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07/02/2021

Nicola De Felice : le gouvernement Draghi entre pragmatisme et purisme.

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Nicola De Felice donne son avis sur la situation politique en Italie :

L'alliance italienne de centre-droit est divisée sur l'affaire du gouvernement Draghi entre la ligne pure d'opposition totale de Giorgia Meloni et le pragmatisme stratégique de Matteo Salvini, qui semble s'être ouvert à Draghi. Nous en avons parlé avec l'amiral Nicola De Felice, ancien chef de la marine en Sicile - aujourd'hui à la retraite - et chef du département de la Défense de la Lega dans le Latium. 

Le gouvernement Draghi continue de dominer l'agenda médiatique italien. L'approche de Salvini pour soutenir éventuellement l'ancien président de la BCE suscite un débat. À votre avis, s'agit-il d'un pragmatisme stratégique excessif visant à accaparer le Parti démocrate (PD) et le Mouvement des 5 étoiles (M5S), ou d'une décision dictée par une ligne politique pro-européenne nouvelle ou renouvelée de la Lega ? 

Le coup de Salvini a divisé les M5S. Le chanteur de cabaret Beppe Grillo n'affrontera pas la presse, et Vito Crimi, le leader intérimaire du parti depuis janvier 2020, bégaie des déclarations inappropriées sur la position du mouvement, tandis que Lezzi, Diba et d'autres menacent de se séparer. Le chef du PD, Nicola Zingaretti, en est à sa énième volte-face alors que le PD se scinde en trois ou quatre nouveaux partis. L'alliance de partis de gauche Liberi e Uguali (LeU) n'entre même pas au gouvernement. Si le centre-droit avait été uni et n'avait pas laissé Draghi leur montrer ses cartes, la gauche aurait été complètement malmenée. Mais maintenant, seul Salvini a eu le courage d'adopter une position plus prudente. Ce n'est qu'avec un cap ferme sur les objectifs essentiels de la droite - en tenant compte des outils dont on dispose - que les stratégies peuvent être mises en œuvre et non par le biais de discussions insignifiantes sur des attentes ésotériques.

De nos jours, il y a de nouveaux débarquements à Lampedusa. Les journaux ne semblent plus suivre cette urgence, et pourtant les chiffres sont impitoyables. Quelles sont les propositions à faire pour endiguer le problème ?

D'une part, nous devrions tenir les gouvernements européens, qui sont les États du pavillon des navires des ONG, responsables de l'octroi de la protection internationale et de l'asile politique aux immigrants illégaux que les trafiquants d'êtres humains leur envoient à bord. Mes propositions : rappeler les ambassadeurs des pavillons respectifs accrédités à Rome (Espagne pour Open Arms, Norvège pour Ocean Viking, Allemagne pour Sea Watch) et exiger le respect du règlement de Dublin. En revanche, pour les débarquements « fantômes », des patrouilles mixtes doivent être convenues avec les pays du Maghreb dans leurs eaux territoriales pour empêcher le départ de ces bateaux. La pression exercée sur ces pays pour qu'ils mettent en œuvre cette politique peut également être obtenue par des efforts diplomatiques qui tiennent compte des relations bilatérales commerciales, économiques et militaires. Pour le flux migratoire en provenance des Balkans, il faut appeler la Croatie et la Slovénie à respecter les règles qui obligent ces pays à identifier les personnes en situation irrégulière et à les renvoyer chez elles, comme la France le fait avec nous à Vintimille.

Le procès Salvini semble avoir atterri dans un coin, vidé de son impact politique et il ne semble pas avoir provoqué l'effondrement politique de l'ancien ministre de l'Intérieur : Comment le voyez-vous ?

Que, comme je l'ai toujours pensé et dit, ce procès est un procès politique - ce que confirme également le Dr Palamara dans son livre "The System" - et que les normes internationales et les décisions de la Cour européenne des droits de l'homme parlent en faveur de Salvini, ainsi que, soit dit en passant, de la politique partagée par l'ensemble du gouvernement de Conte 1. Ceux qui ont jugé à la hâte sont dans l'erreur et doivent répondre devant le public italien et européen. Ceux qui doivent être traduits en justice sont le capitaine Rackete. Salvini, en revanche, a toujours adhéré aux normes internationales et au droit italien.

Qu'est-ce que le gouvernement Conte a fait de mal ces derniers mois ?

Il est indéniable que de nombreuses erreurs ont été commises, par exemple dans la lutte contre la pandémie - une stratégie imparfaite qui, entre autres, a naïvement délégué la fourniture de doses de vaccin à l'UE -, dans la planification, dans la politique économique, dans la politique étrangère (par exemple, dans le cas de la Libye), dans la politique intérieure et la politique de migration, dans les écoles et sur les chantiers qui sont au point mort. Un échec total sur tous les fronts.

Être conservateur aujourd'hui est avant tout un mode de vie qui suit des valeurs proches de la tradition chrétienne et du mode de vie de l'Occident. Défendre le foyer et la famille, protéger la vie et les traditions. Un gouvernement conservateur est-il nécessaire en Italie ? Vous qualifieriez-vous de conservateur ?

Je crois qu'une grande partie des Italiens sont convaincus de la nécessité d'un gouvernement stable, déterminé, souverain, capable de redonner à l'Italie le rôle que le destin lui a assigné, avec ses 28 siècles d'histoire, de culture, de civilisation et, surtout, de capacité individuelle dans les questions essentielles de la vie. Comment me définir ? Si conservateur veut dire amoureux des traditions, de l'identité populaire et nationale, d'une Europe des peuples, d'une politique de respect de la souveraineté et de protection des intérêts nationaux, d'une politique d'auto-préservation des caractéristiques de nos peuples, d'une politique migratoire contrôlée, d'une politique intérieure qui assure l'efficacité, la propreté, la sécurité, la décence et la beauté (des objectifs qui peuvent être atteints avec des personnes compétentes, préparées, déterminées et ayant une vision stratégique de ce qui doit être fait), une politique sociale qui crée la prospérité et le développement pour tous les Italiens avec une répartition équitable des richesses basée sur les performances de chacun, alors vous pouvez me qualifier de conservateur.

Source : Il Conservatore 

(https://il-conservatore.it/2021/02/07/governo-draghi-tra-pragmatismo-e-puristi-intervista-a-nicola-de-felice/?fbclid=IwAR1iKRpqkpjoowINggfYDUJ3JmGhj_J_jSImOfStNmEJiOqDvFNHWLG_U6Y)

Mariana Harder-Kühnel sera tête de liste de l’AfD en Hesse pour les élections législatives de 2021.

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Allemagne. Mariana Harder-Kühnel sera tête de liste de l’AfD en Hesse pour les élections législatives de 2021.

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Alexander Gauland appelle à l'unité de l'AfD.

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Allemagne. Lors du congrès de l’AfD de Saxe, le co-président du groupe des élus de l’AfD à la Chambre des députés Alexander Gauland a appelé à l’unité du parti et a mis en garde contre un éclatement de celui-ci. Il a déclaré : « Il existe seulement une AfD. Les conservateurs nationaux, les conservateurs libéraux, ainsi que les libéraux nationaux et les patriotes sociaux appartiennent au parti. »

06/02/2021

Tino Chrupalla est élu tête de liste de l’AfD en Saxe pour les élections législatives.

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Allemagne. Le co-président de l’AfD Tino Chrupalla est élu tête de liste de l’AfD en Saxe pour les élections législatives de septembre 2021.

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Tino Chrupalla

05/02/2021

"La Ligue sous pression et Salvini est tenté [de dire oui]."

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Italie. Revue de presse.

