20/03/2025
"Meloni répudie l'Europe de Ventotene, chaos à la Chambre."
Italie. Revue de presse.
Les Unes aujourd'hui portent sur l'intervention de G. Meloni à la Chambre des Députés « Bagarre à la Chambre sur l'Europe » (Corriere della Sera), « Meloni contre les pro-Européens » (Repubblica), « L'Europe s'est arrêtée à (manifeste de) Ventotene » (Stampa), « Meloni répudie l'Europe de Ventotene, chaos à la Chambre » (Messaggero), « La vérité sur Ventotene sème la panique à gauche » (Giornale) et sur l'Ukraine « Trump appelle Zelensky, optimisme. Kiev « une paix durable est possible cette année » » (Corriere della Sera), « Coup de téléphone Trump-Zelensky « une paix possible cette année » » (Repubblica), « Zelensky, une paix dans l'année » (Messaggero), « Trump à Zelensky: « nous sommes sur la bonne voie » » (Giornale).
[Ventotene : https://www.agenzianova.com/fr/news/Meloni-cite-le-manife...]
Le manifeste de Ventotene
L'ïle de Ventotene
Les hashtags #Ventotene et #Meloni, en référence aux propos de G. Meloni sur le manifeste de Ventotene lors de ses déclarations devant les Chambres, font tendance.
Déclarations de G. Meloni devant les Chambres avant le Conseil Européen. La Repubblica : « ‘’Ventotene n’est pas mon Europe" Meloni enflamme la Chambre » : « La Présidente du Conseil cible le manifeste de Spinelli et Rossi, lit quelques passages et déclenche les protestations des oppositions. La séance est même suspendue à deux reprises. La résolution du gouvernement sur le réarmement a été adoptée. Schlein dénonce : " c’est un outrage à l’antifascisme. Ils réécrivent l’histoire". Le silence de Mattarella et ce texte qui a toujours été loué. Lors du déjeuner au Quirinal à l’occasion du Conseil européen, il n’y a pas eu de rencontre en tête à tête entre le président de la République Sergio Mattarella et la présidente du Conseil Giorgia Meloni comme cela arrive souvent dans ces situations. Si aucun commentaire n’a été laissé filtrer par le Quirinal, c’est parce que le chef de l’Etat n’intervient pas dans le débat parlementaire. ». Corriere della Sera, « A huis clos, Meloni dit à son entourage qu’elle est convaincue de la cohérence de son discours : elle est bien consciente d’avoir fait tomber un tabou et ne fera certainement pas marche-arrière car cette posture est de fait celle de la droite italienne depuis le vote d’adhésion à la Communauté Européenne. Meloni a voulu ainsi parler à sa base électorale « souverainiste » en réponse de la manifestation à Rome sur la Place du Peuple ». Stampa « C’est une provocation pour fuir la réalité en se cachant derrière l’histoire. C’est une attaque incompréhensible aux piliers de l’Europe et au RearmEU qui s’explique uniquement par le désir d’adresser un message à Trump : c’est un acte de fidélité aux Etats-Unis en attente de sa visite à Washington qui scellera le nouveau positionnement de l’Italie sur l’échiquier international. Le secrétaire d’Etat Mantovano (indépendant, autrefois Alliance nationale) et le sénateur Lucio Malan (Frères d'Italie, autrefois Ligue) seraient les inspirateurs de cette stratégie ». Repubblica : « Tajani (Forza Italia) souligne : « de Forza Italia, Meloni a reçu le mandat de voter oui au Rearm Eu. Point ». La Ligue, quelques heures auparavant, avait soutenu le contraire, par la bouche du chef de groupe à la Chambre, Riccardo Molinari : une sortie tranchante, qui arrive au cœur d’un appel téléphonique entre la présidente du Conseil et l’adjoint de la Ligue. Un appel "tendu", bien que les sherpas de Ligue et de Frères d'Italie le décrivent naturellement comme « cordial et coopératif, comme toujours ». Peu après Salvini ajuste le tir : « Meloni a mandat pour défendre l’intérêt national », c’est la ligne. Avec un ajout : « Je ne crois pas que le Rearm Eu le soit» ». Foglio : « Meloni s’est enfin prononcée sur le Mercosur, en faisant des concessions ‘’oui mais avec équité’’. C’est un pas en avant, un signal politique mais le gouvernement italien, dont le vote sur l’accord sera crucial en Europe, doit encore se prononcer une fois pour toute. On se demande si ce n’est pas encore un exercice d’équilibrisme de la part de l’exécutif de Rome ». Giornale. « Meloni enflamme la Chambre et fait retomber l’attention sur le Rearm Europe et la Défense UE, les critiques de la Ligue passent au deuxième plan. A signaler le mécontentement de Forza Italia pour ce choix de contextualiser le Manifeste de Ventotene. Sans que cela se traduise par des déclarations publiques, Tajani (Forza Italia) clôt la polémique “Meloni n’a pas insulté Spinelli, a juste critiqué certains contenus du manifeste”. Mise de côté la question du réarmement, et notamment les critiques de la Ligue, Meloni a été contente de l’effet de cette improvisation suggérée par Fazzolari mais le problème du réarmement ne peut pas être contourné ».
