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20/10/2022

"Berlusconi accuse Zelensky d’être le responsable de la guerre, puis rétropédale. Meloni lance un ultimatum à son allié."

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Italie. Revue de presse.

La diffusion dans les médias d’un nouvel enregistrement audio de propos de S. Berlusconi à ses parlementaires au sujet de l’invasion russe en Ukraine, semblant justifier la position de V. Poutine et critiquant V. Zelensky, ainsi que la réaction de Giorgia Meloni réclament une posture résolument occidentale et atlantiste des partis sur l’Ukraine pour faire partie de son futur gouvernement, font les gros titres des médias italiens. La presse met en avant la division de la majorité sur la politique internationale alors que les consultations du Président de la République commencent aujourd’hui même, et la possibilité que les propos du leader de Forza Italia remettent en cause la composition du gouvernement, sur fond de polémiques : « Meloni prévient Berlusconi » - A la suite de la diffusion des enregistrements sur Kiev, la dirigeante fait une mise au point  : Seuls les atlantistes et pro-européens peuvent faire partie du gouvernement (Corriere della Sera), « Meloni, c’est la roulette russe » - Berlusconi accuse Zelensky d’être le responsable de la guerre, puis rétropédale. Meloni lance un ultimatum à son allié. Les consultations commencent aujourd’hui (La Repubblica), « Berlusconi est pro-Poutine » - Un nouvel enregistrement provoque un tollé. La majorité se présente pour les consultations en pleine crise (La Stampa), « Meloni : nous sommes avec l’UE et l’Otan » (Il Messaggero), « Le gouvernement Meloni nait/Nato (Otan)-Poutine » (Fatto Quotidiano), « Les faits comptent plus que les enregistrements » - Berlusconi s’explique : ma position demeure atlantiste et européenne, les voix de Forza Italia au Parlement contre Poutine le prouvent (Il Giornale), « Giorgia, va de l’avant » - Le dernier piège contre le gouvernement avec la diffusion d’enregistrements « volés » à la veille des consultations. C’est une énième tentative pour barrer la voie à Meloni (Libero).

Les JT couvrent essentiellement le début des consultations pour la naissance du nouveau gouvernement du Président de la République S. Mattarella, les réactions politiques aux derniers propos polémiques de S. Berlusconi au sujet de l’Ukraine et de Poutine, le Conseil Européen sur l’énergie, l’invasion russe en Ukraine avec notamment la décision de V. Poutine de déclarer la loi martiale dans les régions occupées par Moscou et les bombardements russes sur plusieurs centrales électriques.

Sur Twitter, le hashtag #ForzaItalia, en référence au débat en cours au sujet des propos de S. Berlusconi sur l’Ukraine et Poutine, fait tendance.

COMMENTAIRE, La Repubblica, S. Folli « Incompatible avec le gouvernement » : « En écoutant les nouveaux enregistrements des propos de Berlusconi, hier, tout le monde a compris que la ligne rouge avait été franchie. Surtout Giorgia Meloni. Sur ce genre de propos semblant dictés par le Kremlin, le gouvernement ne pouvait pas naitre et Mattarella se serait tout naturellement refusé à accepter un déni aussi explicite et grotesque des piliers de notre politique étrangère. Cette fois-ci, ce n’est plus un bras-de-fer sur un ministère mais la coalition de droite même qui est en jeu, et par conséquent le gouvernement aussi. L’exécutif ne peut plus se permettre d’avoir des personnages comme Berlusconi dans ses rangs, avec des rôles de responsabilités. Hier, la déclaration formelle d’incompatibilité a été prononcée. Si les choses ont un sens, le fondateur de Forza Italia est de fait placé sous tutelle. Mais qui est-ce qui dirige Forza Italia maintenant, Antonio Tajani et l’aile raisonnable proche du PPE et de l’Otan ? Ou plutôt cette minorité disposée à suivre à tout prix son chef avec ses propos pro-Poutine ? L’éclaircissement sur ce point doit se faire maintenant et pas pendant les consultations. Les ambiguïtés ne sont plus tolérées pour des raisons à la fois internes et internationales. Une chose est claire, on assiste à la fin d’une saison et le premier à s’en apercevoir est justement Tajani, pressenti à la Farnesina, qui se voit désormais projeté, malgré lui, vers le post-berlusconisme. Si au contraire Berlusconi devait tenir la barre de son parti, pouvant ainsi lancer ses piques sur un gouvernement qu’il n’a jamais aimé, il faudra s’attendre au pire. Les bluffs ne sont plus permis. »

