07/02/2023
"La majorité tente de suivre l’appel au calme."
Italie. Revue de presse.
Le séisme en Turquie et Syrie fait les gros titres de la presse italienne, ce matin. Les premières pages sont consacrées aux secours qui continuent leurs recherches et à l’assistance apportée par différents pays, dont l’Italie. Plusieurs reportages sur le terrain décrivent la détresse des survivants et des familles de disparus : « Les secousses, puis l’apocalypse » - Un violent séisme en Turquie et en Syrie fait des milliers de victimes (Corriere della Sera, La Repubblica), « Turquie : l’apocalypse » (La Stampa), « ll y a encore des survivants sous les décombres » (Il Messaggero). La polémique déclenchée par l’annonce qu’un message vidéo du président ukrainien serait diffusé lors du festival de musique de Sanremo est aussi citée, alors que la direction de la Rai a finalement décidé de se limiter à faire lire une lettre de Zelensky par l’animateur, après les critiques de certains partis politiques dont la Ligue, le M5S et le Terzo Polo : « Sanremo sans Zelensky, qui enverra juste une lettre » (Corriere), « Pas de message vidéo de Zelensky mais juste une lettre qui sera lue par Amadeus » (La Repubblica), « L’hypocrisie du Festival de Sanremo » (La Stampa), « Le festival tourne à la farce italienne » (Il Foglio), « Zelensky ne chante plus » - L’imbroglio de la Rai, Moscou ironise : « il aurait pu gagner » (Il Giornale). Enfin, le quotidien économique titre sur les modifications au plan de relance et de résilience que le gouvernement veut proposer, après une réunion hier au Palais Chigi « Energie et PNRR, voici le plan » - Meloni annonce un plan pour les énergies renouvelables (Sole 24 Ore).
[PNRR : https://commission.europa.eu/business-economy-euro/econom...]
ARTICLE, Messaggero, F. Malfetano, « PNRR, révision des fonds. De nouveaux projets dans trois mois » : « Utiliser les fonds du PNRR et du RePowerEu pour lancer le "plan Mattei", et accélérer sur la "souveraineté énergétique" italienne à travers de nouveaux projets à présenter d’ici le 30 avril : voilà le projet du gouvernement italien. Giorgia Meloni souhaite poursuivre la diversification des sources d’approvisionnement, avec l’objectif d’éliminer totalement le gaz russe, pour faire de l’Italie le hub énergétique de l’Europe. Hier, elle a convoqué les directeurs généraux des quatre entreprises du secteur de l’énergie dont l’Etat est un actionnaire : Enel, Eni, Snam et Terna. La présidente du Conseil les pousse à accélérer et a demandé des "idées" et des "propositions" pour relancer le pays. En effet, le gouvernement italien aurait déjà reçu un accord informel de l’UE au sujet de l’assouplissement des fonds européens déjà existants, qui devrait bientôt être officialisé. Et il ne se traduira pas seulement par une révision des projets prévus par le PNRR, mais par une réallocation des 7,5 % des fonds liés à la politique de cohésion, et de 2,7 milliards attribués à fonds perdu par le RePowerEu. Les propositions arriveront dans les prochaines semaines, on évoque déjà la création de trois raccordements électriques sous-marins - entre la péninsule italienne et la Sardaigne (Tyrrhenian Link), la Sardaigne et la Corse, l’Italie et le Monténégro – mais aussi un gazoduc de la Ligne Adriatique pour Snam, qui reliera le terminal du Tap dans les Pouilles au hub de Minerbo, dans la province de Bologne, et enfin le projet conjoint entre Eni et Snam de Carbon Capture and Storage. Bruxelles aussi demande une accélération en vue du 30 avril. Hier, lors d’une audition au parlement, le commissaire européen chargé de l’Economie, Paolo Gentiloni, a assuré un "examen rapide des amendements", tout en soulignant que la Commission encourageait "vivement les Etats membres à présenter rapidement les différentes modifications à leur PNRR, sous la forme d’un document unique". Ce matin, le ministre des Affaires européennes Raffaele Fitto est à Bruxelles pour participer aux travaux du Conseil des Affaires générales de l’UE, pour un échange sur le programme de la présidence suédoise. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, F. Manacorda, « Le plan de Meloni » : « Hormis les déclarations invoquant une "souveraineté énergétique" - de fait impossible -, Giorgia Meloni fait preuve d’un pragmatisme remarquable dans ses relations avec Bruxelles. Et c’est une bonne nouvelle. Le groupe de contrôle pour le RePowerEu, lancé hier, vise à quadrupler les 2,7 milliards déjà alloués par l’UE – à travers entre autres une révision partielle du PNRR – mais cela ne semble pas préfigurer d’éventuelles tensions avec la Commission. Au contraire, l’Italie a déjà promis de présenter, au plus vite, tous ses amendements dans un document unique, conformément à la demande du commissaire européen à l’Economie, Paolo Gentiloni. Du reste, le dossier de l’énergie dans ses diverses déclinaisons – diversification des approvisionnements, émancipation progressive vis-à-vis des pays instables, développement des énergies renouvelables, économies d’énergie – a une double valeur pour le gouvernement. C’est d’abord un enjeu stratégique : sur le moyen-long terme, et en attentant d’une décarbonisation qui semble de plus en plus lointaine, il s’agit de ne plus dépendre de la Russie. Mais la politique énergétique a aussi une dimension tactique et interne : le prix élevé de l’énergie peut être explosif pour un électorat déjà frappé par la pandémie, et qui doit maintenant affronter une inflation et des taxes en hausse. Ainsi, investir sur le RePowerEu est aussi une mesure d’autoprotection pour le gouvernement et sa majorité. »
COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « La majorité tente de suivre l’appel au calme » : « L’appel au calme dans l’affaire Delmastro-Donzelli est en train de se transformer en appel au calme en vue des élections régionales de dimanche et lundi, en Lombardie et dans le Latium. Il s’adresse à nouveau à la majorité soutenant Meloni, voire même explicitement à Fratelli d’Italia, le parti de la Présidente du Conseil, censé œuvrer pour le consensus. Quand Maurizio Gasparri de Forza Italia rappelle que les voix s’obtiennent et se perdent à une rapidité effrayante, il lance un avertissement. Il met en garde sur une victoire dans les deux régions, obtenue aux dépens des alliés (FI et Ligue) et qui pourrait générer un effet boomerang. Il est très probable que Meloni n’avait pas besoin de cet avertissement. La crainte est que Fdi puisse faire main basse, provoquant un court-circuit au sein des partis qui sont ensemble depuis le 25 septembre mais qui souffrent depuis du syndrome de la « paire dignité ». Les appels de Berlusconi à la possibilité d’une dérive à droite de la majorité ne sont pas passés inaperçus. Si l’écart avec le parti de Meloni devait s’avérer plus important par rapport à celui des élections législatives, les marges de manœuvres de Berlusconi et de Salvini se réduiraient davantage. Ignorer les contrecoups psychologiques d’une situation pareille pourrait être dangereux. Après avoir rassuré l’Europe et les marchés, Meloni pourrait se voir obligée de le faire avec la coalition, en présence d’une opposition divisée mais déterminée à vouloir exploiter toute friction au sein de la majorité. L’inconnue sur le taux d’abstention et les rapports de force au lendemain des 12 et 13 février risquent de chambouler l’équilibre entre les gagnants. »
Meeting du centre-droit en vue des élections régionales en Lombardie : "Clôture de la campagne électorale avec les dirigeants du centre-droit."
