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05/06/2019

" Ligue-M5S, trêve forcée."

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Italie. Revue de presse.

La décision de Bruxelles sur les comptes publics italiens et la question de la pérennité du gouvernement font les gros titres des médias transalpins. La presse écrite anticipe d’une part une notification d’infraction de la part de la Commission Européenne et d’autre part l’instauration d’une « trêve forcée » entre les deux leaders de la majorité gouvernementale : « Le ‘’non’ de l’Europe à la dette italienne, Ligue et M5S affichent l’entente sur le décret ‘’chantiers’’ » (Corriere della Sera), « La tourmente qui arrive de l’Europe » - ‘’La Commission retoque l’endettement italien. Trêve de façade entre Salvini et Di Maio’’ (La Repubblica), « Tria promet ‘’nous corrigerons les comptes’’ » - ‘’Engagement de l’Italie dans l’annexe de la lettre adressée à Bruxelles’’ (La Stampa), « Gouvernement, preuves d’entente en vue de la sanction UE » - ‘’Le Quirinal [présidence de la République] prévient Di Maio : sauvegarder les comptes publics’’ (Il Messaggero), « Ligue-M5S, trêve forcée » - ‘’Le risque de sanctions pousse les deux leaders au dialogue’’ (Il Mattino), « La farce finale » - ‘’Trêve armée entre les deux partis’’ (Il Giornale), « Paix armée » (Il Fatto Quotidiano), « Le Quirinal demande à renouer avec l’UE » - ‘’Preuves de trêve au sein du gouvernement’’ (Avvenire).

Journaux télévisés : L’accord des deux partis de majorité sur le décret « débloque chantiers » et la lettre de Bruxelles sur les comptes publics italiens font les gros titres.

RETROSCENA (coulisses) Il Messaggero S. Canettieri « Les deux négociateurs derrière le dégel » : « Les deux Secrétaires d’Etat de la Ligue et du M5S se sont appelés et ont posé les conditions pour ‘’faire à nouveau de la politique à une table et pas dans les journaux’’, afin de tenter de faire sortir la coalition du brouillard des bluffs et des piques réciproques. Depuis le Palais Chigi, on fait savoir qu’il est trop tôt pour parler de paix, ‘’le mot trêve est préférable’’ et que l’hypothèse d’élections anticipées reste toujours valable. Toutefois, un rayon de soleil semble s’entrevoir, surtout pour le M5S. L’espoir que la table ne saute pas a été donné par l’entente sur le « débloque chantiers ». Les deux Secrétaires d’Etat font à peu près le même raisonnement : la situation est délicate et le climat est susceptible des humeurs des deux chefs. Le départ pour Bruxelles de Giorgetti serait pour le Gouvernement la meilleure des assurances sur la vie, puisque de Di Maio au dernier des 5 Etoiles personne ne l’apprécie ».

ARTICLE, Corriere della Sera, T. Labate : « Être au gouvernement ou rompre. La lutte au sein du M5S » : « La « trêve » entre les deux leaders de la majorité gouvernementale à la suite de l’appel du Président du Conseil G. Conte et des pressions du Quirinal est forcée. Le M5S, bien qu’affichant l’entente sur le décret ‘’débloque chantiers’’, considère que le contrat de gouvernement signé avec Salvini n’est plus suffisant, parce qu’il faut dresser la liste des choses à faire mais il faut aussi donner l’ordre chronologique, respecter la façon et la forme. L’armistice entre la Ligue et les Cinq Etoiles pourra durer deux ou trois jours, mais après les deux vice-présidents du Conseil vont se retrouver face à face. La lutte interne au sein du M5S continue, si être ou non au gouvernement, et même Casaleggio demande les élections anticipées, sinon la Ligue pourrait assimiler d’autres voix ».

