16/08/2022
Giorgia Meloni : "Fière de la flamme. Nous sommes pour le présidentialisme, les Italiens choisiront."
Italie. Revue de presse.
(Presse du Lundi 15 août 2022. Pas de journaux ce mardi 16 août 2022.)
La presse italienne titre largement sur la poursuite de la campagne électorale et sur la composition des listes de candidats, après la présentation des symboles des partis au ministère de l’Intérieur : « Dernier défi sur les listes » (Corriere della Sera), « Letta défie la Ligue à Vicenza, Casini candidat à Bologne » (Repubblica), « Pluie de symboles au Viminal. Bataille pour les sièges au PD » (Stampa). Les réformes proposées par les partis sont également évoquées : en particulier, celle de Giorgia Meloni en faveur de l’adoption d’un système présidentiel en Italie et celle du Mouvement Cinq-Etoiles sur l’augmentation du revenu de citoyenneté : « FdI : plus de revenu de citoyenneté. Berlusconi : ‘’Je ne pense pas au Quirinal’’ » (Corriere) ; « Ainsi Meloni défait-elle les réformes de Draghi » (Repubblica) ; « Meloni insiste sur le présidentialisme » (Stampa) ; « Réformes, les propositions de Meloni : La leader FdI ouvre au centre-gauche : un régime présidentiel à deux chambres ou une Constituante. Le PD ne répond pas. Calenda : notre programme, c’est l’agenda Draghi » (Messaggero) ; « M5S et PD : l’obsession de l’Etat Providence. Un assistanat extrême réunit les deux partis : les M5S désirent augmenter le revenu de citoyenneté et les démocrates promettent des bonus à n’en plus finir » (Il Giornale). La presse revient aussi sur les un an du retour au pouvoir des Talibans en Afghanistan et le durcissement des conditions de vie dans le pays sous leur régime.
Les JT couvrent essentiellement la diffusion des listes des candidats du PD aux élections du 25 septembre prochain ainsi que le vote en ligne organisé par le M5S pour désigner, en interne, les candidats du Mouvement.
PREMIER PLAN, La Repubblica, S. Mattera « Berlusconi : “Mattarella doit partir si l’on passe à un régime présidentiel” » (13 août 2022) : « Silvio Berlusconi voit la ligne d’arrivée à portée de main : si la réforme constitutionnelle entrait en vigueur, déclare-t-il à la radio, « la démission du Président Sergio Mattarella serait nécessaire pour convoquer de nouvelles élections au suffrage universel direct, lors desquelles il pourrait encore être réélu ». Enrico Letta s’indigne : c’est pour lui la preuve que la droite de Berlusconi, Salvini et Meloni est « dangereuse pour le pays » et veut « renverser le système, évincer Mattarella ». Berlusconi accuse de « mauvaise foi » les tenants de la polémique mais sa sortie embarrasse les alliés et agace Giorgia Meloni, que l’on rapporte abasourdie par un tel manque de prudence. Selon Letta, les paroles de Berlusconi sont une « candidature auto-proclamée » ; pour Conte, elles révéleraient le projet de répartition du centre-droit : « Meloni, Présidente du Conseil ; Salvini, ministre de l’Intérieur et vice-Président du Conseil ; Berlusconi premier Président de la nouvelle République. » Du côté de FdI, on espère que la polémique s’éteindra vite et que Berlusconi, pour assouvir son désir d’être sous les feux de la rampe, ne se laissera pas aller à d’autres déclarations téméraires. Le problème le plus important, admet un dirigeant du parti, se posera au sein de la coalition après les élections : FdI voit avec inquiétude se solidifier une alliance entre Salvini et Berlusconi, alliance qui pourrait opérer en Sicile pour faire barrage à Schifani (FdI), peu apprécié par Forza Italia, et se reproduire après le vote, dans l’éventualité où Berlusconi viserait la présidence du Sénat. »
PREMIER PLAN, Il Corriere della Sera, P. di Caro, Giorgia Meloni : « Fière de la flamme. Nous sommes pour le présidentialisme, les Italiens choisiront » (14 août 2022) « Fratelli d’Italia se battra pour le présidentialisme mais le Parti démocrate le considère comme un danger pour la démocratie. Dans une interview accordée au Corriere della Sera, Meloni explique les raisons d'un choix qui, elle en est convaincue, rendra la nation « légitime, forte, stable et donc beaucoup plus compétitive ». Et elle rassure ceux qui craignent que le chef de l'État, S. Mattarella, soit dans le collimateur du centre-droit. « Lors de l'Assemblée constituante, il y a eu un grand débat sur la question [du présidentialisme, ndt]. En faveur, il y avait des personnalités comme Calamandrei, Salvemini, Saragat.... Il n'y a jamais eu de tabou pour en parler. Il n'y en avait pas non plus au sein du Parti Démocrate ». Meloni rappelle que le système auquel pense Fratelli d’Italia est le système semi-présidentiel français que « Letta devrait d'ailleurs apprécier, en tant qu'ami et admirateur de la France... », système pour lequel le président D'Alema avait pris parti. Pour Meloni, le présidentialisme « est le système qui s'impose dans un État comme le nôtre, qui est politiquement fragile et donc instable. Nous avons eu 11 Présidents du Conseil différents en 20 ans, il y en a eu 4 en France, 5 au Royaume-Uni, 3 en Allemagne. Cela signifie qu’ils se trouvent confrontés à des interlocuteurs qui, après un an, ont peut-être déjà changé, c'est une grande faiblesse pour l’Italie. »
"Un symbole dont nous sommes fiers."
ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Renato Brunetta, ministre de la Fonction publique, « Je ne suis pas candidat. Meloni est cohérente, je suis prêt à la conseiller » par Monica Guerzoni (14 août 2022): « Je ne me présenterai tout simplement pas aux élections. J'ai beaucoup donné à la politique et j'ai beaucoup reçu. Le mois qui vient de s’écouler a été marqué par des émotions fortes et des décisions difficiles. J'ai vu Forza Italia, ma maison depuis presque trente ans, contribuer à la chute de Draghi. Ouvrir une crise qui risque de faire couler l'Italie, comme l'ont décidé Conte puis Salvini et Berlusconi, relève d’un masochisme qui me désole. Mon rêve était de voter à la fin de la législature, après une loi budgétaire draconienne, forte et structurée. Nous avons maintenant un scénario dystopique, le pire possible. Ce choix a rendu Forza Italia méconnaissable à mes yeux, il était donc impossible pour moi de rester. Je regrette que Draghi n'ait pas été président de la République, certainement pas pour moi, mais l'avoir encore comme premier ministre à un moment tragique, au début de la guerre, était une garantie pour tous. Au sujet de la vidéo de Meloni, je pense qu’elle est la seule à avoir une position cohérente. Elle a représenté une opposition dure mais aussi sérieuse et se présente pour prendre la tête du gouvernement. Je n'ai aucun préjugé contre elle, mais passer de la crédibilité de Draghi à un autre gouvernement, qui devra prouver qu'il est fiable, est en soi un problème pour le pays. Lorsque nous étions voisins de banc (avec Meloni, ndlr), pendant le gouvernement Berlusconi de 2008, nous nous parlions souvent. Je garde un excellent souvenir de nos discussions, elle me demandait des conseils qu’en tant que professeur, je lui donnais volontiers. Je les lui donnerais encore aujourd'hui, dans "l'esprit républicain". C'est la première fois que je n'ai pas co-écrit le programme de ma famille politique. Ses 15 points sont en continuité avec le passé. Mais je croyais au projet d'unité nationale représenté par cet exécutif. Jusqu'à la fin, je continuerai à travailler pour mettre en œuvre le PNR et rendre le pays sûr d'un point de vue sanitaire, social et économique. Je crains que passer du pragmatisme de Draghi à un autre gouvernement ne soit un choc, un coût pour le pays. Surtout si la nouvelle majorité s'éloigne des valeurs européistes et atlantistes. Pour ma part, je resterai disponible pour servir à nouveau mon pays, avec mes idées et mon énergie habituelles. Je m'occuperai davantage de Venise et de ma famille, les grands amours de ma vie".
