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25/09/2008

Autriche : les nationalistes sont de retour.

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par Lionel Baland

 

Article publié dans Synthèse nationale 10.

 

Les élections législatives en Autriche ont lieu ce 28 septembre 2008. Aux cours des dernières années, l’Autriche a connu une percée spectaculaire des formations nationalistes. En 1999, ayant obtenu 27 % des suffrages, le FPÖ entre dans le gouvernement autrichien. Le FPÖ connaît ensuite un effondrement électoral et une scission : le leader charismatique du parti, Jörg Haider, le quittant pour fonder le BZÖ.

 

Les électeurs autrichiens sont en présence de deux partis nationalistes aux programmes proches : le FPÖ et le BZÖ. Ces deux partis peuvent-ils survivre ou un des deux partis tuera-t-il l’autre?

 

Le FPÖ

 

En 1945, Vienne et l’Autriche sont, à l’instar de Berlin et de l’Allemagne, partagées en zones d’occupation. En 1955, l’occupation de l’Autriche se termine. Les Soviétiques ont accepté la neutralisation du pays et se retirent. Les Alliés occidentaux font de même. C’est à cette époque que le FPÖ est fondé en tant que parti libéral. En 1983, le FPÖ entre dans une coalition avec les sociaux-démocrates (SPÖ).

 

En 1986, lors de la convention nationale du FPÖ à Innsbruck, Jörg Haider prend le contrôle du parti. Docteur en droit de l’université de Vienne, il représente la tendance nationaliste du FPÖ. En 1989, Jörg Haider devient gouverneur du Land de Carinthie en s’alliant aux conservateurs (ÖVP). Il démissionne de son poste en 1991, suite à des propos controversés sur la politique de l’emploi.

 

En 1994, la tendance libérale du FPÖ, conduite par Heide Schmidt, quitte le parti. En 1999, Jörg Haider est réélu gouverneur du Land de Carinthie et amène sont parti, qui a obtenu 27% des suffrages au niveau national, au gouvernement national dans une coalition avec les conservateur de l’ÖVP.

 

Lors des élections de 2002, le FPÖ, ayant mal résisté à l’exercice du Pouvoir, tombe à 10% des voix. Malgré cela, le FPÖ reste au sein du gouvernement, avec les conservateurs. En septembre 2003, Jörg Haider obtient plus de 40% des voix pour le FPÖ lors du scrutin pour le parlement de Carinthie. Il est à nouveau gouverneur du Land dans une coalition avec les sociaux-démocrates (SPÖ).

 

Le BZÖ 

 

En Avril 2005, des dissensions éclatent entre les dirigeants du FPÖ (toujours au pouvoir). Jörg Haider, partisan de la poursuite de l’exercice du pouvoir, fonde le BZÖ (Mouvement pour l’Avenir de l’Autriche). Les adeptes d’un retour dans l’opposition restant au FPÖ. En octobre 2006, le BZÖ obtient 4,2% des suffrages lors des élections au parlement national. Un gouvernement social-démocrate–conservateur voit le jour : les nationalistes se retrouvent dans l’opposition.

 

Le FPÖ poursuit sa route sans Haider.

 

Après le départ de Jörg Haider, Heinz-Christian Strache, l’homme fort du FPÖ de Vienne, est élu président du parti en avril 2005. Lors des élections législatives de 2006, le FPÖ remonte la pente et obtient 11,2% des suffrages nationaux, malgré la concurrence du BZÖ.

 

Heinz-Christian Strache a 39 ans. Il a fait des études de technicien dentaire, est séparé de son épouse et a deux enfants. Sa ligne politique est liée à la dénonciation du « trop plein d’étranger » et de l’islamisme. Ces thèmes centraux sont : la politique d’immigration, le thème social, la sécurité, les demandes d’asile abusives et la prostitution forcée.

 

Il a également lancé une campagne intitulée « Liberté pour le Tyrol du Sud ». Il exige un élargissement de l’autonomie pour ce territoire germanophone d’Italie et s’est rapproché du parti "die Freiheitlichen" qui représente les intérêts des germanophones de cette région.

 

Joerg Haider est de retour

 

Joerg Haider, gouverneur de Carinthie, ne participait plus à la vie politique nationale depuis plusieurs années. Au début du mois d’août de cette année, Jörg Haider ressurgit sur la scène politique nationale autrichienne. Il dirige le BZÖ lors des prochaines élections législatives.

 

Bénéficiant des succès engrangés en tant que gouverneur du Land de Carinthie, il a pour objectif d’appliquer à l’ensemble de l’Autriche les méthodes qui ont été les siennes dans la gestion du Land de Carinthie. Son programme : stop à l’augmentation des prix, lutte contre l’immigration, euro scepticisme, rejet de la corruption.

