13/09/2021
Italie : "Seuls 17% de citoyens ne veulent pas du vaccin obligatoire."
Italie. Revue de presse.
Les journaux italiens s’intéressent à la rentrée scolaire qui concerne aujourd’hui une grande partie des régions italiennes, ainsi qu’au décret qui étendra l’obligation de Pass sanitaire à de nouveaux secteurs et devant être validé cette semaine. « Aujourd’hui, tout le monde en classe », « Voici comment le pass sanitaire sera étendu » (Corriere della Sera), « Giorgetti fait pression pour le pass sanitaire : ‘’il faut être pragmatique ´´», « Tous à l’école mais la présence ne suffit pas » (La Repubblica), « Tous en classe, risque de chaos lors du contrôle des pass sanitaires » (La Stampa), « Que manque-t-il pour un retour en classe sans risque ? » (Il Messaggero).
Les JT couvrent essentiellement la rentrée scolaire qui concerne aujourd’hui la moitié des régions italiennes, la décision du Président du Latium de lancer la vaccination avec la troisième dose de vaccin pour les personnes les plus fragiles dès la semaine prochaine, les déclarations d’Enrico Letta et de Matteo Salvini qui s’opposent sur la question du pass sanitaire et les attaques de leader de la Ligue à l’encontre de la ministre de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, et enfin la visite du pape François en Hongrie.
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Guerzoni et F. Sarzanini, “Services publics, bars et activités sportives ; voici le décret sur l’extension du pass sanitaire” : “Le chemin est désormais tout tracé, d’ici la mi-octobre, plusieurs millions de travailleurs seront concernés par l’extension du pass sanitaire obligatoire. Seule la question des employés du privé n’a pas encore été tranchée. C’est donc la ligne des ministres de l’administration et de la Santé qui l’emporte, en accord avec Mario Draghi. Les résistances de Matteo Salvini perdurent malgré les propos du ministre léghiste Giancarlo Giorgetti selon lequel ‘’Il faut être pragmatique : le green pass est une mesure utile’’. Ainsi, lors du Conseil des ministres qui doit se tenir jeudi, les ministres de la Ligue devraient voter en faveur de la mesure. Le décret devrait entrer en vigueur le 10 octobre, comme celui qui concernait déjà les prestataires travaillant dans les EHPAD. Pour rappel, le pass est émis 15 jours après la première dose de vaccin, à ceux qui ont guéri de la covid dans les 9 mois qui ont précédé et, pour 48h, à ceux qui ont un résultat de test antigénique ou moléculaire négatif. Les présidents de région sont actuellement consultés mais le passage du décret est désormais donné pour acquis. L’objectif du chef du gouvernement est clair : éviter de recourir à l’obligation vaccinale mais aussi à des fermetures et autres mesures restrictives. Le ministre en charge de l’administration a en outre annoncé un plafond pour le télétravail avec un retour en présence de 85% des employés. De façon générale, le pass sera exigé pour tous les employés des services et structures où il est déjà exigé pour les clients, y compris pour les transports interrégionaux et de longue distance, ce qui n’était pas sûr initialement. Dans le secteur privé, les négociations avec le syndicat patronal Confindustria et autres syndicats sont encore en cours, notamment sur la prise en charge du coût des tests pour les employés qui ne seraient pas vaccinés. Il a déjà été exclu qu’il soit à la charge de l’Etat. »
PREMIER PLAN, La Repubblica, « Premier jour d'école : c’est le début des tests salivaires. Giorgetti (Ligue) est favorable au pass sanitaire » : « Près de quatre millions d’élèves retournent à l’école aujourd'hui, soit la moitié des élèves en Italie dans neuf régions et une province autonome : Abruzzes, Basilicate, Émilie-Romagne, Latium, Lombardie, Piémont, Ombrie, Vénétie, Val d'Aoste et Trente. Un retour 100% en présentiel, pour lequel certaines régions commenceront immédiatement le dépistage par test salivaire. Des tests qui permettront d’obtenir le pass sanitaire également à partir du 23 septembre. Le numéro deux de la Ligue, le ministre du Développement économique Giancarlo Giorgetti, s’est dit favorable au pass sanitaire : «outil utile car nous devons être prudents et suivre les règles pendant un certain temps. Si nous les suivons tous, nous retrouverons la vraie liberté le plus rapidement possible". Sur ce point, Giorgetti semble adopter une position différente de celle de Matteo Salvini. Il a ajouté : "Nous devons regarder la réalité de manière pragmatique : si nous ne parvenons pas à contenir le phénomène, il