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16/02/2011

À la buvette de la Chambre, l’atmosphère est celle des derniers jours de Pompéi.

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 « Le danger d’un président du Conseil inculpé n’ayant pas le temps de gouverner » (Stefano Folli, Il Sole 24 Ore) : « Un président du Conseil renvoyé en jugement pour des délits graves (concussion et prostitution de mineures) est un cas unique dans l’histoire récente des démocraties occidentales. Berlusconi, c’était à prévoir, n’entend nullement démissionner, bien au contraire : son instinct lui suggère de poursuivre son offensive contre les juges. Est-ce une ligne de défense efficace ? Difficile à dire, mais elle ouvre la voie à un affrontement institutionnel dévastateur. Un président du Conseil inculpé, passant ses journées à contester ce que disent les magistrats, est sans doute un homme qui n’a plus ni le temps ni l’autorité pour gouverner. D’où un problème dramatique. L’épisode d’hier est frappant : Berlusconi va en Sicile, où débarquent les clandestins, et revient en toute hâte à Rome, sautant la conférence de presse, pour s’enfermer avec ses avocats. Son silence, inquiétant, fait écho à celui des autres acteurs. Le Quirinal se tait, attendant la suite. Idem pour Bossi, qui devra décider tôt ou tard du positionnement de la Ligue. Que va-t-il se passer dans les semaines à venir ? Un président du Conseil bunkérisé, prêt à l’ultime bataille avec les magistrats, avec l’Italie à la une de la presse internationale pour des motifs peu flatteurs ? La situation est bloquée. A ce stade, l’espoir est de limiter les dégâts de l’affrontement institutionnel. La logique et le bon sens voudraient que Berlusconi se présente aux juges le 6 avril et gère le procès en s’efforçant de démonter les accusations. Illusoire, sans doute. Mais le président du Conseil ne peut pas ne pas saisir à quel point la situation dérive. Même la Ligue se pose le problème de ‘l’après’ – il n’y a là nulle trahison, mais juste du réalisme (qui passe, tôt ou tard, par un scrutin anticipé). »

 « Bossi pousse : mieux vaut qu’on vote » (Francesco Bei, Rodolfo Sala, La Repubblica) : « Bossi aurait dit à ses proches : ‘on empoche le fédéralisme, et puis c’est chacun pour soi’. L’annonce du procès immédiat du Rubygate est arrivée à Berlusconi lors d’un déplacement en Sicile. Tenté de se défouler en conférence de presse, il est finalement calmé par G. Letta qui, par téléphone, le convainc de rentrer à Rome, évitant ainsi une énième friction avec le Quirinal. A la buvette de la Chambre, l’atmosphère est celle des derniers jours de Pompéi. Le président du Conseil se retranche, lui, au Palais Grazioli pour étudier avec ses avocats la ligne à tenir. Les trois juges femmes sont des ‘dures à cuire’ et la condamnation, sauf escamotage politique ou parlementaire, serait quasi inévitable. Les délais, eux, seraient très courts : sentence en mai et décision en deuxième instance en septembre. Le sommet du G8 étant prévu pour le 24 mai, le président du Conseil risque d’être ostracisé comme un quelconque Loukachenko. ‘Pour les magistrats, je devrais comparaître chaque semaine dans 4 procès, ce qui m’empêcherait physiquement de gouverner. C’est un coup d’Etat masqué’, a commenté le Cavaliere, ajoutant que ‘le Quirinal ne fera rien, inutile d’insister’. D’où l’idée qu’on aille voter : ‘Si Fini s’allie à la gauche, 40% des indécis voteront pour nous’. Autre idée : la démission spontanée en faveur d’un exécutif Letta conçu pour imaginer un bouclier judiciaire et préparer une candidature Alfano. Mais le Cavaliere n’a aucune garantie. Pour l’instant, le but est d’arriver à 330 voix, car le gouvernement est en minorité dans deux commissions stratégiques (Budget et affaires constitutionnelles), d’où l’ultimatum de Bossi : 330 voix et le fédéralisme ou des élections. » 

« Situation toujours tendue à FLI, mais pas de scission » (Fabio Martini, La Stampa) : « L’après-congrès de Futur et Liberté se révèle plus agité que le congrès lui-même. Les modérés, pénalisés par le nouvel organigramme décidé par Fini, disent leur mécontentement. Les 5 élus européens (Collino, Muscardini, Revellini, Salatto et Tatarella) diffusent un communiqué demandant un rééquilibrage (moins contre la promotion de Bocchino, adjoint implicite de Fini, que contre la rétrogradation d’Urso comme simple porte-parole au profit de Della Vedova, chef du groupe à la Chambre). Emmenés par Viespoli, n°1 du groupe au Sénat, les 10 sénateurs modérés critiquent à leur tour l’organigramme, qui menacerait de provoquer ‘la dérive de la politique du centre droit vers une alliance au centre gauche’. Viespoli annonce qu’il ne participera pas à la prochaine réunion du bureau de présidence FLI, démontrant l’existence d’une fronde interne, que Fini digère mal. Ce dernier, visiblement irrité mais cohérent avec sa suspension de la présidence du parti, s’en est tenu à diffuser un communiqué affirmant que la ligne adoptée était sans équivoque, que l’organigramme était équilibré et que les critiques étaient par conséquent infondées. L’argument de fond de Fini consiste à dire qu’aucune alliance à gauche n’étant au programme, les attaques sont infondées. Le calcul de Fini et de ses amis consiste à parier sur les moyens limités des modérés au sein du parti, malgré la résistance inattendue qu’ils manifestent. Loin d’être le médiateur qu’on croyait entre faucons et colombes, Fini a toujours été le plus résolu à rompre avec le berlusconisme. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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