 

Le système électoral voulant que pour être représenté au Parlement, un parti doit obtenir 4% des voix (ou des mandats directs), la question qui se pose est celle de savoir si le BZÖ passera cette barre des 4%.

 

Au-delà des élections législatives, se profilent pour 2009 les élections dans le Land de Carinthie. Le BZÖ y est crédité, dans les sondages, de 42% des voix et le FPÖ de 5% des voix. Cela signifie que dans cette partie d’Autriche dirigée par Joerg Haider, un électeur sur deux est prêt à voter nationaliste. 

 

Les deux partis peuvent-ils survivre ensemble?

 

Les faits nous ont montré que deux partis politiques qui roulent sur la même bande de l’autoroute politique ne peuvent survivre sur le long terme. Un des deux disparaît.

 

Dans le cas de l’Autriche, une particularité pourrait nous laisser penser que, cependant, les deux partis pourraient exister l’un à côté de l’autre et obtenir tous les deux de bons résultats. Cette particularité vient du fait que le BZÖ est très puissant en Carinthie, dont son membre le plus célèbre, Jörg Haider, est gouverneur ; et quasi inexistant en terme de résultats politiques dans les autres Länder d’Autriche.

 

Nous pourrions donc assister à un scénario qui verrait le BZÖ représenter le nationalisme en Carinthie et le FPÖ représenter le nationalisme dans le reste de l’Autriche. C’est ce qui se passe en Allemagne, avec les partis de la droite chrétienne. La CSU (Union Sociale Chrétienne : ultraconservatrice, qui roule à droite toute) gouverne la Bavière avec une majorité absolue depuis soixante ans et a fait de cette région, qui au sortir de la Seconde guerre mondiale était la plus pauvre d’Allemagne, un bastion de l’ordre, de la sécurité, de la richesse et du plein emploi. La CDU (Union démocrate chrétienne, de centre droit) représente l’Union dans les autres Länder. Lorsque l’Union participe à un gouvernement, les deux partis obtiennent des ministres nationaux. Il s’agit donc de deux partis différents, totalement indépendants qui gouvernent ensemble.

 

Si le FPÖ et le BZÖ arrivaient à un tel compromis, cela permettrait aux deux ténors que sont   Heinz-Christian Strache et Jörg Haider de coexister au niveau national tout en empêchant les interférences au niveau local. Chacun gardant le contrôle de ses bastions. 

 

En attendant, les deux partis se tirent dessus à boulet rouge. Tous les coups sont permis.

 

Les enjeux

 

Le BZÖ passera-t-il la barre des 4% ? Verrons nous à l’issue du scrutin une coalition conservatrice - nationale ÖVP-FPÖ-BZÖ ou une coalition social-démocrate - nationale SPÖ-FPÖ-BZÖ ? Ou l’ancienne coalition entre les sociaux démocrates et les conservateurs SPÖ-ÖVP sera-t-elle reconduite, ouvrant la porte à un succès encore plus grand pour les partis nationalistes? Outre les 3 possibilités citées ici, l’arithmétique électorale permettra-t-elle une autre coalition, par exemple entre les sociaux-démocrates et les écologistes? Le prochain chancelier d’Autriche sera-t-il nationaliste ? Rendez-vous ce 28 septembre 2008, pour les premiers résultats.

 

Sièges pour chaque parti : (total des sièges au parlement: 183).

Partis

2008

2006

2002

1999

1995

SPÖ (social-démocrate)

 

68

69

65

71

ÖVP (conservateur)

 

66

79

52

52

Grüne (écologiste)

 

21

17

14

9

FPÖ (nationaliste - HC Strache depuis 2005)

 

21

18

52

41

BZÖ (nationaliste – Joerg Haider)

 

7

0

0

0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La réaction en chaîne.

 

Ces élections anticipées sont la conséquence directe du « non » irlandais au référendum sur le Traité de Lisbonne. En effet, le chancelier social-démocrate d’Autriche, voyant dans les sondages l’Union européenne totalement discréditée auprès de la population autrichienne, a profité du « non » irlandais pour réclamer l’approbation de tout nouveau traité européen par référendum. Suite à cette déclaration, les conservateurs ont fait tomber le gouvernement.

 

Il est vrai qu’en Autriche, les sociaux-démocrates sont loin d’être allergiques au nationalisme. Ils n’ont pas hésité à gouverner en Carinthie avec Joerg Haider et le Parti social-démocrate n’a abandonné l’idée d’une annexion de l’Autriche à l’Allemagne qu’en 1950 (1).

 

Pour plus d’informations :

 

Mon site : http://lionelbaland.hautetfort.com/

Le site du FPÖ (en allemand) : http://www.fpoe.at/

Le site du BZÖ (en allemand) : http://www.bzoe.at/

 

(1) HUBERT Laurence, Jörg Haider, le successeur ?, Éditions Luc Pire, Bruxelles, 2000, p.41.

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