04/02/2021
"Un Mouvement 5 Etoiles déboussolé par la perte du Palais Chigi."
Italie. Revue de presse.
Les consultations que M. Draghi entame à compter d'aujourd'hui pour tenter de former un gouvernement font les gros titres des médias italiens. Les observateurs relèvent les divisions au sein des deux coalitions et soulignent dans l’ensemble une « occasion qu’il ne faut pas gâcher » (Sole, Messaggero, Giornale). « Le jeu de l’échiquier de Draghi : il faut l’unité » - Appel aux partis, les consultations commencent aujourd’hui. Soutien du PD, le M5S dans le chaos, le centre droit divisé (Corriere della Sera), « Draghi, les obstacles venant des 5 Etoiles » - Le Président du Conseil demande des réponses à la hauteur de l’urgence. Hypothèse d'un ticket Conte-Gentiloni, ce dernier irait au ministère de l’Economie (La Repubblica), « Draghi est là mais la majorité demeure un rébus » (La Stampa), « Le défi de Draghi » - Les marchés saluent son arrivée (Sole 24 Ore), « Gouvernement Draghi, ouverture de la part de la Ligue » (Il Messaggero), « Conte et les 5 Etoiles : les premiers non à Draghi » - Conte ne sera pas ministre (Fatto Quotidiano), « Centre droit, courage ! » - soutien à Draghi, appel à ne pas gâcher l’occasion d’offrir un gouvernement sérieux à l’Italie (Il Giornale).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Breda « Les pressions du Quirinal pour que les partis ne se sentent pas placés sous tutelle » : « ‘’Pour le programme et les ministres, c’est à toi de voir. Prends ton temps. Mais accepte un conseil : trouve le moyen de faire comprendre que ton gouvernement ne peut pas faire abstraction de la politique. Fais comprendre que tu ne vas pas mettre sous tutelle le Parlement’’. Voilà ce que Mattarella a dit à Draghi lorsque ce dernier a quitté le bureau du Chef de l’Etat pour se présenter au Salon des Fêtes pour son premier discours. C’est une indication utile pour marquer une différence avec les autres gouvernements techniques qui ont souvent été perçus comme trop coupés de la sphère parlementaire car imposé d’en haut. C’est au président du conseil désigné de proposer une méthode claire, d’apporter des solutions aux interrogations des partis. Cela vaut aussi bien pour les ministres – dont on ignore s’ils seront des techniciens ou des politiques ou un mélange des deux – que pour le programme centré sur le Plan de Relance. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un Mouvement 5 Etoiles déboussolé par la perte du Palais Chigi » : « L’affirmation ‘’nous sommes déterminants’’ répétée comme un mantra par Beppe Grillo dit toute la frustration et le désir du M5S de revenir au premier plan. Les 5 Etoiles représentent la majorité relative au Parlement et le point d’équilibre de celle-ci. Or, le M5S se crispe sur lui-même pour cacher ses divisions. La ligne dure adoptée par le dirigeant par intérim V. Crimi, reprise par certains anciens ministres et par Grillo, ressemble plutôt à une réaction impulsive et à une tactique, une position de départ qui pourra évoluer si un gouvernement avec des ministres politiques devait voir le jour. Di Maio laisse faire car le Mouvement craint de perdre ses parlementaires en cas d’élections anticipées si Draghi devait échouer. Il faudra toutefois quelques jours pour que le M5S retrouve le sens des réalités et que le Président du Conseil sortant et ses collaborateurs puissent faire le deuil du Palais Chigi. »
ARTICLE, La Repubblica, « Zingaretti sous pression. ‘L’alliance jaune-rouge ne peut pas s’effondrer ‘ ». « Le PD convoque les 5 étoiles et LeU et demande le soutien du président du conseil désigné. ‘Pour réagir au coup de poignard de Renzi, nous devons relancer l’alliance avec les 5 étoiles et LeU, et sur cette base, construire ensemble une majorité pro-européenne qui soutienne Draghi.’ C’est ce que Zingaretti prône devant le comité restreint du PD, avec Franceschini, Orlando et les chefs de groupes parlementaires Delrio et Marcucci. Il appelle aussi Crimi puis Speranza et propose une réunion pour essayer de trouver un accord avant les consultations avec Draghi. « Il ne faut pas liquider notre bilan aussi vite. » Car ce qui se joue aussi, ce sont les futurs accords pour les municipales dans les grandes villes : si PD et M5S ne se présentent pas unis à Turin, Naples, ou Rome, cela veut dire risquer la défaite. Et pour Zingaretti, l’enjeu est encore plus grand : il pourrait perdre et son mandat et son parti. Il cherche aussi à convaincre Conte afin que les 5 étoiles appuient le gouvernement Draghi, et se dit confiant que Conte sera disposé à l’aider. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni « Conte, sa rencontre avec Draghi et la tentation du grand refus » : « L’ancien président du Conseil G. Conte est déçu et aigri. Les dirigeants du PD font pression pour qu’il prenne la tête du Mouvement 5 Etoiles et puisse apporter son soutien à Draghi. Toutefois, en accord avec les sentiments qui prévalent au sein du M5S, il pourrait être tenté de dire non. La décision n’a pas encore été prise. Il veut comprendre si le refus de Grillo est une position définitive et il veut aussi comprendre combien pèse, en termes de nombre de parlementaires, l’anathème lancé par Di Battista contre Draghi. En arrière-plan, c’est l’hypothèse d’un parti personnel qui ressurgit ».