ARTICLE, Corriere della Sera, « Les oppositions trouvent l’unité sur la motion de défiance contre Delmastro » : « Malgré l’appel au calme lancé par G. Meloni, la tension sur l’affaire Cospito ne baisse pas, notamment à l’égard du secrétaire d’Etat à la Justice Andrea Delmastro (Fdi). Ce dernier est soupçonné d’avoir commis un ‘’abus de pouvoir’’, comme il est possible de lire dans la motion de défiance déposée par le M5S, ‘’portant préjudice aux enquêtes en cours sur la mafia et le terrorisme’’. Les 5 Etoiles demandent donc ‘’la révocation de sa délégation [aux affaires pénitentiaires]’’. Le PD a déposé la sienne, censurant ‘’la révélation d’information réservées et très délicates sur la lutte contre la mafia et le terrorisme’’, ce qui prouverait ‘’l’inaptitude totale’’ de Delmastro et engage le gouvernement à demander sa démission. A cette motion de défiance pourrait s’ajouter aussi celle d’Azione-Italia Viva. »
ARTICLE, La Repubblica, C.V. « Calenda : je suis pour le salaire minimum à 9 euros. Nous livrerons bataille avec le PD et le M5S » : « C’est au micro de l’émission en ligne « Metropolis » du groupe GEDI que Carlo Calenda, chef d’Azione et allié de Renzi dans le groupe parlementaire Terzo Polo (Troisième Pole), annonce une bataille conjointe avec le PD et le Mouvement 5 Etoiles. ‘’Il y a des coopératives fictives qui font de la concurrence en payant 4 euros de l’heure, c’est un scandale énorme’’, assure-t-il. Sur l’affaire Cospito, selon Calenda, la droite a eu tort d’agiter les tensions, faisant preuve d’un ‘’faible sens des institutions’’. Il assure ensuite que la fédération entre son parti Azione et celui de Renzi Italia Viva a été signée et qu’il manque juste l’entente sur un nom qui ne soit pas ‘’l’horrible label « troisième pôle »’’ et fait des ouvertures pour une fédération avec +Europa d’Emma Bonino et la partie du PD ‘’qui n’en peuvent plus de cette situation et qui se sentent gênés, à droite comme à gauche’’. Calenda avait proposé au gouvernement une opposition constructive. Après cent jours, voici son bilan ‘’je suis très déçu par Meloni. Je n’ai pas de relations d’amitié avec elle mais j’éprouvais de la sympathie pour une femme jeune qui arrive à la présidence du Conseil, mais ce spectacle n’est pas regardable. Elle arrive au pouvoir, elle n’arrive à rien faire et soulève la polémique’’ »
ARTICLE, Corriere della Sera, A. Nicastro « Le chef de la compagnie Wagner défie Zelensky » - Meloni s’entretient téléphoniquement avec Macron : « Prighozhine est désormais un entrepreneur international des forces armées avec des chars, des avions de chasse, des canons, des mines et des gisements de pétrole africains obtenus comme paiement échelonné des batailles remportées. L’armée de Poutine manque de discipline, parfois de moyens et d’uniformes, mais elle est riche sur le plan du mythe du courage viril et de l’héroïsme individuel. Prighozine décide ainsi de lancer un défi à Zelensky. Or, le président ukrainien a d’autres priorités en vue de son voyage à Bruxelles au Conseil Européen de jeudi et vendredi. Zelensky veut s’y rendre pour montrer aux collègues européens les progrès de sa lutte contre la corruption interne et aux demandes en vue de l’offensive russe désormais imminente selon plusieurs observateurs. Toutefois, les risques sont élevés, un attentat n’étant pas impossible en terre européenne. Les autres dirigeants se préparent au Conseil Européen. Hier, la Présidente du Conseil G. Meloni a anticipé la discussion sur certaines thématiques lors d’entretiens téléphoniques avec ses homologues de Paris, de La Haye, de Vienne et d’Athènes. Elle a évoqué le soutien aux entreprises, la gestion ‘’enfin commune’’ des flux migratoires, le contrôle des frontières, ainsi que l’aide à l’Ukraine ‘’tout azimut’’. C’est notamment avec le président français E. Macron que Meloni a parlé de la fourniture promise la semaine dernière sur le système de défense antiaérien Samp/T – MAMBA, produit en collaboration par les entreprises italiennes et françaises. »
ARTICLE, Corriere della Sera « Sur le choix venant du président ukrainien, la droite aussi a des doutes » : « Qui a décidé que la participation du président Zelensky au festival de Sanremo ne consistait plus en un message vidéo de deux minutes mais en un texte qui sera lu par l’animateur Amadeus ? D’après le directeur du Prime Time de la RAI Stefano Coletta, il s’agirait d’un choix venant du président qui l’aurait exprimé à l’ambassadeur ukrainien en Italie. Ce qui accréditerait la piste diplomatique, Zelensky décidant finalement d’une contribution plus discrète en vue de sa présence plus incisive à Bruxelles à l’occasion du Conseil Européen. Mais en lisant en filigrane les déclarations de la journée d’hier, il est possible d’y voir une certaine gêne au sein de la majorité. Les propos de Maurizio Gasparri (FI) sembleraient revendiquer des décisions qui étaient jusque-là évoquées plus vaguement : ‘’Sincèrement, il aurait été préférable que la RAI n’entre pas dans cette affaire. Je ne sais pas comment cela est né, peut-être par la volonté de quelques représentants de la galaxie de la RAI, plus qu’une décision venant de la présidence’’. Gasparri relance l’interprétation selon laquelle la Rai et le gouvernement auraient été pris de court par l’activisme de certains et poussés ensuite à gérer une invitation qui n’était plus annulable. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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