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15/05/2019

"Salvini, le ministre absent"

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Italie. Revue de presse.

Les frictions entre les deux leaders de la majorité font les gros titres des médias transalpins : « Salvini au 5 Etoiles : allons de l’avant, arrêtons les attaques » - ‘’Giorgetti [secrétaire d'État à la présidence du Conseil des ministres] (Ligue) pessimiste’’ (Corriere della Sera), « Salvini, le ministre absent » - ‘’Jamais présent au ministère, il fait le tour de l’Italie avec les avions de la police’’ (La Repubblica), « Salvini défie l’UE sur les comptes et fait monter le spread » - ‘’Di Maio : ‘’c’est irresponsable’’ (La Stampa), « Spread, Salvini allume la mèche » - ‘’Salvini : il faut dépasser le plafond des 3%’’ (Il Messaggero), « Déficit, le défi de Salvini » - ‘’Le spread s’enflamme’’ (Il Mattino), « Divorce annoncé » - ‘’que Salvini abandonne les 5 Etoiles’’ (Il Giornale), « M5S-Ligue, divisés sur le déficit et sur les mesures pour la famille » (Avvenire).

Journaux télévisés : Les journaux télévisés se focalisent sur les tensions entre les deux partis de majorité, en campagne électorale, et sur les intempéries qui ont frappé le Nord de l’Italie.

Réseaux sociaux : L’hashtag #15Maggio et #IlMinistro (à la suite des récents articles – notamment de L’Espresso et Repubblica – faisant part des absences de M. Salvini du ministère de l’Intérieur) sont largement dominants.

ARTICLE, La Stampa, R. Giovannini, « Le duel Ligue- « Cinq Etoiles » : le spread s’envole » : «Hier, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini a affirmé que l’Italie « ira de l’avant» même si elle doit faire augmenter la dette publique jusqu’à 130-140% du PIB. Cette annonce a effrayé les marchés. D’après le ministre de l’Economie, Giovanni Tria (Indépendant) et son Document d’Economie et de Finance, la dette a augmenté et représente 132.8 % du PIB. Et voici, que Salvini, sans problème, fait savoir que la dette pourrait même s’élever jusqu’à 140% du PIB. Luigi Di Maio, son adversaire, a réagi très tôt dans l’après-midi à cette annonce de Matteo Salvini. D’après lui, c’est « irresponsable » d’accepter que la dette puisse encore augmenter. Mais pour Salvini, c’est « son devoir » vis-à-vis des Italiens qui l’obligent à « dépasser les contraintes européennes qui continuent d’affamer les familles italiennes. » Il ajoute que la contrainte des 3% est la dernière de ses préoccupations ».

RETROSCENA (coulisses) Il Messaggero M. Conti « La réunion gouvernementale saute : stop à la ‘’flat tax’’ et aux autonomies régionales » : « Encore hier, c’est Salvini qui a décidé l’agenda de la campagne électorale, promettant encore plus d’endettement sans se soucier des paramètres européens. Di Maio ne pouvait qu’intervenir, affirmant l’exact contraire et accusant son allié de faire fuir les investisseurs. Le conseil des ministres reste encore suspendu et il n’y a aucune trace d’une réunion de majorité demandée par le vice-président du Conseil du M5S. Pendant que les deux leaders se disputent, le spread s’envole et le Quirinal commence à s’inquiéter. Il est probable que le ministre de l’Economie Tria, invité au forum de l’Administration publique, intervienne pour remettre le gouvernement sur les bons rails. L’absence de communication entre les deux vice-présidents du Conseil est l’aspect le plus paradoxal d’un gouvernement paralysé depuis désormais plusieurs jours ».

