16/05/2019
"Le spread revient à 290 pts et Conte reconnaît que la TVA sera augmentée."
Italie. Revue de presse.
La hausse du spread suite aux déclarations de M. Salvini sur un dépassement du déficit au-delà du seuil des 3% font les gros titres des médias transalpins : « Di Maio à la Ligue : stop à l’extrémisme » - ‘’Conte : difficile d’éviter la hausse de la TVA’’ (Corriere della Sera), « Motion de défiance du spread » - ‘’Spread à 290 pts, doutes sur la tenue du gouvernement’’ (La Repubblica), « Dette, le M5S se porte garant des comptes » - ‘’Di Maio pousse le Mouvement sur des positions modérées’’ (La Stampa), « Le spread s’enflamme, voici la facture » - ‘’Pertes à hauteur de 100 mlds, Conte relance l’hypothèse de la hausse de la TVA’’ (Il Messaggero), « Le spread s’envole, les Italiens paieront la facture » (Il Mattino), « Spread à go-go » - ‘’La Ligue insiste à vouloir augmenter le déficit’’ (Avvenire), « Italie hors contrôle » - ‘’Le spread revient à 290 pts et Conte reconnait que la TVA sera augmentée’’ (Il Giornale).
Journaux télévisés : Les journaux télévisés se focalisent sur les tensions sur les marchés financiers après les récentes déclarations de M. Salvini sur un possible dépassement du déficit et celles du Président du Conseil G. Conte sur la possibilité d’une hausse de la TVA. Les tensions entre l’Iran et les Etats-Unis sont également reportées.
Réseaux sociaux : Les hashtags #16Maggio et #Legnano (suite à l’arrestation pour corruption du maire ‘’léguiste’’ de la ville de Legnano) sont largement dominants.
ENTRETIEN de Luigi Di Maio, leader du M5S et vice-Président du Conseil (Corriere della Sera) « Que Salvini réponde à nos appels, ce serait une folie d’enliser le gouvernement » : « ‘’Je l’ai dit plusieurs fois et je le répète à nouveau : pour ce qui me concerne, ce gouvernement ira de l’avant pendant encore 4 ans. Que Salvini ne s’invente pas des insultes, nous avons simplement maintenu notre position sur une affaire de corruption. Pour moi, l’histoire d’A. Siri n’a pas déstabilisé les rapports avec Salvini. Mon objectif est de continuer à donner des réponses concrètes aux citoyens. Je dis à la Ligue : allons de l’avant mais arrêtons les extrémismes de droite et les comportements de caste. Salvini s’invente des ‘’non’’ de notre part à des fins électorales. Ce ne sont que des ‘’oui’’. Absolument oui à la flat tax. Comme je l’ai dit à la Ligue, nous sommes disponibles. Nous attendons le texte. Nous avons juste posé une condition : ok à une flat tax qui aide les classes moyennes et les familles. La hausse du spread ? Je suis préoccupé pour les salaires bas de notre pays. Raison pour laquelle nous sommes en train de travailler pour un salaire minimum à hauteur de 9 € bruts par heure. Et je dis aussi que le M5S, avec ses 32% de voix, ne permettra jamais un budget prévoyant une augmentation de la dette. Conte a répété que la TVA n’augmentera pas. En Sicile, à Catalnissetta et à Castevetrano, le M5S a gagné. Nous avons battu les amalgames habituels des partis qui sont ensemble uniquement pour le pouvoir’’ ».
(http://lionelbaland.hautetfort.com/archive/2019/05/13/deu...)
ENTRETIEN d’Antonio Tajani, président du Parlement Européen et vice-président de Forza Italia « Le spread mesure l’isolement de l’Italie » (Sole 24 Ore): « ‘’Avant de parler d’alliances, il faut comprendre ce que l’on veut faire. Si nous voulons affronter les problèmes, de l’immigration à la croissance, l’Europe doit être davantage incisive, avec des choix transparents et en assumant ses responsabilités. C’est la raison pour laquelle S. Berlusconi a décidé de se porter candidat. D’autres leaders le font uniquement pour obtenir des voix. Vous me demandez si je me réfère à Salvini ? En général, j’estime qu’il faut regarder au-delà de la campagne électorale. Or, en Italie, il y a une attitude provinciale. On snobe les conseils de l’Union, on se solidarise avec les mouvements comme les gilets jaunes, et de cette manière nous restons isolés, sans voix alors qu’il est important de nous faire entendre. Sinon, on perd en crédibilité. Le spread qui s’envole en est une confirmation. Le dépassement du seuil des 3% du rapport déficit/PIB est possible, parfois même indispensable, dans certaines situations. Il suffit de comprendre pour quoi faire. C’est ce que les marchés veulent comprendre. Le spread augmente si tu n’es pas crédible et si tu n’interviens pas pour améliorer la croissance. M Draghi a fait beaucoup mais la BCE ne peut pas être uniquement au service de la rigueur monétaire, elle doit pouvoir décider aussi sur la croissance et l’emploi comme les autres banques centrales’’ ».
