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22/03/2023

"Meloni défend les aides à Kiev et fait pression sur l’UE sur la question des migrants."

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Italie. Revue de presse.

La rencontre entre les dirigeants russe et chinois fait la une de la presse italienne « Poutine s’en remet au plan de Xi » (Corriere della Sera). La sécheresse en Italie est aussi à la une : « Eau, le grand gâchis » (La Repubblica),  La présentation au Sénat par Giorgia Meloni des priorités pour le Conseil européen de jeudi est aussi citée : « Envoi d’armes à l’Ukraine, le coup de froid de la Ligue » (La Stampa), « Sur la question des migrants, l’OTAN intervient » (Il Messaggero), « Plan national de Relance, flop des embauches au niveau des collectivités locales » (Sole 24 Ore).

Les JT couvrent essentiellement l’entretien entre le président russe et le président chinois et les déclarations du président Biden ; les déclarations de soutien à l'Ukraine de la présidente du Conseil Giorgia Meloni en vue du Conseil européen ; les manifestations en France suite à l’adoption de la réforme des retraites ; la conférence de l’ONU sur l’eau à l'occasion de la Journée mondiale de l'eau.

ENTRETIEN, La Repubblica, de Giovanni Melillo, procureur national antimafia et antiterrorisme, « Fonds européens et risques d’infiltrations mafieuses, l’Europe exige des contrôles et des certitudes » « Les appels d’offre du Pnrr risquent-ils des infiltrations mafieuses ? ‘’Ce serait très grave si une telle rumeur se répandait en Europe". Mattarella à Casal di Principe (région de Naples) : ‘’un fait extraordinaire’’. Messina Denaro protégé ? ‘’C'est ainsi que la mafia remplace l'Etat’’. Le ministre de la Justice Nordio souhaite changer les mesures sur les écoutes téléphoniques ? ‘’Le problème, c'est le retard technologique italien qui met notre police en marge de la coopération internationale’’ » : « ‘’La rencontre du Président de la République avec les jeunes d'une ville longtemps considérée comme synonyme d'oppression et de violence mafieuses, [Casal di Principe], a marqué une étape importante dans un parcours de rédemption civile et sociale entamé il y a plusieurs années. Le destin est confié à ces mêmes garçons, à leurs études, à leur travail et à la force de leurs espoirs. C'est pourquoi les paroles du président ont une valeur toute particulière, car elles constituent un message de solidarité et d'encouragement qui réconforte et rassure ces jeunes sur leur chemin. Assister à cette rencontre a été pour moi un moment très émouvant’’. ‘’D'une manière générale, il faut être conscient que la lutte contre les mafias est devenue encore plus difficile, car les défis posés par l'expansion de la criminalité organisée sur les marchés commerciaux et financiers, et pas seulement dans le Sud, l'entrée de nouvelles puissances criminelles sur la scène mondiale des trafics illicites et du blanchiment d'argent, et la capacité des mafias à maitriser la modernité et la technologie s'ajoutent à la force persistante de leurs racines d'origine. Bien mieux, pourrait-on dire, que ce que l'État peut démontrer qu'il peut faire’’. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, « Stop à la maternité de substitution. Début d’examen des textes de la droite. Bonaccini (PD) : Je suis clairement contre la GPA. Et l'UE : il faut reconnaître les enfants des couples homosexuels » par Alessandra Arachi : « La proposition de loi de Fratelli d'Italia vise à faire de la gestation pour autrui un crime universel. La première signataire est Carolina Varchi et la discussion commencera demain au sein de la commission justice de la Chambre des députés. Cette décision a été annoncée hier par Ciro Maschio, député FdI et président de la commission. Les autres propositions de loi - de la Ligue, de Forza Italia et de Noi Moderati - feront ensuite l'objet d'une demande de regroupement en commission. Le projet de loi a reçu hier un coup d'arrêt, bien qu'indirect, de la part de Bruxelles. Le commissaire européen à la justice, Didier