Les consultations menées par Mario Draghi en vue de former un gouvernement et les premières déclarations d'adhésion à un futur exécutif soutenu par une large coalition de partis (PD, FI, LeU, +Europa) font les gros titres des médias italiens. La presse relève notamment le soutien apporté hier par le premier ministre sortant, Giuseppe Conte, pouvant ouvrir la voie à une adhésion du M5S, jusque-là fortement divisé et dont l’appui est essentiel à la formation du gouvernement Draghi : « Le front du Oui à Draghi s'étoffe » (Corriere della Sera), « Draghi, le jour des oui » - Conte lève sa réserve, Di Maio favorable mais les dissidents du M5S résistent (La Repubblica), « Conte se dit ouvert à un gouvernement Draghi » - Berlusconi enclin à dire oui (La Stampa), « Conte travaille au oui du M5S à Draghi » - Le Spread sous la barre des 100 points (Sole 24 Ore), « Draghi : plus d'investissements et moins de bonus » - Voici les premiers thèmes évoqués. Le plan de vaccination et le Plan de Relance seront prioritaires (Il Messaggero), « Gouverner avec Berlusconi? » - Conte demande un exécutif politique et se pose en dirigeant de la coalition PD-M5S (Il Fatto Quotidiano), « Berlusconi est favorable à Draghi, Salvini le sera peut-être » (Il Giornale).

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de M. Franco « La trêve est le fruit du dialogue » : « Petit à petit, ce qui semble être une trêve est en train de se consolider. Une sorte de suspension des hostilités au nom de l’urgence sanitaire et de l’exigence d’allouer les fonds européens de manière efficace et partagée. Voici donc la nouvelle phase qui s’ouvre et qui a été favorisée aussi par l’appel adressé à tous les partis politiques, sans distinctions ou préjugés, de la part du Chef de l’Etat S. Mattarella. Pour les consultations à la Chambre, Mario Draghi est en train de mettre en place la méthode Mattarella : un dialogue qui pourrait bientôt  porter ses fruits. Il y avait un doute qu’il fallait dissiper, la résistance éventuelle du Président du Conseil sortant. Or, Conte a lui-même apporté une réponse hier. C’est comme si, avec l’approche mise en place par le Quirinal, le dialogue était en train de lever les vétos et les préjugés des partis. Le pari est donc le suivant : oublier les vieilles résistances pour affronter avec méthode et en se projetant dans l’avenir, l’urgence sanitaire économique et sociale. C’est une métamorphose qui vient  juste de commencer et on sent qu’elle est difficile pour les deux coalitions. Ce weekend, le nouveau scénario devrait être plus clair. A ce stade, on remarque qu’en très peu de temps, on est passés d’un sentiment de peur face à un gouvernement Draghi ne tenant qu’à un fil à un consensus de presque l’intégralité du spectre politique. Le vrai problème de Draghi sera de trouver un équilibre entre les demandes des différents partis et de jouer, de la manière la plus juste possible, avec les  ‘’non’’ inévitables de partis qui ne sont pas d’accord sur bien des sujets. Tout le monde reconnait  que la tâche sera difficile. Mais Draghi sait qu’il s’agit d’un passage obligé. Il veut par conséquent l’expliquer clairement à ses interlocuteurs, avec la politesse qui s’impose. Son alliance avec le Quirinal est solide. Et ce qui pourrait le renforcer davantage, c’est la conviction d’avoir à ses côtés tout le pays, lassé par les politiques amateurs, des narcissismes et des querelles qui ont déjà trop coûté. »

ARTICLE, Corriere della Sera, « Confier des portefeuilles à des « personnalités d’envergure » pour rassembler une majorité large » : « Il a déjà reçu la confiance de l’Europe et des marchés, et il recevra bientôt celle du parlement. Il y a 48 heures, Mario Draghi n’avait pas le nombre de voix suffisant pour former un gouvernement, à présent il en a presque trop. D’abord les 5 étoiles libérés par les paroles de Conte, le PD et bien sûr Renzi, et puis Berlusconi et peut-être aussi Salvini, poussé vers l’ancien directeur de la BCE par les entreprises du Nord de l’Italie, bien plus encore que par les présidents de région et chefs de la Ligue. C’est l’unité nationale. Même Draghi n’imaginait pas que le dégel aurait lieu en si peu de temps. Et le PD, qui a longtemps repoussé l’idée de voter avec la Ligue, semble avoir revu sa position avec les propos de Zingaretti hier : « Le PD et la Ligue ne peuvent pas être associés mais c’est au Premier ministre désigné qu’il revient de construire sa majorité. Nous trouverons l’équilibre qui nous permettra de tenir jusqu’à l’élection du président de la République [début 2022, NDLR] ». L’homme fort de Francfort prend son temps, et a déjà prévu un deuxième tour de consultations au début de la semaine prochaine. Lors de ce premier tour, il pose la même question à chaque interlocuteur à la fin de l’entretien : « Vous avez une préférence pour un gouvernement politique ou technique ? ».  La frontière semble subtile entre les deux possibilités, mais la différence est claire. Devant les groupes, il présente les points majeurs du programme, sur la bonne et la mauvaise dette, les investissements et les aides, pour la relance de l’emploi notamment : rien que sur cette méthode, on sent un changement radical au Palais Chigi. Aujourd’hui Berlusconi le rencontrera et lui apportera sa confiance, et les léghistes qui connaissent bien les entrepreneurs dans les territoires ont confié à Salvini le message qu’ils ont reçu de leur part : « Ne pas faire l’imbécile face à Draghi ».  Car presque tous voient en lui un investissement politique sur l’avenir pour le parti, la légitimation de la Ligue en Italie et en Europe. Car la ligue se souvient qu’à l’époque du « catastrophique gouvernement Monti », en restant dans l’opposition, elle n’avait récolté que 4% des voix aux élections suivantes ».

ARTICLE, Corriere della Sera, « L’accord entre Di Maio et Grillo pour accepter le gouvernement Draghi : on ne peut pas dire non au président de la République” : « Un groupe farouchement opposé qui s’enflammait rien qu’à l’évocation du nom de Draghi, parlant de « massacre social », du « sang et des larmes », du « banquier Dracula », et on disait même qu’au Sénat 90% du groupe Cinq étoiles le rejetterait. A la chambre des députés, les insultes pleuvaient. Dans ce contexte, Di Maio n’avait d’autre choix que d’agir avec prudence, en évitant les pièges, en nuançant ses propos en disant « non à un gouvernement technique, mais», en rappelant que Draghi lui avait fait « bonne impression » et  en renouvelant le souhait  passe-partout d’un « gouvernement politique ». Mais c’est grâce à la prise de position de deux figures clés du mouvement, Beppe Grillo et Giuseppe Conte, que les lignes ont pu bouger. Ces deux derniers se sont appelés à plusieurs reprises pour sortir le mouvement de l’impasse dans laquelle il risquait de plonger complètement. Depuis des mois, Di Maio est en réalité le leader de facto du mouvement, car il a appris à faire de la politique, en abandonnant certains mantras idéologiques et réactions spontanées comme en son temps, la demande d’impeachment contre Mattarella pour avoir refusé la nomination comme ministre de Paolo Savona [NDLR : favorable à la sortie de l’euro]. Di Maio est convaincu de pouvoir convaincre au moins 80% des parlementaires de son groupe de soutenir Draghi et on a senti un changement chez lui, d’abord en nuançant sur le revenu de citoyenneté, Di Maio estimant qu’il est désormais nécessaire «  de distinguer les aides destinées à lutter contre la pauvreté des aides aux chômeurs », et proposait dans le Foglio « 10 points clés pour la relance », en parlant de « bonne dette », une expression empruntée à Draghi. La prise de parole de Conte a semblé signifier qu’il prenait la tête du mouvement : il y aurait en réalité un partage des rôles possible, entre celui qui reste à la tête des 5 étoiles, Di Maio, et celui qi chapeaute l’alliance M5S-PD-LEU pour les prochaines municipales, Conte ».

