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20/01/2022

"Les fumées noires qui révèlent des incertitudes dans tous les camps."

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Italie. Revue de presse. 

Les discussions entre les dirigeants politiques autour de l'élection du Président de la République font les gros titres de la presse italienne. Les observateurs relèvent en général les divisions au sein du centre droit et du M5S, au sein desquels la candidature de Draghi  fait débat : « Quirinal, les négociations sont au point mort » -  La réunion du centre droit est reportée, le centre gauche s'oppose à la candidature de Berlusconi ; Conte freine sur celle de Draghi, puis fait marche arrière (Corriere della Sera), « La Ligue et le M5S disent non à la candidature de Draghi » - Le centre droit enlisé, c'est le nom de Gianni Letta qui est évoqué. Le Palais Chigi travaille pour proposer la continuité du gouvernement avec un nouveau premier ministre choisi parmi les « techniciens » de l’actuel gouvernement  : V. Colao serait favori (La Repubblica). « La candidature de Draghi au Quirinal divise les 5 Etoiles » - L. Di Maio fait pression pour convaincre G. Conte; Berlusconi ne se prononce pas sur sa candidature et irrite ses alliés de la Ligue et de FdI (La Stampa), « L'option Draghi au Quirinal divise les coalitions» - E. Letta fait pression pour soutenir le Président du Conseil, Conte assure qu'il n'y aura aucune opposition de principe. Berlusconi souligne que, s'il retire sa candidature, l'élection de Draghi sera inévitable (Il Messaggero), « Covid, mission non accomplie, il faut que Draghi reste au Gouvernement » (Fatto Quotidiano). 

PREMIER PLAN, Repubblica, de G. Casadio, « Le PD aussi est favorable au vote pour les grands électeurs positifs. Les préfectures se préparent, mais c’est Fico qui tranchera. » : « Finalement, même les plus sceptiques des élus démocrates et de LEU ont fini par s’aligner sur  la demande du centre-droit pour autoriser le vote des grands électeurs positifs. Les dispositifs possibles vont du ‘’Covid Hôtels’’ près de Montecitorio à un parcours sécurisé jusqu’à un siège installé dans la cour de la Chambre. Mais il revient désormais au gouvernement et au président de la Chambre Roberto Fico de trancher définitivement. Le gouvernement serait déjà en train de rédiger une circulaire qui interprète et modifie légèrement une disposition du ministère de la Santé publiée le 13 janvier qui autorise tout positif à se déplacer pour se rendre à son domicile. Pour y parvenir, il faudrait cependant augmenter le rayon qui, pour l’instant, ne dépasse pas les 300 km depuis le domicile où est effectué l’isolement. »

