15/04/2019
" Salvini-Raggi, affrontement sur Rome"
Italie. Revue de presse.
Les échanges entre M. Salvini et la maire de Rome V. Raggi (M5S) sur la dégradation de la ville font les gros titres des médias : « Salvini veut Rome » - ‘’Deux jours d’attaques contre la maire Raggi’’ (La Repubblica), « Salvini-Raggi, polémiques sur Rome » (Il Messaggero).
La Libye fait également la Une avec l’entretien de L. Di Maio au Corriere della Sera : « La fermeture des ports ne peut qu’être occasionnelle » - ‘’Baissons de ton, la crise libyenne est une affaire sérieuse’’ (Corriere della Sera).
Réseaux sociaux : Ils traitent principalement de la décision du leader de la Ligue M. Salvini de ne pas aller sur les plateaux télévisés du journaliste F. Fazio, considéré comme étant hostile à son parti.
ANALYSE, M. Ajello, Il Messaggero, « Compétition M5S-Ligue sur la dépouille de la Capitale » : « Aucune capitale occidentale ne semble dans l’état de Rome. Et l’incapacité du pouvoir rend le cadre de plus en plus dégradant. Il est inutile de répéter la liste de la dégradation. Pour Matteo Salvini, il est donc facile de dénoncer, indigné, que Rome est invivable et il n’est pas besoin d’être pro-Ligue pour le savoir. Le jugement sur l’administration revient aux citoyens et dès qu’ils en auront l’occasion ils l’exprimeront. En disant « non » à des fonds supplémentaires pour Rome, on dirait qu’une caresse est faite à un certain « Nord » anti-Rome. Mais surtout, ce « non » salviniste entre dans la bataille (également de nature électorale) pour l’autonomie. Refuser de l’argent à Rome est un peu une entrée de ce qu’il pourrait se passer dans un régime d’autonomie spéciale : vider les ressources et les pouvoirs en portant préjudice à la capitale. Salvini frappe le M5S sur son point faible, la Capitale, cherchant à obtenir qu’ils s’adoucissent sur l’autonomie. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. E. Fiaschetti : « Salvini attaque encore Raggi (et Zingaretti) » : « La question romaine fait son entrée dans le programme de Matteo Salvini, à la fin de la première conférence de la Ligue à Rome : une attaque contre la maire de Rome Virginia Raggi ainsi qu’à la dégradation et à la saleté de la Capitale. Salvini a parlé d’une ville dans le chaos et du problème des déchets, en faisant de la polémique avec la maire et en affirmant ‘’ qu’il ne faut pas être savant pour enlever les ordures et vider les poubelles ‘’. Il a attaqué aussi Nicole Zingaretti, président de la Région et secrétaire du PD, en déclarant qu’au cours des huit dernières années 8-9 hôpitaux ont été fermés. Virginia Raggi, énervée, a réagi durement, en répondant à Salvini qu’il veut s’emparer de Rome et donc qu’il parle seulement pour faire campagne ».
ENTRETIEN de Viriginia Raggi, maire de Rome, « Salvini-Raggi, affrontement sur Rome. ‘’Nous n’en pouvons plus de ses déclarations, il fait de la politique sur le dos des Romains’’ » (Il Messaggero) - « Il faut des réponses concrètes pour la ville, l’Etat doit être davantage présent, sinon nous nous retrouvons avec Casapound » - « Les points de référence de Salvini dans la capitale sont ceux-là même qui l’ont gouvernée » : « Quand je rencontre le ministre de l’Intérieur ou que je lui parle, il se montre disponible. Coopérer est aussi dans son intérêt. Les escarmouches font partie du jeu politique et médiatique. Je préfère me concentrer sur le travail à faire pour la ville. Je veux penser à la ville et à un dialogue sain avec le ministre de l’Intérieur. Il est frappant de voir que de nombreux contacts locaux de la Ligue aient été par le passé proches du centre droit qui a gouverné la ville avec les résultats qu’on a vu. »
ARTICLE, La Reppublica, C. Lopapa « Le defi de Rome : le vice-premier ministre, à la conquête de la ville, tente de faire tomber les 5 Etoiles » « C’est seulement le début de cette campagne romaine ouverte dans le cadre de celle européenne. Jusqu’à présent, il n’y a pas de demande de démission officielle. La maire de Rome s’est montrée « dans l’incapacité » de gouverner sa ville, aux yeux des membres de la Ligue, et aux yeux de leur chef. Aussi, nombreux sont ceux qui pensent que « ce serait mieux pour tous les Romains » qu’elle quitte sa fonction. Ce n’est pas une bataille personnelle contre Virginia Raggi, mais plutôt contre les plus faibles élus du mouvement des 5 Etoiles. Evoquer la succession à Rome n’est plus un tabou. La maire de Rome s’est retrouvée très seule face aux scandales qui ont frappé son administration et aucun membre du M5S ne s’est précipité pour la défendre. Pour Salvini, la voie est libre et il compte bien en profiter. Dans la capitale, il devra rivaliser avec Giorgia Meloni, le leader de Fratelli d’Italia. Un gouvernement Ligue-Fratelli d’Italia est envisageable pour mettre définitivement fin à l’alliance « jaune-verte ». Bien sûr, Meloni comme successeur de Raggi ne serait pas l’idéal pour Salvini. Le chef de la Ligue préférerait pouvoir convaincre l’actuelle ministre de la Fonction Publique, Giulia Bongiorno (Ligue), considérée comme la meilleure candidate pour gouverner la commune de Rome. Mais pour l’intéressée, cela « ne rentre pas dans mes projets’’».