ENTRETIEN, La Repubblica, Matteo Renzi : « Draghi jusqu’en 2023 et le plan de relance doit être réécrit entièrement. Je me réjouis [de cette désignation] mais j’ai fait l’objet de manifestations de haine » : « Il est possible que je sois l’homme le plus impopulaire du pays, mais il me semble improbable que Conte en soit le plus populaire ; ce qui est certain, c’est que Draghi en est le plus compétent. Je revendique avoir joué un rôle dans la naissance du gouvernement Conte II avec des 5 étoiles devenus plus pro-européens et moins populistes, car pour retirer les pleins pouvoirs à Salvini, j’étais prêt à tout. Quand on me demande pourquoi il y a eu cette crise, je réponds : quitte à dépenser 200 milliards d’euros, je préfère que ce soit Draghi qui le fasse plutôt que Conte. Nous sommes les seuls (à IV) à avoir démissionné au nom d’un idéal politique. Quand le PD dit que je suis davantage occupé à le détruire qu’à trouver un consensus, je dis que je ne comprends rien à la ligne politique adoptée par ce parti pendant la crise, alors qu’ils auraient pu jouer un rôle capital de médiation. On disait que Zingaretti et Bettini avaient une stratégie extrêmement fine à l’esprit. Elle était tellement raffinée que personne ne l’a comprise. Et je dis que le courant byzantin du PD ne m’intéresse pas, moi je m’occupe du fond. Sur le refus des 5 étoiles d’adouber Draghi, je dis qu’il faut donner du temps au temps et laisser le président du conseil désigné mener ses consultations, il trouvera une majorité. Je n’ai pas mon mot à dire sur les choix qu’il doit faire s’agissant de former un gouvernement uniquement composé de techniciens ou associant aussi des politiques. Sur Conte, après avoir passé un mois à nous demander si on devait avoir Conte comme chef d’un nouveau gouvernement, j’espère qu’on ne va pas passer à nouveau un mois pour savoir de quel ministère il va hériter. Moi je ne serai pas ministre, je suis trop controversé. Je pense que cette mandature durera jusqu’en 2023. Une bonne équipe peut réécrire le plan de relance italien en trois jours. Malgré toute la haine dont j’ai fait l’objet dans cette crise, quand on voit le résultat et l’arrivée de Draghi, cela valait sûrement la peine de passer par là ».
PROPOS, La Stampa, de Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue « Je préserverai l’unité du parti. Si les élections ont lieu dans deux ans, nous ne soutiendrons par ce gouvernement » : « ‘’Il n’y a pas de véto sur Draghi. Mais comment se prononcer dès maintenant ? Il faut voir les idées qu’il a et l’équipe qu’il proposera pour les réaliser et dans quels délais. Il est clair qu’au sein du centre droit il y a des idées divergentes mais je travaille depuis des semaines pour préserver son unité. Si Conte est tombé, c’est aussi grâce à notre cohésion. J’ai dit à mes alliés : ‘’voyons ce que Draghi nous propose, discutons-en et adoptons une position commune’’. C’est mon objectif. Nous sommes prêts à négocier sur des thématiques concrètes. Je veux savoir ce qu’il prévoit au sujet des impôts, la réouverture des chantiers, la réforme de la justice, la réforme des retraites Quota 100 et l’utilisation du Plan de Relance ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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