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20/08/2024

"Meloni et la guerre aux juges."

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Italie. Revue de presse.

La politique intérieure continue de faire les Unes sur la rumeur de potentielles poursuites visant la sœur de la présidente du Conseil, Arianna Meloni : « Meloni et la guerre aux juges » (Repubblica), « Bataille entre le gouvernement et les magistrats » (Corriere della Sera), « Arianna Meloni : je n’attaque pas les procureurs » (Stampa), « Voici tous les indices du complot » (il Giornale).

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Arianna et Giorgia Meloni

ARTICLE, Corriere della Sera, C. Zapperi « Le meeting entre réformes et PNRR : 13 ministres sur scène à Rimini » : « Entre guerres, PNRR, justice, économie et religion, de nombreux invités seront présents lors du Meeting pour l’amitié entre les peuples, autour du thème « Si nous ne sommes pas à la recherche de l’essentiel, alors que cherchons-nous ? » (une citation de Cormac McCarthy). Le patriarche de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa ouvrira aujourd’hui la réflexion sur le thème de la paix au Proche-Orient, et parmi les invités on retrouvera entre autres Fabio Panetta, gouverneur de la banque d’Italie, le président de la Cour constitutionnelle Augusto Barbera et le commissaire européen sortant Paolo Gentiloni. Le gouvernement Meloni sera lui présent en nombre : si la présidente du Conseil, bien qu’invitée comme chaque année, ne sera pas présente du fait de ses engagements familiaux, les deux vice-présidents du Conseil Antonio Tajani et Matteo Salvini seront sur place, accompagnés de 11 ministres. Aucun leader des partis de gauche n’est attendu, du fait de positions divergentes avec Comunione e Liberazione [association qui organise le meeting, ndlr]. La secrétaire du Pd Elly Schlein s’oppose aux catholiques sur la question des droits civiques, et Guiseppe Conte du M5s n’avait reçu qu’un accueil froid lors de ces deux précédentes venues. Leur sont préférées des figures davantage « œcuméniques », telles que Stefano Bonaccini, président d’Emilie-Romagne récemment élu député européen, et son collègue Antonio Decaro, également élu au parlement européen après avoir dirigé la ville de Bari, ou le gouverneur des Pouilles Michele Emiliano. Enrico Letta, chargé par Bruxelles de préparer un rapport sur le marché unique, a pour sa part une place de choix à Rimini depuis longtemps. Un débat avec Raffaele Fitto, ministre pour le PNRR et potentiel nouveau commissaire européen, est attendu en clôture du cycle de conférences. Le pape François a commenté hier l’objectif du meeting, déclarant « qu’alors que nous traversons des périodes complexes, la recherche de ce qui constitue le centre du mystère de la vie et de la réalité est d’une importance cruciale ». Le meeting aura lieu sur 5 jours avec 140 rencontres et conférences, animées par 450 invités, avec au programme également 16 expositions et 18 spectacles. Plus de 3000 bénévoles seront mobilisés pour assurer le fonctionnement du festival. »