COULISSES, La Repubblica, de T. Ciriaco, « Le Président du Conseil entame les ‘consultations’ et réfléchit à un profil de « technicien » qui pourrait le remplacer » : « Au Palais Chigi en ce moment, on se mobilise pour favoriser l’accession de Mario Draghi à la Présidence de la République. Le Président du Conseil n’a jamais démenti ses ambitions présidentielles, mais reste pour le moment en retrait. Il est presque certain qu’il évitera la conférence de presse sur la hausse des prix de l’énergie. Mais cela fait des jours qu’il prépare discrètement le terrain, recevant ministres et autres personnages clés de l’équilibre parlementaire, Lorenzo Guerini (ministre de la Défense), Roberto Fico (président de la Chambre), mais aussi Giancarlo Giorgetti (ministre du Développement économique), Luigi Di Maio (ministre des Affaires étrangères) ou encore Daniele Franco (ministre de l’Economie et des Finances). Le chef de l’exécutif doit maintenant recevoir les leaders. Le Mouvement 5 Etoiles tente d’éviter ce scénario et on ne sait pas comment le centre-droit va réagir. Mais aucune alternative ne semble à la hauteur ou adéquate. Pour favoriser Draghi, il faut avant tout éviter des élections anticipées. Le chef de l’exécutif serait plutôt favorable à un gouvernement technique, il aurait déjà toute une formation en tête, dirigée par son ministre Vittorio Colao, et auquel prendrait également part Daniele Franco et Marta Cartabia. Ou alors, l’actuelle cheffe du Département des informations pour la sécurité (une direction du renseignement italien, ndlr) Elisabetta Belloni, pourrait diriger le prochain exécutif. Autant d’hypothèses qui agitent les partis pour faire tenir un cadre politique déjà mis à mal. La gauche est quant à elle taraudée par un dilemme, une fois Draghi Président de la République, on risque de rentrer immédiatement dans une longue année de campagne électorale durant laquelle les souverainistes risquent d’attaquer continuellement le nouvel exécutif, de l’extérieur (Giorgia Meloni) ou de l’intérieur (Matteo Salvini). Draghi tente de dépasser toutes ces questions. Avant de proposer sa candidature, il lui faut trouver un successeur et définir un squelette d’exécutif. Il lui faut donc gagner du temps et pour cela le psychodrame qui se joue au centre-droit peut lui être utile. Il pourrait ainsi n’entrer en scène que lors du quatrième scrutin. En attendant, des ambassadeurs de l’actuel exécutif contactent ces jours-ci les plus petites formations politiques afin d’évaluer la possibilité de maintenir la coalition actuelle. »

COULISSES, Messaggero, d’E. Pucci, « La ligne Conte-Di Maio : ‘’un pacte de législature pour échapper aux élections’’ » : « Hier, Conte et Di Maio ont longuement discuté lors d’un entretien en tête-à-tête. Il semblerait que la ligne de Di Maio, à savoir préserver Draghi, soit partagée par Conte : ‘’aucun veto sur Draghi au Quirinal’’ dit le leader du M5S. Mais à une condition : parvenir à un pacte de fin législature qui permettrait d’éviter que l’on se rende aux urnes. Mais l’ancien Président du Conseil doit composer avec un M5S largement divisé, entre ceux qui poussent pour un Mattarella bis, pour Liliana Segre, ou pour un boycott du scrutin si Berlusconi ne se retire pas. En somme, on assiste au même scénario qui avait conduit à la formation du gouvernement Draghi, à l’exception que cette fois-ci, Grillo n’est pas là pour souder ses troupes. Si Di Maio a plus de chance de parvenir à convaincre les 5 étoiles pour soutenir Draghi au Quirinal, le noyau de députés fermement opposés au Président du Conseil reste encore très solide. C’est donc pour cette raison que Conte a souhaité voir Di Maio, ce qui ‘’formalise, de facto, la dyarchie du Mouvement’’ observe un député. »

