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06/09/2010

Gianfranco Fini, maître du jeu politique italien.

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Silvio Berlusconi déclare : « les élections en mars sont presque inévitables ».

« Berlusconi perd patience et parle de retirer le procès court » (Liana Milella, La Repubblica) : « S’il faut négocier avec Fini, à son avantage, le texte sur le procès court, alors autant laisser tomber ce projet de loi et aller tout de suite au vote. ‘Je ne m’accroche pas au procès court, di Berlusconi ; c’est une bonne loi, mais qu’il soit clair qu’elle n’a pas été écrite pour moi, je n’en ai pas besoin : je suis innocent ; si je dois aller à la négociation avec Fini, alors je dis tout de suite que le procès court ne m’intéresse plus ; mettez le sur une voie de garage ; avec celui-là, je ne négocie plus rien, et personne n’est autorisé à négocier avec lui pour mon compte, pas même la Ligue’.

Ce dimanche, lors d’une réunion à Mirabello, le discours de Gianfranco Fini était très attendu. Fonde-t-il un nouveau parti ou non ?

Gianfranco Fini est l’ancien leader du Mouvement Social Italien (MSI) devenu Alliance Nationale (AN), parti politique qui s’est dissout au sein du Peuple de la Liberté (PdL). Il a été expulsé de fait du PDL par Silvio Berlusconi.

Voir l'article du "Figaro" sur le discours de Mirabello :

http://www.lefigaro.fr/international/2010/09/05/01003-201...

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« Le choix de sortir de l’enceinte » (Marcello Sorgi, La Stampa) : « Soyons réalistes : il est difficile de croire, après le discours de Fini, que le ‘pacte de législature’ proposé hier à Berlusconi par le président de la Chambre, parlant désormais comme leader du nouveau parti ‘Futur et Liberté’, peut vraiment se réaliser. Même si, dans les prochains jours, les finiens voteront la confiance au président du Conseil à la Chambre, l’alliance vieille de 16 ans aura du mal à renaître après le discours de Fini à Mirabello : au-delà d’accusations frisant parfois l’insulte (du ‘stalinisme’ à la ‘lapidation islamiste’ dont il aurait été victime), il a ajouté la réforme électorale aux cinq points voulus par Berlusconi pour vérifier que la majorité existe toujours. Une façon de laisser le soin d’entériner la rupture à Berlusconi, pour qui c’est politiquement inacceptable. En dehors de cela, Fini s’est exprimé avec brio, en chef, tout en opérant un déplacement de son parti de la droite à la gauche du centre droit. Ce faisant, Fini est sorti de l’‘enceinte du PdL’, qu’il avait pourtant contribué à fonder. »

« Séparés sous le même toit » (Massimo Franco, Corriere della Sera) : « On a du mal à comprendre si Gianfranco Fini a offert à Silvio Berlusconi un pacte de législature ou s’il a ouvert la campagne ; peut-être a-t-il fait les deux. Le choix de rester au centre droit est clair, de même que le soutien à Berlusconi sur le thème de l’immunité ; mais il dicte ses conditions de ‘troisième allié’ aux côtés des partis de Berlusconi et de Bossi. L’incertitude reste donc entière quant à l’avenir du gouvernement et de la législature. Futur et Liberté n’existe pas officiellement, mais Fini considère que le PdL ‘n’existe plus’. Reste à voir si la majorité parviendra à supporter une métamorphose aussi brutale, ou si elle volera en éclats au premier rendez-vous parlementaire. S’il ne quitte pas le centre droit, c’est pour le mettre sous pression, modifier sa stratégie et, au bout du compte, remplacer son leader. Comme il se doit, il reconnaît la primauté de Berlusconi, mais il adresse des signaux à Tremonti et à une Ligue citée sur un ton aigre-doux, et le PdL est traité comme une réalité dont le président de la Chambre veut s’émanciper au plus vite – sans doute car il lui rappelle trop l’erreur commise quand il a livré AN à Berlusconi et les frustrations accumulées ces deux dernières années. Sans doute Fini se rend-il compte qu’en déclarant la fin de la force politique qu’il a contribué à fonder et en se posant en chef de parti, il nuit à sa propre position de président de la Chambre. Cela étant, dans les convulsions que la majorité traverse, les anomalies tendent à devenir la norme. Voilà pourquoi l’hypothèse que le gouvernement poursuive sa route reste envisageable : pour autant, l’offre de pacte de législature, vu les conditions de sa présentation, risque de se révéler non pas l’occasion d’une véritable réconciliation, mais le dernier coup tactique porté à une coalition qui ne parvient pas à retrouver son centre de gravité. »