Reynders, a déclaré : "Les États membres de l'UE sont tenus de reconnaître les enfants de parents de même sexe". M. Reynders répondait à une question des députés européens du M5S et a expliqué que l'objectif de cette obligation est "l'exercice des droits conférés par l'Union européenne". "Assez de polémiques inutiles et néfastes sur la reconnaissance des enfants de couples homosexuels", souligne le M5S. "Le gouvernement veut nous faire reculer", avait également déclaré la secrétaire du PD Elly Schlein (réitérant sa demande de légalisation du cannabis), tandis que Stefano Bonaccini soulignait : "La manifestation de Milan a été bonne, mais sur la gestation pour autrui, je suis clairement contre". A droite, on réagit :  "Nous revendiquons la position de l'Italie, qui ne veut pas faire de discrimination mais qui s'oppose fermement à la pratique horrible des mères porteuses, afin de ne pas offrir d'espace aux réglementations qui favorisent ce choix", a déclaré Maurizio Gasparri, de Forza Italia tandis que la secrétaire d’Etat Wanda Ferro (FdI) est claire : "L'utérus à louer est une bataille que nous n'abandonnerons jamais", mais prend ses distances avec Federico Mollicone qui avait comparé cette pratique à la pédophilie : "Je ne suis absolument pas d'accord, la pédophilie est l'un des pires crimes qui soient". L'activiste Vladimir Luxuria s'oppose également à la gestation pour autrui. Le texte consiste en un article unique qui modifie la loi 40 - qui a déjà interdit la maternité de substitution en Italie en 2004 - au paragraphe 6 de l'article 12, qui stipule : "Quiconque, sous quelque forme que ce soit, réalise, organise ou rend publique la commercialisation de gamètes ou d'embryons ou la gestation pour autrui est puni d'une peine d'emprisonnement de trois mois à deux ans et d'une amende allant de 600 000 à un million d'euros". Une infraction universelle est ajoutée à ce paragraphe, c'est-à-dire "même si l'acte est commis à l'étranger". Jusqu'à présent, le phénomène de la maternité de substitution à l'étranger était laissé à l'appréciation des tribunaux et sanctionné indirectement. » 

OPINION, Corriere della Sera, “Une boussole pour les droits des enfants” par Maurizio Ferrera : « Utiliser le refus de reconnaissance légale des enfants de parents homosexuels comme une arme n’est pas approprié. Si cette voie est suivie, en effet, les enfants déjà nés et en chair et en os seraient traités comme des outils pour décourager (ou punir) le recours à la maternité de substitution par des adultes. Depuis Kant, l'éthique libérale prescrit de traiter les enfants comme des fins (en tant que sujets dotés d'une dignité autonome) et jamais comme des moyens. D'autre part, il est vrai que la maternité de substitution pose des problèmes majeurs non seulement pour les femmes enceintes, mais aussi pour les enfants eux-mêmes. Les droits à protéger contre le marché des mères porteuses doivent à leur tour être mis en balance avec un autre droit important : celui de chaque enfant de voir ses parents reconnus, y compris les parents d'intention. La condamnation morale et l'interdiction légale de la maternité de substitution ne peuvent interrompre la continuité du lien parental, même dans ses aspects juridiques. La reconnaissance est prévue dans la grande majorité des pays de l'Union européenne. L'adoption d'un enfant par alliance (seule solution autorisée jusqu'à présent par la loi italienne) est une procédure longue, complexe, coûteuse et intrusive sur le plan programmatique. Les parents intentionnels (dont la majorité sont hétérosexuels, soit dit en passant) peuvent recourir à la maternité de substitution à l'étranger, annulant ainsi l'interdiction de l'État dans lequel ils résident. La seule solution efficace est une réglementation à l'échelle internationale. La mobilité croissante des familles entre les pays de l'UE pose également la question de la reconnaissance transfrontalière. Leur refus constitue une violation du droit à la non-discrimination, protégé par le droit européen, et peut entraîner l'impossibilité