y a malheureusement d'autres mesures que nous devons éviter". Sur l'école, le ministre Bianchi a été clair : " Plus jamais de cours à distance ", sauf pour des raisons sanitaires temporaires comme la mise en quarantaine d'une seule classe. En présentiel, il y aura encore le masque, le retour des bureaux d’écolier à deux places et le Pass pour les enseignants et les externes, première grande inconnue qui a conduit un syndicat, l'Anief, à annoncer une grève pour aujourd'hui. C'est également aujourd'hui que sera inaugurée la nouvelle application pour le contrôle du pass. Pourtant, certains directeurs d'école, comme Cristina Costarelli de l'école Newton de Rome, ont déjà annoncé : "Pour quelques jours, nous allons continuer avec l'ancienne application". Autre problème : la vérification du Pass des parents. Dans certains jardins d'enfants, les câlins avec les petits seront supprimés, mais Tuttoscuola a estimé que lorsque les parents doivent entrer ne serait-ce que dans la cour, le temps d'attente pourrait aller jusqu’à 100 minutes dans une école de 200 enfants. Et encore, le début de la nouvelle année a entraîné des entrées échelonnées à différents moments de la journée pour éviter les foules tant dans les bus, dont la capacité ne doit pas dépasser 80%, qu'à l'entrée et à la sortie. Et il y a aussi des écoles qui ont dû mettre en place des équipes doubles par manque de place. »
ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Un PD qui aurait l’ascendant dans l’alliance avec le M5S. Nous ferons voter la réforme du droit du sol et le décret Zan contre l’homophobie » : « ‘On ne sortira pas de cette pandémie par la droite mais par la gauche, du côté de la solidarité et des valeurs sociales, c’est-à-dire là où nous sommes. C’est à nous d’être à la hauteur de ce rendez-vous historique’. C’est ainsi qu’Enrico Letta a conclu la ‘Festa dell’Unità’ qui s’est tenue à Bologne, ville clef de l’alliance Pd-M5S. L’ancien président du conseil annonce les trois piliers qui guideront son engagement : le nouveau bipolarisme qui marquerait désormais la politique italienne, le vaccin comme liberté et un nouveau parti démocrate qui soit également un parti ‘des travailleurs’ et plus seulement ‘des entreprises’. Letta promet que ses batailles pour les droits civiques se concrétiseront par une nouvelle loi sur la citoyenneté et une approbation du ddl Zan contre l’homophobie. Quant à la question de l’alliance avec le M5S, Letta le répète à plusieurs reprises : ‘l’alternative à la droite se construira autour du Pd’. Une unité nécessaire car une position intermédiaire n’existe pas, les électeurs seront ‘ici ou là-bas’, fidèles au gouvernement Draghi ou ‘alliés avec les gouvernements polonais et hongrois’. Le secrétaire du Pd dit n’avoir aucun regret d’avoir quitté Paris pour Rome et pense que son ‘choc a servi, je devais éviter de faire correspondre le début du gouvernement Draghi avec une guérilla permanente au sein du Pd.’ Comme on pouvait s’y attendre, Franceschini et Orlando applaudissent l’agenda digital et environnemental du nouveau secrétaire démocrate. »
ARTICLE, La Repubblica, « Sondages : un probable duel Michetti-Gualtieri à Rome. Mais on compte encore 44% d'indécis » : « Enrico Michetti, le candidat de centre-droit, serait en tête avec 31% des intentions. Il serait suivi par Roberto Gualtieri, le candidat de centre-gauche, avec 27% des voix. Viennent ensuite Virginia Raggi (19,1%) et Carlo Calenda (18,9%). Les résultats du sondage commandé par le groupe Gedi à YouTrend pour les élections municipales des 3 et 4 octobre proposent aux Romains un scrutin sous la bannière du vieux bipolarisme : Fratelli d'Italia, Ligue et Forza Italia d'un côté, le PD et la gauche de l'autre. Le Mouvement 5 étoiles et le projet du leader d'Azione sont hors-jeu. Même si les exclus gardent espoir : 44,1% des 802 personnes interrogées expliquent qu'elles sont indécises, qu'elles ne savent pas encore pour qui elles vont voter, ou qu'elles ne veulent pas se rendre aux urnes. "Il y a une importante zone grise - explique Lorenzo Pregliasco, directeur de YouTrend - et généralement 10% des électeurs décident pour qui voter que le dernier jour. En tout cas, il est probable d’avoir un duel entre Michetti et Gualtieri. Et même dans ce cas, la performance de Michetti est décevante puisqu’il est 6 points en dessous du centre-droit au niveau national. Gualtieri est également 2,6 points en dessous du centre-gauche, qui atteint 29,6%. La différence se retrouve dans les voix qui iront à Raggi et Calenda. La maire sortante, pour