 « Pour l’heure, Berlusconi va de l’avant ; mais, sur le mode de scrutin, c’est niet » (Marco Galluzzo, Corriere della Sera) : « Après le discours de Fini, le président du Conseil a choisi de ne pas répondre officiellement. Dès aujourd’hui, il rencontrera la Ligue, qui parlait ouvertement, hier, d’élections anticipées, puis il réunira le bureau de présidence du parti pour dire que Fini ‘n’est plus là’ et pour prendre une décision formelle et publique. Le passage sur la réforme du mode de scrutin l’a fait bondir ; s’il souhaite réfléchir calmement à une réponse, il reste peu de temps pour prendre des décisions qui, en tout état de cause, auront un impact sur la législature. Mercredi prochain, aura lieu à la Chambre une importante réunion des chefs de groupe et ce sera aussi la première sortie publique de Berlusconi : on verra rapidement, en somme, si le pacte proposé par Fini, déjà qualifié par O. Napoli (n°2 du groupe PdL à la Chambre) de ‘couteau pointé sur la gorge de Berlusconi’, est accepté ou rejeté. »

« Berlusconi bloque le procès court : il ne figurera pas dans les cinq points » (Lorenzo Fuccaro, Corriere della Sera de dimanche) :  « C’est un vrai coup de théâtre, étant donné le bras de fer (évident) avec les finiens et celui (souterrain) avec le Quirinal, qui se produit à la veille du discours du président de la Chambre à Mirabello et deux jours après l’ironie du chef de l’Etat évoquant la loi sur les écoutes. Dans un message audio envoyé aux Promoteurs de la Liberté, S. Berlusconi fait une déclaration inattendue : ‘attention’, a-t-il dit, ‘dans le texte sur la justice, pour ce qui me concerne, le procès court ne devrait pas figurer. Il faudrait des procès d’une durée raisonnable pour tout le monde : 6 ans ½ maximum’. En fin de message, il appelle les finiens à revenir au PdL, assurant qu’ils pourraient ‘compter sur notre amitié, notre solidarité et notre loyauté, y compris au moment de la mise au point des listes.’ »

« Le PdL sous les 30 %, le PD ne dépasse pas 27%. Le troisième pôle est décisif mais l’abstention augmente » (Renato Mannheimer, Corriere della Sera de dimanche) : « Après les disputes d’août, un sondage fait état de changements dans le paysage politique italien. Depuis le début de l’été, le PdL perd 2 points (30%, contre 35% aux européennes et 37% aux législatives de 2008), mais garde le titre de 1er parti national. A qui cette baisse profite-t-elle ? A la Ligue (11-12%) mais aussi à la probable nouvelle force de Fini : créditée fin juillet de 8-9 %, elle est désormais donnée à un peu plus de 6%, avec une présence plus marquée au Sud et, en partie, au Nord-Est. Les sympathisants de FLI, il faut le souligner, ne viennent pas seulement du centre droit, mais aussi de segments de l’électorat du centre, voire du centre gauche. Le PD resterait à 27%, assez faible donc (bien loin des 33% de 2008), à cause surtout d’une présence territoriale forte seulement dans le centre et fragile au Nord et au Sud du pays. L’Italia dei Valori s’établit entre 6 et 7 %, non loin des 8% des européennes, comme d’ailleurs l’UdC de Casini (6-7%). En cas d’élections immédiates, le PdL et la Ligue l’emporteraient, mais pas au Sénat, étant donné l’actuel système électoral et les mauvais scores dans le Sud. Mais tout pourrait changer si les 35% d’électeurs indécis devaient se faire une opinion plus précise, si Fini formait pour de bon un nouveau parti et s’alliait à Casini ou Rutelli (certains observateurs parlent alors de 15-20%) et si le PD de Bersani parvenait à créer, comme annoncé, un front anti-berlusconien assez large, attirant ainsi à lui une partie des électeurs déçus et stimulant l’électorat de centre gauche. Une situation très évolutive, donc, et dans un sens qui pourrait compliquer la tâche au gouvernement et à la majorité actuelle. »

(Traduction :ambassade de France à Rome.)

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Elisabetta Tulliani et Gianfranco Fini

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