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19/07/2024

"Ursula von der Leyen réélue sans les voix de Fratelli d’Italia."

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Italie. Revue de presse.

En Unes des médias, la réélection d’Ursula von der Leyen à la Présidence de la Commission européenne et le vote contraire des eurodéputés de Fratelli d’Italia, parti de Giorgia Meloni, « Ursula von der Leyen réélue sans les voix de Fratelli d’Italia » (Corriere della Sera), « U. von der Leyen l’emporte en Europe, Giorgia Meloni vote contre elle et s’isole » (La Repubblica), « U. von der Leyen reconduite, Giorgia Meloni observe » (La Stampa), « U. von der Leyen réélue sans [les voix de] G. Meloni » (Il Messaggero), « Ursula von der Leyen est ‘verte’, Meloni se défile » (Il Giornale), « Ursula von der Leyen se vend aux Verts, Meloni vote contre elle » (La Verità) et la campagne présidentielle aux Etats-Unis marquée par un possible retrait de Joe Biden « L’influence d’Obama et Biden envisage de se retirer [de la course] » (Corriere della Sera), « Joe Biden à deux doigts de dire au revoir » (La Repubblica), « Obama arrête Biden » (La Stampa). L’affaire de corruption impliquant le président de la région Ligurie G. Toti est également cité. 

Les JT couvrent essentiellement la campagne présidentielle aux Etats-Unis, avec la désignation de Donald Trump comme candidat lors de la convention républicaine de Milwaukee et un possible retrait de Joe Biden, la situation au Proche-Orient où les rebelles Houthis ont lancé une attaque sur Tel Aviv, mais aussi la réélection d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne et les réactions de la classe politique italienne au vote ‘’contre’’ de Fratelli d’Italia. 

ARTICLE, Sole 24 Ore, B. Fiammeri : « G. Meloni : ‘’Nous sommes cohérents, mais nous travaillerons avec Bruxelles. Il n’y aura pas répercussions sur l’Italie’’ » : « Giorgia Meloni ne parle qu’une fois le vote passé depuis plusieurs heures. Elle essaie d’expliquer pourquoi son parti a voté contre un deuxième mandat d’Ursula von der Leyen. Selon elle, le scrutin était acquis pour l’allemande avant même que FdI ne prenne position, mais la présidente du conseil assure que les relations avec la présidente de la Commission restent ‘’fondées sur le respect mutuel’’. Giorgia Meloni avait annoncé elle-même à von der Leyen que ses députés s’opposeraient à un deuxième mandat : ‘’nous sommes restés cohérents avec la position que nous avions exprimé lors du Conseil européen’’. Mais pour elle ‘’il n’y a pas de raison que cela compromette le rôle de l’Italie au sein de la Commission, nous sommes un pays fondateur, la troisième économie, un des gouvernements les plus stables : voici ce qui fait le poids de l’Italie ; ce vote n’empêchera pas l’Italie de travailler avec la Commission, comme nous l’avons fait par le passé, sur des sujets comme l’immigration’’, un point sur lequel Ursula von der Leyen avait pourtant insisté, pour donner des gages à FdI sur l’Afrique, la défense des frontières, ou la création d’une Commission de la Méditerranée. Mais ça n’a pas suffi, et la partie sur le Green Deal est apparue comme un cadeau insoutenable à la gauche et aux verts. De plus, le vote favorable des Verts était déjà connu, et c’est ce qui a fait basculer FdI : leur soutien ne changerait rien, ou en tout cas il n’aurait pas été déterminant. Mais la peur d’être attaquée par Salvini a sans doute aussi joué, lui qui a troqué ses critiques contre un message félicitant l’opposition de FdI à von der Leyen : ‘’on ne peut pas nous faire chanter’’. Des mots qui marquent toutefois une distance avec Antonio Tajani, qui avait pourtant travaillé en coulisse au rapprochement entre Meloni et von der Leyen. Et justement, quand les journalistes lui ont demandé ce qu’elle pensait de ce vote d’opposition, cette dernière  a déclaré : ‘’Nous avons travaillé à une majorité démocratique. Le résultat démontre que notre approche était la bonne’’. » 