le meilleur et pour le pire sous les feux de la rampe depuis cinq ans, avance plutôt plus vite que sa coalition : le Mouvement et les six listes d’arrondissement de Raggi se situent à 16%. Le leader d'Azione prend 6,7 points de plus que sa liste civique. Malgré cela, elle a peu de chances d’aller au second tour. Dans le cas d'une confrontation entre Gualtieri et Michetti, le député démocrate l'emporterait avec 58,5 % des voix. Et même Calenda battrait l'avocat de centre-droit avec 61,6% des voix. Pour le tribun de Giorgia Meloni, le seul défi à portée de main est celui avec Raggi, dont il sortirait vainqueur avec 53,9% des votants. Les Romains qui ont participé à l'enquête ont également été invités à indiquer le parti pour lequel ils voteraient. La première force à Rome est le PD avec 21,9% des voix. Ils sont suivis par Fratelli d'Italia (18,3%), M5S (13,4%), la liste de Calenda (12,2%), la Ligue (10,7%) et Forza Italia (4,9%). Les dirigeants locaux pâtissent d’une défiance à l’égard du politique, qui semble épargner seulement le Premier ministre Mario Draghi et le Président de la République, Sergio Mattarella, le premier recueille 62,2% d’avis favorables dans ce sondage romain, le second par 69,3%. Tous les autres sont bien en dessous de 50%. Giuseppe Conte ne recueille que 39,8% d’opinions favroable, suivi par Giorgia Meloni (32,5%), Enrico Letta à (29,5%) Matteo Salvini (22,8%). »
OPINION, La Repubblica, de Ezio-Mauro, « La graine de l'anti-système » : « Dans la campagne de Salvini et Meloni contre le Pass sanitaire pour faire un clin d'œil à la population No Vax et raviver la méfiance et la peur des vaccins, notamment quand Salvini dit que ‘les variants naissent d’une réaction au vaccin’, il y a une chasse aux voix. Et pourtant, le sentiment des Italiens à l'égard des vaccinations, du pass sanitaire et en général des mesures de lutte contre la pandémie est très clair et soutient largement l’impératif de protection plutôt que de méfiance no-vax. L'enquête réalisée il y a quelques jours dans La Repubblica par Ilvo Diamanti montre que seuls 17% de citoyens ne veulent pas du vaccin obligatoire, contre 64% qui y sont ouvertement favorables, avec une augmentation de 9 points i depuis mai. Mais en ce qui concerne le Pass, le pourcentage de ceux qui sont d'accord s'élève à 78%, et même 66% des électeurs probables de Fratelli d'Italia et 72% de la Ligue considèrent qu'il s'agit d'une mesure nécessaire, et non d'une limitation de la liberté et de la démocratie, comme le dit la propagande des deux partis. Avec ces tendances, il est évident que les leaders populistes qui courent après la troupe minoritaire des irréductibles risquent de mécontenter le grand nombre de ceux qui sont favorables, même au sein de leur propre famille. Il faut donc chercher une autre raison pour expliquer la position des souverainistes italiens, qui semble à première vue illogique en termes de bénéfices électoraux. L'explication réside dans la nature particulière de la rébellion contre le Vax. Le caractère extrême de l'épreuve pandémique, l'entrée dans le champ des catégories ultimes de la vie et de la mort, l'intimité personnelle de choix qui concernent des destins privés, ont dissous le lien social, libérant des pulsions et des instincts individuels. Ainsi, une énergie négative a été libérée, remettant en cause la valeur de chaque hypothèse scientifique, de tous les avis d'experts, et rejetant par conséquent les choix gouvernementaux qui en découlent. Aucune alternative n'est proposée, car il n'y en a pas : on choisit de rester dehors, comme si l'ailleurs était l'antidote, le rejet la solution et la norme la tromperie. Et ce sont précisément ces réflexes qui intéressent le populisme d'extrême droite : la dénonciation du savoir, une sorte de sécession culturelle qui se sépare de tout dépôt de connaissances ; l'altérité par rapport au sentiment collectif et aux choix partagés ; le rejet de la règle, ce qui signifie le désaveu de toute autorité et de l'action commune. C'est le terrain idéal pour l'avènement d'un extrémisme populiste qui, dans la configuration nationaliste et souverainiste actuelle, n'a pas d'histoire. Alors que les 5 étoiles font le mouvement inverse, en rentrant dans le rang, le populisme de droite cherche tous les moyens pour cultiver la défiance, le doute perpétuel. C’est ainsi que Salvini et Meloni se préparent à gouverner en faisant germer la graine de l’antisystème ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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