09/01/2019
"Migrants, Conte défie Salvini."
Italie. Revue de presse.
Gouvernement/banques/migrants : Unes - « Carige, trois milliards prêts » - ‘’Les opposition contre Conte : conflit d’intérêt’’ (Corriere della Sera), « Carige, 1,3 milliards venant du gouvernement. Migrants : Conte défie Salvini » (La Repubblica), « Carige, attaque contre Conte pour un conflit d’intérêt » (La Stampa), « Carige, les bons d’émission de titres garantis jusqu’à hauteur de 3 mdls » (Sole 24 Ore), « Plan de sauvetage pour Carige, bras-de-fer sur les 4 Mds d’euros » (Il Messaggero), « Conte et l’UE font pression pour le débarquement à Malte » (Avvenire).
ARTICLE, Corriere della Sera M. Galluzzo « Migrants, le Président du Conseil défie Salvini : ‘’il s’oppose aux débarquements ? Je les ramènerai en avion’’ » : « À sa deuxième apparition sur les plateaux télévisés, le chef du gouvernement parle tous azimuts ou presque. Sur les migrants, il explique ‘’il s’agit d’un cas exceptionnel, avec des enfants et des femmes qui se trouvent en mer depuis deux semaines : sans trahir la ligne de cohérence du gouvernement, j’estime que l’Italie peut soutenir quelques femmes et quelques enfants’’. Sur la ligne Turin-Lyon, il explique ‘’je n’ai pas de sentiments à ce sujet. Je veux voir le travail de la commission sur l’évaluation coûts-bénéfices.’’. Enfin, sur les gilets jaunes, Conte souligne ‘’Macron lui-même comprend que quand Di Maio fait ce genre d’affirmations, il le fait en tant que leader du M5S et pas comme vice-président du Conseil. Connaissant l’ADN du Mouvement, il y a une forte censure des comportements violents, inacceptables’’ ».
RETROSCENA (coulisses), Il Mattino, A. Gentili « La manœuvre pour freiner la course de la Ligue, et Conte parlera au Parlement européen » : « Depuis que le gouvernement Ligue-M5S est né en juin dernier, Giuseppe Conte s’est ouvertement engagé dans la guerre contre Matteo Salvini. Mais hier, à l’émission Porta a Porta, il a attaqué de front le dirigeant de la Ligue sur le sujet des migrants. Certains disent que Conte a décidé de faire la guerre, non seulement pour protéger et raviver la position de Di Maio qui invitait Salvini à accueillir « au moins les femmes et les enfants ». Mais aussi pour tenter de « mettre en sourdine » le décret par lequel le gouvernement a lancé lundi soir le sauvetage de la banque Carige ».
ARTICLE, Corriere della Sera P. di Caro « La partie modérée des gilets jaunes snobent Di Maio. L’Elysée : ‘’pour nous c’est Conte qui compte’’ » : « Di Maio tente de baisser de ton d’une polémique qui a suscité les protestations de toute l’opposition, la prise de distance de son allié Salvini et la colère du gouvernement français. Les séquelles de son annonce sur le soutien du M5S au mouvement des gilets jaunes sont encore lourdes. Les réactions indignées et froides venant de France, de l’Europe et même des gilets jaunes semblent refuser sa main tendue. Le ministre des Affaires Etrangères Moavero (Indépendant) a rencontré la ministre Loiseau, qui avait répondu, par tweet, au vice-président du Conseil, des phrases fortes confirmant la forte irritation de Paris. À ce state, il faut exclure toutefois des initiatives diplomatiques officielles. D’autant plus qu’hier soir l’Elysée a envoyé des signes de trêve ‘’notre interlocuteur naturel est le président du Conseil G. Conte’’ ».