ENTRETIEN, La Stampa, d’Antonio Tajani (Forza Italia), vice-président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, « Notre vote a évité le chaos. J'aurais préféré que Fratelli d’Italia et la Ligue votent pour », par F. Capurso : « Si von der Leyen n'avait pas été réélue, cela aurait été le chaos, les marchés auraient mal réagi et les citoyens en auraient payé le prix. Les ‘petites’ affaires nationales ne peuvent pas l’emporter sur l'avenir des institutions européennes qui représentent un demi-milliard de personnes. J'avais espéré que Meloni vote pour sa réélection ; mais Forza Italia est une garantie suffisante d'européisme et d'atlantisme. Grâce à notre vote, l'Italie a renforcé les institutions de l'UE à un moment de grande instabilité internationale. Roberta Metsola au Parlement européen et von der Leyen à la Commission sont deux leaderships liées aux Populaires et c’est pour moi une victoire de Forza Italia. Je n’ai pas parlé à Meloni après le vote ; le vote de Fratelli d'Italia et des conservateurs a toujours été incertain ; le discours de von der Leyen ne les a manifestement pas convaincus, mais ils sont restés conciliants, tout en votant contre. Quand ils déclarent qu'ils veulent continuer à avoir des relations institutionnelles avec la Commission, cela signifie qu'ils n'ont pas complètement fermé la porte. Je ne pense pas que, suite à ce choix, il puisse y avoir des répercussions pour l’Italie ; nous aspirons toujours à un portefeuille économique fort et à la vice-présidence de la Commission. Raffaele Fitto est le candidat le plus convaincant. Il a le bon profil : une solide expérience européenne, un passé compatible avec les institutions de l'UE et il est apprécié de tous. Il n'a rien à voir avec les 'Patriotes' d'extrême droite. Il faut savoir comment fonctionnent les institutions européennes avant de faire certains choix (Ndr, sur la position de la Ligue sur le vote UE). Et je ne vois pas d'extrémisme vert dans le programme de von der Leyen. De plus, il y aura une majorité de commissaires issus du PPE au sein de la commission, donc je ne vois pas de danger. Au contraire, nos propositions sur l'agriculture, l'immigration, la réduction de la bureaucratie et l'énergie sont au programme. Le groupe des Patriotes n'est pas une force pro-européenne, ils sont en rupture totale avec la majorité des parlementaires et se condamnent donc à l'insignifiance. Les divisions en Europe n’auront pas de retombées sur le gouvernement, les choix de chaque parti en Europe n'affaibliront pas le gouvernement national. Forza Italia, Fratelli d'Italia et la Ligue continueront à travailler ensemble, jusqu'à la fin de la législature. A’ Forza Italia, nous accueillerions Pier Silvio Berlusconi à bras ouverts, mais cela dépend de lui ; nous serions évidemment ravis d'apprendre qu'il veut prendre part à la bataille politique. » 