PREMIER PLAN, Il Corriere della Sera, C. Zapperi « Le ‘’Credo’’ pour se donner un nouvel élan : la campagne de Salvini exalte la Ligue ‘’de gouvernement’’ » (14 août 2022) : « “Credo est un acte de foi laïque à l’égard de la belle politique et de la beauté de la démocratie“, explique le secrétaire de la Ligue. C’est un message qui semble révolutionnaire dans une époque de méfiance et de perte de certitudes. Cela veut dire je crois que notre programme est clair, concret et plein de bon sens, surtout parce qu’il se base sur des promesses déjà tenues, sur des réformes déjà faites, sur des solutions déjà trouvées et déjà expérimentées”. Ce n’est pas un hasard si Salvini évoque les Présidents de régions, les 800 maires et les 6 000 administrateurs qui relèvent de son parti. Le secrétaire de la Ligue entend se baser sur son expérience au ministère de l’Intérieur : il est convaincu qu’elle a constitué une sorte de mini “âge d’or” pour sa figure de ministre et, par conséquent, pour sa politique. Les chevaux de bataille de la Ligue sont au complet et ont été exhibés, symboliquement, dans la soirée de vendredi quand le slogan “Credo” a été lancé grâce à des illuminations sur la gare de Milan (sécurité), l’INPS (retraites), l’Agence des entrées (taxes) et le port de Lampedusa (immigration). Place également à l’énergie, à la politique étrangère (“je crois en la place historique de l’Italie sur la scène internationale”), à la démographie, à la justice et à l’école. Salvini compte réduire ses apparitions médiatiques et se concentrer sur la campagne dans la rue. Il mise surtout sur un travail d’équipe en appelant à l’aide des administrateurs dont il se vante. Le chemin reste ardu : l’écart de voix grandissant des derniers mois avec Fratelli d’Italia semble difficilement colmatable. »
Matteo Salvini : "Je crois aux Italiens."
ENTRETIEN, Il Corriere della Sera, de Carlo Calenda, leader d’Azione : "Le gagnant ne tiendra pas six mois. Nous aurons besoin d'une coalition des forces responsables" par Paola Di Caro (15 août 2022) : « Nous ne ferons pas gagner le centre-droit par la simple création du troisième pôle. Le système proportionnel compte beaucoup dans ces élections. Et si nous obtenons 10 à 15 %, on pourra mettre fin à ce jeu de la politique contre lequel le pays s'est déchiré ces trente dernières années. A Rome, nous avons commencé avec les sondages à 6% et nous avons terminé à 20. Notre résultat servira à forcer ces partis irresponsables à aller de l'avant avec Draghi au lieu de commencer à démolir le travail accompli. Il faut avoir un gouvernement avec Draghi ou du moins un gouvernement qui a de l'autorité, des programmes, du concret, une vision. Je ne pense pas qu'il y ait un risque de gouvernement fasciste si Meloni gagnait. Je crois cependant qu’il y aura un risque d’isolement total des grands pays européens ; et son manque d’expérience administrative et internationale sera un risque grave. Avec un gouvernement dirigé par Meloni, nous n'aurions pas le fascisme, mais le chaos. Notre alliance avec le PD a échoué car celui-ci a consciemment fait le choix d’alliances qui rendaient impossible un programme de coalition. Et en fait, ils se présenteront avec quatre programmes différents : une fausse coalition qui ne pourra jamais gouverner. Jeudi, nous présenterons le programme avec les ministres Bonetti, Carfagna et Gelmini. Le premier point est de poursuivre le travail sur le Pnrr. 2 milliards de dollars doivent être alloués immédiatement aux municipalités pour leur permettre de planifier et de mettre en œuvre. Pas de pluie de superbonus ou de flat tax ici et là. Les regazéifieurs et les usines de valorisation énergétique des déchets doivent être construits, sans veto et rapidement. Le salaire minimum ? Il est juste que personne ne gagne moins de 9 euros par heure. »
PREMIER PLAN, Il Corriere della Sera, « Dernières tensions sur les listes et batailles sur les programmes » (15 août 2022) : « Après avoir terminé la phase de dépôt des symboles et avec la présentation progressive des programmes par les partis et les coalitions, nous entrons maintenant dans une semaine chaude pour la définition des candidatures qui seront déposées entre dimanche et lundi prochains. Ce lundi, le secrétaire du PD, Enrico Letta, a convoqué la direction pour l'examen final des noms en provenance des fédérations régionales et des territoires. Il y a plusieurs problèmes : il y a beaucoup moins de sièges qu'en 2018 et il y a des équilibres de coalition à respecter qui demandent des sacrifices considérables de la part du PD, Demain, un passage tout aussi