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22/06/2010

Fini et la Ligue : affrontement sur la Padanie.

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Le Peuple de la liberté.jpg
« Fini et la Ligue : affrontement sur la Padanie » (Ugo Magri, La Stampa) :
« Alors que le Cavaliere se prépare à partir 12 jours outre-Atlantique, Fini a déjà laissé entendre qu’il allait mener la danse. Il commence par la Ligue ‘qui s’amuse à provoquer’, qu’il ne faut pas trop prendre au sérieux etc. Ensuite, gageons qu’il s’occupera de toutes les questions laissées en plan par Berlusconi. En attendant, il se fait l’interprète du PdL et attaque la Ligue : ‘il faut arrêter ces provocations séparatistes qui risquent d’affaiblir l’unité nationale.’ Au séminaire de FareFuturo et de la fondation Spadolini, il insiste sur ‘l’urgence d’une action pédagogique pour renforcer l’unité nationale’. Il dénonce les ‘inventions publicitaires’ comme la ‘Padanie’, le Sole delle Alpi et Va’ pensiero changé en hymne séparatiste, qualifiés d’‘idioties’, de ‘blagues de potaches’. Est-ce un hasard si, pour la première fois depuis des mois, Fini minimise ses différends avec le président du Conseil (‘des problèmes surmontables’), selon un journal israélien. Trois tests : le texte budgétaire, avec les amendements présentés par les finiens qui, à moins de réponses rapides, pourraient finir par voter avec la gauche ; la loi sur les écoutes : le Cavaliere semble prêt à écouter le Quirinal, mais les finiens veulent d’autres changements ; enfin, l’organisation du PdL et les assurances à donner aux minoritaires en vue du congrès. De tout cela on parlera aujourd’hui au déjeuner du Cavaliere. Puis Silvio partira et on affichera sur la porte du Palais Chigi ‘Réouverture le 4 juillet’. »

Entretien avec Umberto Bossi, chef de la Ligue, dans La Repubblica – « Gianfranco a peur de ceux qui travaillent, payent leurs impôts et votent pour nous et non pour lui » :
« U. Bossi répond durement à Fini, pour qui la Padanie est ‘une pure invention publicitaire de la Ligue’. ‘Le peuple de Padanie a un fort sentiment d’appartenance et c’est lui qui soutient l’Italie grâce à son travail’. Selon lui, l’ex-chef d’AN craint la décentralisation, après l’idée lancée par Bossi à Pontida de ‘déplacer les ministères’ dans les villes plus représentatives ‘comme Milan, Turin et Venise’. ‘La Padanie n’existe tellement pas qu’elle a voté pour nous. Fini vit loin d’ici, il ne connaît pas ce territoire. Avec lui, on est parvenu à un accord au sujet des écoutes. Si Berlusconi nous laisse faire, elle passera. J’irai moi-même en parler à Napolitano. Il faudra faire des concessions mais c’est la seule façon de la faire passer.’ »

« La Padanie, patrie imaginaire » (Ilvo Diamanti, La Repubblica) :
« ‘La Padanie n’existe pas’, a dit hier Fini, après la réunion de Pontida, capitale symbolique de la patrie ‘padane’. Plus que jamais, la Ligue joue un rôle politique et culturel central dans ce pays désorienté. Son vocabulaire irrigue un débat politique dominé par l’appartenance et l’identité. Fini parlait à un colloque sur ‘patriotisme républicain et Unité italienne’, Unité devenue thème politique central en vue des 150 ans – comme, pour l’Etat, le fédéralisme. L’Italie est devenue un laboratoire avancé du réformisme – verbal : on lance la course au fédéralisme en asphyxiant communes et régions, on confie le sujet à 3 ministres (Bossi, Calderoli, Brancher). Et ce pays désormais divisé politiquement entre Nord, Centre et Sud bien plus qu’entre droite et gauche se retrouve à discuter de Padanie, patrie imaginaire mais existant bel et bien comme ‘invention’, comme opération marketing. Les polémiques confirment l’importance de la Ligue comme acteur politique et – je le redis, quitte à faire sourire – culturel. Problème : le succès croissant de ses mythes et de ses mots peut lui nuire, la priver d’une certaine agilité politique. Par le passé, l’invention de la Padanie, après de premiers succès, devint un poids pour la Ligue. Inventée comme nation distincte en 1996, elle lui valut un triomphe. Mais dès qu’on parla sécession, il y eut reflux : les électeurs la voulaient défenseur du Nord à Rome et non mouvement irrédentiste d’une patrie indéfinie. En 1999, Bossi s’allia à nouveau à Berlusconi, parlant de fédéralisme et non plus de sécession, la Padanie devenant un mythe à célébrer une fois l’an. La Ligue, qui nous a imposé de réfléchir à notre identité nationale, se voit (ironie de l’histoire) confrontée à la même question : ‘cesser d’être padane’ ? Et devant dire clairement aux électeurs : Italie ou Padanie, fédéralisme ou sécession, opposition ou gouvernement ? »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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