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18/04/2011

Frattini : "Les tergiversations de Paris n’ont aucun sens. Si c’est ainsi, autant arrêter Schengen."

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« A propos du Liban et de la Libye, Berlusconi pense à la Ligue plus qu’à nos alliés » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « A chaque jour sa contradiction : à peine Berlusconi a-t-il exprimé l’intention de faire ‘expliquer’ la loi sur le ‘procès court’ à Napolitano, indice de son inquiétude, la politique étrangère revient au premier plan, avec une dissonance. D’un côté, le président du Conseil parle de retrait (ou de forte réduction) du contingent italien au Liban (emboîtant le pas au ministre Calderoli) ; de l’autre le chef de l’Etat défend, depuis Bratislava, une position tout autre : ‘sous le drapeau de l’ONU, de l’OTAN et de l’UE’, l’Italie contribue fortement à la stabilité : ‘nos forces sont dans les Balkans, au Proche-Orient et en Afghanistan afin de promouvoir et de soutenir les principes de paix et de respect des droits de l’homme.’ Valoriser les missions de paix reflète la ligne italienne classique ; il est étonnant qu’au même moment, à Rome, le président du Conseil affiche des intentions rompant avec cette approche – certes, il ne s’agit pas d’annonces, mais la matière est sensible, s’agissant d’engagements internationaux. Et le moment est mal choisi : l’assassinat d’un Italien à Gaza rappelle combien la situation est précaire dans la zone. La mission ONU au Liban vise à garder le volcan sous contrôle ; parler de retrait unilatéral tombe mal. Il s’agit sans doute de politique intérieure, et du désir de Berlusconi de contenter une Ligue nerveuse, prise en tenailles entre l’urgence migratoire et la nécessité d’assister Berlusconi dans ses douteux combats parlementaires. Quand le Cavaliere fait sienne l’idée de Calderoli, cela ne signifie pas que l’Italie s’apprête à retirer ses soldats, mais c’est un message ambigu adressé aux alliés – un de plus. Hier encore, alors qu’Obama, Sarkozy et Cameron se prononçaient ensemble sur la stratégie en Libye, l’Italie se mettait à l’écart : ‘aucun bombardement de notre part’. Un geste à l’opposé de ce que les alliés demandaient et qui, quoi qu’on en pense, accentue l’isolement de l’Italie. »

 

« Magistrats subversifs, nouveau PdL. Le Cavaliere monte sur le ring électoral » (T. Labate, Il Riformista de dimanche) : « Les propos de Berlusconi au meeting de samedi, à Rome, ont jeté un froid au Quirinal, au Conseil d’Etat, au CSM et au ministère de Justice. Le Garde des sceaux avait à peine eu le temps de stigmatiser les affiches placardées à Milan (associant procureurs et Brigades Rouges), et voilà que Berlusconi attaque à nouveau les juges : ‘il faut vérifier s’il n’y a association de malfaiteurs. Plusieurs juges suivent la gauche et ont un projet subversif’. Le Cavaliere parle aussi de Mani pulite, expliquant qu’après Craxi, c’était désormais lui qu’on voulait chasser. On attend une réplique non seulement de l’ANM (Association nationale des Magistrats) mais aussi, au plan institutionnel, du CSM. Tout en avouant le caractère ‘sur mesure’ de la prescription courte (‘je dois être protégé’), Berlusconi confirme vouloir accélérer les choses sur la restriction des écoutes (‘les citoyens se sentent épiés’). La campagne a bel et bien commencé, et son enjeu va bien au-delà des résultats à Milan, Bologne, Naples et Turin. Berlusconi sait bien qu’une défaite à Milan aurait un impact énorme sur sa coalition – sur l’alliance avec la Ligue, surtout. L. Moratti, maire sortant, doute de pouvoir gagner au premier tour et les finiens pourraient soutenir Pisapia (PD) au second. D’où la décision de hausser le ton et d’aller à la bagarre. Les fidèles de Berlusconi minimisent la portée de l’appel au dialogue ‘bipartisan’ lancé par Veltroni et Pisanu – un projet qui, en cas de débâcle, pourrait séduire du monde (CEI, Confindustria, Montezemolo…). Pour conjurer toute idée de gouvernement technique, Berlusconi parle même d’élections anticipées. Face au mal qui frappe le PdL, Berlusconi lance l’idée d’un renouveau interne où Alfano pourrait prendre en main le parti. Quant à Pisanu, il est déjà presque sorti du PdL. »