ARTICLE, La Repubblica, S. Folli « La paralysie n’aide pas Draghi » : « L’enlisement du Parlement ne laisse entrevoir aucune perspective. Cela peut durer des jours ou une semaine. Les deux coalitions ont présenté leur stratégie, dans les incertitudes et les non-dits. Le centre droit, avec Salvini, a tenté de freiner l’entêtement de Berlusconi en évoquant des noms, qui ne sont pas recevables pour le centre gauche. La réunion d’hier entre E. Letta, G. Conte et R. Speranza a juste offert une disposition collective à négocier sur un candidat partagé, avec deux impératifs : d’abord empêcher l’arrivée de Berlusconi, et aussi celle des noms jusque-là évoqués par le centre droit, dont M. Pera. Et le message est le suivant : personne n’a un droit de cooptation sur les autres. La droite ne peut donc pas se sentir légitimée à imposer le profil du Président de la République uniquement en raison du fait qu’elle dispose de plus de grands électeurs que les autres. Bref, on se retrouve à un point mort. Le centre droit pourrait imposer son candidat, mais il est enlisé dans l’inconnu de la stratégie de Berlusconi. Le centre gauche est, pour sa part, bloqué sur un problème de fond : la recherche d’un candidat partagé (mais les oppositions par principe soulevées n’aident pas) et sur l’idée floue d’un « pacte de législature » pour mettre en sécurité la mandature jusqu’en 2023. On pourrait penser que l’enlisement peut favoriser Draghi. Sur le papier, ce serait le scénario idéal : un système politique enlisé et un profil prestigieux qui émerge et qui se dit prêt à endosser la fonction. Pourtant, personne n’a jusque-là prononcé de manière claire et convaincue le nom de Draghi. Certains pourraient dire que c’est par politesse institutionnelle pour ne pas lui donner de couleur politique. Mais la vérité est peut-être ailleurs : personne, à droite comme à gauche, n’est prêt à prendre une décision claire. Les doutes sur la potentielle candidature de Draghi demeurent de manière transversale. Cela s’explique en partie par la crainte sur le destin du gouvernement, qui se retrouverait sans chef dans la gestion des fonds communautaires, de la crise énergétique et pandémique. Toutefois, ces doutes s’expliquent aussi par la rivalité et les stratégies typiques de forces politiques en crise de leadership et d’identité. Toujours est-il qu’à 5 jours du début du scrutin les chefs de partis ne sont toujours pas arrivés ou n’ont pas voulu se réunir autour d’une table où le nom de Draghi pourrait être évoqué de manière plus claire. Ou du moins, les vraies réserves seraient prononcées, dont la principale concerne la difficulté de reconstruire un gouvernement en mesure de terminer la mandature sans perte de vitesse par rapport à l’Europe. Draghi au Quirinal peut offrir à l’Union des garanties mais c’est au Palais Chigi qu’il pourrait commettre des erreurs aux conséquences imprévisibles. Le problème demeure toujours le même : il faut d’abord trouver une entente sur le gouvernement et ensuite sur le Président de la République. »

COMMENTAIRE, Corriere della sera, de Massimo Franco, « Les fumées noires qui révèlent des incertitudes dans tous les camps. » : « Le renvoi du sommet du centre-droit qui devait se tenir aujourd’hui montre que la candidature de Berlusconi reste en suspens. Salvini et Meloni, quant à eux, l’interprètent comme un feu vert pour leur fameux ‘’plan B’’. Les manœuvres autour du Quirinal sont un accélérateur des contradictions de tous les participants : au-delà du tweet publié à l’identique par  Conte, Letta et Speranza à l’issue de leur rencontre, l’unité du centre-gauche est elle aussi à vérifier. Le caractère vague du texte publié laisse bien entrevoir qu’aucune véritable entente sur un nom n’a été trouvée. Du côté des 5 étoiles, le tête-à-tête entre Di Maio et Conte s’est terminé sur la revendication de la ‘’centralité’’ du M5S et la nécessité de ‘’de préserver Draghi des manœuvres politiques.’’. Mais en fin de soirée, une déclaration officieuse en provenance du cercle de Conte laisse entendre que la ligne du M5S prévoit de laisser Draghi au Palais Chigi. Cette déclaration ambiguë est probablement surtout adressée aux 5 étoiles les plus hostiles au président du Conseil qui craignent les élections anticipées. Or, il s’agit d’une crainte infondée, car quiconque sera élu au Quirinal souhaite que la législature dure jusqu’en 2023. Letta, de son côté, semble être le plus conscient des répercussions à la portée internationale que pourrait impliquer la sortie de scène de l’ancien président de la BCE. Il est aussi conscient qu’il est fort improbable que Draghi reste au Palais Chigi. Et c’est donc pour cela qu’il déclare que ‘’protéger Draghi doit être l’objectif de toutes les forces politiques’’car explique-t-il, ‘’il est la principale ressource de notre pays, un véritable bouclier contre nos faiblesses’’. Le message est clair. Encore faut-il voir qui voudra ou pourra l’entendre. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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