ARTICLE Sole 24 Ore L. Palmerini « Le Quirinal attend de voir le test sur les comptes publics et l’UE » : « Le discours du Président du Conseil Conte semble avoir provoqué un premier effet. Hier il y a eu un appel téléphonique de dégel entre les deux vice-Présidents du Conseil Salvini et Di Maio. Mattarella a été clair sur le fait que la trêve doit tenir le test imminent de l’Europe et des comptes. Voici le doute qui demeure et qui a été évoqué avec Di Maio lors de son entrevue au Quirinal, poussant ce dernier à trouver le chemin du dialogue avec Bruxelles et de la prudence sur les comptes. Toutefois, les signaux du leader de la ligue demeurent ambigus. Bref, malgré la manœuvre habile de Conte, il se peut qu’on revienne à la case de départ. Sur ce point, Conte a été clair et les fibrillations sur les marchés auraient comme responsable Salvini. Susciter une crise et aller aux élections anticipées dans une situation de tensions sur nos titres d’Etat serait un pari très risqué. C’est ce qui pousse Mattarella à la prudence. Et à l’attente de voir s’il y a vraiment une trêve. Ce qui sera évalué lors des deux tests croisés : l’Europe et les comptes publics »

ENCADRE La Stampa M. Sorgi « Conte, l’homme de réserve du M5S » : « La trêve décidée hier entre Salvini et Di Maio, bien qu’elle soit présentée comme résolvant tout, reste circonscrite au décret pour débloquer les grands chantiers. Après la conférence de presse de Conte, Di Maio a tenté de rassurer le Président Mattarella, sans y parvenir totalement. Conte a agi comme il a agi car le M5S le lui a demandé et s’y opposer aurait été une cassure réelle avec le Mouvement qui l’a porté au palais Chigi, après des compromis lors la campagne électorale et dans son rapport avec la Ligue. Or, en cas d’élections anticipées, ce n’est pas Di Maio qui se représentera étant donné la règle des deux mandats et le très mauvais résultat aux Européennes, ni Di Battista qui n’est en mesure de représenter la ligne de l’opposition – actuellement minoritaire au M5S. Conte pourrait se transformer en l’homme de réserve, même si on ne pas peut dire s’il s’agit de son ambition ou d’une illusion ».

EDITORIAL Il Messaggero M. Gervasoni « La fin de l’alibi et l’heure du tournant pour le pays » : « Nous estimons qu’il est clair, comme cela le sera sans doute pour les deux vrais chefs du gouvernement, M. Salvini et L. Di Maio, qu’il n’est pas possible de continuer de la sorte encore longtemps. Les deux partis de majorité devraient réécrire le contrat de gouvernement pour prendre en compte le renversement des rôles après les élections européennes. La logique voudrait aussi que Salvini fasse tomber le gouvernement pour capitaliser le résultat des dernières élections. L’Italie a surtout besoin d’un choc de croissance, d’ouvrir les chantiers, de faire augmenter les investissements par le biais de la réduction fiscale. Il s’agit de décisions qui ont besoin d’un exécutif bien soudé. Donc, que Salvini et Di Maio parviennent à signer un nouveau contrat, sinon autant aller aux élections anticipées ».

EDITORIAL du directeur, Il Foglio, C. Cerasa: « Accepter la réalité d’un gouvernement Salvini. » : « Matteo Salvini n’est pas un mal mineur par rapport à Luigi Di Maio, ça nous la savons, mais la question qui se pose actuellement est la suivante : un gouvernement Salvini est-il un mal mineur par rapport à un gouvernement Salvini-Di Maio ? Le gouvernement est actuellement bloqué et après le résultat des dernières élections qui a accentué la paralysie, un scenario doit être évoqué : un pays guidé par Matteo Salvini. Nous ne savons pas quand cela se passera, mais si la Ligue décide de bloquer le gouvernement et de provoquer des élections, elle aura une situation de rêve avec des concurrents affaiblis. Un gouvernement dirigé par Salvini est une possibilité concrète. Le chercheur Guido Tabellini écrit aujourd’hui dans Il Foglio qu’un gouvernement guidé par Salvini serait une bonne chose pour le pays et permettrait de rompre avec une situation de crise politique dans laquelle les différents partis ne pensent qu’à court terme.  Pendant que le M5S a démontré son incompétence politique, la Ligue a au contraire démontré qu’elle était capable de tout, particulièrement dans le domaine économique, avec un euroscepticisme dangereux pour l’économie italienne. Mais la Ligue est également capable de transformer un salvinisme de lutte, davantage utile pour plaire que pour gouverner, en une gouvernance calme, et raisonnable. En somme, Salvini devrait se transformer par rapport à ce qu’il est, tout d’abord recherchant un dialogue avec le vieux centre-droit, et instaurer un dialogue avec les autres pays européens, sur une transformation des règles, plutôt qu’une sortie brutale de l’UE. Il devrait finalement faire le contraire de ce qu’il a fait jusqu’alors. Le futur de l’Italie se fera vraisemblablement avec Salvini »