COULISSES, La Repubblica, dE. Lauria « L’avocat descend dans l’arène avec ses alliés et parle en tant que chef du M5S » : « G. Conte n’imaginait sans doute pas qu’il entrerait dans l’arène politique par une conférence de presse en plein air, sur la place Colonna, devant une table en verre comme tremplin pour son nouveau départ. Il lui aura fallu deux nuits et un jour de réflexion pour dissiper les doutes sur son avenir. Le passage clé de son intervention était certainement la déclaration suivante : ‘’je ne suis pas un saboteur’’. Celle-ci a clairement levé tout doute sur son souhait de collaborer, comme l’y a invité le Quirinal, pour rendre moins difficile le passage du témoin et favoriser un climat constructif. Conte a compris que son silence pouvait être mal interprété et le faire passer pour un opposant à la mission de Draghi. La seule manière de survivre à la tornade Draghi, et aussi de rebondir et repartir, était de renforcer ce qui reste de la coalition du gouvernement Conte II afin de se placer sous l’aide de « Supermario ». Un gouvernement qui doit être, souligne Conte, ‘’politique’’ car c’est la seule issue permettant d’éviter la scission du M5S. Il le sait parce qu’il en a longtemps parlé avec Grillo. C’est donc aux ‘’amis du Mouvement’’ qu’il s’adresse de manière directe, et qu’il présente pour la première fois comme sa famille d’appartenance. ‘’Je suis là et je serai là’’ signifie qu’il se pose comme chef du M5S. Di Maio est en réalité favorable à cette solution. Plusieurs ont remarqué cependant que l’ancien chef politique a annoncé sa disposition à soutenir Draghi quelques minutes avant que Conte ne le fasse. Le Président du Conseil sortant joue de fait sur deux tableaux. Juste après son appel au M5S, Conte en a lancé un autre au PD et à LeU, évoquant la perspective d’une ‘’alliance autour du développement durable’’. Conte a donc ainsi également lancé sa candidature comme chef d’une coalition jaune-rouge pouvant se présenter devant les électeurs. Il peut aussi compter sur une cote de popularité encore importante. Toutefois, dans la perspective d’un gouvernement Draghi pouvant durer jusqu’en 2023, bien des choses peuvent arriver. Raison pour laquelle Conte, malgré les démentis, pourrait décider d’accepter un ministère d’envergure. Une chose est sûre, l’avocat est redescendu dans l’arène politique pour survivre, sauver son expérience de gouvernement, les 5 Etoiles et le projet progressiste qui risquait d’être dissous dans le nouveau gouvernement d’unité nationale. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de G. Vitale « Zingaretti réconcilie la coalition et mise sur la formule ‘Ursula’ » : « ‘’Nous avons été critiqués, qualifiés de subalternes des 5 Etoiles, mais aujourd’hui nous récoltons les fruits de nos efforts’’. Zingaretti est fier de son coup : le ‘oui’ à Draghi est unanime. Le secrétaire du Parti démocrate revendique le mérite du revirement de Conte et se félicite d’une majorité «Ursula » [rassemblant des votes de droite et de gauche, NDLR], étendue à Forza Italia et permettant de neutraliser Renzi. C’est donc grâce à lui et à son parti (il ne faut pas négliger la contribution de Bettini, Franceschini, Delrio et Marcucci) que naîtra bel et bien un exécutif Draghi. A noter également l’éloignement d’un possible parti de Conte, qui, avec ses déclarations, s’est de fait placé à la tête du M5S. Pour Zingaretti, un tel exécutif serait à-même d’arriver jusqu’au terme de la législature, ce qui éloigne l’hypothèse de possibles élections anticipées. Ce ne sera en tous cas pas le PD qui entravera la bonne marche de ce gouvernement : ‘’Nous demanderons un gouvernement politique, avec des ministres compétents, ensuite ce sera à Draghi de faire sa synthèse et nous en prendrons acte’’. » 

PREMIER PLAN, La Repubblica, « Berlusconi se démarque et Forza Italia prend position en faveur du oui à Draghi, ‘’Je suis de retour, je veux participer’’ » : « Le chef de file de Forza Italia veut sa revanche sur les 5 Etoiles : aujourd’hui, sous le feu des projecteurs, il conduira sa délégation à la Chambre des députés pour être reçu par Mario Draghi. Marta Carfagna, députée de Forza Italia et vice-présidente de la Chambre, a remporté la bataille interne. Cette semaine, une cinquantaine de députés se sont présentés à sa porte, prêts à signer pour Draghi. Cela aurait marqué le début d’une scission. Mais les ténors du parti (Tajani, Ronzulli, Ghedini) ont pris les devants face au risque d’implosion du groupe et décidé ensemble de prendre ouvertement parti pour Mario Draghi et même de faire connaitre leur entière disponibilité. En coulisses, Ghedini exprime tout de même quelques réticences sur la Justice et Paola Severino. En somme, les 143 parlementaires de Forza Italia, indépendamment de ce que décideront les alliés du centre-droit, sont bien décidés à soutenir Draghi. Tout au plus, la fameuse « majorité Ursula » naîtra, sans les souverainistes. Giovanni Toti de Cambiamo! dit pour sa part souhaiter que le nouveau gouvernement soit approuvé par un nombre de partis le plus large possible après son entretien avec le nouveau Premier ministre hier soir. Les chiffres sont presque déjà là.»

ARTICLE, Corriere della Sera, « la Ligue sous pression et Salvini est tenté [de dire oui]. Giorgetti : Draghi, c’est Ronaldo ». « Ils étaient divisés lors des consultations et seront sûrement divisés au gouvernement. L’unité du centre-droit se fissure visiblement, après avoir tenu pour empêcher l’émergence d’un gouvernement Conte III. Comme l’a dit Salvini, aujourd’hui chacun peut aller voir Draghi pour exprimer ce qu’il pense vraiment, sans avoir à faire des compromis avec les autres partis. « C’est mon devoir d’écouter Draghi, sans préjugés et sans véto ». Dans une situation qui semble évoluer d’heure en heure, ce qui reste certain c’est le oui de Forza Italia et le non clair de Meloni, qui n’envisage que le vote contre ou l’abstention, en disant qu’elle « ne met pas en doute Draghi mais ceux qui vont le rejoindre au gouvernement », c’est-à-dire Renzi, pour ne pas le nommer. Mais elle ne comprend pas la position de Salvini et lui dit « qu’il faut que Draghi choisisse entre la Ligue et les 5 étoiles. Pourquoi cela irait-il de s’associer avec le PD ? Boldrini, LEU, cela nous va ? Il y a quelque chose qui m’échappe ». Le vice-secrétaire de la Ligue, Giorgetti, explique la position du parti avec emphase : « Draghi joue hors-catégorie, il est comme Ronaldo, quelqu’un de son calibre ne peut pas rester sur le banc de touche ». Puis il explique que la Ligue ne s’abstiendra pas, elle choisira simplement entre le oui et le non, et prévient qu’on ne peut pas faire sans « le premier parti » dans ce gouvernement. Pour Salvini, « on pourrait se contenter de dire non à tout, de rester tranquillement dans l’opposition, d’attendre les élections puis récolter les voix, mais ce n’est pas ce qu’il faut faire à présent ». Car il se dit « inquiet de la situation économique pour les entreprises et les familles, » et rappelle qu’il est « de son devoir d’écouter Draghi ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

04/02/2021

"Le 17 mars, nous reprenons notre liberté !"