ARTICLE, Il Sole 24 Ore, E. Patta « UE : Salvini est d’accord sur le nom de Fitto. Négociations sur la loi de finances et les nominations à le Rai » : « "Raffaele Fitto a tous les atouts pour être un excellent commissaire européen proposé par ce gouvernement". Ce sont les mots du vice-président du conseil et leader de la Ligue Matteo Salvini, qui veut ainsi mettre fin aux rumeurs selon lesquelles il aurait été opposé à la proposition de l’actuel ministre des Affaires européennes du parti de Fratelli d’Italia comme représentant italien dans le prochain ‘gouvernement’ de l'UE. Ce n'est pas un hasard si, au lendemain de la réunion avec Giorgia Meloni dans le mas des Pouilles où la Présidente passe ses vacances, Salvini tient à souligner le climat d’entente au sein du gouvernement. "Avec Meloni, nous avons passé un après-midi de détente, dans la sérénité et en famille, parce qu'au-delà de la politique, il y a l'amitié, les relations humaines, l'estime et la confiance. Nous travaillons bien ensemble, les journaux le savent et ils inventent des controverses et des querelles qui n'existent pas, ni à propos de la RAI ni sur le nom du commissaire européen ". Sur les thèmes européens, Meloni a aussi été gratifiée d’un commentaire positif de la part du Haut représentant pour la politique étrangère, Josep Borrell : " Parmi les partis d’extrême droite, on voit la différence entre ceux qui siègent au Conseil européen et ceux qui n'y siègent pas : Meloni y siège, Le Pen n’y siège pas. De plus, en tant que Première Ministre, Meloni a eu une attitude constructive dans les débats au sein des institutions européennes, avec un soutien clair à l'Ukraine". Parmi les sujets de la rentrée pour la majorité, on retrouve la question difficile de la loi de finances et celle des nominations à la RAI, sur lesquelles la Ligue a déjà fait de l’obstruction au cours des dernières semaines. ‘’ La priorité de la Ligue, et je pense de tout le gouvernement, est de maintenir les augmentations de salaire et de baisser les impôts", a annoncé Salvini. "Nous travaillons également à l'augmentation de la 'flat tax', à la réduction des impôts pour les travailleurs indépendants, les artisans, les commerçants, et pour surmonter les contraintes de la loi Fornero [sur les retraites, ndlr] ". Mais il faudra le faire dans le cadre des nouvelles contraintes budgétaires de l’UE. Les dernières estimations qui circulent dans les milieux gouvernementaux parlent d'une loi de finances qui coûtera 22 à 23 milliards d'euros, mais rien que pour confirmer les mesures fiscales et de soutien aux travailleurs et aux familles qui expirent le 31 décembre, 16,7 milliards sont nécessaires. En ce qui concerne le RAI, il reste encore 10 jours pour clore le débat qui a jusqu'à présent divisé les partis de gouvernement : dans la majorité, il est considéré comme acquis que l'accord sera officialisé après la réunion du 30 août entre Meloni, Salvini et Tajani. Selon toute vraisemblance, la nomination de Simona Agnes (soutenue par Forza Italia) à la présidence de la télévision publique et de Giampaolo Rossi (soutenu par FdI) au poste de directeur général devrait être confirmée. Le schéma initial ne prévoyait pas forcément de conserver la fonction de directeur général (non-obligatoire pour la gouvernance) mais désormais, selon des sources proches du dossier, une ouverture se dessine pour ce siège, qui est l'objectif principal de la Ligue. L'accord est également nécessaire pour permettre à la Chambre et au Sénat de procéder, lors de la reprise des travaux parlementaires, au vote sur les quatre conseillers du conseil d'administration de la RAI nommés par le Parlement. »

