11/09/2024
"La nomination de Fitto divise l'UE."
Italie. Revue de presse.
Le report de la présentation des candidats-commissaires devant le parlement européen, avec notamment les oppositions exprimées sur le candidat italien Fitto (Frères d’Italie), fait la une « Ursula trébuche sur Meloni » (Repubblica), « La nomination de Fitto divise l'UE » (la Stampa), « Commissaires UE, vetos et renvois » (il Messaggero). Parmi les autres Unes, les suites de l'affaire Sangiuliano (Indépendant, autrefois MSI) « Boccia espionnait les députés et la Chambre l'avait bannie » (il Giornale), « Boccia s'échappe de la télévision pour ne pas répondre aux questions » (Libero).
Maria Rosaria Boccia et Gennaro Sangiuliano
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Un ultimatum qui complique les équilibres de l’Europe » : « Le « non » des socialistes, des verts et des libéraux était hélas prévisible. Cela complique non seulement le choix du ministre Fitto à une vice-présidence, comme cela semble être l’orientation de von der Leyen qui a repoussé d’une semaine la présentation de son équipe. Cela rend plus difficile une ‘’décision sans préjugés’’ annoncée par le Parti démocrate et qui semble ne pas exclure un « oui » à Fitto. Il y a aussi la confirmation que le vote contraire à la Commission de la part de Meloni et des Conservateurs ait été sous-estimée pour ses effets négatifs. Le sentiment est que le "l’affaire Fitto" pourrait être utilisé comme prétexte par une partie du PPE, et en particulier par les socialistes, les libéraux et les verts, pour fermer la porte au dialogue avec la droite et revendiquer une plus grande part de pouvoir dans la répartition des portefeuilles. Prévenir qu'"il serait très difficile, voire impossible, de soutenir les commissaires", comme le font les socialistes, ressemble à un ultimatum. Ne pas avoir voté les sommets de la Commission " par souci de cohérence ", comme l'a dit Frères d’Italie, offre aux opposants le prétexte à une rétorsion qui créerait des problèmes non seulement pour l'Italie, mais aussi pour une Europe incapable de médiation. Cela malgré la ligne prudente du gouvernement sur les comptes publics. »
ARTICLE, Corriere della Sera, M. Guerzoni « UE, le bras-de-fer sur le rôle que jouera Fitto » : « Il y a le sentiment qu'une "victoire importante pour l'Italie" est à portée de main. En même temps, il y a la crainte que la révolte des verts, des libéraux et des socialistes européens contre la droite gagnant de l'espace dans la Commission d'Ursula von der Leyen, fasse sauter les négociations. Au Palais Chigi, ce sont des heures de contacts au plus haut niveau avec Bruxelles, de négociations menées "avec confiance et optimisme" mais aussi de mécontentement et d'inquiétude, que Giorgia Meloni a partagé avec les députés européens et les représentants du gouvernement italien : "Le rôle de notre nation sera reconnu, mais nous devons être vigilants car c'est un passage délicat et tout peut arriver". La dure attaque des socialistes contre R. Fitto a inquiété et irrité la présidente du Conseil. D’une part elle a envoyé un message aux dirigeants du PSE ‘’vos commissaires aussi auront besoin des deux tiers des voix’’, de l’autre elle a demandé aux ténors de son parti de ne pas réagir de manière agressive ‘’ nous devons respecter les difficultés du Pse’’. Le Palais Chigi estime que derrière les déclarations grandiloquentes du Pse ("Si Fitto entre, nous sortons") se cachent des négociations serrées pour des portefeuilles et des délégations plus lourds. Les socialistes veulent aussi éviter que les commissaires soient "soumis" à un vice-président exécutif exprimé par la droite. Raffaele Fitto, précisément. Sa nomination dans l'équipe restreinte de députés de Mme von der Leyen constituerait une victoire personnelle indiscutable pour Giorgia Meloni. Le Palais Chigi compte sur le soutien du chef du PPE Weber, qui continue à formuler des paroles de soutien à l’Italie et au gouvernement. »
Giorgia Meloni et Raffaele Fitto
COULISSES, La Stampa, A. Barbera « Meloni, prise de court, cherche le soutien de Draghi » : « Mme Meloni ne s’attendait pas à cette levée de boucliers de la part des socialistes, des verts et des libéraux contre l’hypothèse d’une vice-présidence exécutive à Fitto. Le Palais Chigi laisse filtrer que la présidente du Conseil serait ‘’irritée’’ mais qu’elle est persuadée que cela fasse partie d’une ‘’normale dialectique politique’’. Dans ce jeu, les raisons politiques coïncident avec l’intérêt national. Cela explique le paradoxe du fait que les plus intéressés à éviter l’affrontement direct sont respectivement l’allié turbulent (Tajani) et une alliée de von der Leyen (Schlein). Le premier est en train de construire une ceinture de sécurité autour de Fitto, l’autre fait comprendre ‘’qu’il n’y a pas de préjugés mais que l’important est la cohérence’’, ce qui veut dire : oui pour un soutien de Fitto mais pas au point de remettre en discussion la loyauté envers le PSE. »