de jouir des nombreux droits qui découlent de l'état civil (pensez aux pensions alimentaires, à la succession, à la représentation légale du second parent, etc.) Des conséquences graves, qu'il ne faut pas minimiser. Avec sa proposition de règlement sur la reconnaissance de la filiation entre les Etats membres, la Commission européenne a fait un premier pas dans la bonne direction. Quiconque a lu attentivement le texte de cette mesure et les documents qui l'accompagnent ne peut qu'en reconnaître l'esprit, à la fois ouvert et respectueux des traditions nationales. L'opposition claire à cette proposition exprimée au Parlement par les partis majoritaires reflète un enfermement de principe en décalage avec l'éthique de la responsabilité. Nous suggérons au contraire d'être ouverts à la discussion avec les oppositions, en Italie, et de rechercher un équilibre au niveau européen. Le but doit rester de faire du bien-être des enfants, indépendamment de la manière et du lieu où ils sont nés, la seule boussole sur des questions aussi sensibles. » 

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « Meloni défend les aides à Kiev et fait pression sur l’UE sur la question des migrants » : « La Présidente du Conseil italien réaffirme, encore une fois, la ligne du gouvernement avant la réunion qui se tiendra demain à Bruxelles et qui portera notamment sur des achats communs d’armes coordonnés par l’UE. ‘’Ceux qui disent qu’en envoyant des armes à l’Ukraine nous privons nos concitoyens de certaines ressources, prétendant que l’on pourrait les utiliser pour réduire les impôts ou augmenter les pensions de retraite, colportent de véritables mensonges puisque que les aides que nous envoyons sont en grande partie des ressources que notre pays possède déjà’’. Et pourtant, encore une fois, des voix discordantes s’élèvent au sein de la majorité. Le chef de groupe de la Ligue au Sénat évoque son ‘’inquiétude’’ alors qu’il entend ‘’constamment parler d’offensive’’, ‘’le problème n’est pas le soutien militaire mais une course à des armements de plus en plus puissants avec le risque qu’un incident survienne sans que l’on ne puisse revenir en arrière’’. Maurizio Gasparri de Forza Italia avertit quant à lui ‘’l’UE doit se fixer un objectif de paix, nous sommes en train de pousser la Russie dans les bras de la Chine’’. Les oppositions se saisissent de ces divergences au sein de la majorité qui ‘’sont un problème pour le gouvernement et la crédibilité internationale de l’Italie’’ regrette le chef du groupe démocrate, suivi par le Troisième Pôle. En vue du sommet européen Giorgia Meloni a également échangé avec le premier ministre grec et la Présidente de la Commission européenne sur la question des migrants. La dirigeante italienne répète qu’elle attend du concret de la part du Conseil européen et Ursula von der Leyen évoque un ‘’bon échange téléphonique, nous devons continuer à agir de manière rapide et coordonnée sur les migrants’’. Pour Giorgia Meloni, on ne peut pas attendre plus longtemps ni risquer un nouveau naufrage. L’Italie demande à Bruxelles et à ses partenaires européens ‘’l’allocation de fonds suffisants’’ pour la défense des frontières maritimes ainsi que l’implication des pays de pavillon des navires d’ONG, et donc en particulier l’Allemagne, dans les opérations de recherche et de secours en mer. Elle égraine face au Sénat toutes les avancées qu’elle attend encore de l’UE tout en reconnaissant des ‘’progrès encore impensables il y a quelques mois’’. Elle promet que Rome fera entendre sa voix. Giorgia Meloni reproche également à l’opposition ses attaques féroces contre le gouvernement qui font du tort à l’Italie lors des négociations internationales. Enfin, elle confirme l’opposition de l’Italie à l’échéancier sur la transition vers les véhicules électriques et à la rénovation des bâtiments dans le respect de certaines règles environnementales, et annonce la bataille pour une réforme du Pacte de Stabilité ‘’portant la même attention à la croissance qu’à la stabilité’’. »