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Pays-Bas.

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"Le 17 mars, nous reprenons notre liberté ! Votez FvD."

Thierry Baudet, tête de liste du Forum voor Democratie pour les législatives.

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Pays-Bas. Le Forum voor Democratie de Thierry Baudet présente ses 50 candidats :

https://www.fvd.nl/lijst

Publicité pour Vox vue du ciel.

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Espagne.

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Thuringe : l'AfD donnée à 23 %.

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Allemagne. Thuringe.

(https://www.wahlrecht.de/umfragen/landtage/thueringen.htm)

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die  Linke : post-communistes

AfD : patriotes

CDU : démocrates-chrétiens

SPD : sociaux-démocrates

Grüne : écologistes

FDP : libéraux

Sonstige : autres

"Un Mouvement 5 Etoiles déboussolé par la perte du Palais Chigi."

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Italie. Revue de presse.

Les consultations que M. Draghi entame à compter d'aujourd'hui pour tenter de former un gouvernement font les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent les divisions au sein des deux coalitions et soulignent dans l’ensemble une « occasion qu’il ne faut pas gâcher » (Sole, Messaggero, Giornale). « Le jeu de l’échiquier de Draghi : il faut l’unité » - Appel aux partis, les consultations commencent aujourd’hui. Soutien du PD, le M5S dans le chaos, le centre droit divisé (Corriere della Sera), « Draghi, les obstacles venant des 5 Etoiles »  - Le Président du Conseil demande des réponses à la hauteur de l’urgence. Hypothèse d'un ticket Conte-Gentiloni, ce dernier irait au ministère de l’Economie (La Repubblica), «  Draghi est là mais la majorité demeure un rébus » (La Stampa), « Le défi de Draghi » - Les marchés saluent son arrivée (Sole 24 Ore), «  Gouvernement Draghi, ouverture de la part de la Ligue » (Il Messaggero), « Conte et les 5 Etoiles : les premiers non à Draghi » - Conte ne sera pas ministre (Fatto Quotidiano), « Centre droit, courage ! » - soutien à Draghi, appel à ne pas gâcher l’occasion d’offrir un gouvernement sérieux à l’Italie (Il Giornale).

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Breda « Les pressions du Quirinal pour que les partis ne se sentent pas placés sous tutelle » : « ‘’Pour le programme et les ministres, c’est à toi de voir. Prends ton temps. Mais accepte un conseil : trouve le moyen de faire comprendre que ton gouvernement ne peut pas faire abstraction de la politique. Fais comprendre que tu ne vas pas mettre sous tutelle le Parlement’’. Voilà ce que Mattarella a dit à Draghi lorsque ce dernier a quitté le bureau du Chef de l’Etat pour se présenter au Salon des Fêtes pour son premier discours. C’est une indication utile pour marquer une différence avec les autres gouvernements techniques qui ont souvent été perçus comme trop coupés de la sphère parlementaire car imposé d’en haut. C’est au président du conseil désigné de proposer une méthode claire, d’apporter des solutions aux interrogations des partis. Cela vaut aussi bien pour les ministres – dont on ignore s’ils seront des techniciens ou des politiques ou un mélange des deux –   que pour le programme centré sur le Plan de Relance. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un Mouvement 5 Etoiles déboussolé par la perte du Palais Chigi » : « L’affirmation ‘’nous sommes déterminants’’ répétée comme un mantra par Beppe Grillo dit toute la frustration et le désir du M5S de revenir au premier plan. Les 5 Etoiles représentent la majorité relative au Parlement et le point d’équilibre de celle-ci. Or, le M5S se crispe sur lui-même pour cacher ses divisions. La ligne dure adoptée par le dirigeant par intérim V. Crimi, reprise par certains anciens ministres et par Grillo, ressemble plutôt à une réaction impulsive et à une tactique, une position de départ qui pourra évoluer si un gouvernement avec des ministres politiques devait voir le jour. Di Maio laisse faire car le Mouvement craint de perdre ses parlementaires en cas d’élections anticipées si Draghi devait échouer. Il faudra toutefois quelques jours pour que le M5S retrouve le sens des réalités et que le Président du Conseil sortant et ses collaborateurs puissent faire le deuil du Palais Chigi. »

ARTICLE, La Repubblica, « Zingaretti sous pression. ‘L’alliance jaune-rouge ne peut pas s’effondrer ‘ ». « Le PD convoque les 5 étoiles et LeU et demande le soutien du président du conseil désigné. ‘Pour réagir au coup de poignard de Renzi, nous devons relancer l’alliance avec les 5 étoiles et LeU, et sur cette base, construire ensemble une majorité pro-européenne qui soutienne Draghi.’ C’est ce que Zingaretti prône devant le comité restreint du PD, avec Franceschini, Orlando et les chefs de groupes parlementaires Delrio et Marcucci. Il appelle aussi Crimi puis Speranza et propose une réunion pour essayer de trouver un accord avant les consultations avec Draghi. «  Il ne faut pas liquider notre bilan aussi vite. » Car ce qui se joue aussi, ce sont les futurs accords pour les municipales dans les grandes villes : si PD et M5S ne se présentent pas unis à Turin, Naples, ou Rome, cela veut dire risquer la défaite. Et pour Zingaretti, l’enjeu est encore plus grand : il pourrait perdre et son mandat et son parti. Il cherche aussi à convaincre Conte afin que les 5 étoiles appuient le gouvernement Draghi, et se dit confiant que Conte sera disposé à l’aider. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni « Conte, sa rencontre avec Draghi et la tentation du grand refus » : « L’ancien président du Conseil G. Conte est déçu et aigri. Les dirigeants du PD font pression pour qu’il prenne la tête du Mouvement 5 Etoiles et puisse apporter son soutien à Draghi. Toutefois, en accord avec les sentiments qui prévalent au sein du M5S, il pourrait être tenté de dire non. La décision n’a pas encore été prise. Il veut comprendre si le refus de Grillo est une position définitive et il veut aussi comprendre combien pèse, en termes de nombre de parlementaires, l’anathème lancé par Di Battista contre Draghi. En arrière-plan, c’est l’hypothèse d’un parti personnel qui ressurgit ».

ENTRETIEN, La Repubblica, Matteo Renzi : « Draghi jusqu’en 2023 et le plan de relance doit être réécrit entièrement. Je me réjouis [de cette désignation] mais j’ai fait l’objet de manifestations de haine » : « Il est possible que je sois l’homme le plus impopulaire du pays, mais il me semble improbable que Conte en soit le plus populaire ; ce qui est certain, c’est que Draghi en est le plus compétent. Je revendique avoir joué un rôle dans la naissance du gouvernement Conte II avec des 5 étoiles devenus plus pro-européens et moins populistes, car pour retirer les pleins pouvoirs à Salvini, j’étais prêt à tout. Quand on me demande pourquoi il y a eu cette crise, je réponds : quitte à dépenser 200 milliards d’euros, je préfère que ce soit Draghi qui le fasse plutôt que Conte. Nous sommes les seuls (à IV) à avoir démissionné au nom d’un idéal politique. Quand le PD dit que je suis davantage occupé à le détruire qu’à trouver un consensus, je dis que je ne comprends rien à la ligne politique adoptée par ce parti pendant la crise, alors qu’ils auraient pu jouer un rôle capital de médiation. On disait que Zingaretti et Bettini avaient une stratégie extrêmement fine à l’esprit. Elle était tellement raffinée que personne ne l’a comprise. Et je dis que le courant byzantin du PD ne m’intéresse pas, moi je m’occupe du fond. Sur le refus des 5 étoiles d’adouber Draghi, je dis qu’il faut donner du temps au temps et laisser le président du conseil désigné mener ses consultations, il trouvera une majorité. Je n’ai pas mon mot à dire sur les choix qu’il doit faire s’agissant de former un gouvernement uniquement composé de techniciens ou associant aussi des politiques. Sur Conte, après avoir passé un mois à nous demander si on devait avoir Conte comme chef d’un nouveau gouvernement, j’espère qu’on ne va pas passer à  nouveau un mois pour savoir de quel ministère il va hériter. Moi je ne serai pas ministre, je suis trop controversé. Je pense que cette mandature durera jusqu’en 2023. Une bonne équipe peut réécrire le plan de relance italien en trois jours. Malgré toute la haine dont j’ai fait l’objet dans cette crise, quand on voit le résultat et l’arrivée de Draghi, cela valait sûrement la peine de passer par là ».