EDITORIAL Il Messaggero, M. Ajello « La régression des M5S, du gouvernement aux gilets jaunes » : « Le soutien de Di Maio aux gilets jaunes provoque une avalanche de critiques de la part du gouvernement français et ne font pas du bien à l’image de l’Italie. Sans doute cela sert-il à encaisser des voix dans la perspective des européennes et à marquer le retour du plus révolutionnaire de tous au M5S, Di Battista. Au lieu d’inciter les Français à la lutte et de souffler sur les braises, initiative toujours dangereuse – perdant l’occasion de faire des critiques à Macron, comme Salvini l’a fait en rejetant les violences, Di Maio aurait pu célébrer l’expérience italienne, d’un parti qui arrive à la maturité en gouvernant et propose un modèle, une transformation. Le gilet-jaunisme semble être la maladie infantile du M5S. Et démontre l’isolement européen de Di Maio. »
COMMENTAIRE, La Stampa, S. Stefanini : « Italie et France risquent de se trouver au beau milieu des sables mouvants » : « Il fallait s’y attendre, la solidarité de Di Maio aux gilets jaunes a été un coup bas, gratuit et malheureux. La réponse de Paris a été immédiate et dure. Pendant que le Pape François lance des appels au multilatéralisme, le vent du nationalisme revient souffler entre Rome et Paris. L’Elysée joue durement, mais Di Maio, en oubliant son rôle institutionnel, l’a cherché. Le Mouvement Cinq Etoiles peut se permettre, peut-être, de soutenir les gilets jaunes. Pas le vice-président du Conseil italien non. Dans les relations bilatérales italo-françaises, les contrariétés ne manquent pas : Bardonecchia, la concurrence en Libye, les critiques du président français sur l’immigration, le manque d’aide lors des négociations sur le budget. L’Italie est fondamentale dans le projet européen que Macron veut relancer. Prochainement orpheline de Londres, l’UE a besoin de Rome pour rester l’expression d’une Europe inclusive. Autrement, elle devient un simple axe Berlin-Paris, nettement déséquilibré au détriment de la seconde. D’Emmanuel Macron, qui a été élu tout en agitant le drapeau européen et à côté du tricolore, on attendait plus de maturité et de stratégie. Luigi Di Maio a fait bien pire, il y a une règle non écrite dans les relations entre les Etats : la politique étrangère ne se mêle pas des affaires intérieures. Entre des gouvernements amis et démocratiques, la règle est le respect réciproque, même si l’on fait partie de partis politiques différents. Traînées par la polémique, France et Italie – partenaires UE, alliées OTAN, pays voisins – risquent un affrontement sur tous les terrains et de se perdre dans des sables mouvants. Il est nécessaire de faire un pas en arrière, avant que la polémique nationaliste prenne la main. Les dommages réciproques que les deux pays peuvent causer l’un à l’autre, ainsi qu’à l’Europe et à l’Occident, sont inestimables ».
ARTICLE, Il Mattino, F. Pierantozzi « Gilets jaunes, Paris attaque « Di Maio fait de la propagande » » : « L’Union européenne n’agit pas en pacificateur, et le porte-parole du président Juncker, même s’il a d’abord affirmé que « nous ne commentons pas les autres commentaires, encore moins ceux qui viennent de commentateurs professionnels ». Il a ensuite précisé que « la Commission soutient le président Macron et les autorités françaises qui ont toute notre confiance pour mettre en œuvre le programme pour lequel il a été élu ».
ENTRETIEN de Luigi Di Maio (M5S), vice-président du Conseil (Il Fatto Quotidiano) : « Je rencontrerai bientôt les gilets jaunes pour nous unir pour les élections européennes » : « La déclaration du leader du Mouvement 5 Etoiles avait pour but de ‘’former un groupe pour les élections européennes’’. Interrogé sur « l’attaque adressée à un pays étranger », Di Maio a répondu : « Ce n’est pas un crime de lèse-majesté que de travailler à des alliances en Europe comme le fait macron qui a donné le signal de départ dans la mesure où le jour après notre prise de pouvoir au gouvernement, il a commencé à parler des populistes à vomir et de lèpre ».
