrait-il faire tomber le gouvernement en plein été, puisque c’est lui qui en tire le plus d’avantages ? Ce qui est arrivé hier au Sénat, avec la TAV, est emblématique : la majorité « jaune-verte » n’existe plus et même Conte, à la merci des événements, n’a pris jusqu’à maintenant aucune initiative pour éclaircir la situation. L’image du Parlement, hier, était surprenante : quelques ministres de la Ligue et du M5S étaient présents, ainsi que les deux vice-présidents du Conseil, pour représenter non pas la collégialité du gouvernement mais plutôt leurs partis politiques. Et au milieu, un siège vide, celui de Giuseppe Conte, dont l’absence symbolique est la métaphore d’une coalition peut-être jamais née, mais qui est sûrement morte aujourd’hui. Le M5S apparaît comme un parti sans vie, même si Beppe Grillo déclare qu’il n’a pas assez de voix. Affirmation grotesque si l’on pense qu’il y a un an le Mouvement avait 33 % de voix. Comment Salvini voudra utiliser sa victoire ? Une campagne électorale permanente, une tension alimentée au jour le jour, comme si nous étions à deux pas de l’apocalypse, un mépris exhibé à l’égard de ses alliés et surtout de Toninelli. Entretemps, le ministre de l’Intérieur montre clairement qu’il considère les institutions, et peut-être même également la relation avec le Président de la République, comme un simple outil de manœuvre ».
ANALYSE, Il Mattino, A. Campi : « Les « jaunes-verts » devenus « verts-jaunes » : « Hier, tout est arrivé mais rien d’irréparable. Nous sommes habitués, depuis un an, à ce scénario où toutes les règles de la politique ont sauté. Il y aura, peut-être, un remaniement à l’ancienne, avec le remplacement de trois ministres Cinq Etoiles. Mais la politique à l’ère « post-tout » (post-démocratie, post-vérité, post-sérieux, post-décence…) fonctionne comme ça, sans respecter aucune règle informelle. Alors que tout le monde dit vouloir les élections, il s’avère que personne ne les veut. Parmi les alliés, on s’insulte, mais c’est seulement un jeu de rôle. L’opposition vote avec une partie de la majorité, comme si de rien n’était. Pour le reste, que des bruits de couloir et des insinuations. La seule certitude est que, si les ‘’grillinis‘’ acceptent le sacrifice nécessaire pour rester au gouvernement, la majorité ne sera plus jaune-verte mais verte-jaune. Les rapports de forces seront inversés en faveur de Salvini, qui pourra imposer ses diktats et ses ultimatums : soit vous vous adapte, soit on va voter…Les raisons de cette attente de Salvini ne sont pas claires. Peut-être, n’y a-t-il que lui qui les connaissent. Peut-être, pense-t-il pouvoir encore bénéficier de cette situation d’impasse ou peut-être a-t-il peur de gouverner tout seul, étant habitué à vivre au jour le jour, au milieu d’un selfie, d’un tweet et d’un meeting électoral. Ou, peut-être que la seule chose qui l’inquiète est ‘’ la ligne Maginot ‘’ du Quirinal qui a indiqué qu’en cas de dissolution, ce ne serait pas le gouvernement Conte qui gèrera les affaires courantes jusqu’au vote, mais un autre exécutif ».
ARTICLE, La Repubblica, A. Cuzzocrea : « Le tourment de Di Maio : ‘’ Peut-être qu’il faut s’arrêter ici » : « ‘’ A ce point, je me demande s’il ne faut pas s’arrêter ici ‘’. Dans un très long après-midi, qui semble n’avoir pas de fin, Di Maio s’est enfermé dans ses bureaux du Sénat et du Palais Chigi, en attendant les actions et les mots de Matteo Salvini. Il a besoin d’être rassuré, parce qu’il sait très bien que, désormais, beaucoup de membres du mouvement sont contre lui et contre la ligne de subordination à la Ligue. Ainsi, Di Maio demande à ses collaborateurs ce qu’il doit faire et il reste avec Giuseppe Conte, au Palais Chigi, tard dans la nuit. Il rate une réunion et la conférence de presse du président du Conseil, prévue ce matin, n’aura pas lieu. Aucun des deux ne sait quoi dire, ni quoi faire face aux requêtes de Salvini, qui a demandé ‘’ la tête ‘’ des ministres Danilo Toninelli, Elisabetta Trenta et Giovanni Tria. Même le nom du ministre de l’Environnement, Sergio Costa, circule. Plus qu’un remaniement, ce serait carrément un nouveau gouvernement et, si les Cinq Etoiles et Conte l’acceptaient, l’humiliation serait définitive. Di Maio est « cornerisé».
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni : « Changer vite ou les élections. Dans la ligne de mire du leader Toninelli, Trenta et Tria » : « Matteo Salvini arrive à la place de l’hôtel de ville de Sabaudia pour le rassemblement le plus attendu de la législature. Le ministre de l’Intérieur affirme ne pas être intéressé à des postes ministeriels de plus. Ainsi « soit nous pouvons faire les choses, soit le dernier mot revient au peuple », déclare le représentant de la Ligue. A travers son discours, Salvini montre son opposition à un possible compromis : « on en a bien profité pendant le temps que ça a duré ». De retour, le ministre de l’Intérieur rencontre Giuseppe Conte au palais Chigi, en manifestant son désaccord à un gouvernement qui ne marche plus. D’après Salvini, le train de la majorité jaune-vert s’est écrasé sur les rails de la ligne ferroviaire Lyon-Turin et maintenant le leader de la Ligue souhaite de plus en plus la démissions du ministre des Infrastructures Toninelli : « Soit ces démissions, soit on va aller au vote ». Concernant les sondages, des sources confirment que la popularité de Matteo Salvini ne cesse d’augmenter et qu’il triomphera aux élections. En effet, avec le centre-droit uni le leader du Carroccio aurait un groupe composé de plus de 400 députés et 200 sénateurs. De toute façon, la Ligue pourrait gagner toute seule grâce à la loi constitutionnelle du Mouvement 5 Etoiles ».
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, T. Rodano : « Salvini veut humilier le Mouvement 5 Etoiles et il demande les démissions d’au moins trois ministres » : « Pendant toute la journée, le représentant de la Ligue évoque la scission avec les alliés, la fin des « jaune-verts » ainsi que le début de la course aux élections. Matteo Salvini est toujours au centre de tout : il monopolise le Sénat sur la ligne Lyon-Turin, annule les manifestations. Après vers 19h, il se rend au Palais Chigi pour discuter avec Giuseppe Conte. Cependant, la domination absolue de la Ligue ne se limite pas aux humiliations quotidiennes au Mouvement 5 Etoiles. En effet, dans la ligne de mire du leader d’extrême droite il y a aussi les démissions de Toninelli, Trenta, Tria ainsi que Costa ».
ARTICLE, Il Sole 24 Ore, E. Patta : « Et Renzi accélère : hors du Parti démocrate [centre-gauche] , peut-être déjà en septembre » : « Du point de vue du vice-président du Conseil des ministres, la cohabitation avec le Parti démocrate apparait à ses yeux de plus en plus difficile. Ainsi, il est en train de réfléchir à quitter le parti, peut-être dès le début du mois de septembre. D’après lui, il n’y a plus de solutions possibles avec un parti que Matteo Renzi ne reconnait plus. Cependant, il est encore trop tôt pour pouvoir parler d’une vraie scission. Pour l’instant l’hypothèse à laquelle Renzi est en train de réfléchir est de quitter le groupe, dans l’attente que les conditions soient réunies afin de lancer un nouveau projet politique ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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