PROPOS, La Stampa, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « Je préserverai l’unité du parti. Si les élections ont lieu dans deux ans, nous ne soutiendrons par ce gouvernement » : « ‘’Il n’y a pas de véto sur Draghi. Mais comment se prononcer dès maintenant ? Il faut voir les idées qu’il a et l’équipe qu’il proposera pour les réaliser et dans quels délais. Il est clair qu’au sein du centre droit il y a des idées divergentes mais je travaille depuis des semaines pour préserver son unité. Si Conte est tombé, c’est aussi grâce à notre cohésion. J’ai dit à mes alliés : ‘’voyons ce que Draghi nous propose, discutons-en et adoptons une position commune’’. C’est mon objectif. Nous sommes prêts à négocier sur des thématiques concrètes. Je veux savoir ce qu’il prévoit au sujet des impôts, la réouverture des chantiers, la réforme de la justice, la réforme des retraites Quota 100 et l’utilisation du Plan de Relance ». 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Publicité de Céline Amaudruz en faveur du Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage.

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Suisse. Publicité de Céline Amaudruz de l'UDC en faveur du Oui, lors de la votation du 7 mars 2021, à l’interdiction de se dissimuler le visage.

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03/02/2021

"Berlusconi dit oui à Draghi. Salvini veut voir ce qu’il propose et Meloni reste sur ses positions."

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Italie. Revue de presse.

La convocation de l’ancien président de la BCE Mario Draghi par le Chef de l’Etat Sergio Mattarella aujourd’hui pour former un gouvernement composé de « personnalités de haut niveau » fait les gros titres des médias italiens. La presse commente comment le chef de l’Etat s’est résolu à cette décision après l’échec des consultations des partis par le président de la Chambre Roberto Fico pour faire émerger un nouvel exécutif avec la majorité sortante. Dans l’ensemble, les observateurs relèvent ‘’un moment grave mais aussi d’espoir’’(Repubblica) ainsi que le constat de ‘’l’échec de la politique’’ (Stampa) face aux crises pandémique et économique : « Gouvernement, le Quirinal appelle Draghi » - La tentative de former un gouvernement Conte III échoue (Corriere della Sera), « L’heure de Draghi » - Fico arrive au terme de sa mission sans majorité politique, Mattarella exclut les élections anticipées et confie l’exécutif à l’ancien banquier (La Repubblica), « [Mattarella et Draghi] Les constructeurs » (La Stampa), « Mattarella convoque Draghi pour un gouvernement de personnalités de haut niveau » (Sole 24 Ore), « Urgence Italie, la carte Draghi » - Le chef de l’Etat choisit la voie du gouvernement technique (Il Messaggero), « Renzi nous fait son cadeau » - Le sénateur fait sauter les négociations pour un gouvernement Conte III (Fatto Quotidiano), « Enfin Draghi » - Adieu à Conte, voici le gouvernement du Président (Il Giornale).

EDITORIAL, Corriere della Sera, Massimo Franco : « Ce dont le pays a besoin » : « La proposition Mario Draghi en réponse à l’échec de la coalition M5S, PD et IV et à une dérive électorale à haut risque est l’antidote le plus puissant que le chef de l’Etat, Sergio Mattarella, pouvait choisir. Et l’appel à toutes les forces politiques pour qu’elles appuient son gouvernement de « haut niveau » traduit la gravité de la situation et la volonté de ne peut pas se livrer à des petits stratagèmes qui auraient eu des conséquences dévastatrices. Le Quirinal envoie ainsi un signal aux chancelleries occidentales et à l’opinion publique italienne. Il essaie de réagir par une réponse au plus haut niveau, face à la deuxième crise de la majorité en moins de trois ans. La responsabilité principale de celle-ci revient à Matteo Renzi, à la limite de l’irresponsabilité, qui a ouvert une crise en pleine épidémie, même si dans son jeu Renzi n’écartait pas la possibilité d’arriver à un résultat aussi extrême [que ce choix d’un gouvernement technique). Mais il ne faut pas ignorer la responsabilité de Giuseppe Conte, qui a tardé à comprendre ce qui se jouait autour de la gestion des fonds européens,  et qui a réagi par une épreuve de force maladroite devant le parlement. Son souhait d’exorciser l’option Draghi, poussé en ce sens par ses partisans 5 étoiles, aura abouti à l’effet inverse. A partir du moment où Fico a fait part de son échec à réconcilier la majorité, le gouvernement Conte a disparu. Pendant ces trois jours [de consultation des partis par Fico), on a parlé de justice, de fiscalité, de ministères, mais le fonds de relance, sur lequel le futur de l’Italie et les relations avec l’Europe sont en jeu, est resté seulement en toile de fond, comme s’il s’agissait d’une question secondaire. L’arrogance et l’impuissance de chaque parti ont surtout prévalu pendant ces jours, conduisant le pays dans une impasse. La promesse de ce « gouvernement du président » est tout à la fois remplie d’espoir et de pièges. Toute formation devra composer avec un parlement dans lequel les rapports de force donnent la part belle à des groupes où le populisme est plus fort et où subsistent des pulsions antieuropéennes, que le gouvernement sortant avait en parti conjurées. Mais que pourra faire, même le plus compétent des premiers ministres, face à la pression des instincts électoraux les plus primitifs ? Il devra affronter des partis obsédés par l’idée d’aller aux urnes et tentés de réagir aux décisions les plus difficiles en se démarquant du gouvernement. En espérant qu’il y ait un sursaut collectif de responsabilité ».

EDITORIAL, la Stampa, Massimo Giannini (directeur), « Pour l’Italie, c’est le dernier appel » : « Même dans cette Italie toujours enlisée dans l’urgence perpétuelle, l’impossible devient peut-être possible. Sur un fond de crise de gouvernement qui a dégénéré en crise du système, le chef de l’Etat a trouvé la solution la plus forte, la plus haute, la plus crédible. Nous devons être une fois de plus reconnaissants à Sergio Mattarella. En deux minutes, il a mis fin à deux mois de cohabitation difficile et peu reluisante des partis d’une majorité à bout de souffle. Et proposé la voie la plus convaincante pour éloigner le spectre des élections anticipées et mettre en sécurité la campagne de vaccination et le plan de relance. Il faudra réfléchir le moment venu à ce qui s’est passé, comment le principal responsable de la crise politique, Matteo Renzi, a aussi été le plus à même de proposer la solution à celle-ci. Sur le fait qu’à gauche, ce choix le plus « révolutionnaire » n’ait pas été proposé par le PD mais subi par ce parti, en s’enchainant à Conte « comme seul pont de référence des progressistes ». Sur la façon dont, à droite, le seul qui ait agi au nom de l’intérêt du pays ait été Berlusconi. Ce qui compte, c’est seulement notre pays. Dans l’échec complet de la politique, vaincue à nouveau par les techniciens, nous devons souhaiter que l’essai de Draghi réussisse : nous ne voulons même pas imaginer que les partis, après le spectacle décevant qu’ils ont proposé jusqu’à présent, puissent encore se défiler face à leurs responsabilités. C’est notre dernier espoir de donner un avenir meilleur à nos enfants,  ancré dans les valeurs et le destin des démocraties libérales européennes. »

