27/06/2019
"Sea Watch, Salvini demande l’arrestation."
Italie. Revue de presse.
La question migratoire fait les gros titres des médias transalpins. La presse relève la décision de la capitaine du navire Sea Watch de faire débarquer les migrants à Lampedusa malgré l’interdiction de la capitainerie italienne : « Migrant, le mur de Salvini » - ‘’Le navire force le blocus’’ (Corriere della Sera), « Courage Capitaine » - ‘’Sea Watch brave l’interdiction, colère de Salvini’’ (La Repubblica), « Le capitaine Carola défie Salvini » - ‘’Lampedusa du côté de l’héroïne’’ (La Stampa), « Sea Watch, Rome accuse les Pays-Bas » (Il Messaggero), « Blocus inhumain » (Avvenire), « Sea Watch, Salvini demande l’arrestation » (Il Giornale).
ARTICLE La Stampa, F. Grignetti « Le plan de l’Intérieur : faire sauter le traité de Dublin et fermer les frontières avec Lubiana » : « Le Ministre de l’Intérieur Salvini a un plan secret, contre l’Europe « qui s’en fiche » du problème migratoire. C’est une escalade qui s’annonce. Salvini est prêt à une guerre totale, en sabotant le Traité de Dublin ainsi que celui de Schengen. Avec l’escamotage de ne plus partager les données des migrants dans le système de Dublin, c’est le traité-même qui imploserait, fait-on savoir au ministère de l’Intérieur. Si le diktat de Salvini devait être porté jusqu’au bout, les migrants deviendraient des fantômes pouvant demander l’asile politique n’importe où. C’est une menace dure. Les chancelleries européennes ont été prévenues. Par ailleurs, l’irritation de Salvini envers l’Europe dure depuis des jours. Salvini est satisfait que la Farnesina (Ministère des Affaires étrangères) ait fait le pas formel auprès du gouvernement hollandais, manifestant ainsi le mécontentement italien contre l’inertie des Pays-Bas envers le navire Sea Watch. Salvini a ainsi planifié l’escalade : patrouilles mixtes entre l’Italie et la Slovénie au Frioul-Vénétie-Julie, faire comme Macron à Vintimille, soit déployer la police le long de la frontière en demandant ainsi une suspension du Traité de Schengen. Une révolution copernicienne, pour les Italiens. Enfin, la réalisation d’une sorte de mur le long de la frontière, comme Trump ou plutôt comme Orban ‘’nous n’exclurons pas la construction de barrières physiques comme l’ont fait d’autres pays européens’’ explique Salvini ».
ARTICLE Il Messaggero, M. Bait « Le ministre : barrières dans le Frioul pour fermer la route des Balkans » : « Sur la table du gouvernement, outre l’hypothèse de suspendre le traité de Schengen existe également celle de réaliser une vraie barrière physique à la frontière avec la Slovénie pour arrêter les flux de l’immigration irrégulière via terre le long de la route des Balkans. M. Salvini a rappelé l’urgence à Trieste et dans d’autres zones de Frioul-Vénétie-Julie juste après les heures frénétiques de l’affaire Sea Watch. Il a déclaré : ‘’la route des Balkans s’est ré-ouverte et en juillet les patrouilles mixtes avec les Slovènes repartira mais si le flux des migrants ne devait pas s’arrêter, à maux extrêmes, remèdes extrêmes : nous n’excluons pas la construction de barrières physiques à la frontière, comme d’autres pays l’ont fait ».
ARTICLE, La Repubblica, Gad Lerner : « L’honneur de désobéir. » : « Que penserait la mère de Salvini de ce fanfaron de brasserie, qui profite de la souffrance des gens pour augmenter son crédit politique ? Avec un vocabulaire grossier et misogyne, il insulte Carola Rackete, la capitaine du navire humanitaire Sea Watch 3. Par ailleurs, il menace de ne plus enregistrer les migrants et les débarquements, de manière à ce qu’ils puissent poursuivre leur route vers le nord. Cependant Salvini et l’extrême-droite ne représentent pas l’intégralité de l’Italie : les votes en faveur de la Ligue, de Forza Italia, et de Frères d’Italie (Meloni), rassemblent 13 millions de voix. Il s’agit d’une minorité par rapport aux 60 millions d’habitants que compte la péninsule. Salvini devra faire ses comptes avec une Italie intimidée, muette, car les voix dissidentes peines à se faire entendre. Salvini dénonce que les sauveurs de migrants en mer méditerranée sont les complices des trafiquants d’êtres humains, alors que ce sont les politiques qui ont concédé aux organisations criminelles le monopole des routes qui le sont. La désobéissance civile de la capitaine, en procédant au débarquement des migrants à Lampedusa, est un hommage à la loyauté et au respect des normes sur l’assistance des personnes en danger, et le droit de la mer. La capitaine tente de racheter le déshonneur des gouvernants de l’Union, et de nous tous. »