EDITORIAL, Il Foglio, C. Cerasa « Les otages de l’ambiguïté » : « A une semaine du début de la mandature, il est naturel de se demander, en ce qui concerne la future Présidente du Conseil, s'il est possible de gouverner un pays sans être capable de gouverner sa propre coalition. Et pour essayer de raisonner sur ce point, il faut au moins quatre réflexions. La première est que la coalition de droite continue chaque jour à donner l'impression d'être une simple expression géographique. La seconde, moins évidente, est que la gestion de la coalition, pour Meloni, pourrait ne pas être un problème moindre par rapport à la gestion d'autres urgences non moins importantes, comme les factures élevées, la transition énergétique, les défis du PNRR et la nécessité de mener des politiques capables de gérer la probable récession. La troisième, moins évidente, est qu'une semaine après le début de la législature, Meloni a montré qu'elle savait répondre aux mini-crises déclenchées par ses alliés. La quatrième réflexion, cependant, est peut-être la plus importante et concerne un problème que Meloni ne semble pas être en mesure de gérer pour le moment : la perception de ce que sera son gouvernement. Nous vivons des temps dans lesquels, comme le démontre le cas de Liz Truss, il suffit d'un rien, d'un petit accident, pour agir sur le véritable moteur politique de tout gouvernement : sa crédibilité. »

ARTICLE, Il Foglio, S. Canettieri « Meloni s’en remet au Quirinal mais Berlusconi représente désormais une menace » : « Meloni tente de s’éloigner des rumeurs sur sa coalition et surtout de l’ombre du « Cavaliere » qui plane sur elle. Berlusconi représente un problème. Les deux ne se parlent plus. Le seul officier de liaison s’appelle Gianni Letta, qui participe à la rencontre entre Berlusconi et Nordio, ce dernier étant pressenti pour le ministère de la Justice. La rencontre dure environ deux heures et Forza Italia fait savoir que l’enlisement perdure sur ce ministère. Entretemps, Meloni entretient plusieurs contacts avec le Quirinal. Dans le moment le plus compliqué et marqué par le chaos, elle s’en remet à Mattarella. La discussion avec le Quirinal sert aussi à peaufiner la composition du gouvernement et à tenter de gagner du temps. Ce ne sont là que des détails face à la menace que représente Berlusconi sur le chemin qui mène au Palais Chigi. Salvini joue les médiateurs et la rencontre entre lui et Berlusconi suscite des inquiétudes au sein de l’Etat-major de Fratelli d’Italia. « Nous sommes encerclés », répète Meloni, qui est prête à accélérer dans les prochaines 24 heures et à revoir la composition de  la liste des ministres. Quitte à déplacer Tajani de la Farnesina à un autre ministère. La ligne de la dirigeante de Fratelli d’Italia est désormais la suivante : je ne négocie plus. Après avoir reçu la charge vendredi de former le gouvernement, je ferai retour au Quirinal samedi avec la liste des ministres et je prêterai serment dimanche. C’est quitte ou double. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Silvio Berlusconi, chef de Forza Italia, ancien Président du Conseil et membre de la coalition de droite ayant remporté les élections, par M. Galluzzo, « Il est ridicule de remettre en cause mon atlantisme » : « Il y a eu une interprétation déformée et franchement ridicule de mes propos qui ont été sortis de leur contexte. Il s’agit de calomnie et de désinformation, mais j’en ai vu d’autres et je ne me laisse pas intimider. Mes propos ne visaient en rien à justifier l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Au contraire, je veux répéter pour la énième fois que ma position coïncide pleinement avec celle du gouvernement italien, de l’Union européenne et de l’OTAN : une condamnation nette d’une attaque militaire contre un Etat libre et souverain. Cela a toujours été la ligne de Forza Italia, y compris lors des votes aux Parlements italien et européen. Je ne renie absolument pas ma relation d’amitié passée avec Vladimir Poutine, qui avait d’ailleurs permis plusieurs avancées sur le plan diplomatique dans les années 2000. Mais aujourd’hui les circonstances ont changé. Je souhaite des négociations qui permettraient de mettre fin à ce massacre et qui garantissent les droits du peuple ukrainien. Je pense que cela nécessite une intervention forte et coordonnée des Etats-Unis et de la Chine. Forza Italia se rendra au Quirinal avec ses alliés et nous proposerons tous au Président de la République le nom de Giorgia Meloni. Naturellement, nous réfléchissons encore, au sein de la coalition, à la formation du gouvernement qui prendra forme lorsqu’il aura été approuvé par le chef de l’Etat. Concernant la Justice, l’ancienne présidente du Sénat Elisabetta Casellati me semble un profil tout à fait compétent et adapté. Il me semble évident, au vu des indications exprimées dans les urnes par les électeurs, que nous devons occuper une place égale à celle de la Ligue au sein de l’exécutif. Forza Italia a été pénalisé par ce nouveau système et a obtenu moins de sièges que la Ligue aux Chambres. Il faudra tenir compte de tout cela. Mais les véritables divisions sont celles qui se trouvent chez nos adversaires de gauche. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de P. Di Caro, “Nous sommes avec l’Ukraine, qui ne l’est pas peut quitter la coalition » : « Les mots, puis les applaudissements enthousiastes des parlementaires quand Silvio Berlusconi se moque presque de Zelensky sont décrits par les fidèles de Giorgia Meloni comme le ‘’fond le plus bas touché par Forza Italia’’. C’était beaucoup trop pour que la leader ne sorte pas de son silence afin de rassurer les partenaires internationaux, l’OTAN et les Européens. Mais aussi pour avertir ses alliés qu’il n’est pas possible de continuer ainsi. ‘’Ou nous nous en tenons au programme et aux fondements de la coalition, ou il n’y aura pas de gouvernement’’ déclare Giorgia Meloni dans un communiqué très dur et très ferme. C’est bien elle qui se posera en garante de la fiabilité de l’Italie à l’international. Sur ce plan, elle entend maintenir une ligne claire et univoque, et un ancrage fort de l’Italie dans l’OTAN et en Europe. ‘’Qui n’est pas d’accord avec cela ne pourra pas faire partie du gouvernement, quitte à ce qu’il n’y ait pas de gouvernement’’, Giorgia Meloni ne cite jamais Berlusconi mais insiste sur la crédibilité de son gouvernement qui ne sera jamais ‘’le maillon faible de l’Occident, comme le voudraient certains de nos détracteurs’’. Giovanbattista Fazzolari, un de ses conseillers les plus proches, note ‘’l’incroyable capacité de la désinformation russe à infiltrer les plus hautes sphères de la politique occidentale’’, face à quoi il faudra ‘’renforcer encore notre soutien à l’Ukraine’’. Aucune ambiguïté possible donc, en accord avec le chef de l’Etat avec qui les rapports sont qualifiés de très solides. Meloni a obtenu le démenti et les déclarations de fidélité qu’elle exigeait. Y compris de Tajani qui sera aujourd’hui à Bruxelles pour rassurer le PPE et dont le futur poste de ministre des Affaires étrangères semble sérieusement remis en cause. Il ne serait toutefois pas si facile de se passer de lui. La liste des ministres pourraient bien être remaniée de façon conséquente à la lumière des récents événements.  ‘’S’ils en arrivent à applaudir Berlusconi qui s’en prend à Zelensky, c’est qu’ils continuent à ne répondre qu’à lui’’ observe-t-on au sein de Fratelli d’Italia. Et les dernières pressions de Salvini n’ont pas plu, même s’il est aujourd’hui bien plus proche de la ligne de la leader, il reste tout de même attentif à sa propre équipe. Ils iront aux consultations tous ensemble mais en tentant de ne pas donner trop de poids à la présence de Berlusconi. Ensuite, il n’y aura plus de négociations possibles sur les ministres. »