Chaos à la Chambre
Le RearmEU. Corriere della Sera : « Réarmement, Bruxelles achète européen’’. ‘’Cinq ans pour se préparer au pire : le Livre blanc de la défense européenne d’ici 2030 a pour objectif de réarmer les Etats membres en donnant un nouvel élan à l’industrie européenne de la défense. Que ce soit clair, Bruxelles peut s’occuper d’industrie et de financements, alors que la défense au sens strict reste une compétence nationale. Les leaders européens demanderont aujourd’hui au Conseil européen une accélération ‘sur tous les fronts’ et en particulier sur les ‘différentes possibilités de financements’. Le plan tend à favoriser les projets industriels européens et renforcer les alliances globales avec des partenaires comme le Canada, le Japon… alors que le Royaume-Uni est considéré comme un ‘allié essentiel’. Sur la table, il y a 150 milliards d’euros de prêts garantis, à condition que 65% des coûts des équipements financés proviennent de fournisseurs de l’UE, norvégiens ou ukrainiens. C’est donc la ligne de la France qui a prévalu avec la ‘préférence européenne’. Les industries du Royaume-Uni, des Etats-Unis et de Turquie ne feront pas partie de cet instrument, à moins de signer un accord de sécurité et défense avec l’UE. Les pays nourrissent de nombreux doutes quant au plan de réarmement européen, à commencer par les conditions des prêts garantis. Le plan pour l’Ukraine à hauteur de 40 milliards présenté par la Haute-représentante Kaja Kallas a fait l’objet de critiques de la part de plusieurs pays dont l’Italie, l’Espagne, la France et la Belgique. » Stampa : « L’UE et les armes pour Kiev, ‘ce n’est pas Poutine qui décide’ mais les fonds manquent’’. ‘’Malgré les conditions posées par Vladimir Poutine pour un cessez-le-feu, l’Union européenne n’entend pas interrompre son soutien militaire à l’Ukraine. Ils le réaffirmeront aujourd’hui au Conseil européen, bien que V. Orban ait déjà annoncé son intention de ne pas signer la partie dédiée à Kiev. Kaja Kallas doit composer avec le rejet de son plan pour fournir 40 milliards d’euros d’aides militaires à l’Ukraine, et les résistances en particulier des ministres des affaires étrangères italien, espagnol, français et portugais. La Haute-représentant a dû remanier son plan et drastiquement revoir à la baisse son niveau d’ambition. Concernant le plan de réarmement européen, il y aura certaines exceptions à la préférence européenne, dans certains cas. Mais de nombreux leaders restent toutefois insatisfaits si bien qu’aujourd’hui le Conseil européen demandera de ‘continuer à travailler sur les options de financements possibles’ malgré ‘l’urgence’ reconnue d’approuver les textes de la Commission. Les pays disposant du moins de marges budgétaires, comme l’Italie, la France ou l’Espagne, estiment en effet que les instruments sur la table actuellement ne sont pas suffisants. »
Audition de John Elkann, Président de Stellantis, devant le Parlement. Corriere della Sera: « L’audition de John Elkann, président de Stellantis, devant les commissions du Sénat et de la Chambre des députés visait un double objectif : réparer la rupture créée par l’intervention au Parlement de l’ancien administrateur délégué, Carlos Tavares, en octobre dernier, et retisser les liens avec la politique italienne après le refus initial d’Elkann de s’y présenter. Insistant sur les défis complexes de l’industrie automobile en Europe, Elkann a réaffirmé l’engagement à long terme du groupe en Italie, « sans lequel l’automobile aurait disparu dans le pays », mettant en avant les investissements passés. Pour convaincre les parlementaires du « rôle central de l’Italie » dans