ARTICLE, La Stampa, F. Capurso, A. La Mattina « Des tensions entre les membres de la Ligue : l’erreur de Fratelli d’Italia de ne pas s’être allié avec Kaczynski. Et Salvini qui les snobe : « Ils nous utilisent pour dépasser les 4% » » « Matteo Salvini n’a pas l’intention de travailler au-delà de l’actuelle majorité. Il passe déjà ses journées à essayer de gouverner en trouvant un consensus avec le M5S, tout en restant sourd face à leurs demandes. Aussi, il n’envisage pas une coalition avec Giorgia Meloni, dans le cas d’élections politiques anticipées après les européennes. Le but de cette alliance pour le chef de la Ligue serait de « récupérer seulement quelques voix. » Pour Salvini, c’est avant tout une tactique électorale, et pas des plus sincères. Meloni a avoué avoir déjà rencontré Salvini pour discuter d’une éventuelle alliance. Elle a marqué son territoire pour imaginer de futurs exécutifs pour survivre et dépasser la barre des 4% pour présenter une liste de représentants européens. Salvini et Meloni n’ont pas manqué de se battre sur la question des rapports avec les Polonais de Jaroslaw Kaczynski. Salvini lui-même s’était rendu à Varsovie pour convaincre l’homme fort de la droite ultra-conservatrice de déployer ensemble un mouvement commun, souverainiste et conservateur. Finalement, Kaczynski a refusé. Beaucoup de choses ont irrité Salvini. Mardi dernier, il a eu un discours tranchant et sévère lorsqu’il devait se prononcer sur les Fratelli d’Italia : « Ils cherchent toujours à nous mettre en difficulté ». C’est par-dessus tout, le sujet des migrants qui les divise. Depuis peu, la famille est aussi au cœur des affrontements. »
Entretien de Luigi Di Maio, vice-président du Conseil et leader du Mouvement 5 Etoiles « Fermer les ports n’est qu’une mesure occasionnelle, ne jouons pas les machos sur la Libye » (Corriere della Sera) : « ‘’Il y a une crise en cours. Le gouvernement est en train de la suivre jour après jour, l’objectif étant la sécurité de notre pays, de la région, des entreprises italiennes et de nos soldats. Ce qui est en train de se passer n’est pas un jeu, ce n’est pas un « Risiko » où on s’amuse à jouer au plus fort. Les mots ont un poids. Nous devons faire un travail d’équipe. La Libye ne peut pas être traitée comme un thème de campagne électorale. La Libye est un intérêt stratégique de l’Italie. La France est un pays ami avec qui nous parlons franchement et duquel j’attends de la cohérence et un comportement correct. Je dis non aux ingérences, l’objectif de tous est un processus de réconciliation nationale qui soit avant tout inclusif et fait par les Libyens. Les erreurs du passé ne seront pas répétées. Fermer un port est une mesure occasionnelle. Elle s’est révélée efficace quand nous avons dû secouer l’UE. Cela marche maintenant, mais face à une intensification de la crise, cela ne serait pas suffisant. A mon partenaire Salvini je lui dirais : il serait utile s’il arrivait à convaincre Orban et ses alliés en Europe d’accepter les quotas des migrants qui arrivent en Italie. Car l’Italie est la frontière Sud de l’Europe. Il est facile de jouer les souverainistes avec les frontières de l’Italie’’».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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