ANALYSE, La Repubblica, Sergio Rizzo : « Pour qui vote le “spread” » : « La forte augmentation du “spread” ces dernières semaines (différence entre les bons du trésor italiens et allemands), est la conséquence de l’irresponsabilité du gouvernement jaune-vert (M5S-Ligue), et des paroles déraisonnables sur le non-respect de l’Italie de la règle des 3% voulue par l’UE, de la part de Matteo Salvini et de Giancarlo Giorgetti (Ligue), le sous-secrétaire à la Présidence du Conseil. Ces paroles créent une méfiance de la part des investisseurs et ce sont les italiens qui en paieront les conséquences. Même si les partis souverainistes européens font une importante percée durant les européennes, l’UE ne pourra pas concéder de marges de manœuvre à Salvini, prenant en compte les graves répercussions que cela pourrait avoir sur les autres pays européens. Un non-respect de cette règle des 3% pourrait entrainer une sortie de l’Italie de la monnaie unique, et de l’Union. L’Italie joue actuellement avec le feu, et avec la vie des italiens. »
ARTICLE, La Repubblica, Roberto Petrini : « Alarme sur le « spread » qui monte à 290 : La TVA devra augmenter.” : « Le “spread”, l’écart entre les BTP italiens (bons du trésor) et les bons allemands (Bund), créent une forte agitation ces dernières semaines, puisque l’écart augmente fortement pour atteindre 290 points hier. Cette augmentation entraîne une importante augmentation des coûts pour l’Italie (évaluée à 1.5 milliards), due au manque de confiance des investisseurs dans notre économie. Pour rétablir la balance, une augmentation de la TVA, une baisse des dépenses publiques, une lutte contre l’évasion fiscale, ainsi qu’une extension du déficit sont évoqués. Mais une augmentation de la TVA entraînerait une inflation, une paupérisation des classes les plus défavorisées, et freinerait la consommation. Pour se faire une augmentation de la TVA sur des produits moins prisés par les revenus les plus faibles, ainsi que la recherche d’une flexibilité par rapport à la loi des 3% de Bruxelles sont étudiées. En effet, Giancarlo Giorgetti, sous-secrétaire à la Présidence du Conseil (Ligue), a admis que la loi des 3% promue par l’UE, peut être dépassée. »
ARTICLE, Il Fatto quotidiano, S. Feltri : « la marge et la TVA, les ennuis arrivent par la croissance et non par les urnes » : « Le stress des marchés est injustifié mais compréhensible ». C’est ce qu’affirme le ministre de l’économie Tria. Si l’on essaie de suivre l’évolution des relations entre Matteo Salvini et Luigi Di Maio, on a l’impression que les deux leaders se demandent toujours où et comment trouver des ressources pour les nouveaux investissements et les dépenses électorales. S’il n’y a pas d’augmentation de TVA d’ici 2020, le déficit va grimper bien au de-là des 3%. Au contraire, les marchés demanderont des taxes plus hautes sur la dette. Le risque sera que payer ces intérêts utilisera les ressources utilisées ailleurs. Et il ne sera plus possible d’éviter une procédure d’infraction européenne. Le président du Conseil, Conte, a lancé hier un avertissement : « Eviter l’augmentation de la TVA n’est pas facile. Cela fait des mois que la dette italienne a un coût plus proche de la Grèce que de celui de l’Espagne. C’est tant la faute de la faiblesse de la croissance que de l’hésitation sur le choix de la politique économique à mener. Si le stress des marchés est « compréhensible », il reste encore à Conte, Di Maio et Salvini de prouver, entre deux insultes, s’il est vraiment « injustifié ».
ENTRETIEN de Paolo Gentiloni (Parti Démocrate), ancien président du Conseil : « Jamais aussi isolés, on risque l’Italexit. Le M5S ? Dangereux comme la Ligue ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Je trouve inouï pour un vice-président du Conseil de pouvoir dire que nous irons de l’avant sur la dette, à 130 ou à 140 % du PIB, comme s’il disait qu’il n’y avait pas de souci pour 200 milliards de plus ou de moins. La situation est très délicate, Nous sommes très isolés en Europe et nous risquons de le voir rapidement, déjà à la fin de l’année. J’ai peur de prononcer le mot Italexit, mais je vois un isolement total. Le PD ne demande pas la fin de ce gouvernement pour ses intérêts de parti mais plutôt pour sa préoccupation à l’égard de l’Italie et, si nous regardons les 27 pays de l’UE, nous n’avons pas de gouvernements amis, sauf la Pologne ou la Hongrie, avec lesquelles nous n’avons aucun intérêt commun. Les deux forces qui nous gouvernent ne sont pas identiques, elles sont différentes mais différemment dangereuses. Les électeurs italiens doivent savoir qu’ils ne trouveront jamais une alternative démocratique de centre gauche dans les alliés de Salvini. Ce gouvernement, que j’appelle national-populiste, est une nouveauté très inquiétante, même au niveau européen, parce que l’Italie est le seul pays en Europe à avoir un exécutif de ce type ‘’ ».