délicat attend le Mouvement 5 étoiles, qui appelle ses militants à voter sur les investitures : Conte propose une liste de 18 noms de candidats à un siège "sûr". Parmi eux, le premier ministre lui-même qui se présentera dans la 1ère circonscription législative du Latium. Le vote aura lieu de 10 heures à 22 heures. De nouvelles controverses sont attendues dans le monde déjà agité des 5 étoiles. En attendant de connaître les noms, les programmes et projets à mettre à l'ordre du jour du nouveau Parlement sont discutés. L'une des questions qui a divisé le plus grand nombre dans le passé et qui continuera à alimenter une forte opposition est le revenu de citoyenneté. Et si le Mouvement 5 étoiles, qui en est le créateur, confirme dans son programme vouloir défendre l'allocation pour les plus faibles, de l'autre côté du spectre, le chef du groupe Fratelli d'Italia au Sénat Luca Ciriani affirme qu'elle "doit être annulée". Mais la sortie "présidentialiste" de Silvio Berlusconi continue également d'alimenter les interventions. Le fondateur de Forza Italia a encore nié hier que son désir d'introduire l'élection directe du président de la République était "un acte de méfiance envers Mattarella" et que ce rôle ne fait pas partie de ses aspirations. Matteo Salvini, secrétaire de la Ligue, vient à la rescousse de l'allié : "Une république présidentielle et fédérale est, selon moi, un indice de modernité et de sérieux". »
ARTICLE, Il Corriere della Sera, Claudio Bozza : «La liste de Conte divise le M5S. Patuanelli, Todde et Gubitosa parmi les noms retenus» (15 août 2022) : « La liste complète pour le vote des militants du M5S révèle quelques surprises. Sur les 2000 aspirants députés et sénateurs, il ne restait que quelques centaines de candidatures valides. Le Nord, vu la rareté des noms en lice, est confirmé comme un terrain hostile pour les 5 étoiles. Conte se présentera dans la 1ère circonscription du Latium pour la chambre. Avec lui, trois vice-présidents: Alessandra Todde (Sardaigne), Riccardo Ricciardi (Toscane), Michele Gubitosa (Campanie). L'autre bras droit du parti, Mario Turco, est plutôt candidat au Sénat. Stefano Patuanelli, sénateur et ministre sortant vise désormais la Chambre, mais toujours en Frioul-Vénétie Julienne. Le chef de groupe du Palazzo Madama Mariolina Castellone fait un nouvel essai en Campanie. L'ancienne maire de Turin, Chiara Appendino, veut entrer à Montecitorio en se présentant dans la circonscription Piémont 1. On observe que le principe de l’ancrage territorial voulu par le M5S a été largement ignoré. Vittoria Baldino, déjà élue dans le Latium, se présente à la Chambre des députés en Calabre. Gianluca Ferrara, un sénateur de Campanie, se présente en Toscane. Il y a aussi le cas du député Riccardo Tucci, qui est tombé dans une enquête pour fraude fiscale, qui tente un rappel à Montecitorio. Il reste cependant à Conte le pouvoir autoproclamé de nommer 12 têtes d'affiche à l’investiture assurée à la Chambre et 6 au Sénat. Et trop nombreux sont ceux qui n'ont pas encore compris comment le chef de file appliquera ce principe : peut-être les révélera-t-il aujourd'hui ou après le vote en ligne. »
ARTICLE, La Repubblica, « Bataille sur le revenu de citoyenneté. Pour Fratelli d’Italia, il faut l’abolir, pour les 5-Etoiles, il faut le renforcer » (15 août 2022) : « Que va devenir le revenu de citoyenneté ? Le seul à le défendre tel qu'il est, est Giuseppe Conte. Dans le chapitre sur les politiques de l'emploi du M5S, on parle d’un "renforcement du revenu de citoyenneté" avec un "contrôle des mesures anti-fraude". Le dossier du M5S mentionne également "une réduction du temps de travail, en particulier dans les secteurs à forte intensité technologique", avec des incitations et des crédits d'impôt pour les entreprises concernées, et bien sûr le salaire minimum légal, à 9 euros de l'heure brut, est inclus. Au centre-droit, on veut tout simplement supprimer le revenu. Le programme de la coalition FdI-Lega-FI reste cependant vague sur son démantèlement, en parlant d'un "remplacement du revenu de citoyenneté actuel par des mesures plus efficaces d'inclusion sociale et des politiques actives de formation et d'emploi". Côté PD, on propose une réforme, sans suppression, selon les indications de la Commission Saraceno (mise en place par le ministre Andrea Orlando), donc en faveur des familles nombreuses et des familles avec enfants mineurs. Côté Troisième Pôle, Renzi voulait le supprimer, pas Calenda. Dans le programme, on retirera la subvention "après un refus“ et on le réduira “après deux ans sans travail".
