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08/06/2022

‘’Conte : "Nous sommes opposés au réarmement mais distants de la Ligue : nous ne ferons pas tomber Draghi."’’

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre essentiellement ce matin sur la directive européenne sur le salaire minimum, qui relance le débat en Italie sur la nécessité d’en mettre un en place, alors que le pays ne dispose pas de législation en la matière.  Plusieurs commentaires font ressortir l’idée que cette directive est une « opportunité de réforme majeure » pour l’Italie, mais syndicats, patronats et partis politiques s’opposent .«´Salaires minimums, pour les plus fragiles il faut un pacte revenus-travail’ déclare Carlo Bonomi, président de la Confindustria » (Corriere della Sera), « ‘Maintenant, il faut que nous trouvions un accord sur les salaires’ déclare de le ministre du Travail » (La Repubblica), « ´Le salaire moyen est un acte citoyen’ ; Ursula von der Leyen se réjouit de la nouvelle directive européenne mais le gouvernement italien se divise ; Bruxelles demande également l’introduction d’un quota de femmes dans les conseils d’administration » (La Stampa), « la directive sur le salaire minimum européen ne prévoit aucune obligation pour l’Italie » (Sole 24 Ore)

Les propos de l’ancien président russe Dimitri Medvedev contre les Occidentaux sont largement relayées par les principaux quotidiens italiens, ainsi que l’évolution du conflit en Ukraine et notamment le déblocage des ports ukrainiens, vu par la presse comme une discussion qui stagne faute d’aval ukrainien au plan proposé par la Turquie. « Haine et menaces depuis la Russie ; ´Je veux les faire disparaître’ déclare l’ancien président Medvedev. L’Occident réagit. Pour Di Maio ce sont ´des propos dangereux’ », « Crise du blé, la réunion entre la Russie et la Turquie prévue aujourd’hui. Les Etats-Unis et le Vatican cherchent une solution pour permettre l’exportation des denrées bloquées » (Corriere della Sera), « Medvedev contre l’Occident : ´je vous hais, je veux vous faire disparaître’ » (La Repubblica), « Le délire de Medvedev : ´Occidentaux je vous hais’ - la violente attaque de l’ancien président russe sur son canal Telegram ; Di Maio évoque des ‘affirmations dangereuses’ (La Stampa), « Zelensky demande une médiation à la Chine ; ´Je hais les Occidentaux’ déclare Medvedev ; 600 civils torturés à Kherson d’après Kiev » (Il Messaggero)

Les JT couvrent essentiellement le voyage du ministre des Affaires étrangères russe, S. Lavrov, en Turquie et le dîner de Mario Draghi avec le Président Macron, ce soir, à Paris. L’évolution de la guerre dans la région du Donbass, le vote au Parlement européen sur la fin des moteurs thermiques dans l’automobile et la journée mondiale des océans font également l’objet de sujets.

PREMIER PLAN, La Repubblica, « L’attaque de Medvedev, «Je hais les Occidentaux, je vis pour vous faire disparaitre » : « La parabole de la colombe qui est devenue faucon a atteint son paroxysme avec la dernière publication de Medvedev sur Telegram. Il n’a pas précisé l’objectif de sa sortie agressive, mais depuis qu’il a ouvert son compte le 17 mars, l’ancien président russe est apparu comme l’un des plus fervents défenseurs du parti de la guerre, opposé à toute négociation avec Kiev et parmi les plus acharnés à condamner les pays ayant appliqué des sanctions à la Russie. Une manière pour lui de retrouver du crédit et sortir de l’anonymat politique dans lequel il était tombé il y a deux ans. Ou bien de se positionner comme le dauphin de Poutine. « Il pourrait redevenir un favori du président’ commente un proche du Kremlin, « celui auquel Poutine pourrait confier la Russie ». Et dire que sa présidence entre 2008 et 2012 avait pourtant conduit Obama à proposer un « reset » dans la relation avec la Russie, un pays vu à l’époque comme plus moderne et libéral. Si bien que des milliers de Moscovites avaient protesté lorsqu’il avait cédé la place à Poutine. En réalité, comme des télégrammes diffusés par Wikileaks l’avaient révélé en 2010,  Poutine et Medvedev ne sont que les deux faces d’une même pièce de monnaie. En 2020, le chef du Kremlin n’avait pas hésité à se débarrasser de son ‘Robin’.