ENTRETIEN, Il Sole 24 Ore, de Carlo Fidanza, chef de la délégation de Fratelli d’Italia au Parlement européen, « Le Pacte vert renforcé nuit aux entreprises », par B. Fiammeri : « ‘’ Le programme présenté par Ursula von der Leyen s’adressait trop à la gauche, il n’était pas possible de voter pour. Nous sommes prêts à soutenir l'approche que von der Leyen elle-même poursuit depuis plusieurs mois sur le dossier migratoire et la relation avec l'Afrique. Cela dit, ce n'est pas avec l'annonce d'un Commissaire dédié à la Méditerranée, sur le portefeuille duquel il n'y a d'ailleurs aucune indication, que Fratelli d’Italia peut changer d’avis. Von der Leyen avait promis une approche pragmatique et non-idéologique, et au lieu de cela, non seulement elle a confirmé le Pacte Vert, mais elle l'a même renforcé en envisageant une réduction de 90 % des émissions d'ici 2040. C’est une folie qui risque d’amener des milliers d'entreprises à la faillite. Cette majorité est vouée à ne pas durer. Aujourd'hui, par rapport à il y a cinq ans, la droite peut compter sur un plus grand nombre de parlementaires et de premiers ministres, mais aussi de commissaires, parce que les électeurs en ont décidé ainsi. Pour chaque mesure, la Commission devra donc rechercher une majorité au sein de l'Assemblée. Le Parti populaire européen devra alors décider s'il se soumet à l'agenda de la gauche et trahit ses engagements électoraux ou s'il vote avec nous. Nous n'avons pas annoncé notre vote pour ne pas conditionner le vote des autres délégations. Nous aurons un commissaire de poids parce que nous sommes l'Italie, c'est le gouvernement qui donne l'indication. Si c'est Fitto, c'est un excellent choix. » 

EDITO, il Foglio, C. Cerasa : « Test mélonien de trumpisme’ européen » : « Giorgia Meloni a choisi hier, avec peu de clairvoyance, de créativité et un manque de courage, de voter contre la présidente de la Commission Ursula von der Leyen. Le gouvernement Meloni est le seul, parmi les grands pays d’Europe, l’avoir fait, même si Forza Italia, heureusement, ne les a pas suivis. C’est la première fois qu’un exécutif italien se retrouvera dans l’opposition à Strasbourg - même le gouvernement Conte-Salvini avait choisi de soutenir von der Leyen en 2019. Et FdI est le seul parti, avec les lepénistes, à avoir remporté beaucoup de sièges sans toutefois les utiliser comme un tremplin pour compter un peu plus en Europe. Alors qu’au lendemain des élections, elle souhaitait jouer le rôle de protagoniste européen, Giorgia Meloni a fait le contraire. Résultat des courses : l’opposition de FdI montre que l’Europe peut faire sans l’Italie. Un manque de clairvoyance et de courage aussi évident que les raisons qui ont poussé Meloni à faire ce choix : la peur de se faire doubler sur sa droite, l’envie de ne pas se brouiller avec les patriotes européens, le désir de rester un parti de lutte et pas seulement un parti d’opposition, et surtout, la nécessité de ne pas être à contre-courant du vent droitier qui souffle au-delà des Alpes et de l’Atlantique. Bien sûr, il y a du Trump dans ce vote, mais il serait prématuré de dire qu’il constitue un changement définitif de stratégie. Tant que l’Italie soutiendra l’Ukraine, en dépit du trumpisme, tant qu’elle soutiendra l’OTAN, en dépit du lepénisme, tant qu’elle aura une politique budgétaire raisonnable, en dépit du salvinisme, tant qu’elle ne déclarera pas la guerre aux marchés, en dépit du nationalisme, tant qu’elle respectera les traités européens, en dépit du populisme, il sera difficile de dire que ce vote est le symptôme d’un revirement eurosceptique. Il faut donc moins réfléchir à ces questions qu’aux opportunités manquées par Giorgia Meloni : peser en Europe, faire compter l’Italie, regarder vers l’avenir, montrer la stabilité de notre pays. Entre le gouvernement et la lutte, elle a donc choisi la lutte. » 