EDITORIAL, Il Foglio « Le devoir moral du PD de voter pour Fitto » - la stratégie des socialistes européens désert l’Italie : « Si Fitto, c'est-à-dire en l'occurrence l'Italie, se voyait refuser une responsabilité à laquelle il a droit (et qui est reconnue comme telle par le Président de la Commission), l'irritation non seulement de la majorité se déverserait contre le PD. Si en revanche un éventuel vote négatif des socialistes n’était pas suffisant pour en empêcher la nomination, ces derniers apparaitraient comme non déterminants. Contrairement aux autres partis de la famille socialiste, le PD est en mesure d’exercer une fonction publique, pouvant tenter de construire une alternative compétitive. Il n’y a aucune nécessité à commettre des gestes désespérés remettant en cause la loyauté nationale. C’est l’heure d’un test de maturité pour un grand parti national. »
ARTICLE, Corriere della Sera, par M. Gergolet, « Varsovie contre Berlin sur les frontières : A Bruxelles, les craintes d’un effet domino » : La décision du gouvernement Scholz de fermer les frontières allemandes a irrité ses voisins, refroidi la Commission européenne et n’a pas raccommodé l’unité nationale allemande. Le président du Conseil polonais Donald Tusk a défini comme « inacceptable » l’extension des contrôles allemands. La Pologne est pour le moment frustrée par la décision de l’Allemagne, la laissant seule face aux flux migratoires en provenance de Biélorussie, organisés par Poutine, et dans le renforcement de la défense à l’est. Réaction froide également de la Commission européenne, qui a demandé à Berlin de respecter le traité de Schengen. Bruxelles craint aussi un effet domino. Si l’extrême-droite remportait les élections de la fin du mois en Autriche, le pays pourrait suivre l’exemple allemand. Cette possibilité n’est pas sans importance pour l’Italie, qui pourrait bien voir « sceller » certaines de ses frontières. Berlin souhaite également accélérer les rapatriements.».
EDITORIAL, Corriere della Sera, par G. Buccini, « Les migrants et les voies possibles » : « Les migrations embrasent de nouveau la politique européenne, et, à une échelle plus réduite, celle de notre pays. » « Le nouveau Premier Ministre français Barnier s’appuie à droite en dialoguant avec Marine Le Pen. Et, surtout, l’affaibli chancelier allemand Scholz blinde son pays pour 6 mois avec des contrôles stricts à se frontières, et rouvre le dossier sur l’expulsion des migrants « dublinois », qui implique directement les états d’arrivée comme l’Italie. » « Il est évident que notre Europe souffre encore aujourd’hui de vieilles erreurs liées à deux traités fondamentaux. Avec celui de Schengen a été créé un immense espace de libre circulation sans fournir à la défense commune de frontière extérieure et le règlement de Dublin a miné la solidarité dans la gestion des flux d’arrivées. Evidemment qu’un pays comme le nôtre, exposé directement sur la Méditerranée, en supportera le cout le plus élevé. »
PREMIER PLAN, Il Foglio, de C. Cerasa, « Moins d’impôts (et davantage d’incitations fiscales) pour les familles avec enfants ; une information exclusive du Foglio » : « Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti a une idée décidément ambitieuse et potentiellement novatrice pour faire face au ‘’drame de la natalité et de la démographie’’. Un point important sur lequel alerte également Mario Draghi dans son rapport sur la compétitivité de l’UE, rapport que le ministre italien de l’Economie aurait beaucoup apprécié. Si elle ne se saisit pas des questions de démographie et de natalité, l’Europe n’a pas d’avenir. Et l’Italie non plus puisqu’au cours des 15 prochaines années la population en âge de travailler se réduira de 5,5 millions de personnes et ce malgré un solde migratoire net de 170 000 personnes par an. Giancarlo Giorgetti voudrait modifier la réglementation des réductions d’impôts afin que les familles avec plus d’enfants à charge payent moins d’impôts, indépendamment de leurs revenus, quitte à supprimer ou réduire certaines détractions pour d’autres catégories de contribuables. Il s’agit en substance d’un ‘’quotient familial pour les réductions d’impôts’’ et le coût de la mesure a déjà été estimé à environ 5 ou 6 milliards d’euros. La Présidente du Conseil a déjà indiqué à plusieurs reprises vouloir ‘’rationnaliser’’ le système des bonus et des réductions d’impôts. En 2023, le bureau parlementaire en charge du budget avait recensé 625 lignes de dépenses fiscales pour un total de 105 milliards d’euros. La révision pourrait être l’occasion d’introduire cette révolution en faveur des ménages avec enfants. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:29 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.