COMMENTAIRE, Il Foglio, G. Ferrara, « Au pays des complots, il y a toujours des doutes » : « Le Président de la région Ligurie ne se doutait pas une minute qu’il pourrait être arrêté après les révélations sur ses discussions privées sur des bateaux, ni qu’il devrait démissionner pour retrouver sa liberté. Tout comme le maire de gauche de Bari Antonio Decaro, qui a été assailli par les rumeurs et vagues d’accusations qui auraient pu conduire à la dissolution de son Conseil municipal, tandis que son successeur désigné a fini par remporter les élections. Dans l’intervalle, la gauche a manifesté de manière obscène contre Toti et la droite a comploté dans les rues et au palais contre Decaro. Dans ce contexte récent, palpitant, fait de clans et de poisons, avec des initiatives judiciaires et administratives douteuses entremêlées de ragots et autres théories, voici que la sœur Meloni est entraînée à son insu, sans que l’on sache bien pourquoi, dans une avalanche de rumeurs pour un crime présumé de "trafic d'influence". Ainsi, Meloni, en tant que Première ministre, choisie par les électeurs, a des doutes, s'indigne des intentions malveillantes à l'égard de sa "famille politique", une expression qu’utilisent les Français pour désigner les courants parlementaires, et que les Italiens emploient pour parler des parents, même proches, avec qui ils gouvernent des partis et des coalitions. Scandale. On parle de la victimisation de Meloni, de sa « complomanie » inconsciente, soit. Mais c’est un peu surréaliste, dans un pays comme le nôtre, que les politiques, toujours prêts à s’exprimer devant les médias et les juges, n’aient d’autres arguments que la prétendue victimisation de la classe dirigeante. Surtout quand elle remporte des scrutins et essaie de faire le dur travail qui est le sien, malgré quelques erreurs grotesques et avec quelques résultats concrets, dans un cadre de stabilité politique (horreur !) relative. Dans cette affaire de complomanie, il va falloir prendre son mal en patience. Nous sommes un pays où le crétinisme collectif, qui n'est d’ailleurs qu'un ensemble de crétins individuels habilités, évoque des conspirations du matin au soir, et il existe des campagnes anti-vaccination qui vivent et prospèrent depuis quatre ou cinq ans sur la base d'une méfiance et de préjugés ridiculement infondés. Comme le disait un petit malin sur Twitter, ‘vous ne comprenez pas, il y a d'abord un complot pour nous faire mourir du Covid en le produisant dans un laboratoire, et ensuite un complot pour nous vendre des vaccins d'un autre laboratoire qui a écrasé la vague de la pandémie’. Comme les conspirations sont étranges. Mais elles deviennent peut-être inquiétantes quand elles concernent les rapports entre la politique et la justice : au pays du phénomène Berlusconi et du phénomène Di Pietro et compagnie, sans parler des affaires Toti et Decaro, elles peuvent paraitre crédibles. »

COMMENTAIRE, Repubblica, F. Ceccarelli « Affaire Arianna Meloni, une conspiration à l’italienne » : « Il n’y a rien à craindre, ce que Giorgia et Arianna Meloni ont pu planifier et peut-être même corroboré, reste pour l'instant un complot prudent, approximatif, un typique complot à l'italienne. Il est la conséquence, d'une part, de ce ressentiment que les ‘sœurs d'Italie’ ont hérité de l'environnement politique dans lequel elles ont grandi et qu'elles ont récemment transformé en attitude victimaire ; il agit d’autre part comme une utile distraction médiatique détournant l’attention des affaires d'un gouvernement qui va assez mal. Mais l’imprécision de l’accusation- "on veut enquêter sur Arianna, on veut faire tomber le gouvernement" - reflète généralement l'incertitude fragile d'un pouvoir qui s’agite constamment sur la base d’un prétendu complot, quitte à tomber dans la peur et la dérive conspirationniste aux limites de la paranoïa. Dans ce cas précis, par exemple, il est curieux que la Présidente du Conseil ait fait référence à Silvio Berlusconi, qui, à son tour, s'était dit la cible de diverses conspirations (institutionnelles, judiciaires, courtisanes, internationales) mais qu’elle a elle-même accusé, il y a deux ans, de comploter dans l'ombre contre son gouvernement naissant. Tout aussi surprenante est l'identification, comme inspirateur de la prétendue conspiration, de ce même Renzi qui depuis un certain temps et avec insistance, évoque les conspirations des magistrats à son encontre. Il est vrai que la conspiration naît avec l'histoire même de l'Italie, qui peut être lue comme une succession ininterrompue de fantasmes qui marquent et déterminent les événements dans un flot de forces obscures et de coups d'État redoutés, de grands vieillards, de monuments intellectuels, d’esprits raffinés,de pouvoirs forts et occultes, de petites et grandes mains, d’actions de délégitimation par le biais des médias, et ainsi de suite, et un peu dans tous les sens. En Italie, on exagère toujours, et Meloni y met du sien, même s'il faut reconnaître que Berlusconi avait plus de persévérance et d'inventivité. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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