PREMIER PLAN, La Repubblica, de P. Mastrolilli, « ‘Les propos de Berlusconi sont horribles’ mais les Etats-Unis misent sur la leader de Fratelli d’Italia » : « Une source diplomatique très proche de Joe Biden qualifie d’‘’horrible’’ les enregistrements de Berlusconi sur l’Ukraine. L’administration américaine maintient sa volonté de travailler avec le nouveau gouvernement italien car les positions de Giorgia Meloni vis-à-vis de la Russie ont été remarquées et appréciées. Toutefois les positions philo-russes de l’ancien président du Conseil ou de la Ligue, notamment à travers les récentes déclarations du Président de la Chambre sur les sanctions contre la Russie, inquiètent Washington. Mais d’où vient la fuite de cet enregistrement ? De membres internes à la coalition à cause de divergences internes ? Ou elle a été encouragée par Moscou pour déstabiliser Giorgia Meloni et l’Italie ? Joe Biden a récemment indiqué l’Italie comme l’exemple du risque encouru par l’Occident et pour le président d’Eurasia le résultat de ces élections pourrait se propager à des pays comme la France ou l’Espagne, provoquant de graves divergences et des problèmes concrets en termes de politique internationale, de finances et de droits civiques. L’affaire de l’enregistrement de Berlusconi rappelle le dossier américain sur les influences russes en Occident et des sources ayant manipulé le dossier confirme que l’Italie y figure bien. A l’approche des midterms aux Etats-Unis, un affaiblissement de Joe Biden n’est pas souhaitable puisqu’il restera à la Maison Blanche au moins jusqu’au 20 janvier 2025, soit bien plus que la durée moyenne des gouvernements en Italie. Le G20 de Bali pourrait être l’occasion d’une première prise de contact avec Giorgia Meloni et de consolider la collaboration sur les positions jusqu’à présent communes. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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