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07/04/2022

"L'irritation de Giorgia Meloni et l'attentisme des autres partis face à un éventuel retour au système électoral proportionnel en disent long."

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Italie. Revue de presse.

Les nouvelles sanctions européennes et américaines contre le Kremlin et la réunion de l’Otan à Bruxelles, au lendemain de nouvelles révélations sur des exactions commises en Ukraine, font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs commentent également la loi de finances rectificative adoptée par le gouvernement Draghi prévoyant des aides aux ménages et aux entreprises dans la perspective d’une réduction des hydrocarbures venant de Russie et d’un ralentissement de l’économie italienne. « Des sanctions pour stopper les atrocités » - Biden annonce des mesures visant les filles de Poutine. Les viols à Boutcha, les crématoires mobiles à Marioupol et les 400 victimes à Gostomel (Corriere della Sera), « La vente d’enfants » - Les ONG dénoncent le risque d’un trafic d’enfants. L’Otan défie la Russie et la Chine : un sommet avec les alliés du Pacifique (La Repubblica), « Le brasier humain en Ukraine » - A Marioupol, des civils brûlés vifs lors des bombardements sur un hôpital. L’Otan lance l’alerte : la guerre sera longue (La Stampa), « Gaz russe, l’hypothèse d’un blocus » - Draghi nous demande : préfère-t-on la paix ou son climatiseur ? Dans le prochain budget, des aides sont prévues en cas d’interruption du gaz (Il Messaggero), « La paix ou la climatisation ? » - Draghi pose ses conditions et adopte un plan économique « de guerre » avec 5 milliards d’aides tout en annonçant un été de sacrifices (Il Giornale), « La guerre est une bonne affaire » - voici ceux qui s’enrichissent : Leonardo, qui fait +44% de bénéfices, mais aussi les géants énergétiques américains (Fatto Quotidiano).

PREMIER PLAN, La Repubblica, S. Mattera : « Une loi de finances de guerre. Draghi : ‘’le contexte est dramatique’’ » : « Le président du Conseil, Mario Draghi, et le ministre de l’économie, Daniele Franco, ont présenté au Conseil des Ministres le Document d’économie et de finances (Def), aux perspectives sombres. L’incertitude domine. Pour l’heure, la prévision est celle d’une chute du PIB de 4.7% (estimé en octobre) à 3.1%. La tendance le porterait à 2.9% mais, explique Franco, les mesures prises par le gouvernement le stimuleraient un peu. Les données, cependant, sont provisoires car l’inconnue de la guerre est énorme, particulièrement parce que l’Italie est prête à s’aligner avec l’UE sur le blocage des importations de gaz russe. Les retombées seraient lourdes en automne et impliqueraient des rationnements. Pour faire face aux contrecoups du conflit, Draghi fait pression en faveur d’une « réponse européenne » qui prévoirait un nouveau plan de relance ainsi que le plafonnement des prix du gaz (auquel restent opposés l’Allemagne et les Pays-Bas).  Draghi cherchera à convaincre son homologue hollandais, Rutte, lors de leur rencontre, aujourd’hui, à Rome. Les décisions européennes (y compris au sujet du pacte de stabilité) interviendront au mois de mai, soit trop tard. C’est pourquoi Draghi a demandé aux chefs des délégations d’approuver le Def d’ici le 20 avril, de manière à ce que le gouvernement puisse signer tout de suite après le nouveau décret pour les aides. Les ressources proviennent, souligne Franco, d’une gestion « prudente » des comptes publics. Le budget mobilisé s’élève à 9.5 milliards mais 4.5 ont déjà été dépensés : il en reste 5 pour les nouvelles mesures mais il n’est pas exclu d’en débloquer davantage, sans toutefois s’endetter. Pour cela, le Def confirme un déficit à 5.6%, tandis que la dette chute de 4 points, à 147%. Draghi rencontrera aujourd’hui les syndicats : le secrétaire de la CGIL déplore que le Def ait été lancé avant la rencontre tandis que Carlo Bonomi, président de Confindustria, trouve les chiffres trop optimistes. Au Conseil des Ministres, le vote est unanime mais le mécontentement est diffus au sein de la majorité, de la Ligue au M5S en passant par le PD. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Des frictions qui sont le reflet de logiques typiquement électorales » : « L'irritation de Giorgia Meloni et l'attentisme des autres partis face à un éventuel retour au système électoral proportionnel en disent long. Cela montre comment, derrière les divisions sur la fiscalité, les rallonges budgétaires et la politique étrangère, se cachent surtout des calculs et des manœuvres électorales. Une dérive que Mario Draghi a encore soulignée hier, en rappelant la nécessité de l'unité du pays comme jadis démontrée au moment de la pandémie. En réalité, les partis politiques ont les yeux rivés sur les élections et tentent d’élaborer un mode de scrutin pouvant les avantager. Par conséquent, la dirigeante de Fratelli d’Italia estime avoir tout intérêt à garder le système majoritaire, ce qui devrait lui permettre de diriger la coalition de centre droit. Et, en cas de victoire, de se porter candidate au Palais Chigi en faisant entrer tous ses proches. Raison pour laquelle la Ligue et Forza Italia freinent. Ils savent bien qu’avec un mode de scrutin proportionnel, elle serait mise à l’écart. Le M5S aussi chercherait cette solution, de manière à pouvoir faire valoir sa voix, évitant une coalition décidée d’avance. Le PD est traditionnellement pour la solution majoritaire depuis R. Prodi. Pourtant, au sein de son parti, plusieurs seraient tentés par la solution proportionnelle, comme évoquée par le maire de Rome Zingaretti, idée soutenue aussi par ceux qui craignent l’effondrement de la « large coalition » avec les 5 Etoiles et son alliance instable. Le débat, malgré la crise économique et énergétique, demeure sur le fond. »

ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’Elena Bonetti, ministre de la Famille et pour l’Egalité des chances, « Le Family Act est désormais une loi ; il prévoit un chèque universel et davantage de places en crèche pour lutter contre la baisse de la natalité » : « Le Family Act est un ensemble articulé de mesures et de réformes de fond devant amener à un véritable changement de paradigme dans le domaine des politiques familiales. Celles-ci ne sont plus envisagées comme un coût mais comme un investissement. Le grand objectif est d’endiguer la baisse de la natalité qui ne sera bientôt plus viable pour l’Italie et contre laquelle nous souhaitons ainsi intervenir avec force. Le Family Act est avant tout basé sur la garantie de ressources économiques stables : il prévoit l’octroi d’un chèque universel aux familles, mais également des ressources économiques pour les dépenses liées à l’éducation, comme la mise en œuvre de services éducatifs territoriaux dès la crèche. Une réforme des congés parentaux est aussi prévue, en particulier l’allongement de la durée minimum du congé paternel actuellement de 10 jours. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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