ARTICLE Sole 24 Ore B. Fiammeri et M. Perrone « Salvini-Di Maio, querelle sur le plafond des 3% et sur le spread » : « La tension de la campagne électorale est à un niveau tel qu’aucun des alliés de gouvernement n’est disposé à freiner, poussant la barre du conflit de plus en plus haut. Le conseil des ministres a été confirmé, mais l’agenda est très limité : la nomination du nouveau responsable de la Cour des comptes et celle du nouveau commandant de la brigade des Finances. Di Maio continue de répéter que la Ligue ‘’offensée par l’affaire Siri’’ [le secrétaire d’Etat léghiste révoqué en raison d’une enquête pour corruption, ndt.], refuse une réunion de gouvernement avant la réunion au Palais Chigi. A ce stade, les rapports entre la Ligue et le M5S sont interrompus. Sans compter le bras-de-fer sur l’amendement de la Ligue qui demande la nomination d’un commissaire pour la partie nationale de la liaison Lyon-Turin (TAV), sans prévenir les 5 Etoiles. Le verdict des élections et l’écart de voix entre les deux partis de majorité déterminera la survie du gouvernement ».

ENTRETIEN avec Matteo Salvini, Corriere della Sera, Marco Cremonesi: « Des insultes de l’allié, mais il n’y a pas d’alternative à cette majorité. » : « Je pense que ce gouvernement a encore un futur, regardez les chiffres sont bons : les délits sont en baisse de 15%, nous devons avancer. Par rapport à Mussolini, mon jugement est vraiment négatif, comme pour tous les régimes violents qui oppriment les personnes, et censurent les idées. Cependant, nier les œuvres, les aménagements, les grandes gares, n’a pour moi aucun sens : ce serait nier un fait historique. Les critiques sur ma présence supposée trop faible au Viminale (Ministère de l’intérieur) ? Nous sommes en 2019 : la technologie existe, et les chiffres me donnent raison. Concernant les autonomies régionales, nous sommes convaincus que c’est le remède, il faudra trouver un accord rapidement, car de nombreuses réformes viennent des 5 étoiles, comme le revenu de citoyenneté, qui par ailleurs augmente les divorces et les séparations, et favorise les achats étranges… Je suis un homme de parole, des accords doivent être trouvés rapidement sur les autonomies, mais également sur la réduction des taxes des entreprises. Car le salaire minimum c’est l’entreprise qui le donne, pas les autres. Par ailleurs, nous devons nous sortir rapidement des contraintes européennes. Enfin, il n’est pas vrai qu’Orban ne souhaite pas s’allier avec Le Pen et l’Afd. Samedi à Milan, il y aura sur l’estrade de la Ligue, les délégations de douze partis étrangers. Nous sommes en train de créer une alliance jamais vue auparavant. Et avec Orban et les polonais, nous sommes en train de raisonner. »

ARTICLE Il Messaggero M. Ajello « Le plan de Salvini pour récupérer le consensus » : « Il hausse le ton, rallume la mèche du spread, vise le dépassement du déficit et augmente le niveau des promesses électorales sur la TVA et tout le reste. Il exagère et il en est conscient. Matteo Salvini apparaît plutôt inquiet. Il dit que les sondages ne l’intéressent pas mais si la Ligue n’atteint pas 30% de voix, ce sera un gros problème. Après la défaite sur Siri, les impairs sur les selfies, la photo à Pâques avec le fusil en main et la banderole contre lui, retirée par les pompiers lors d’un meeting, le mythe du leader invincible semble se fissurer ».