COULISSES, La Stampa, de F. Olivo, « Le signal de la Ligue à ses alliés : ‘’pas de missiles ni d’avion de chasse à Kiev’’ » : « L’offensive est double. Si l’alliance de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles [au gouvernement en 2018] est un vieux souvenir, Giorgia Meloni a pu avoir hier au Sénat quelques réminiscences. On a vu émerger un langage commun aux deux forces politiques sur le thème le plus délicat actuellement : la guerre en Ukraine, sur laquelle l’Italie joue sa crédibilité internationale et au sujet de laquelle Giorgia Meloni est en décalage par rapport à l’opinion publique. La Présidence du Conseil craint que la Ligue puisse s’opposer à l’envoi d’armes jugées ‘’offensives’’. Gorgia Meloni a d’ailleurs souligné combien ce sixième décret d’aide à l’Ukraine porte avant tout sur la défense anti-aérienne. Le chef de groupe de la Ligue au Sénat, Massimiliano Romeo, prend ouvertement ses distances vis-à-vis du programme de la majorité en matière de politique étrangère. Si ce n’est pas la première fois, le ton est beaucoup plus tranchant, rejoignant presque celui des sénateurs 5 Etoiles. Au terme de la séance, le ministre des Relations avec le Parlement, un fidèle de Giorgia Meloni, préfère rester positif : ‘’ce sont les faits qui comptent et au final la Ligue a voté comme le reste de la majorité’’. Mais les signaux de tensions sont évidents, Matteo Salvini n’est même pas présent et les sénateurs de Fratelli d’Italia, percevant bien le climat, n’applaudissent pas le sénateur léghiste Romeo. Lorsque Meloni réplique, elle concentre toutefois sa fougue contre Giuseppe Conte, attaquant son prédécesseur. Une offensive bien plus polémique que celle qu’elle réserve au PD. Une sorte d’avant-goût de ce qui se déroulera aujourd’hui au Parlement où le discours de Conte attaquant le gouvernement sur la guerre en Ukraine est attendu. La Ligue au Sénat et le M5S au Parlement. Le fantôme de l’ancienne alliance réapparait sur le terrain le plus délicat. »

ARTICLE, La Stampa, Ilario Lombardo, « Migrants, une claque pour Meloni » : « À l’occasion du Conseil européen de demain et de vendredi, la présidente de la Commission et la présidence suédoise feront une brève mise au point sur le sujet des migrants, mais rien de plus. Le président Charles Michel a relégué le sujet en dernière position dans la lettre par laquelle il a formalisé son invitation à Bruxelles aux dirigeants européens. Les sujets à l'ordre du jour sont : le soutien à l'Ukraine, les mesures économiques sur la compétitivité, le commerce, l'énergie, puis les réfugiés faisant l’objet d’un « court debrief ». Giorgia Meloni avait demandé plus et déclare au Sénat « il y a un changement de paradigme, mais nous ne pouvons pas encore dire que nous sommes satisfaits ». Elle l'a également répété lors de l'appel téléphonique avec Ursula Von der Leyen. L'Italie s'attendait à un « changement de rythme », et notamment à ce que la Commission traduise en propositions officielles les vagues promesses arrachées aux chefs d'Etat et de gouvernement. Un mois plus tard, peu de choses ont changé pour l'Italie. L'entretien téléphonique entre Meloni et Von der Leyen dans la soirée a été qualifié par cette dernière de « fructueux » et a confirmé « la nécessité d'agir de manière rapide et coordonnée » et de « soutenir les partenaires nord-africains, afin d'empêcher les départs irréguliers et la perte de vies humaine ». Giorgia Meloni souhaite toutefois obtenir des garanties sur le fait que les déclarations se traduiront par des mesures concrètes et demande également que quelque chose soit proposé au Conseil de demain. Cependant, le sujet des migrants est resté dans la file d'attente, à peine effleuré par Michel. C'est également la raison pour laquelle hier au Sénat, lors du briefing sur le sommet européen, la Première ministre a de nouveau haussé le ton et a sorti le répertoire habituel des souverainistes italiens. Elle s'en est notamment prise de nouveau aux ONG : « Les Etats qui les financent doivent assumer les responsabilités que le droit de la mer leur assigne. Les