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14/08/2023

"Meloni : pas de véto de principe sur Marine Le Pen [en vue des alliances en Europe]."

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Italie. Revue de presse. 

L’entretien de la Présidente du Conseil Giorgia Meloni accordé à trois quotidiens nationaux fait les gros titres « Meloni revendique la paternité de la taxe sur les surprofits » (Corriere della Sera, La Stampa), « Meloni  : pas de véto de principe sur Marine Le Pen [en vue des alliances en Europe] » (La Repubblica). Les suites du débat sur les fonds du Plan de relance (PNRR) sont aussi en Une « PNRR, la révolte des communes [sur les chantiers en attente] » (La Repubblica), « Deux milliards pour les banlieues » (Il Messaggero). Enfin, la démission de Roberto Mancini de son poste de sélectionneur de l’équipe italienne de football est largement citée avec couverture photographique en Une. 

ENTRETIEN, La Repubblica / La Stampa/ Corriere della Sera, de Giorgia Meloni, présidente du Conseil: "Je ne crains pas une rentrée de protestation sociale. Sur les banques, c’est moi qui ai décidé" : «  Madame la présidente, sur le salaire minimum, l'opposition vous accuse de refuser le débat et relance sa pétition. Quel était l'objectif de la réunion de vendredi ? "Je ne suis pas surprise par la réaction de la gauche : l'opposition veut faire de la politique au lieu de s'attaquer réellement au problème. Elle sait que le salaire minimum ne résout pas le problème de la main d'œuvre pauvre, mais elle vous dit que parce qu'elle a lancé une pétition, elle progresse. J'ai dit une chose précise : donnons soixante jours au Cnel, d’ici la loi de finances donc, pour faire une proposition globale de lutte contre le travail pauvre qui peut inclure, pour certaines catégories, la question du salaire minimum". Vous ne rejetez donc pas cette mesure, mais de manière limitée. "Ce que j'exclus, c'est que l'on puisse traiter, avec une mesure unique et généralisée, le salaire minimum, un problème qui existe et qui est celui des bas salaires. Paradoxalement, le salaire minimum, ainsi conçu  pourrait améliorer la rémunération de moins de travailleurs que ceux qui ont effectivement des salaires trop bas. Quand je dis cela, la gauche répond qu'elle collecte des signatures. D'accord... J'ai des doutes sur qui veut vraiment lutter contre le travail pauvre. Je donne quand même mandat au Cnel sur ce sujet". Le CNEL n'est pas la troisième chambre, selon Schlein. Laissons tomber. Je ne comprends pas certaines choses. Dans le projet de loi de l'opposition, par exemple, il y a un fonds pour indemniser les entrepreneurs qui doivent augmenter leurs salaires. Je dis que c'est bien, mais il n'y a pas de couverture de cette mesure dans le texte. J'ai interrogé mes interlocuteurs de gauche à ce sujet, mais ils m'ont répondu que c’est au gouvernement de la trouver. C’est quand même curieux : j’appellerais cela le jeu de la patate chaude. Si vous imaginez une dépense, vous devez me dire comment vous la soutiendrez". En septembre, c’est une loi de finances avec peu de moyens qui se profile, comme vous l'avez vous-même fait savoir aux autres partis. Y a-t-il de l'argent pour réduire structurellement les charges salariales ? La reconduction de la réduction des charges salariales reste l'une de mes priorités. C'était également le cas lors de la loi de finances précédente, au cours de laquelle nous avons abordé des questions telles que la détaxation des primes de productivité et de la prime à l'énergie. Ma ligne est de concentrer tous les fonds sur les bas salaires. J'en ai également parlé aux chefs de la majorité, afin de m'assurer que tout le monde partage cet objectif. Ensuite, nous déciderons des mesures". Inflation et arrêt de la croissance : ne craignez-vous pas un automne chaud ? "Non, voyez-vous, si l'un des principaux syndicats appelle à manifester contre la loi de finances avant même qu'elle ne soit écrite, il y a peut-être un problème d'opposition de principe. Je pense que les Italiens voient que le gouvernement fait de son mieux. Le PIB croît en fait plus que dans les autres grandes démocraties, nous avons des antécédents en matière d'emploi et de contrats stables". En fait, les derniers chiffres de la croissance indiquent un ralentissement. "Je le répète, les chiffres sont meilleurs que ceux de certains partenaires européens. Et puis, bien sûr, il y a la conjoncture internationale : si l'Allemagne entre en récession technique, il y aura des effets sur nous. Nous sommes des économies interconnectées". Après les critiques des banques et de la presse internationale, referiez-vous la loi sur les surprofits ? "Bien sûr que je la referais. Parce que je crois que les bonnes choses doivent être faites. C'est un message que nous devions envoyer. Il