 

« Le choix français de beaucoup de maires » (Franco Venturini, Corriere della Sera de dimanche) : « Nous avons fulminé contre la manque de solidarité européenne à propos des immigrés. Le président du Conseil et le ministre de l’Intérieur en sont devenus à se demander s’il fallait vraiment rester dans l’UE – aussitôt corrigés, une chance, par le chef de l’Etat et par Frattini. On s’est indigné du Mur de Menton édifié par la France. Et que découvre-t-on après tant d’énergie gaspillée et de polémiques ? Que les autorités locales italiennes, quand vient leur tour d’être mises à l’épreuve, constatent les mêmes inconvénients que nos voisins et optent pour un comportement qui aurait plu à Ponce Pilate, plus encore qu’à Sarkozy,. Hier, Alemanno, maire de la capitale, a refoulé un groupe de migrants débarqués de Lampedusa qui croyaient avoir recouvré leur pleine liberté de mouvement. Nous parlons bien du maire de Rome, où siègent le ministère de l’Intérieur et tout le gouvernement, dont il partage l’appartenance politique. Plus éclatant encore au plan politique, le vade retro prononcé par le maire de Bozzolo, léghiste s’il en est, comme le ministre de l’Intérieur : là comme ailleurs, les locaux sont ‘inadaptés’, les casernes ‘pas encore prêtes’, en somme, les migrants priés d’aller voir un peu plus loin, de préférence au-delà de la ligne d’horizon. On sait bien qu’en Italie une certaine désorganisation n’est pas rare. Et on n’est pas naïf au point de ne pas saisir qu’un afflux massif d’immigrés peut troubler les eaux électorales ou le prestige personnel de ceux qui sont au pouvoir. L’Italie, malgré quelques excès et quelques erreurs tactiques, a bien fait de critiquer l’égoïsme de nos partenaires. L’Europe, avons-nous dit, doit être solidaire car c’est sa raison d’être. Mais si on ne réussit pas à être solidaires à l’intérieur des frontières, comment peut-on houspiller les autres. Et trouvons-y au moins une consolation : certaines de nos autorités locales sont en train de nous donner de fortes preuves d’européisme. »

 

Entretien avec F. Frattini, ministre des affaires étrangères, dans La Repubblica - « Les tergiversations de Paris n’ont aucun sens. Si c’est ainsi, autant arrêter Schengen » : « Le ministre italien parvient tant bien que mal à cacher son irritation et celle du gouvernement face à l’énième accroc de la part de Paris à la veille du prochain sommet bilatéral prévu pour le 26 avril. ‘Malgré l’hostilité en Europe, nous sommes parvenus à faire entendre notre voix et à redonner la juste place à l’Italie’. ‘Je ne comprends pas ces hésitations après la décision de l’UE d’accepter les permis de séjour temporaires délivrés par l’Italie. Depuis 48 heures, la France acceptait les migrants en possession de leur carte d’identité. Ils ont peut être compris que cela allait démultiplier la migration, car il est vrai que la plupart des Tunisiens veulent aller en France. Ou peut-être est-ce à cause des 300 manifestants de Vintimille. Mais cela ne justifie pas la fermeture d’un des principaux axes ferroviaires européens. C’est surprenant. Nous voulons comprendre. Des milliers de personnes voyagent chaque jour, ce barrage porte atteinte à la circulation, au tourisme et à l’économie. Si cette situation devait persister, on ferait mieux de tourner la page de la libre circulation, un des fondements de l’UE. Mais la France donnera sûrement des éclaircissements. Je crois que Berlusconi, Sarkozy et nous, ministres, sortirons du sommet bilatéral du 26 avril en réaffirmant la volonté de l’Italie et de la France de continuer à travailler ensemble, comme pays fondateurs de l’UE. Cela vaut pour l’immigration comme pour la politique industrielle. La France sait qu’on n’aborde pas de tels problèmes en fermant la porte. L’idée lancée par la Ligue de boycotter les produits français n’est qu’une provocation. Plus de disponibilité de la part de tous serait utile, c’est sûr. Avec un rôle de premier plan dans le commandement OTAN en Libye, le groupe de contact le 2 mai et la reconnaissance des permis de séjour temporaires, constatons que malgré les difficultés, nous sommes parvenus à donner à l’Italie le rôle qui lui revient. »

 

(Traduction : ambassade de France à Rome).

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