EDITORIAL, La Repubblica, Maurizio Molinari (directeur), « Ce qui se joue”’ : “C’est un moment dramatique et en même temps un moment d’espoir pour notre pays. Dramatique, car avec plus de 88 000 morts, une économie en souffrance, des centaines de milliers d’entreprises disparues, des millions de salariés qui risquent de perdre leur emploi et un plan de relance pas encore remis à la Commission, le système politique n’a pas réussi à se libérer des refus des uns et des autres [sur les solutions proposées], et après de longue journées de marchandages de boutiquier au Parlement, a été incapable de proposer le gouvernement de la relance dont dépend le futur de nos enfants. Mais c’est aussi un moment d’espoir, car si ces mêmes partis savent entendre le message du président de la République sur l’urgence pour le pays, ils pourront soutenir ce nouveau gouvernement institutionnel, saisir l’opportunité offerte avec Mario Draghi et devenir les héros du sauvetage contre l’épidémie et pour la reconstruction. Le président a choisi l’homme qui, lorsqu’il était à la tête de la BCE, a sauvé l’euro en 2012 de la tempête financière qui risquait de l’emporter, grâce au « whaterver it takes », démontrant une détermination et une capacité à agir pour faire face aux défis les plus difficiles, qualité dont le locataire du palais Chigi aura le plus besoin. Il aura à conduire la mission la plus difficile pour un chef de gouvernement depuis la fin de la seconde guerre mondiale en Italie, en protégeant les citoyens d’un virus qui continue à circuler parmi nous, éviter l’effondrement de l’emploi, faire repartir la croissance et ,surtout, faire adopter au parlement les réformes nécessaires à l’arrivée des 209 Mds du fonds de relance. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Verderami « Le défi : une majorité large. Le choix de Draghi entre techniciens et politiques » : « Au moment où l’on touche le fond dans cette crise de gouvernement, qui est avant tout une crise du système, S. Mattarella appelle M. Draghi pour un exécutif « de haut niveau » et « sans formule politique ». C’est une décision que le Chef de l’Etat n’avait pas préparée avec les partis et il fera ainsi appel au vote du Parlement dont l’ancien président de la Banque Centrale Européenne devra obtenir la confiance. Il sait que sa tâche sera difficile et délicate : construire une majorité solide dans les conditions où se trouvent aujourd’hui les Chambres s’avère assez peu probable. Toutefois, le message du Président de la République à la Nation représente pour Draghi un bouclier qui facilitera son parcours. Mattarella laissera à Draghi la liberté de choisir comme collaborateurs des personnalités extérieures, ou venant du monhde politique. Les dirigeants politiques savent que Draghi n’a pas l’intention de puiser ses ressources du côté de la politique et que – face à des points de programme clairs, il laissera ensuite la place aux partis. Les partis se trouvent face au dilemme de la faillite ou de l’ouverture d’une nouvelle page, et devront choisir. Autrement, le Chef de l’Etat n’aura pas d’autre solution que de donner naissance à un gouvernement provisoire en vue des élections. Le choix de Draghi a vocation à chambouler les équilibres. On l’a tout de suite vu avec les divisions au sein du M5S et la marche arrière du PD quant à de possibles élections anticipées. Au centre droit, la donne a changé et il est maintenant difficile de rester attachés à la demande d’élections anticipées. Le schéma doit changer, comme l’avait prévu le n°2  de la Ligue Giorgetti. Ce dernier pousse la coalition de centre droit à soutenir le futur exécutif par intérêt pour son parti : une légitimation internationale, une place à la table des réformes et la participation dans le choix du prochain Président de la République. Au sein du M5S aussi, le courant de Di Maio voit en Draghi un passage difficile mais utile à la maturation du Mouvement.»

COMMENTAIRE, La Repubblica, C. Tito « Le choix torturé d’un Président déçu par les petites querelles » : « Dans la journée la plus longue de ses six dernières années, Mattarella a dû faire ce qu’il essayait d’éviter depuis le début de son mandat. Un choix tourmenté et fait malgré lui : la solution d’un gouvernement technique, ou ‘’gouvernement du Président’’, avait toujours été pour lui la dernière des solutions. Mattarella ne peut pas laisser la crise politique dégénérer en crise institutionnelle qui laisserait le pays paralysé et incapable d’affronter les défis du moment : la crise pandémique, économique et le retard sur le Plan de Relance. Le risque est de faire passer l’Italie, actuellement perçue comme un pays en difficulté et qu’il faut aider, pour un allié indésirable et ingrat aux yeux des partenaires européens.»

COMMENTAIRE, La Stampa, de M. Sorgi « Les risques des élections et la ressource la plus précieuse » : « Mattarella a été contraint de jouer son va-tout alors qu’il aurait préféré ne pas avoir à le faire. Un geste longuement réfléchi, comme le montre l’appel adressé aux partis politiques quelque temps après la visite de R. Fico : ce discours, long et vibrant, dénonçant les risques que représenteraient les élections et que l’on ne peut se permettre d’improviser. Mattarella est conscient d’avoir mis en jeu une ressource de la République, sans doute la plus influente en Italie, et que, si sa tentative devait échouer, Draghi serait alors sacrifié sur l’autel de la crise. Draghi est par conséquent un choix fait non pas par calcul mais par nécessité. Espérons pour Mattarella que la classe politique ait déjà montré le pire d’elle ».

ARTICLE, La Repubblica, de C. Lopapa « Berlusconi dit oui à Draghi. Salvini veut voir ce qu’il propose et Meloni reste sur ses positions » : « Juste après 22h, depuis sa résidence provençale, Berlusconi salue avec une certaine satisfaction la décision de Mattarella avec les siens. Forza Italia peut compter sur 143 parlementaires entre députés et sénateurs et assurerait l’aval de l’opération ‘’salut national’’. Face à l’aile ‘’pro-salvini’’ de Forza Italia, qui déplore la presque certaine fin du centre droit tel que l’on connait, Berlusconi explique ‘’comment pourrais-je démentir ce que j’ai soutenu jusqu’à présent ? Mais je ne signerai pas une lettre de change comme ça, je vous rassure’’. Il est clair que Berlusconi voudra comprendre son poids politique et ce qu’il pourra obtenir de cette aventure. Car le prix serait très élevé : la rupture de l’unité de la coalition de centre droit. Par ailleurs, même au sein de la Ligue, certains veulent éviter les élections anticipées : une trentaine de parlementaires proches du président de Vénétie L. Zaia ».

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « ‘’Je l’ai déjà dit à Draghi : ce n’est pas le nom qui compte mais ce qu’il veut faire’’ » : « ‘’Nous avons cinq priorités et nous déciderons sur la base de cela. Nous demanderons à Draghi une promesse de ne pas augmenter les impôts. Nous voulons la « flat tax » à 15% et le moratoire fiscal. Les mots clés sont l’emploi, les impôts et les retraites. Nous nous opposons de manière catégorique à la fin de la réforme des retraites « quota 100 », il n’est pas pensable de revenir en arrière à la loi Fornero. Et puis il y a un plan d’ouverture des chantiers et un plan de relance des infrastructures. L’urgence nationale ? Écoutez, nous avons perdu trois semaines à cause de Conte et de Renzi. Le centre droit agira uni, nous sommes déjà d’accord. Nous n’avancerons pas en ordre dispersé et nous choisirons ce qu’il y a de mieux pour les Italiens. Nous nous sommes rendus au Quirinal ensemble en disant la même chose et je crois que nous continuerons à soutenir les mêmes idées. Plus vite nous voterons, mieux sera. On s’assurera ainsi 5 ans de tranquillité. J’ai eu au téléphone plusieurs entrepreneurs, ils demandent un gouvernement qui puisse gouverner’’.»