n'y a pas d'intention punitive à l'encontre du système bancaire. Suite à la décision discutable de la BCE de relever les taux d'intérêt, ce qui a entraîné une augmentation du coût de l'argent, une distorsion a été créée : les banques ont augmenté les taux d'intérêt sur les prêts hypothécaires mais n'ont pas augmenté ceux sur les dépôts, en faveur des épargnant. Certains disent qu’il s’agit d’une mesure socialiste. Pour autant que je me souvienne, les socialistes n'ont pas taxé les banques, mais leur ont donné des ressources publiques. Tajani n'a pas apprécié et FI a parlé d'une mesure-surprise à ne pas répéter. "Tajani a parlé d’un problème de méthode, je comprends. J'ai associé la majorité dans une moindre mesure [par rapport à d’habitude] parce que la question, disons-le comme cela, ne devait pas trop « circuler ». Je l'ai expliqué à Antonio. C'était une affaire délicate, j'en prends l'entière responsabilité. Giorgetti a-t-il été informé ? Bien sûr, c'est lui le ministre qui a dû rédiger la mesure, mais dans ce cas, je n'ai pas fait toutes les réunions que j'ai l'habitude de convoquer". On a parlé d'une alliance Meloni-Salvini [sur cette mesure].  Je vous le dis clairement : c'est une initiative que j'ai prise.  La querelle sur les alliances en vue des élections européennes agite la majorité. Salvini déclare que ceux qui ne veulent pas de Le Pen et de l'Afd favorisent les socialistes. Une alliance avec des droites qui font de l’œil à Poutine est-elle possible ? "Il est trop tôt pour en parler. Je veux faire grandir les conservateurs et je vois qu'en Europe le réalisme de ceux qui défendent nos positions gagne du terrain. Nous ferons les accords quand le poids des différents groupes politiques seront connus. Nous voulons construire une majorité homogène en termes de valeurs. Je ne crois pas aux grands accords, vu aussi comment ils ont fonctionné en Italie". En résumé, opposez-vous un veto à Le Pen ? Je n'ai aucune raison d'opposer un veto à qui que ce soit, je n'ai pas cette autorité. Et de toute façon, je ne m'en occupe pas pour l'instant. »  Les maires ne cessent de s'alarmer des 16 milliards en moins attendus du Pnrr.  "Nous n'avons rien supprimé, je rassure les maires. Les travaux seront réalisés. Le fait est que, par rapport aux objectifs du Pnrr - qui sont stratégiques, d'innovation, d'infrastructure - les projets à mille euros pour des barrières n’ont pas leur place. Ce n'est pas ce que le PNRR est censé faire. C'est la raison pour laquelle nous déplaçons ces interventions vers d'autres postes du budget de l'État". La question des travaux après les inondations en Émilie-Romagne fait l'objet d'un rude affrontement entre institutions. Bonaccini [président de la région, ndlr] demande à vous voir à nouveau. Allez-vous dire oui ? Franchement, je ne comprends pas pourquoi Bonaccini me demande une réunion. Peut-être parce qu'il ne reconnaît pas la figure du commissaire extraordinaire (Figliuolo, ndlr) ? Avez-vous entendu Bonaccini qualifier La Russa d'inapte à la fonction de président du Sénat ? "Non, cette information m’avait échappé. Bonaccini est très nerveux, vous savez, et je ne pense pas qu'il le soit à cause des fonds pour la reconstruction de la région. Je pense qu'il l'est à cause des choix que nous avons faits sur le commissaire à la reconstruction ».  L’enjeu n’est-il pas de récupérer l'Émilie-Romagne, l'un des rares fiefs de gauche qui subsistent en Italie, lors des prochaines élections ? Non, c'est une question que je ne me suis pas posée. Ce n'est pas mon style. Le problème est précisément le suivant. Si quelqu'un veut faire des polémiques politiques sur la reconstruction, il est libre de le faire. Mais qu'il sache qu'il le fait au détriment des citoyens".  Le Niger est en plein chaos. Une action militaire contre le coup d'Etat, à laquelle la France semble penser, est-elle envisageable ? Sur le Niger, je serais prudente.  Les débarquements que votre gouvernement était censé contenir sont incessants. Y aura-t-il de nouvelles initiatives contre le trafic de migrants lorsqu'ils reprendront ? "L'approche sécuritaire ne suffit pas. C'est pourquoi j'insiste sur le plan Mattei, qui n'est pas menacé par la crise au Niger. Nous travaillons, ce sera une grande opportunité pour le développement d'une Afrique qui ne fait plus confiance à l'Occident, qui jusqu'à présent a été bon pour donner des conseils mais moins pour apporter de l’aide. Le travail est long et ardu. A l'automne, il y aura de nouvelles initiatives". Le premier anniversaire de votre gouvernement approche : on parle d'un remaniement qui pourrait être déclenché par les développements de l'affaire Santanché. Il s'agit de rumeurs fantaisistes dans la presse à potins. Je n'ai jamais pensé, depuis que je suis chef de gouvernement, à un remaniement" ».