la stratégie de Stellantis, il a souligné le succès des modèles hybrides de la Panda, ainsi que le développement des centres de recherche sur l’économie circulaire et les batteries à Turin. Répondant à une question sur la reconversion, Elkann a également précisé que « le futur de l’automobile n’est pas dans l’industrie de l’armement ». Sole 24 Ore : « Les réactions politiques : cinq mois après l’audition de Tavares, qui avait suscité des critiques unanimes, les parlementaires adoptent désormais une posture plus nuancée. Le ministre des Entreprises et du Made in Italy, Adolfo Urso, s’est déclaré satisfait : « Nous sommes sur la bonne voie », un avis partagé par les parlementaires de Fratelli d’Italia. Cependant, en répondant aux questions de ces derniers et de Carlo Calenda (Azione) sur la confirmation des investissements prévus en Italie, Elkann est resté vague, évitant de se prononcer sur l’objectif gouvernemental d’un million de voitures produites par an. « Il est difficile de le prévoir, car cela dépend des ventes », a-t-il expliqué. Au sein de la majorité, la Ligue, malgré une introduction conciliante de son président de la Commission des Activités Productives, a publié un communiqué virulent dénonçant une « honteuse moquerie du groupe Elkann envers les Italiens, grâce auxquels il a prospéré, avant de licencier ici pour embaucher à l’étranger ». Le parti exige que Stellantis « s’excuse auprès des travailleurs italiens et rembourse les milliards reçus de l’État ». Les critiques ont également fusé du côté de l’opposition. Elly Schlein (PD) a pointé l’incertitude qui pèse sur l’avenir des sites italiens après l’expiration des mesures sociales et a dénoncé l’« arrêt incompréhensible » de l’usine de Termoli. Laissant la question ouverte, Elkann a répondu que le dossier était « en cours d’évaluation, en raison des coûts énergétiques élevés et des différences de productivité avec d’autres pays ». Le Mouvement 5 Étoiles a, lui aussi, dénoncé l’absence de garanties concrètes. » Libero: « La « stratégie du Guépard » adoptée par Elkann : inonder les parlementaires de données parfois contestées, sans répondre précisément à leur véritable préoccupation: l’absence d’un plan pour contrer la désertification industrielle, relancer la production et assurer le retour des travailleurs italiens dans les usines. À la place, il offre « une promesse vague, dans un contexte peu rassurant ». »
Corriere della Sera, lettre du ministre de la Défense Guido Crosetto (Frères d’Italie) au directeur : « La défense européenne ne peut pas remplacer l'OTAN ni offrir le même niveau de protection. Le traité de l'UE lui-même prévoit la possibilité d'une politique de défense commune, mais seulement à la suite d'une décision unanime du Conseil européen, ce qui, depuis 1992, ne s'est jamais produit et n'est discuté aujourd'hui par aucun gouvernement ou État membre. Le pacte d'aide et d'assistance mutuelles immédiates des pays de l’OTAN est toutefois fondé sur la capacité militaire, économique, politique et sociale de chaque nation à investir dans des compétences/capacités de défense individuelles, garantissant ainsi l'état de préparation nécessaire contre toute menace extérieure. Dans ce contexte, le seul modèle de défense concret et viable, ici et maintenant, est celui de l'OTAN. Ceux qui critiquent les dépenses pour le réarmement oublient que sans sécurité il ne peut y avoir de liberté ni de développement social. La défense est un pilier essentiel de notre démocratie et de notre crédibilité internationale ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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