ENTRETIEN, La Stampa, de Romano Prodi, ancien président du Conseil « Dans la disgrâce, enfin un revers positif, Mario saura protéger le pays » : « ‘’Je crois que nous devons tous apprécier le choix fait par Sergio Mattarella, dans la situation dramatique que traverse notre pays, de confier à Mario Draghi la direction d’un gouvernement institutionnel et de haut niveau. C’est le meilleur choix qu’il pouvait faire et, en bon pédagogue, il a aussi très bien su l’expliquer aux Italiens. Il me semble du reste que si Mattarella a convoqué Draghi, c’est parce qu’il avait déjà l’assurance que la charge serait acceptée par l’intéressé. Malheureusement, les voies traditionnelles de notre politique ont à nouveau failli. Cet échec est grave, il  résulte du jeu des intérêts personnels et des vétos croisés, c’est un des moments les plus sombres dans l’histoire récente de la politique italienne. Je pense que la première difficulté pour Draghi sera de rassurer l’Europe quant à la crédibilité des institutions italiennes. Cette étape n’est pas à négliger puisque le jugement de nos partenaires européens sur l’usage des fonds du Plan de Relance sera décisif. Evidemment, Draghi devra aussi relever l’Italie de cet épisode difficile fait de crise sanitaire, économique et sociale’’. »

ARTICLE, La Repubblica, de R. Petrini « La baisse du PIB légèrement moins forte que prévu, en 2020 il s’établit à -8,9% » : « Le gouvernement avait imaginé pire et la plupart des institutions internationales aussi. Le confinement ciblé ainsi qu’une bonne mise en place du télétravail semblent avoir permis de limiter la baisse du PIB. La reprise est attendue entre le printemps et l’été, mais dans ce cas, les prévisions du FMI et de la Banque d’Italie sont beaucoup moins optimistes que celles du gouvernement. Les chiffres de l’Istat ont montré que c’est le secteur tertiaire qui se porte vraiment mal, alors que l’industrie ne résiste pas trop mal. L’Italie a donc fait pire que l’Allemagne, mais mieux (légèrement) que la France et l’Espagne. Toutefois, les aides de l’Etat pour pallier les pertes économiques de certaines activités ainsi que les fonds européens sont suspendus à cause de la crise gouvernementale. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

02/02/2021

JA 21 désire "tirer les Pays-Bas vers la droite".

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Pays-Bas. JA 21, le parti d’Annabel Nanninga et de Joost Eerdmans, désire « tirer les Pays-Bas vers la droite » tout en constituant une alternative au Forum voor Democratie de Thierry Baudet, jugé trop radical. Le parti est contre l’Union Européenne et l’immigration et est critique par rapport à la politique climatique. 

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Joost Eerdmans et Annabel Nanninga

"L’échéance fixée à aujourd’hui pour que le président de la chambre des députés, Roberto Fico, fasse part du résultat des consultations."

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Italie. Revue de presse.

L’échéance fixée à aujourd’hui pour que le président de la chambre des députés, Roberto Fico, fasse part du résultat des consultations pour faire émerger un nouvel exécutif fait la une des médias italiensLes observateurs relèvent dans l'ensemble les obstacles à trouver un accord entre les partis de la majorité, rendant d’autant plus difficile l’émergence d’un gouvernement Conte III. Hier soir, les partis ne s'étaient toujours pas entendus sur un programme politique, notamment en raison des désaccords entre Italia Viva et le M5S sur plusieurs sujets (MES, revenu de citoyenneté, justice). En cas d'absence d'entente d'ici ce mardi 13H, un gouvernement institutionnel serait l'issue la plus probable : « Bataille finale sur Conte » - Nouvelle réunion ce matin, Fico tentera d’apporter une solution au Chef de l'Etat. Renzi demande l'utilisation du MES et des ministères stratégiques pour son parti, tensions avec le PD et le M5S (Corriere della Sera), « Conte-Renzi, un défi à bout de souffle » - Bras-de-fer sur le programme et les ministères. Les 5 Etoiles s'opposent à l'idée que Boschi obtienne un portefeuille (La Repubblica), « Bras-de-fer sur les ministres, le gouvernement Conte III vacille » (La Stampa), « Conte III, les dernières tractations » - Les partis encore divisés sur le programme, un gouvernement technique de plus en plus probable. Le nom de Draghi est souvent cité (Il Messaggero), « Renzi veut l'éviction de Bonafede pour placer Boschi et Rosato » (Il Fatto Quotidiano).

STATISTIQUES, La Stampa, « L’année noire du travail décime 440 000 emplois, ‘’une bombe sociale pour les femmes et pour les professions libérales’’ » : « En 2020, 444 000 postes ont été supprimés, dont plus de 100 000 sur le seul mois de décembre. Sur l’ensemble de l’année, cela représente 50 pertes d’emploi par heure. Ce sont les femmes qui font le plus les frais de ces suppressions : 2 postes supprimés sur 3 étaient occupés par des femmes. Viennent ensuite les jeunes, dont 29% sont sans emploi. Sans oublier les précaires et les professions libérales. La pandémie s’avère donc être un extraordinaire accélérateur des dynamiques préexistantes à la Covid-19 et le fossé des inégalités se creuse de manière critique. ‘’C’est une bombe sociale à retardement, dont le risque est imminent'' préviennent les syndicats, parmi lesquels certains réclament la prolongation du moratoire sur les licenciements, ce à quoi s’oppose Confindustria. »

ANALYSE, Corriere della Sera, de M. Breda, « La politique à la croisée des chemins pour la dernière année de Mattarella (qui ne veut pas brider de second mandat) » : « Ce seront des mois difficiles pour S. Mattarella, surtout les six derniers mois (le semestre blanc) où, selon la Constitution, ses pouvoirs sont plus limités. Tout dépendra aussi de plusieurs inconnues, à commencer par l’issue de la crise. Ce soir, R. Fico se rendra au Quirinal. Si l’on reconduit l’ancienne majorité par un accord entre les anciens alliés, Mattarella pourra confier le nouveau mandat au président du Conseil sortant, sans faire d’autres consultations. Autrement, il devra choisir entre la formation d’un exécutif provisoire destiné à accompagner l’Italie vers les urnes (en juin au plus tard), et celle d’un exécutif institutionnel que l’on pourrait appeler ‘’gouvernement du Président’’. Ce dilemme sera bientôt résolu. Pour le reste, une chose est sûre : Mattarella l’a annoncé lors de son discours de fin d’année, c’est sa ‘’dernière année en tant que Président de la République’’. Il suivra avec ‘’attention’’ la reprise de l’Italie pendant ces derniers mois qui lui resteront au Quirinal, dans l’espoir que les blessures infligées par la pandémie et les dégâts causés par notre politique instable soient réparés et lui permettent de renouer « plus étroitement » avec des pays comme les Etats-Unis, l’Allemagne et la France, pour lesquels son rôle de garant du système italien est vu comme essentiel. Il suffit de se souvenir du lien avec Paris qui a été renoué de justesse, après l’incident causé par la visite des 5 Etoiles aux gilets jaunes. »