opérations de recherche et de sauvetage ne peuvent pas être le seul fardeau des Etats du port de débarquement ». Lorsque, dans l'hémicycle, elle est de nouveau interpellée par l'opposition au sujet de la tragédie de Cutro, c'est à l'Union et à ses responsabilités qu'elle se réfère. Elle déclare notamment : « Nous ne pouvons pas attendre, impuissants, le prochain naufrage ». La première ministre continue de rejeter les accusations sur l'absence de sauvetage et appelle à nouveau à la retenue dans le débat, rappelant aux parlementaires le fait qu’elle soit mère. "J'ai la conscience tranquille. L'Etat ne pouvait pas faire plus". La thèse défendue est la même que ces dernières semaines mais contraste avec le récit des faits fait par Frontex, exposé hier par le directeur exécutif de l'agence européenne, Hans Leijtens, lors d'une audition au Parlement européen : « Nous avons rempli la tâche de signaler aux autorités italiennes un bateau qui n'était pas en danger à ce moment-là mais qui soulevait des questions ». « La décision de faire intervenir la Guardia di Finanza ou de mettre en place une opération de recherche et de sauvetage leur revenait », conclut-il. »

ARTICLE, La Repubblica, de S. Cappellini, « Plan de relance, migrants, Union européenne : les lacunes du gouvernement et la présence constante du Quirinal » : « Les orientations de la politique étrangère, les relations avec les partenaires européens et Bruxelles, les migrants, les engagements du PNRR. Au cours de ces premiers mois du gouvernement Meloni, nombreux ont été les dossiers sur lesquels Sergio Mattarella a travaillé sans relâche, même physiquement, comme il l'a fait hier en se rendant à Casal di Principe sur le thème de la lutte contre la criminalité organisée, un sujet doublement cher à un président dont le frère, Piersanti Mattarella,  a été tué par la mafia. Il s’est même parfois substitué au gouvernement : lorsque les relations avec la France de Macron se sont enlisées, c'est le Quirinal qui a calmé le jeu. C'est le chef de l'État qui s’est rendu à Cutro sur les cercueils des migrants, et c’est encore lui qui a rappelé, après les phrases malheureuses du ministre de l'Intérieur, que ’’migrer est un droit’’ ; c'est encore lui qui a signé le décret ‘’Milleproroghe’’, rappelant la nécessité de ‘’règles homogènes’’ sur les concessions balnéaires, une question qui risque de faire s'effondrer le Pnrr. Ceci étant, le président se serait rendu dans tous les cas à Cutro, sous n'importe quel gouvernement, comme il l'a fait par exemple lorsqu'en 2016 il a attendu à l'aéroport de Ciampino les cercueils des victimes italiennes de l'attentat terroriste au Bangladesh. C'est plutôt l'absence coupable d'autres figures qui a teinté son hommage aux victimes d'une impression ‘’d’opposition’’ [au gouvernement], qu'il n’avait pas en réalité. Le Président, en somme, fait son devoir, et ce n'est pas son problème si cela met en évidence les lacunes de ceux qui ne font pas le leur. Mattarella ne renoncera jamais à son rôle d'arbitre, reconnu par tous. Les mois du premier gouvernement Conte avaient été plus délicats : le leader du M5S qui n’avait pas encore fait sa mue, et le leader de la Ligue avec ses proclamations pro-russes, modifiaient les points cardinaux de la politique étrangère italienne. Enfin, Mattarella ne peut pas être sensible aux appels de ceux rêvent de le voir prendre un leadership virtuel, voire occulte, de l'opposition. Il s'agit là aussi d'une attente qui a surgi dans une partie de l'opinion publique notamment en raison des difficultés de l'opposition réelle, toujours divisée. »

