07/11/2023
"Le tournant : nos immigrés iront en Albanie." et "L’État reprend en main un avoir stratégique."
Italie. Revue de presse.
L’accord signé entre Rome et Tirana pour le transfert en Albanie de migrants sauvés en mer fait les gros titres : « Le secours albanais » (La Repubblica), « Les doutes de l’UE à l'égard de l’accord entre Meloni et Rama sur des camps de migrants en Albanie » (La Stampa), « Migrants, des centres de rétention [seront ouverts] en Albanie » (Il Messaggero), « Le tournant : nos immigrés iront en Albanie » (Il Giornale).
Sur X, le hashtag #Albania, concernant le mémorandum d’accord entre Rome et Tirana sur les migrants, fait tendance.
ARTICLE, Corriere della Sera, R. Frignani « Voici tous les problèmes à résoudre, allant du service de surveillance aux permis de séjour » : « Après la signature du protocole d’entente, il faudra définir au niveau juridique les points-clé d’un pacte signé avec un pays extracommunautaire, puisque l’Albanie ne fait pas partie de l’UE. Il y a toute une série de problèmes techniques (allant des règles d’engagement des forces de l’ordre des deux Etats pour le service de surveillance interne et externe des structures, à la compétence pour les rapatriements ou des transferts) que le ministère de l’Intérieur devra résoudre. Il faudra dire aussi si les migrants pourront ou pas sortir de ces centres d’accueil (ou de détention, le cas échéant, en attente de pouvoir donner une réponse aux demandes d’asile). Les termes de l’accord ont été vus directement par le Palais Chigi. Il revient désormais à l’Intérieur de gérer la faisabilité d’un pacte qui présente toutefois des problèmes. Un acte formel d’extraterritorialité de ces centres par l’Italie n’est pas exclu. Enfin, les migrants arrêtés, seront-ils conduits devant un juge italien ou albanais ? Et puis il y a aussi l’aspect des patrouilles conjointes. »
EXTRAITS, Corriere della Sera, de l’entretien de Giovanbattista Fazzolari (Frères d’Italie), Secrétaire d’Etat à la Présidence du Conseil : « C’est un succès historique. Nous avons agi seuls mais l’UE n’a pas formulé d’objections » : « C’est un succès historique, pour la première fois, un pays tiers de l’UE aidera un pays membre dans la gestion de l’immigration illégale. Les migrants sauvés n’arriveront pas en Italie, ils seront conduits directement dans les structures en Albanie. Ils seront gardés pendant 28 jours, pour les procédures de vérification et pour évaluer qui aura le droit à l’accueil. Les autres seront directement rapatriés. Il y a eu une discussion avec l’UE et il n’y a pas eu d’objections de la part de la Commission Européenne’’. »
EXTRAITS, Stampa, de l’entretien de Graziano Delrio, président du Comité pour la mise en œuvre des accords de Schengen, les flux et l’immigration : « Ce n’est pas un accord mais une défaite, il suffira de saisir la justice pour tout bloquer » : « C’est une opération inefficace, de propagande et coûteuse. Surtout, sur le plan juridique, l’Italie pourrait se faire condamner par la Cour européenne de justice pour refoulement immédiat de migrants comme ce fut le cas en 2012. Car une fois que ces migrants sont sauvés par des navires italiens, ils sont juridiquement en territoire italien : les conduire dans un autre pays serait alors un refoulement. Par ailleurs il suffira que quelqu’un saisisse la justice et qu’un tribunal italien se prononce pour tout bloquer.’’ »
ANALYSE, Repubblica, G. Pons « L’Etat reprend en main un avoir stratégique et KKR est le vrai gagnant » : « 26 ans après sa privatisation, l’Etat remet les mains sur le réseau télécom. Avec la finalisation de l’achat, le ministère de l’Economie dirigé par G. Giorgetti (Ligue) formera le noyau dur à hauteur de 20% de participation, en compagnie du fonds européen KRR dans l’achat du réseau TIM avec un coût d’environ 20 milliards d’euros. Ces 20% permettront une présence italienne et publique afin d’assurer le caractère stratégique d’un avoir que le monde politique considère depuis toujours comme fondamental. Toutefois, puisque l’Etat italien n’avait pas suffisamment d’argent pour racheter tout le réseau, il a choisi un grand fonds américain pour assurer son maintien dans la structure. C’est toutefois une alliance qui n’est pas gratuite et qui assurera à KKR un retour de capital garanti. En revanche, cela permettra au Ministère de l’Economie de rester à la tête de TIM quand le fonds décidera de sortir du groupe italien. Maintenant il faut voir si cette opération est compatible avec le marché. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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