ENTRETIEN de Jacline Mouraud, leader du mouvement des Gilets jaunes (Il Mattino) : « Les offres du M5S sont inappropriées, non à l’ingérence dans notre pays » : « ‘’Sincèrement, je ne connais pas assez la politique italienne pour évaluer l’offre. Ce que je peux dire est que la France n’est pas l’Italie et que l’Italie n’est pas la France, nous sommes deux peuples et deux pays avec des situations différentes. Je ne sais rien sur la possible rencontre des représentants du mouvement avec Di Maio, il est difficile aujourd’hui de parler de représentants. J’ai décidé de former un parti pour affirmer qu’avec la violence nous n’obtiendrons aucun résultat ».
ENTRETIEN de Danilo Toninelli « Les travaux sur le Brenner iront de l’avant mais nous bloquerons les forages » (Corriere della Sera): « ‘’La ligne Lyon-Turin est une œuvre à hauteur de 20 milliards, si nous considérons aussi les coûts pour la France. L’Union Européenne n’a dit qu’oralement qu’elle aurait soutenu les coûts à hauteur de 50%. L’analyse sur les coûts et les bénéfices par des techniciens indépendants sera bientôt prête : si elle est rentable, nous la ferons. Je ne déciderai pas selon mes considérations politiques. Le projet de la ligne TAV se base sur des estimations de circulation de marchandises erronées à 80% par rapport aux prévisions actuelles. Le coût de l’œuvre est de 11 milliards et aucun chantier n’a commencé car nous sommes dans la phase des vérifications’’ ».
ARTICLE La Repubblica A. Ginori « Le rachat en doute, coup de froid entre Rome et Paris » : « Salvini montre du doigt la France et l’Allemagne qui ont fait recours contre Fincantieri. Il parle de ‘’énième démonstration que l’Europe n’existe pas ou à sens unique’’. L’accord avait été signé en février 2018 sous le gouvernement Gentiloni. L’arrivée, un mois plus tard, du gouvernement M5S-Ligue a freiné encore les choses. L’opération devait se réaliser début 2019. Entretemps, les Chantier de l’Atlantique sont à nouveau passés, en juillet, dans les mains de l’Etat français. Il n’est pas clair si et quand ils seront cédés à Rome »
COMMENTAIRE La Repubblica G. Di Feo « Dans le chantier des insultes » : « Macron avait lié le pacte sur les navires à la Ligne Lyon-Turin. Le tout se basait sur un seul mot : garanties. La campagne contre Paris a terni la crédibilité du gouvernement de Rome. L’initiative française contre le grand accord Fincantieri-Stx arrive au lendemain du soutien des deux vice-présidents du Conseil italiens aux gilets jaunes. Il ne faut pas être surpris. La politique internationale demande une vision et de la compétence. La crédibilité se mesure dans le long terme et n’a pas l’instantanée des tweets si chers à nos deux leaders. Le gouvernement du changement a décidé de tout remettre en cause. L’Allemagne et la France sont devenus les ‘’ennemis du peuple’’ alors que l’on se jette dans les bras des pays populistes et totalitaires de l’Est. Toninelli bloque la Ligne Lyon-Turin. Peut-il vraiment penser que les Français assisteront sans rien faire à la mise en poussière des milliards investis ? Les amateurs au pouvoir à Rome ne se sont pas préoccupés de comprendre à quel point leur comportement (la guerre à la frontière sur les migrants, les piques sur la Libye, l’attaque contre la TAV et le soutien aux gilets jaunes) aurait eu un impact sur les rapports économiques, dont le volume d’affaire a atteint un plus haut historique en 2017 avec un excèdent commercial en faveur de l’Italie de 6 milliards d’euros. Maintenant, ils risquent tous de payer le prix d’une politique étrangère réduite à un talk-show ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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