PREMIER PLAN, Messaggero, « Meloni, son message à Scholz sur les migrants, et un appel à aider la Tunisie » de  Francesco Malfetano : « La recette italienne que Meloni proposera au Conseil européen demain ne change en rien par rapport à la dernière réunion de février : "S'opposer fermement aux trafiquants d'êtres humains", "arrêter les départs" comme seule intervention possible pour limiter les mouvements secondaires, "augmenter les rapatriements" et "impliquer les États de pavillon" des ONG dans les opérations de sauvetage. A tel point qu'hier, lorsque Meloni a pris la parole au Sénat, elle est revenue à la charge pour souligner la nécessité d'une action commune immédiate en Méditerranée. Les frontières maritimes de l'Italie sont les frontières de l'Europe et l'Europe est appelée à les défendre". Au-delà des artifices rhétoriques et politiques avec lesquels les conclusions du sommet de l'UE sont et seront rédigées, cela signifie concrètement que l'Italie demandera à Bruxelles avant tout "l'allocation de ressources adéquates" pour arrêter les départs, "comme cela a été fait il y a des années avec les accords signés avec la Turquie". Car, en dépit de ce qui a été "négligé de façon coupable" jusqu'à présent par l'UE, "avant tout droit hypothétique à l'émigration, tout être humain a le droit de ne pas y être contraint". Le cas le plus flagrant est celui de la Tunisie, d'où partent aujourd'hui la majorité des migrants. Il y a un énorme problème lié à l'instabilité de la Tunisie", a expliqué  Meloni. Emme fait référence à l'éventualité d'un défaut de paiement "qui ne peut être résolu parce que le FMI, qui avait entamé des négociations pour le soutenir, l'a bloqué". Une question pour laquelle la première ministre fait campagne très largement - notamment à Washington - et qu'elle ne manquera pas de mettre sur la table à Bruxelles.  Même si la lettre de lundi de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, va dans la "bonne direction", le risque de revenir relativement bredouille de la mission européenne est très élevé. C'est pourquoi l'Italie ne demandera pas seulement de nouvelles dotations, mais aussi une plus grande implication de chaque pays. Le Premier ministre, qui s'est entretenu par téléphone dans l'après-midi avec son homologue grec Kyriakos Mitsotakis et avec Mme von der Leyen elle-même sur la nécessité d'une action de l'UE, fait référence au "principe de l'implication des États du pavillon des navires des ONG dans les opérations de recherche et de sauvetage, qui ne doivent plus être le seul fardeau des États d’arrivée". En d'autres termes, les pays qui financent les ONG, comme l'Allemagne, "doivent assumer les responsabilités que le droit de la mer leur assigne". Outre le renouvellement du soutien à Kiev, parmi les "priorités" indiquées par M. Meloni avant le Conseil de l'UE figurent également la réforme du pacte de stabilité et de croissance, qui doit être réalisée "d'ici fin 2023" ("Les nouvelles règles doivent soutenir l'investissement public. Le temps de l'austérité est révolu"), et "la voie vers une économie verte". Un objectif qui, selon le premier ministre, doit être socialement et économiquement durable : "C'est pourquoi nous nous opposons à des propositions telles que le règlement sur l'es émissions carbone des voitures et la rénovation des bâtiments, car elles pénalisent nos citoyens et nos entreprises ».

ECONOMIE, Messaggero, « Biocarburants, l’UE se dit ouverte à d’autres voies que le tout électrique. Berlin et Rome relancent le débat » de Gabriele Rosana : « L'Europe s'ouvre aux carburants synthétiques pour maintenir en vie le moteur traditionnel après 2035. Le compromis, qui prend en compte les griefs allemands et italiens est sur la table et vise à sortir de l'impasse le règlement qui prévoit l'arrêt de l'immatriculation des voitures diesel et essence à partir du milieu de la prochaine décennie. Face au risque de minorité de blocage, la Commission prépare actuellement une échappatoire pour garantir, d'une part, l'approbation finale du texte sans changement et, d'autre part, une intervention législative parallèle, dans un autre document, pour définir le périmètre des "bio-carburants" climatiquement neutres qui iraient de pair avec l'électricité.  