ARTICLE, Il Fatto Quotidiano, Antonio Padellaro : « Autour du ministre de la méchanceté, les hypocrites se taisent. » : « Une des seules paroles sincères proviennent de Pietro Bartolo, médecin de Lampedusa élu au parlement européen, qui regrette de ne pas être allé chercher les migrants avec sa barque. Le reste de la politique italienne et européenne reste muette. Elle appuie silencieusement les paroles de Salvini : « pour moi ils peuvent rester jusqu’à Noël. ». En outre, la Cour européenne des droits de l’homme, a décidé que les conditions n’étaient pas urgentes pour porter secours aux migrants. Les 5 étoiles, fragilisés par leurs derniers résultats restent mutiques et complices de la Ligue, tandis que le PD se contente de minces protestations sans aucune action. Salvini a gagné en exploitant la peur d’une invasion qui n’existe pas. Nous ne saurions imaginer quel accueil sera réservé à cet homme avec le rosaire à la main et le cœur égaré. »
ARTICLE Sole 24 Ore, L. Palmerini « Les avantages et les inconvénients, pour Salvini, d’une entente avec l’UE » : « Si vraiment Salvini voulait provoquer une crise, obtenir un accord avec l’Europe, elle lui faciliterait la tâche. C’est-à-dire qu’avec une entente dans les mains, en finir avec les 5 Etoiles et préparer les élections anticipées serait beaucoup moins traumatisant qu’avec une procédure de sanction en cours. Il y aurait sans doute moins de risques sur les marchés et moins de tension sur le spread. Il n’est pas exclu que les marchés, comme l’estiment certains analystes, puissent saluer la perspective d’un gouvernement de centre droit, plus homogène dans son agenda. Voilà pourquoi, chez les ministres et au sein de la majorité, on a la sensation que le leader léguiste veuille maintenir un double registre : celui de la communication, où il attaque l’Europe comme hier sur le Sea Watch, et celui plus ‘’gouvernemental’’, où il laisse faire les négociations à Conte et à Tria. Les calculs des convenances se font le long de cette trajectoire ».
ARTICLE, La Repubblica, Mauro Favale : « A Rome, les rues sont envahies par les déchets. Des risques pour les enfants, les malades et les anciens » : « Les déchets s’accumulent à Rome, avec les 40° prévus pour aujourd’hui et demain. Un risque sanitaire émerge, « spécialement pour les enfants et les anciens », rappelle la Région Lazio. Le risque de prolifération des bactéries est grand : ont été détectés, outre les nombreux rats et goélands, des colonies de vers se développant sous les paquets de déchets. Déjà fortement critiqué, le bilan de l’administration romaine s’est alourdi avec l’incendie récent d’un des quatre centres de traitement des déchets (Rocca Cencia). La mairie cherche de trouver un centre de traitement en dehors de la région Lazio. L’AMA (société de traitement des déchets de la commune de Rome), est en situation de crise avec de nombreux centres en sous-effectif, et un rendement réduit. Un nouveau conseil d’administration a été nommé récemment. Cependant, il ne sera pas facile de rétablir à l’équilibre une société qui n’a pas encore approuvé ses comptes de 2017 et 2018, et doit faire face à un contentieux ouvert avec la commune de Rome. »
ARTICLE La Stampa, D. Lessi « Les deux visages de la TAV : en France des roulements sans trêve et pas de congés » : « A haute altitude, tout est plus clair. La politique des compromis qui à Rome fait état d’une « mini-TAV » est bien loin. En France, sur les 8 700 mètres, 8063 ont été creusés. Des roulements sans arrêt et pas de congés, juste dix jours à Noël. L’accès au chantier français se fait sans problème. Il y a du fer barbelé mais les portails sont ouverts. Un ingénieur italien avoue ‘’ici je suis tranquille, les citoyens nous ont bien accueillis. En Italie, je préfère ne pas dire quel est mon travail. Je ne serais pas serein à Chiomonte’’. En effet, Chiomonte, de l’autre versant de la montagne, représente ce chantier « à deux vitesses ». A 40 kilomètres, au Fréjus, des militants qui s’opposent à la Tav ont manifesté, hier. Quant aux tergiversations italiennes, on peut dire que la TAV va de l’avant, certes, mais « à deux vitesses » ».
ENTRETIEN d’Iveta Radicova, coordinatrice du Couloir méditerranéen « Nous attendons une réponse de la part de l’Italie » (Sole 24 Ore): « ‘’Si nous n’avions pas décidé d’ouvrir la procédure, l’Italie aurait perdu les financements. L’incertitude est la pire des choses. Nous sommes en train de demander, de manière respectueuse, sans force ni ultimatum, de nous dire « oui » ou « non » pour la TAV. Nous attendons une simple réponse. Nous avons utilisé toutes les exceptions possibles pour gagner du temps. Il n’y a pas de solution de milieu dans cette histoire, car le point est maintenir ou perdre les financements. Les utiliser pour d’autres projets en Italie est totalement impossible, cela va contre le règlement. Nous avons demandé au ministre Toninelli une rencontre dès la publication de l’analyse coûts-bénéfices. Nous attendons encore une proposition de date de sa part, alors que j’ai rencontré à deux reprises la ministre française des transports et les autres ministres responsables des différents couloirs européens’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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