EDITORIAL, La Repubblica, E. Mauro : « Le fascisme 2.0 et le gouvernement de la peur » : « La discussion sur le fascisme 2.0 est en train d’aller dans un sens qui nous éloigne du cœur du problème : le retour à la forme dictatoriale qui a déformé l’Italie pendant vingt ans est impossible. Toute cette alarme autour du danger fasciste est inutile, excessive et idéologique. La nouveauté de l’Italie d’aujourd’hui est, en revanche, l’apparition d’une chose qui se déclare elle-même fasciste et donc tous ceux qui exercent une responsabilité institutionnelle, et même politique et intellectuelle, doivent se demander d’où vient ce phénomène et pourquoi il trouve de l’espace et du consensus. Il ne s’agit pas uniquement d’un problème de la gauche italienne mais plutôt de la démocratie en général et le nier serait une véritable ambiguïté. Parce que les manifestations fascistes se sont multipliées cette dernière année et les organisations qui se réfèrent à cette expression d’irréductibilité et de nostalgie jouent maintenant un rôle bien établi dans le paysage politique fiévreux de notre pays. Jusqu’à transformer le 25 avril (ndr : journée de la Libération Italienne) en un élément de conflit identitaire au sein de notre exécutif, avec une division polémique entre le M5S et la Ligue. Le résultat de cette situation, qui pourrait conduire à l’extrême simplification du populisme, est que maintenant nous ne savons plus quelle est l’idée du gouvernement de la République sur le fascisme. Il est surement vrai que le fascisme ne va pas revenir mais il est vrai aussi qu’il est déjà revenu, sous une forme simple et dépouillée qui a désormais légitimé cette expression systémique et qui a permis ces manifestations à tendance fasciste. Cette question devrait préoccuper la droite modérée, les libéraux et même Salvini, qui a évoqué et côtoyé l’attrait fasciste : en tant que vice-président du Conseil ainsi que ministre de l’Intérieur il devrait clarifier ce qu’il pense vraiment du fascisme historique et le juger politiquement pour éliminer les soupçons que, par la cruauté xénophobe et par la phobie de sécurité de ce gouvernement, le fascisme  2.0 puisse servir de background noir pour conditionner le pays en justifiant le gouvernement de la peur ».

ARTICLE, La Repubblica, G. Di Feo : « Le Capitaine volant » : « Le ministre ‘’je reviens tout de suite‘’ : la presse souligne l’absentéisme de Salvini, ministre de l’Intérieur, qui ne serait jamais présent dans son Ministère mais utiliserait les moyens de l’Etat pour ses déplacements. En effet, pour ses voyages continus, qui l’éloignent de son bureau à Rome, il utilise souvent les avions de la police, appelés ‘’ les Ferrari des ciels ‘’. Ces décollages top secret sont quand même considéré réguliers, parce que Salvini ajoute aux réunions politiques un événement officiel. Mais tout cela finit par être payé par l’Etat ».

ENTRETIEN de Beppe Sala, maire de Milan : « ‘’ La politique ne me fait plus peur. Le PD ne suffit pas ’’ » (La Repubblica) : « ‘ Je n’ai plus peur de la politique, l’Expo de Milan a été pour moi un miracle et  la demande d’une condamnation pour un document antidaté, dont je n’étais pas au courant, me désole. Attilio Fontana ne fait pas partie du groupe de la corruption, mais il est clair que la Ligue veut reprendre Milan. Nous devons reprendre la Région. Le travail de Zingaretti est précieux mais si d’autres forces de gauche ne naissent pas, le PD tout seul fera uniquement une belle opposition ‘’».

COMMENTAIRE, La Repubblica, M. Riva : « L’attaque contre l’UE a déjà échoué » : « Plus la date des élections européennes se rapproche et plus l’incohérence d’une vision européenne de la part du gouvernement Ligue-M5S apparaît clairement. Qu’est-ce qu’ils feront avec les voix obtenues ? Le M5S ne sait même pas avec qui partager ses invectives contre les politiques d’austérité de l’Union et Matteo Salvini, n’a pratiquement plus aucun allié, étant donné que les piliers d’une stratégie considérée gagnante pour attaquer Bruxelles sont en train de s’effondrer. Le gouvernement n’a aucune vision post-vote, l’Internationale souverainiste est déjà dépassée, le PPE a souligné ses préférences pour des alliances avec les socialistes, les libéraux et les verts, le Chancelier autrichien Kurz et le président de la Bavière Söder ont fermé les portes aux droites populistes et Orban est en collision avec le PPE. Même le ministre des Affaires Etrangères Moavero Milanesi s’est adapté à ce climat de mystification à l’égard de ces gouvernements beaucoup appréciés par Salvini, sans se rendre compte que ce sont précisément ces gouvernements qui ont soulevé le drapeau de la ‘’ démocratie illibérale ‘’ en ouvrant un conflit avec l’UE sur l’un des principes fondamentaux du projet européen, c’est-à-dire l’Etat de droit basé sur la séparation des pouvoirs. Un délit institutionnel, dont le résultat, n’est pas celui d’avoir isolé le gouvernement Ligue-Cinq Etoiles mais plutôt d’avoir marginalisé l’Italie du reste de l’Europe ».

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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