19/12/2012
Silvio Berlusconi a besoin de temps pour remonter.
« Berlusconi : que l’on reporte les élections » (Corriere della Sera)
« Monti : je ne regarderai pas en l’air sans rien faire » (La Repubblica)
« Monti, l’appel pour le centre est prêt » (La Stampa)
« 1,4 Md€ pour les municipalités » (Il Sole 24 Ore)
« Un final qui tourne à la farce » (Fabrizio Forquet, Il Sole 24 Ore) : « La question est la suivante : y a-t-il encore quelqu’un au Parlement qui tienne aux questions si importantes relatives au Budget ? D’après ce qui s’est passé hier, les sénateurs du PdL semblaient surtout engagés à suivre avec diligence l’ordre de faire ‘ammuina’ [confusion, ndr] qui nous rappelle tellement la période des Bourbons en Italie. Tous au vote. Non, un pas en arrière en Commission, deux à l’extérieur : un menuet pour faire passer les jours et gagner du temps en vue des élections. Peu importe si pour quelques voix d’écart il se décidera de choses importantes telles que les amortisseurs sociaux pour les entreprises en difficulté ou les fonds pour les services des municipalités. Des lois qui peuvent donner un bol d’air ou asphyxier les familles et les entreprises, alors que l’Italie traverse l’un des moments les plus difficiles de la crise. Mais tout cela n’intéresse pas les sénateurs. Le mot d’ordre est de perdre du temps. Et c’est bien ce qui se passe. En toute honnêteté, il était clair que l’ordre aurait été lancé et exécuté. Mais de telle manière on va vers un final qui tourne à la farce. Et le spread, tôt ou tard, s’en apercevra. »
« Les trois manœuvres du Cavaliere » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « Elections anticipées mais pas trop. Donc pas de feu vert au Budget afin de permettre quelques jours de ‘réflexion’. Le scrutin pour le 24 février plutôt que pour le 17, voire pour le 2 mars. Berlusconi refuse d’aller voter d’une manière ‘trop pressée’. La tension monte et pèse sur les travaux parlementaires. Ce ‘petit’ report est en réalité la manœuvre berlusconienne pour une stratégie électorale contre le gouvernement des techniciens, l’UE et la monnaie unique. Des rumeurs parlent de l’irritation [de Berlusconi] à l’égard de la fermeture ‘brusque’ des Chambres et de la sévérité du ton de Napolitano lors de son rappel aux responsabilités pour la chute de Monti : des accusations renvoyées à l’expéditeur. En réalité Berlusconi a besoin de temps pour remonter dans les sondages, quitte à jouer avec le populisme le plus rude. Cela lui sert pour signer l’alliance avec la Ligue – qu’il donne pour sûre –, pour calibrer les relations avec Monti et son éventuelle fédération centriste. La manière dont l’ex-président du Conseil l’invite à guider le PdL laisse prévoir une campagne électorale bien dure. Si Monti devait refuser, il ‘ne pourra pas fédérer les modérés’ selon Berlusconi, même si ce dernier sait bien que l’idée est inacceptable pour le Professore. Le tout est de gagner du temps et de pousser Monti à revoir son projet d’une série de listes centristes censées neutraliser le bipolarisme. Berlusconi reconnaît vouloir convaincre l’opinion publique que le désastre financier évité de justesse en 2011 ne dépendait pas des erreurs du centre droit mais d’une situation internationale défavorable. Du temps pour ‘passer dans toutes les chaînes télévisées’ pour tenter une action de persuasion et remonter dans les sondages, laissant entrevoir son énième candidature avec des slogans manière ‘Grillo’ ou ‘Léghiste’ : attaque de l’Allemagne, promesse d’abolir l’IMU, menaces de sortir de l’euro ‘d’ici 3 ans’. De la démagogie afin de récupérer les voix de protestation passées au M5S de Grillo ou des abstentionnistes. Berlusconi vise à démolir ce que Monti a fait, accusant ce dernier d’avoir mené l’Italie dans une ‘situation grecque’, d’avoir fait couler la réforme électorale et d’avoir démissionné. S’acquittant soi-même et niant avoir provoqué la crise. Cela ressemble à un acte d’agression unilatérale laissant prévoir un conflit Berlusconi-Monti pour la conquête du vote modéré. Il est clair que le président du Conseil et ses alliés ne resteront pas passifs face à ces rumeurs censées les écraser et, chose encore plus préoccupante, effacer ce que le gouvernement a fait pendant ces 13 mois en faisant rétrograder l’Italie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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