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, de P. Valentino, « Les effets des tirs américains » : « Quel est le rapport entre le tir contre Donald Trump et le vote des eurodéputés de Giorgia Meloni contre Ursula von der Leyen à Strasbourg ? La reconduction de la Présidente de la Commission européenne représente la victoire de la normalité. Ennuyeuse, mais utile et sensée. Von der Leyen a formé une coalition en suivant un schéma politique classique, elle a rencontré tous les groupes qui potentiellement pouvaient la soutenir, y compris les Verts et les députés d'ECR, les conservateurs et les réformistes dirigés par Giorgia Meloni et dont son parti Fratelli d'Italia est un acteur principal, en écoutant leurs priorités et leurs préoccupations. Puis, sans rien concéder explicitement à personne, elle a habilement tracé les grandes lignes d'un programme sur lequel une majorité de forces pouvait converger. Ce qui, au final, a été clair et convaincant, avec 40 voix de plus que le seuil minimum, lui conférant une pleine légitimité démocratique, n'en déplaise à ceux qui ont crié au coup d'État lors de sa désignation par le Conseil européen. C'est la démocratie. Mais la Présidente du Conseil G. Meloni a décidé de se tenir à l'écart. "Placée à la croisée des chemins, Meloni a décidé de ne pas franchir le Rubicon", indique une source européenne qualifiée. Elle a choisi, autrement dit, de ne pas entrer définitivement dans le courant européen, pour ne pas se désolidariser du front souverainiste qui a tout misé sur l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche. Autrement dit, à l'heure où l'attentat de Pennsylvanie semble rendre ce scénario inévitable, Meloni "n'a pas voulu laisser Trump à Orbán et Kaczynski". C'est un choix identitaire plein de risques et d'inconnues. Pas seulement et pas tant pour le choix des commissaires : l'Italie reste l'Italie, et la personne désignée par Rome se verra confier un portefeuille important, même s'il n'y a plus de place pour une vice-présidence exécutive. Le vrai problème est que l'Italie se coupe ainsi de la salle de contrôle, où la fragilité politique de nombreux gouvernements européens, de l'Allemagne à la France, nous offrait au contraire une marge de manœuvre. Et ce n'est pas seulement une question de prestige, mais de la capacité à influencer un agenda que von der Leyen semble décidée mettre en œuvre, avec ou sans Trump. » 

ARTICLE, La Repubblica, de L. Milella, « La Cour Constitutionnelle et le droit à mourir ‘’il faut une loi sur la fin de vie’’ » : « Le droit à une fin de vie libre, en cas de maladie grave et sans rémission possible, connait un nouveau progrès à la Cour Constitutionnelle, et ce malgré un Parlement volontairement inerte, bloqué par les idéologies catholiques les plus conservatrices. En 2019, la Cour Constitutionnelle avait déjà défini quatre conditions pour accéder au suicide assisté. Les années qui ont suivi ont été marquées par une bataille bureaucratique avec le Service sanitaire national. Après avoir été saisie par une juge de Florence, la nouvelle sentence de la Cour clarifie ce que l’on entend par le fait de ne pouvoir vivre ‘’que par le biais d’un traitement pour le maintien en vie’’. La sentence précise en effet que tout être humain dont les fonctions vitales dépendent d’une autre personne, qui sans ce ‘’traitement pour le maintien en vie’’, sans l’aide de ‘’personnel sanitaire’’ ou même de ‘’proches et d’aides à domicile’’, irait ‘’inévitablement’’ vers une mort certaine ‘’dans un laps de temps bref’’ peuvent accéder à ce droit. La Cour Constitutionnelle estime qu’une ‘’interprétation’’ de sa propre sentence de 2019 permet l’accès au suicide sans infraction du code pénal. L’avis du Service sanitaire national ne sera plus le seul à compter, celui du juge sera déterminant et il aura le dernier mot. Les quatre conditions de 2019 restent inchangées. Une association italienne qui se bat depuis plusieurs années pour la fin de vie estime ne pas avoir ‘’obtenu la pleine reconnaissance du droit à l’aide à mourir pour les personnes éprouvant des souffrances insupportables’’ mais reconnait que la Cour a ‘’permis des avancées importantes face à l’inertie absolue de la politique’’. Une forte attente demeure en effet concernant une loi claire sur le sujet, dont une politique de droite depuis trop d’année ne veut pas s’occuper. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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