PREMIER PLAN, La Repubblica, G. Colarusso : « Erdogan tente un gros coup : sauver le blé en Ukraine et passer à l’attaque en Syrie » : « A l’occasion de la visite du ministre russe des Affaires étrangères, S. Lavrov, aujourd’hui, à Ankara, Erdogan essaiera de frapper un grand coup : débloquer les négociations sur le blé et ouvrir un passage aux exportations ukrainiennes afin de se présenter comme le leader qui aura contribué à éviter une grave crise alimentaire globale. Les ambitions turques, cependant, se heurtent aux craintes de Kiev et aux ambiguïtés de Moscou qui, accusant l’Occident d’être à l’origine de la crise, s’est dit prête à débloquer les exportations tout en cherchant à conserver le contrôle absolu des routes de la Mer Noire. Les Ukrainiens veulent des garanties sur le fait que Moscou ne se servira pas des corridors pour attaquer les villes côtières et n’acceptent pas qu’il revienne aux Russes d’escorter les cargos et de décider quels ports utiliser. Par-dessus tout, ils ne veulent pas rendre publique la carte des territoires et des eaux minés. Hier, le ministre de la Défense russe s’est entretenu avec son homologue turc et a répété que les ports de Marioupol et Berdyansk ont été déminés et « sont prêts pour l’exportation de blé ». Voilà la crainte de Kiev : que Moscou remporte la partie en exportant son blé (et, éventuellement, le blé ukrainien catalogué ‘’russe’’) via les ports ukrainiens occupés alors qu’il faudra encore des mois pour libérer Odessa. Erdogan offrira sa médiation en se servant du besoin de Poutine de garantir les exportations russes et de ne pas mettre en péril les relations de la Russie avec ses partenaires de l’Afrique du nord et du Moyen-Orient. En échange, le Président turc cherche à obtenir le feu vert de la Russie pour mener une nouvelle opération militaire contre les Kurdes au nord de la Syrie. Les objectifs restent Manbij et Tal Rifaat même si depuis 2016 le plan d’Erdogan est d’atteindre Kobané pour créer une « poche » où « réinstaller » les réfugiés syriens qui vivent en Turquie. 2023 est une année d’élections : la campagne en Syrie pourrait permettre à Erdogan de récupérer les jugements positifs perdus à cause de la crise économique et de tester les Etats-Unis – alliés des Kurdes en Syrie – avant de rendre un avis définitif sur l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN. »

ENTRETIEN, La Repubblica, de Giuseppe Conte, leader du M5S, par Carmelo Lopapa : « Conte : ‘’Nous sommes opposés au réarmement mais distants de la Ligue : nous ne ferons pas tomber Draghi’’ » : « Personne ne veut provoquer de crise de gouvernement. Que ce soit clair : nous sommes contre le réarmement, nous voulons un tournant vers de vraies négociations de paix mais nous ne faisons pas le jeu de Matteo Salvini : nous ne sommes pas la Ligue. Le vote du 21 ne fera pas tomber le gouvernement ou, du moins, ce dernier ne tombera pas à cause du Mouvement. La bataille contre le réarmement que nous menons est dans l’ADN du M5S. J’espère que notre position puisse devenir celle de la majorité qui soutient le gouvernement. L’Italie doit guider le processus de paix, elle doit prendre la tête de cette bataille. C’est idiot d’avancer que nous tenons des positions pro-Poutine : nous avons toujours condamné l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Nous sommes cependant convaincus que la solution ne passe pas par le réarmement ni par l’augmentation des aides militaires aux forces de résistance ukrainiennes. Nous ne nous en sortirons que par un accord de paix. Ce n’est pas un hasard si le parti de Meloni [Fratelli d’Italia, ndlr] tient des positions bellicistes : on trouve, en son sein, des personnes liées à ce monde-là. Je lance un appel aux autres forces politiques et, en premier lieu, au PD : il faut approuver immédiatement le salaire minimum. Cela fait des années que nous nous battons pour. Notre proposition est au Sénat. Il faut en finir avec les salaires de misère : maintenant nous pouvons dire, nous aussi, « c’est l’Europe qui nous le demande ». Il ne faut plus se chercher d’excuses, le salaire minimum est une nécessité pour tous. »