La question a d'ailleurs déjà mis à rude épreuve l'harmonie traditionnelle entre l'Allemagne et la France au sein de l'UE, Paris rappelant encore hier aux Allemands de respecter ce qui était contenu dans l'accord sur l'arrêt des moteurs thermiques à partir de 2035. Une ouverture pour les bio-carburants est également suivie de près par l'Italie, qui soutient les carburants synthétiques aux côtés de l'Allemagne. Hier, le vice-premier ministre Matteo Salvini, en charge des transports, et les ministres Gilberto Pichetto Fratin (Environnement et sécurité énergétique, Forza Italia) et Adolfo Urso (Entreprises et made in Italy, Frères d'Italie) ont écrit au numéro deux de la Commission, Timmermans, pour lui rappeler "la nécessité de respecter le principe de neutralité technologique afin d'assurer une transition économiquement durable et socialement équitable vers une mobilité sans émissions". Les trois représentants des gouvernements se sont référés au "considérant 11 du règlement", qui demande à l'exécutif de présenter une législation sur les e-carburants : c'est ici que la voie principale à suivre est résumée afin de surmonter l'opposition de Rome. "Nous attendons de la Commission qu'elle mette cela en œuvre bien avant la révision de 2026 en proposant un acte juridiquement contraignant. Un engagement à cet effet, avec l'indication d'un calendrier, permettrait de conclure positivement le dossier" sur les voitures à zéro émission, peut-on lire dans la lettre signée par Salvini, Pichetto Fratin et Urso. La lettre se termine toutefois par un avertissement clair à Bruxelles, car l'Italie n'acceptera pas "une interprétation indûment étroite" de la notion d'e-carburant, qui exclurait les biocarburants de son champ d'application. »

ARTICLE, La Repubblica, « Le gouvernement : "L'UE doit s’ouvrir aux bio-carburants pour sauver les moteurs thermiques" par Diego Longhin : « L'Italie est prête à dire "oui" au règlement interdisant la vente de voitures à moteur à essence et diesel à partir de 2035, à condition que l'UE inclue également les biocarburants. Et pas seulement les e-carburants, comme le demande le gouvernement allemand avec lequel l'UE négocie. "Nous n'accepterons pas l'exclusion des biocarburants", ont écrit le vice-premier ministre Matteo Salvini et les ministres de l'Environnement, Gilberto Pichetto Fratin, et des Entreprises et du Made in Italy, Aldolfo Urso, dans une lettre adressée au vice-président de la Commission, Frans Timmermans. Missive envoyée le jour où l'accord entre Bruxelles et Berlin semblait acquis. La Commission émet l'hypothèse de la définition d'une nouvelle catégorie de véhicules pouvant fonctionner uniquement à l'e-carburant et non aux carburants traditionnels. Une manière de sauver le moteur à combustion et tout le secteur mécanique même après 2035. Le ministre allemand Volker Wissing, du parti libéral Fpd, a cependant rejeté le document - selon le Spiegel - et travaillerait sur une contre-proposition. Le risque de se retrouver au pied du mur a convaincu les trois ministres d'écrire à Timmermans, en répétant le mantra du gouvernement, répété par le Premier ministre Giorgia Meloni hier au Sénat, selon lequel "la décarbonisation passe par la neutralité technologique, il n'y a pas d'électrique seulement". L'époque où l'Italie subissait des essais est révolue". Les négociations se déroulent ces jours-ci sur l'axe Bruxelles-Berlin. Et une définition restrictive des carburants alternatifs synthétiques mettrait hors-jeu les carburants "bio", l'Italie étant directement concernée puisqu'il y a un mois, Eni a lancé le premier biodiesel HVOlution dérivé de matières premières 100 % renouvelables. Les trois ministres invoquent le "considérant 11" du règlement. Un point également soutenu par l'ancien ministre de la Transition énergétique du gouvernement Draghi, Roberto Cingolani : le texte parle de "carburant neutre en CO2". "Nous nous attendons, écrivent Salvini, Pichetto et Urso, à ce que la Commission le mette en œuvre bien avant la révision de 2026, en proposant un acte juridiquement contraignant. Un engagement de la part de la Commission, avec une indication de calendrier, serait très apprécié. Et cela permettrait de conclure le dossier de manière positive".  L'objectif était de conclure avant le Conseil européen des 23 et 24 mars, mais outre le "non" de l'Allemagne aux demandes de l'Italie, il y a aussi la France, qui résiste : elle ne veut aucune modification du règlement approuvé par le Parlement à la mi-février. Un bras de fer est en cours entre Paris et Berlin. L'Allemagne, pour sa part, ne veut pas entendre parler de dérogations sur le nucléaire, un sujet très cher au gouvernement français. Des sujets qui pourraient devenir des monnaies d'échange pour trouver un équilibre. »