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Giorgia Meloni

ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Renzi, dirigeant d’Italia Viva et ancien président du Conseil « Meloni est comme la Belle au bois dormant et la gauche finit par faire son jeu » : « ‘’Sur le salaire minimum, Meloni a décidé de renvoyer la balle au CNEL, le conseil national pour l’économie et l’emploi, délégitimant de fait sa majorité et sa ministre du Travail. C’est par ailleurs la méthode choisie qui me surprend : avec les parlementaires en vacances, Meloni a invité les partis d’opposition en les recevant dans la Salle verte du palais Chigi, comme s’ils étaient des représentants syndicaux. Où est passé la centralité du Parlement ? Les syndicats négocient, les partis font de la politique. Meloni s’est moquée des partis d’opposition en les convoquant un 11 août et puis en confiant le dossier au CNEL. Je dirais à Meloni : tu es au pouvoir, tu n’es pas un centre de recherche, tu as même une ministre du travail. Si tu as une idée, tu la proposes sans passer par la plus inutile des institutions de la Constitution. Meloni ressemble à la Belle au bois dormant, alors qu’elle est au gouvernement depuis un an. J’ai l’impression que la Présidente du Conseil n’a pas bien fait ses comptes avec la prochaine loi de finances. D’après mes calculs, il manque plus de trente milliards. Où va-t-elle trouver l’argent ? Comment va-t-elle financer la baisse des impôts ? La taxe sur les surprofits des banques, telle que conçue, coûte à l’Etat plus de ce qu’elle peut faire comme recettes. Meloni a perdu sa crédibilité internationale pour suivre les sondages. C’est un dommage causé à l’image non seulement de Meloni mais de toute l’Italie. Concernant les élections de juin 2024, Italia Viva veut jouer un match décisif en Europe en occupant le centre. Alors que Forza Italia est alliée avec les souverainistes. Si nous atteignons le seuil des 4%, nous pourrions ambitionner une présence significative au sein des institutions européennes. Je suis optimiste. Voici mes prévisions : d’ici un an, Meloni sera encore au gouvernement, il y aura un remaniement. Alors qu’en Europe, les centristes, même italiens, seront décisifs.’’ »

ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Carlo Nordio, ministre de la Justice (Fdi) : « Je trouve étrange que l’on me définisse comme le père fouettard des procureurs. Les inspections [dans les cas de fuites d’informations] sont un moyen de dissuasion », par V. Piccolillo : « J'ai annoncé des inspections spéciales dans des cas de fuites d’informations et de diffusion d’enregistrements confidentiels, qui ont heureusement diminué au cours des derniers mois, peut-être aussi grâce à cette dissuasion qui, manifestement, fonctionne. Mais qu'un ministre qui a été procureur pendant 40 ans devienne le "père fouettard" de ses collègues est une idée pour le moins fantasque. Je ne reviendrai pas sur l’enquête Open [le ministre Nordio a demandé hier que des mesures disciplinaires soient engagées à l’encontre des procureurs enquêtant sur les présumés financements illégaux de la fondation Open, qui finançait les campagnes de l’ancien président du Conseil Matteo Renzi, ndlr]. J’entretiens en tout cas des relations « utiles » avec la magistrature. Avec la Présidente du Conseil nous sommes en parfaite harmonie et nous nous parlons régulièrement. Nous ferons les réformes, conformément au calendrier. Tout a été fait par ailleurs pour prévenir le double suicide qui a eu lieu à la prison « delle Vallette » [à Turin, ndlr]. Mais la prévention des suicides est pratiquement impossible. Il faut cependant reconnaître que notre situation carcérale est le résultat de décennies d'indifférence, sans parler des erreurs, des négligences et des "économies" exagérées. Nous avons augmenté les effectifs, embauché du personnel, et surtout conçu un système de construction de prisons pour remédier à la surpopulation. Si nous pouvons continuer à travailler ainsi, nous verrons les premiers résultats dans un délai raisonnable. »

ENTRETIEN, Sole 24 Ore, de Tommaso Foti, chef de groupe de Fratelli d’Itaia à la Chambre des Députés « Nous accueillerons 8 à 10 000 travailleurs réguliers chaque année pour faire face aux exigences des chantiers du Plan de Relance » : «  Au-delà des quotas fixés par le décret réglant les flux, il y aura 8 000 voire 10 000 travailleurs extracommunautaires en Italie grâce à la nouvelle loi prévue par le décret sur l’administration et prévoyant l’octroi d’un visa aux salariés des entreprises italiennes ou des entreprises à participation publique, selon ce qu’affirme Tommaso Foti. ‘’C’est surtout dans le secteur du bâtiment : la plupart des travailleurs embauchés par des entreprises italiennes dans les pays extracommunautaires est engagée dans le secteur et il faut faire face au manque de main-d’œuvre nécessaire pour réaliser les œuvres et les infrastructures du PNRR. Ce décret permet de faire entrer en Italie des travailleurs pleinement formés et qui connaissent déjà leur métier. C’est important, notamment en fonction de la spécialisation nécessaire pour les projets du PNRR. C’est un peu comme s’il s’agissait d’un appel d’offre sélectif. Ce sont les entreprises qui choisissent et l’expérience d’au moins 12 mois servira à faire une pré-sélection.’’ »

ARTICLE, Corriere della Sera, R. Frignani « Les arrivées ont été multipliées par deux et les Balkans sont une nouvelle route » : « Des 68 571 réfugiés arrivés en Europe pendant ces six premiers mois de l’année, 50 405 sont passés par l’Italie, notamment via la Méditerranée. L’Italie se confirme encore une fois comme le pays européen préféré des passeurs. Les autres pays européens ont des chiffres bien moins importants : l’Espagne (7 291), la Grèce (4 985), Chypre et la Bulgarie (environ 6 000 à eux deux). Ces données publiées par le ministère de l’Intérieur certifient l’impact de la vague migratoire sur nos frontières. Par rapport à l’année passée, les arrivées ont augmenté de 111% par rapport à la même période de 2022. Les traversées organisées par les passeurs ont eux-aussi doublé par rapport à l’année passée : sur 44 arrivées ce week-end, 40 provenaient de la Tunisie. Les autorités de ce pays ont cependant récupéré 38 528 migrants (+161% par rapport à l’année passée), ce qui est en partie le fruit des négociations conduites par l’Italie. La Libye aussi a connu une hausse en pourcentage de ses départs en direction de l’Italie (+23%) mais avec moins de sauvetages par rapport à 2022 (-16%). Les données certifient aussi la baisse du nombre de personnes sauvées par les ONG en un an : on est passé de 14 000 à 8 168 pour la première période de l’année. Voici les chiffres des personnes sauvées par les ONG :  623 par l’« Ocean Viking », 106 par « Humanity 1 », 76 par « Life Support », 59 par « Astral », 49 par le « Geo Barents », 54 par « Nadir » et 46 par « Mare Go ». A signaler la baisse des départs depuis l’Algérie. Le ministère de l’Intérieur signale aussi une hausse des identifications à la frontière avec la Suisse (3 425 personnes soit +146%), avec la Slovénie (4 850 personnes soit +57%) contre à une baisse à la frontière autrichienne (-15%) et française (-9%). »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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