SONDAGE, Il Corriere della Sera, « Sur la Guerre, le nombre d’Italiens qui ne prennent pas parti augmente » : « Plus les semaines de guerre passent, plus les sympathies des Italiens (bien que toujours importantes) pour l'Ukraine diminuent, tandis que celles pour la Russie augmentent légèrement. Et le "parti" de ceux qui ne sont dans aucun des deux camps ne cesse de s'agrandir. Ce sont les données les plus pertinentes de la dernière enquête réalisée par l'Institut Ipsos. Si le 17 mars, les citoyens qui se disaient du côté ukrainien étaient 57 %, deux mois et demi plus tard, ils sont tombés à 49 %. En revanche, les sympathisants des raisons de la Russie sont passés, au cours de la même période, de 5 à 7 % (un écart qui ne change pas le large soutien à l’Ukraine). Mais la part de ceux qui ne choisissent aucun camp augmente : elle passe ici de 38 % à 44 %. Les plus grands partisans des thèses russes se retrouvent parmi les électeurs de Fratelli d'Italia (13 %, avec la Ligue à 7), tandis que le soutien le plus massif à l'Ukraine provient des électeurs du Pd (74 %, avec les M5S à 57). Le sentiment italien évolue également sur un autre front, celui qui est le plus au centre de la vive confrontation entre les partis : les sanctions contre la Russie. Les effets directs et indirects des mesures prises à l'encontre de l'agresseur se font sentir (coût du carburant, tensions inflationnistes) et de même que l'opinion de certains dirigeants politiques a changé, du moins en partie, celle d’une partie de la population aussi. Le 17 mars, 24 % des personnes interrogées étaient "tout à fait d'accord" avec les sanctions et 31 % étaient "plutôt d'accord" (soit un total de 55 %). Le 1er juin, ce chiffre était tombé à 47 %, avec 17 % de "tout à fait d'accord" et 30 % de "plutôt d'accord". Les Italiens "pas du tout d'accord", en revanche, sont passés de 15 % à 18 %. Ce sondage Ipsos met aussi en évidence un résultat paradoxal, car les personnes interrogées qui se disent très ou assez préoccupées par ce qui se passe en Ukraine ont diminué. Le 17 mars, ils étaient 86 %, deux mois et demi plus tard, ils ne sont plus que 80 % (un chiffre encore élevé). D'un point de vue personnel ou familial, quelles sont les principales préoccupations des Italiens ? Ce sont surtout les craintes des conséquences économiques qui ressortent dans les réponses (pour 55 %), de la hausse des prix aux turbulences sur les marchés qui pourraient mettre en péril les investissements et l'épargne. Vingt-quatre pour cent, en revanche, craignent que l'Italie ne soit directement impliquée dans le conflit, tandis que 12 % se disent inquiets de l'arrivée éventuelle d'un nombre de réfugiés si important qu'il serait difficile ou compliqué de les accueillir et, donc, de les gérer. L'accent est également mis sur l'information. Elle est "trop biaisée en faveur de l'Ukraine" pour 41 % d'entre eux et seulement 6 % considère que l’information est plutôt "en faveur de la Russie". Pour 27 % des répondants, elle est "neutre et objective". »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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