COMMENTAIRE, La Repubblica, E. Mauro, « Présidentialisme, la métamorphose du système » (15 août 2022) : « Les partis connaissent leurs démons avec toujours la même tentation dangereuse : idéologiser l'identité, pour mythifier l'histoire et rendre chaque fois exceptionnelle l'aventure quotidienne de la politique. Aujourd'hui cette tentation revient devant la droite. La question se cache immédiatement derrière le thème du présidentialisme, cheval de bataille annoncé de Fratelli d'Italia, et également vu d'un bon œil par la Ligue et Forza Italia. Nous sommes confrontés à une interprétation différenciée de la démocratie : d'un concept universel, elle devient partielle, dans le sillage de la Russie, à condamner et à rejeter le modèle de démocratie libérale dont se nourrit l'Occident et dans lequel - c'est là le problème - ses institutions libres sont nées et ont grandi. Il est donc indispensable de savoir quelle conception de la démocratie inspire cette réforme. La droite croit-elle aux principes et à la vitalité de la démocratie libérale, ou pense-t-elle que le siècle démocratique est derrière nous ? Premièrement, la puissante veine populiste qui traverse différemment les trois partis de droite - le nationalisme réactionnaire de Meloni, le souverainisme christianisant de Salvini, la démagogie de Berlusconi pousse à une adhésion immédiate du peuple au chef, sans intermédiaires ni filtres. L'élection directe du chef de l'État risque donc d'être une solution qui n'est en aucun cas neutre, mais taillée sur mesure pour le populisme de droite bien plus que pour le système démocratique. De plus il y a une tendance de la droite italienne à manifester « une intolérance à la limite » : le rejet de la limite politico-institutionnelle par Salvini qui veut les pleins pouvoirs, de la limite historique par Meloni qui n'est pas capable d'exprimer un jugement clair et autonome condamnant le fascisme, de la limite séparant le pouvoir exécutif du pouvoir législatif et surtout judiciaire pour Berlusconi. Le présidentialisme, en raison également du caractère hautement emblématique de la figure institutionnelle du chef de l'État, est un changement qui, à lui seul, se prête parfaitement à la rupture de la limite, à la rupture de la continuité républicaine, voire au changement de régime : précisément, à la métamorphose. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, S. Bennewitz et A. Fontanarosa « De l'industrie aux banques et aux TLC, l'agenda qui n'est plus » (15 août 2022) : « Le gouvernement Draghi a défini une stratégie précise pour les entreprises publiques. Mais un éventuel futur gouvernement de centre-droit pourrait modifier, voire annuler le travail accompli, des industries métallurgiques au transport aérien. En effet, le centre-droit déclare vouloir renégocier le plan national de relance et de résilience de Draghi (PNRR). Meloni veut démanteler certains investissements et se concentrer sur les infrastructures. Pour Ita Airways, Draghi voit d'un bon œil l'offre de rachat de Msc Group et Lufthansa, bien que rien ne soit décidé. Fratelli d'Italia, en revanche, demande instamment l'arrêt du rachat. Sur ce dossier, le centre-droit veut se tourner vers les États-Unis. Si le ministère de l'économie, qui détient 100% de la compagnie, pourrait signer un protocole d'accord avec Msc et Lufthansa, face à l’offre faite par Certares, Air France et Delta, l’accord n’est pas contraignant. D’autre part, le centre-droit s'intéresse au risque bancaire. Après l'offre publique d’achat sur le Credito Valtellinese, le Crédit Agricole français a repris à la fois 9% de Banco Bpm et 5,1% de la société d'épargne Anima. La création d'un réseau unique entre Telecom Italia et Open Fiber est une question sur laquelle Fratelli d'Italia est attentif. Néanmoins l'un des projets du parti fait précisément l'hypothèse d'une offre publique d’achat de la Caisse des dépôts et crédits sur l'ancien monopole des télécoms, une démarche qui aurait deux gros inconvénients. Elle impliquerait une prime généreuse en faveur de l'actionnaire français Vivendi (propriétaire de 24% de Tim) ; et surtout elle pèserait sur les comptes de la Caisse des dépôts et crédits, qui devrait consolider toute la dette de l'entreprise. Le projet d'une seule entreprise d'antennes de télévision, qui réunirait RaiWay et EI Towers, n'est pas mal accueilli par le possible futur exécutif de centre-droit. L'objectif est de réunir Rai Way (détenue à 64,97% par le radiodiffuseur public) et EI Towers (dont F2i détient 60% et Mediaset 40%). Draghi espère toujours renverser la crise métallurgique. L'objectif est une recapitalisation qui fera passer l'ancienne Ilva (aujourd'hui « Acciaierie d'Italia ») sous le contrôle de l'État. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
13:36 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.