 ANALYSE, La Repubblica, de S. Folli « Un Président du Conseil en otage » : « Par le passé, les mandats d’exploration faisaient partie d’un rite assez byzantin dont les caractéristiques principales étaient la sobriété et la discrétion. Nous avons assisté à une réunion de négociation qui aurait dû fournir le programme du nouveau gouvernement. La vraie priorité, qui a provoqué le psychodrame de cette crise, est en effet le Plan de Relance (la gestion, les délais, les réformes). Or, sur la table de la discussion, il n’en est nullement question. Quelle était alors l’utilité de cette réunion ? Celle de créer une action de diversion pour cacher ce qui se passe en coulisses. Si le gouvernement Conte III devait naître, le président du Conseil serait l’otage des partis qui le soutiennent. Le pouvoir semi-solitaire qu’il a pu exercer jusqu’alors et qui lui a permis de faire grimper sa popularité auprès de l’opinion publique, est une méthode qui ne pourra probablement pas être maintenue. Paradoxalement, Conte, qui était apparemment irremplaçable, se voit donc fortement affaibli. Tout cela montre que les scénarios politiques envisagés sont en train de basculer, avec l’aide des partis : pas seulement celui de Renzi, au pourcentage bien modeste, mais surtout le PD et aussi les 5 Etoiles version Di Maio. La situation pourrait pousser Conte à renverser la table des négociations et à faire confiance au consensus populaire autour de sa personne que lui confèrent les sondages et auquel il croit. Il lui manque toujours un parti à son nom, certes, mais les prémisses de celui-ci semblent apparaitre déjà.  Une chose est certaine : [on ne peut pas avoir] un Président du Conseil pris en otage au Palais Chigi, pieds et poings liés, qui ne peut que s’affaiblir. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

01/02/2021

"Conte vacille toujours."

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Italie. Revue de presse.

Les consultations confiées au président de la chambre, Roberto Fico, par le Chef de l'Etat afin de trouver une nouvelle majorité font les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent dans l'ensemble la possibilité d'un accord entre les partis de majorité pour permettre à G. Conte de former un nouveau gouvernement, en s’entendant sur un programme politique réglant des questions de fond, avec la participation d'Italia Viva. En cas d'échec, un gouvernement institutionnel demeure une possibilité : « Le programme sera le premier test » - Une grande réunion de négociations entre les partis de la majorité est prévue pour aujourd'hui. Une lueur d’espoir en attendant la stratégie de Renzi (Corriere della Sera), « Bataille sur le contrat de gouvernement » - Fico réunit les partis de majorité. La question du MES, de la justice et des services secrets divisent encore (La Repubblica), « Conte III, la bataille sur les ministres » - Le PD et Confindustria défendent Gualtrieri, Italia Viva veut Panetta (La Stampa), « L'Italie enlisée inquiète l'UE » - Les chancelleries et les marchés préoccupés par le retard sur les réformes (Il Messaggero), « Les ruses de Renzi et l'action bienveillante du Chef de l'Etat » (Il Fatto Quotidiano).  

COULISSES, La Repubblica, de C. Vecchio « L’irritation du Quirinal sur les rumeurs : seul Fico a été contacté » : « La mise au point sèche avec laquelle le Quirinal a démenti les contacts entre S. Mattarella et M. Draghi, ‘’rumeur dénuée de tout fondement’’ fait comprendre qu’à ce stade il n’y ait aucun plan B au mandat d’exploration confié au Président de la Chambre R. Fico. On mesure l’irritation du Quirinal, qui a qualifié la rumeur d’‘’action pour entraver’’ les consultations menées par Fico. Toutefois, le nom de M. Draghi, et ce qu’il recouvre de non-dits, semble planer sur les palais du pouvoir. Au Quirinal, on ferait preuve d’un optimisme très prudent sur la façon dont les consultations évoluent et on compte que Fico puisse faire part dès mardi de la réussite de sa démarche, en aboutissant à la recomposition de la majorité, avec le baptême du gouvernement Conte III. Les vétos sont levés et on évoque la possibilité d’un contrat de gouvernement. Il suffira de comprendre si la dernière ligne droite conduira à proposer au Chef de l’Etat le nom de [Conte], soutenu à l’unanimité » 

ENTRETIEN, La Repubblica, de T. Ciriaco « Conte vacille toujours et Renzi fait monter les enchères » : « D’après M. Renzi, il n’y a plus que deux voies possibles : un exécutif dirigé par G. Conte ou un gouvernement institutionnel qui serait dirigé inévitablement par M. Draghi. C’est Renzi qui aura le dernier mot sur la première hypothèse et il le fera, assure-t-il, sur la base du résultat des négociations au sujet du programme de gouvernement. Et uniquement si le Président du Conseil sortant accepte de sacrifier plusieurs de ses hommes, dont Benassi, l’ambassadeur qui vient d’être nommé à la tête des services de renseignement. Renzi veut aussi la tête du ministre de la justice Bonafede (M5S), une gouvernance différente pour le Plan de Relance, des garanties sur les infrastructures, une loi électorale proportionnelle revue à la baisse et une nouvelle gestion du plan de vaccination qui ne soit plus entre les mains du commissaire Arcuri. En échange, il pourrait céder sur le MES. La voie est très étroite et Renzi pourrait tout faire tomber pour tenter de faire naitre le gouvernement Draghi. Conte le sait, il est inquiet, mais ne reste pas sans rien faire. Il maintient le contact avec les renziens Bellanova et Rosato. Si le PD mise sur le fait qu’Italia Viva finira par se diviser, Renzi fait le pari opposé : ses hommes resteront unis. Mais ce sont surtout les 5 Etoiles qui risquent de se diviser face aux conditions de Renzi. Ils devraient accepter d’amoindrir Bonafede, de voir évincée Azzolina et accepter l’image d’un président du Conseil sous tutelle. Est-ce trop ? C’est en fait la tentative de Renzi de persuader Conte de se mettre de lui-même à l’écart, tant la situation est inextricable ».

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Conte n’a plus qu’à espérer, mais ce sera la guerre pour l’équipe gouvernementale ; Le plan B institutionnel » : « Les négociations autour du prochain gouvernement se poursuivent et toute la question est de savoir si Conte sera reconduit ou non. Il semble que la probabilité première reste celle d’un Conte-III. Renzi, à l’origine de la crise, aurait envoyé des signaux d’ouverture. Le Parti démocrate a alors conseillé à Conte de se faire à l’idée de la formule à deux vice-présidents du Conseil, un démocrate et un 5 étoiles. Mais au Palais Chigi on craint aussi que les forces politiques n’imposent à Conte un sous-secrétaire qu’il n’ait pas choisi et une sorte de conseil d’urgence permanent, formé par les différents chefs de partis, qui prendrait de façon collégiale les décisions cruciales, à commencer par l’administration des milliards du Plan de Relance. S’il veut être reconduit, Conte devra en payer le prix, ce qui dépendra des risques que Renzi est prêt à courir. Pour Goffredo Bettini, il y a deux voies possibles : « un Conte-III ou les élections entre mai et juin ». Or les démocrates sont convaincus que Renzi ne prendra pas le risque de précipiter les élections et de perdre ainsi une partie de ses soutiens. Mais Renzi a dit vouloir « des changements radicaux » et il ne peut pas non plus avoir fait tout cela pour laisser Conte reprendre la même place. Il pourrait alors emprunter la voie d’un gouvernement institutionnel soutenu par une « majorité Ursula » élargie à Forza Italia. En coulisses, Renzi invoquerait inlassablement le nom de Mario Draghi. Le Quirinal a démenti les rumeurs d’un accord avec l’ancien président de la BCE. L’hostilité du M5S à un gouvernement technique se calme peu à peu et le Parti démocrate lui-même pourrait difficilement se soustraire à un appel au sauvetage national de la part du Quirinal. En somme, essayons d’abord de maintenir Conte, mais s’il fallait faire sans, on verra bien. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)