RETROSCENA (Coulisses), Corriere della Sera, M. Cremonesi : « ‘’ Nous nous sommes entendus ‘’, mais pour le leader de la Ligue le test décisif est sur les impôts » : « Le sens des mots de Matteo Salvini est authentique, même si un peu décevant pour les partisans de la Ligue et, peut-être, lu avec un fil d’ironie : ‘’ Avec Luigi nous nous sommes très bien entendus ‘’. Tandis que le parti est euphorique pour le résultat électoral, Salvini a répété à tout le monde que l’appel téléphonique d’hier avec Di Maio, le premier depuis longtemps, a été très important pour clarifier leurs intentions, même s’ils n’ont parlé que du décret ‘’ débloque chantiers ‘’. Pour cette raison, la Ligue pense qu’il ne faut pas parler de remaniements mais que Conte devrait quitter l’intérim du ministère des Affaires Européennes, qui était à la Ligue, laissé par Paolo Savona, parce que la Ligue a remporté les élections européennes. Aujourd’hui, elle n’a personne pour la représenter en Europe. Il reste que la Ligue ne se prononce pas sur la durée du gouvernement et affirme qu’il faut bien se comporter, surtout au Sénat, où la majorité est faible et la loi sur l’autonomie pourrait créer un accident de parcours. Les élections européennes ont récompensé la Ligue également au Sud, qui a ainsi montré que ces régions n’avaient pas peur des autonomies ».

ENTRETIEN de Silvio Berlusconi, leader de Forza Italia : « ‘’ Nouveau gouvernement ou bien les élections. Maintenant la fédération de centre droit ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘ La crise est inévitable, maintenant ils ont fait un énième compromis paralysant les appels d’offre, au détriment des entreprises. L’UE demandera à ce gouvernement de payer pour toutes les erreurs commises en politique économique. L’Italie devra rédiger une loi des finances très délicate et entamer avec l’Union des négociations très difficiles et pour le faire elle devra compter sur un gouvernement influent et non sur un exécutif désavoué par les électeurs et par les mêmes parties du soi-disant contrat. Je ne veux plus jamais entendre parler d’un gouvernement technique. Le seul schéma gagnant est celui du centre droit uni, il n’y a aucune possibilité d’une entente avec le PD ‘’ ».

ARTICLE La Stampa, M. Bresolin « Procédure contre l’Italie sur la dette prête. La Commission voit la fin du gouvernement » : « Et si la procédure pour dette contre l’Italie finissait par porter le coup final à un gouvernement déjà en difficulté ? Pour les hautes instances européennes, c’est ‘’très probable’’ et il s’agirait d’un ‘’dommage collatéral’’. Elles craignent d’être ‘’montrées du doigt par les partis de majorité’’ et ne souhaitent pas ‘’passer pour les responsables d’une crise qui était déjà en cours’’. Parmi les commissaires, dit une source, ‘’certains pensent courir le risque d’être accusés d’avoir manigancé pour faire chuter le gouvernement’’.  Les souverainistes et Salvini surtout en profiteraient pour attaquer plus encore l’UE. Pour l’éviter, Bruxelles réitèrera donc son ouverture au ‘’dialogue’’ avec Rome. La majorité des commissaires est très déterminée à poursuivre son action : l’Italie a trop longtemps ignoré les règles et une attitude trop souple ne paie pas comme le montrent les 34 % obtenus par Salvini. Aux yeux de Bruxelles, dont la ligne est ‘’une crise de gouvernement ne dépendra pas de nous mais uniquement de l’Italie’’, les paroles de Conte lundi soir montrent qu’une crise est déjà en cours, avant même le début de la procédure. C’est en substance le ‘’bouclier’’ qui sera utilisé pour repousser les accusations en cas de besoin. Mais qui sait si cela suffira ».