ARTICLE, Messaggero, « Tajani (Forza Italia), mission en Serbie contre l'influence russe. Un forum pour les entreprises » par Francesco Bechis : « L'Italie tend la main à la Serbie d'Aleksandar Vucic. Pour Antonio Tajani (Forza Italia), retourner à Belgrade est "un choix politique et stratégique précis“. Œuvrer pour la stabilité de la région des Balkans, notamment en vue d'une gestion coordonnée des flux migratoires en provenance de l'Est. Et accélérer l'intégration des Balkans afin de les soustraire à l'influence russe et chinoise. "Nous voulons que les Balkans occidentaux fassent partie de l'Europe et ne se retrouvent pas, en raison de notre absence, sous l'influence d'autres pays non européens". Ce déplacement se tenait dans le cadre du premier forum économique et scientifique entre l'Italie et la Serbie, "le plus important de ces dix dernières années", a rappelé M. Vucic, qui espère une visite de Giorgia Meloni à Belgrade "d'ici la fin de l'année". Plus de 400 entreprises italiennes et serbes se sont réunies à l'occasion de cet événement, au cours duquel douze mémorandums ont été signés. Parmi ceux-ci, un accord entre les institutions serbes et la Cassa Depositi e Prestiti pour financer des projets "ayant un impact positif élevé sur le climat". Et puis l'inauguration par Tajani et son homologue Ivica Dadic d'un comité économique conjoint pour une coopération "structurée et régulière" en vue du Forum d'affaires de Trieste l'année prochaine. Au premier rang pour investir dans les infrastructures serbes, entre autres, on retrouve des entreprises italiennes telles que Terna, Fsi, Icm. Cinéma, agritech, transport, "venez investir en Serbie", lance Vucic aux entreprises italiennes, qui pourront désormais compter sur un bureau à Belgrade de Simest, la société chargée de leur internationalisation, la première à l'étranger. La culture n'est pas en reste. Un "Sanremo Giovani Balkan Tour" est en cours de préparation pour 2023, avec une étape à Belgrade. "Plus il y aura de croissance économique, plus il y aura de paix, plus nous aurons la possibilité de fermer les saisons de guerre qui ont longtemps déchiré ce territoire si cher à l'Italie", a déclaré hier M. Tajani, reconnaissant en M. Vucic "un homme de paix". Pour le gouvernement italien, l'accord conclu samedi entre la Serbie et le Kosovo pour freiner l'escalade "est un premier pas important vers le retour au calme" dans la région. Sur la route tracée pour la normalisation des relations entre Pristina et Belgrade, on retrouve la marque de la diplomatie italienne. “Je suis convaincu que l'avenir des Balkans occidentaux s'appelle Europe", a déclaré M. Tajani, et que les pays "comme la Serbie doivent faire partie intégrante du marché intérieur de l'UE". M. Vucic lui a rendu la pareille : "Nous souhaitons le succès du gouvernement de Giorgia Meloni et d'Antonio Tajani, qui soutiennent la Serbie dans de nombreux forums". Sur le Kosovo, M. Vucic a clairement indiqué hier que "nous ne pensons pas la même chose que l'Italie à ce sujet, nous ne reconnaissons pas l'indépendance du Kosovo". Et encore, la guerre russe en Ukraine. Il n'y a pas d'allié plus solide pour Poutine en Europe que M. Vucic. D'ailleurs, depuis le premier jour du conflit, la Serbie a refusé d'imposer des sanctions. Parmi les notes discordantes entre Rome et Belgrade, il y a aussi le choix du gouvernement serbe de préférer Riyad à Rome dans la candidature à l'Expo 2030, un projet qui pourrait générer 50 milliards d'euros de valeur en Italie. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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