COMMENTAIRE, La Repubblica, Massimo Giannini : « Le silence sur le Capitano (Salvini) » : « Un silence profond règne sur l’Italie. Dans toute démocratie en bonne santé, les critiques de Salvini sur les ONG qui viennent en aide aux migrants, où ses déplacements incessants à travers l’Italie, seraient relevés et critiqués. Dans l’Italie d’aujourd’hui, en revanche, il ne se passe rien. Depuis le premier janvier 2019, Salvini a passé seulement 17 jours pleins au Viminal (Ministère de l’Intérieur). Il passe le reste de son temps à parcourir l’Italie, entre shows et discours. Il fait campagne, et son ambition personnelle surpasse largement sa charge au ministère de l’Intérieur. L’intérêt national passe au second plan. Mais l’opposition devrait faire quelque chose, hausser la voix. Le PD de Zingaretti, autrefois très actif à dénoncer les nombreux abus de Berlusconi, est dangereusement silencieux, sans parler de Di Maio et de Conte, étrangement taiseux sur les nombreux déplacements de Salvini. »
EDITORIAL du directeur C. Cerasa « Le rugissement du lapin populiste » (Il Foglio): « Les populistes cœur-de-lion qui auraient dû chambouler l’Italie à coups de révolution, ont fini par faire des dégâts avec leurs propos. Quand ils auraient dû montrer une petite dose de courage, ils ont choisi de ne pas jouer le va-tout. Le populisme joue beaucoup avec les mensonges et, heureusement pour notre pays, il démontre qu’il n’a pas le courage de démonter tout ce qu’il avait promis de casser. Au vu de tout cela, la question incontournable est la suivante : Salvini a-t-il l’étoffe ou le courage de jouer son va-tout et devenir président du Conseil après les élections européennes ? Après les élections du 26 mai nous comprendrons mieux la force de la Ligue mais aussi si le rugissement de Salvini est celui d’un tigre féroce ou d’un petit lapin sympathique »
ARTICLE, Il Fatto quotidiano, M. Sorgi : « Le pourcentage des Cinq Etoiles et de la Ligue est décisif pour le gouvernement » : « En l’absence de sondages publiques (la loi empêchant la diffusion de sondages dans les deux semaines précédant les élections) les chiffres qui circulent et préoccupent l’opinion publique sont ceux de l’écart entre les titres de l’Etat Italien et ceux allemands. Une autre demande circule, celle lié aux chiffres des dernières enquêtes. Cette enquête soulignait la baisse de la Ligue et la reprise des Cinq Etoiles. Cela pourrait influencer et entériner la séparation de ces deux partis et être à l’origine d’une crise gouvernementale. Si l’hypothèse d’une crise est confirmée, alors cela ouvrirait la voie aux élections anticipées ou bien à réconcilier la Ligue avec les Cinq Etoiles. On ne peut pas répondre sur ces sujets, car c’est aussi imprévisible que le revirement à gauche de Luigi Di Maio »
ENTRETIEN d’Angela Merkel, Chancelière allemande : « ‘’ Un accord avec la Ligue est impossible ’’ » (Sueddeutsche Zeitung – Corriere della Sera) : « ‘‘ Je souhaite que l’Italie retrouve le chemin de la croissance. Nous dépendons tous les uns des autres. Nous l’avons remarqué pendant la crise de l’euro : personne ne peut agir isolé dans la zone euro. Et cela est valable aussi pour l’Allemagne. Le PPE n’ouvrira jamais ses portes à la Ligue de Salvini : Il est évident que, sur plusieurs questions, nous avons des approches différentes, surtout en matière de politique migratoire ‘’ ».
ENTRETIEN de Marine Le Pen, leader du Rassemblement National : « ‘’ Matteo peut mettre fin à l’emprise de PPE et PSE. Orban ? Qu’il vienne avec nous ’’ » (Corriere della Sera) : « ‘‘ Il existe une véritable alternative à laquelle nous sommes en train de travailler avec Matteo Salvini, qui peut mettre fin à l’emprise de PPE et du PSE en Europe. Salvini demande à l’UE d’affronter l’échec de sa politique migratoire, il ne suffit pas d’insulter les gouvernements, comme Macron l’a fait, pour cacher le fiasco de cette politique. Notre objectif est celui d’organiser un groupe, le plus fort possible, tous ceux qui partagent cette vision sont les bienvenus. Notre position est claire : l’immigration doit être interdite, les migrants qui n’ont pas le droit d’asile dans notre pays doivent être rapatriés dans leur pays d’origine. Orban est suspendu du PPE et beaucoup de partis qui le dirigent exigent son exclusion : en jugeant les positions de son gouvernement il me semble évident qu’elles ne sont pas du tout compatibles avec les principes défendus par le PPE. Je connais personnellement Matteo Salvini et je considère les attaques quant à ses relations ambiguës avec les néofascistes particulièrement infamantes ‘’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:28 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.