ARTICLE, La Repubblica, C. Lopapa et C. Vecchio : « Salvini donne la ligne à Di Maio : discutons mais non aux diktats. » : « Le président du Conseil Giuseppe Conte ainsi que le ministre de l’économie Giovanni Tria ont pour mission de dialoguer avec l’UE lors des prochains jours, et tenter d’éviter la procédure d’infraction qui pèse sur l’Italie. Mais avec une condition posée par Salvini : « traiter ne veut pas dire se rendre aux diktats de Bruxelles. » L’enjeu est également de choisir une personne d’envergure pour rejoindre la nouvelle commission européenne. Giuseppe Conte, lors des négociations, devra également soutenir la flat tax demandée par la Ligue, mais également supporter le « non » à l’augmentation de la Tva. L’enjeu autour de la procédure d’infraction qui pèse sur l’Italie, d’ici au 5 juin jour de la sentence européenne, est au centre des tractations. »

RETROSCENA (coulisses) Il Messaggero M. Conti « Le couperet de l’UE pousse à l’union. Mattarella demande plus de responsabilité » : « Le réveil sera brusque pour les deux vice-présidents du Conseil. Le réveil viendra de Bruxelles sous la forme d’une lettre dont le contenu a été largement anticipé mais aussi sous-estimé. L’ouverture d’une procédure pour dette excessive, si confirmée lors de l’Ecofin de juillet, aura des conséquences dévastatrices pour l’Italie. La médiation entre les deux Secrétaire d’Etat, V. Spadafora (M5S) et G. Giorgetti (Ligue) a contribué à préparer le terrain pour l’appel téléphonique entre les deux leaders. Cela a préparé le chemin pour l’accord sur le décret ‘’débloque-chantiers’’ et à la promesse réciproque d’une rencontre à deux qui pourrait avoir lieu demain. Reste le fait que ‘’pour ne pas aller à Bruxelles le chapeau à la main’’, comme le dit Salvini, la ‘’cohésion’’ souhaitée hier par le Président du Conseil Conte est indispensable. Le Président Mattarella a demandé de travailler à un nom fort pour la Commission ».

ENCADRE La Stampa, M. Bresolin « L’Italie hors du jeu des nominations » : « A Bruxelles les négociations continuent pour les nominations de dirigeants des institutions, sans l’Italie puisque la Ligue et le M5S sont hors de la majorité, aussi bien au Parlement qu’au Conseil européen. Demain, un dîner permettra de faire le point. Socialistes, libéraux et populaires ont organisé une réunion avec les principaux négociateurs : pour le centre gauche ce sera Sanchez et Costa ; Rutte et Michel pour les centristes de Macron, tandis que Merkel a délégué au croate Pienkovic et au letton Karins pour le PPE. Deux pays restent sans représentation : la Pologne, le Royaume-Uni, et l’Italie, qui représentent seulement 32,22% et ne sont pas en mesure de former une minorité de blocage. »

ARTICLE, Il Messaggero, S. Canettieri et L. De Cicco : « Accord entre la Ligue et le M5S, adieu au décret ‘’sauve-Rome’’ : maintenant une loi valable pour tous » : « Sur l’onde de la trêve entre les deux partis, l’hypothèse de la suppression du ‘’Sauve-Rome’’, le décret invoqué par le Capitole pour renégocier la dette avec les banques et éviter le défaut des caisses, évapore. Ce matin, un amendement sera inséré en Commission Budget pour aligner la Capitale aux autres villes italienne en difficulté, de Catane à Alexandrie. C’est la ligne de Salvini qui s’impose. Il s’agira ainsi d’un ‘’sauve-commune’’, en harmonie avec la vieille devise léguiste ‘’pas de faveurs à Rome’’. La Maire de Rome V. Raggi s’en félicite ‘’pour nous c’est tout de même une victoire’’. A ce stade, ce sont surtout les couvertures pour l’amendement qui provoquent des questions ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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