14/11/2024
"La majorité prépare son prochain coup contre les sections immigration des tribunaux qui œuvrent actuellement au démantèlement de l’accord avec l’Albanie sur l’immigration."
Italie. Revue de presse.
Les Unes ce matin se concentrent sur la réponse du président Mattarella aux propos d'Elon Musk sur X « Mattarella freine Musk » (Corriere della Sera), « Mattarella : « Musk doit respecter l'Italie » » (Repubblica), « Musk, la leçon de Mattarella » (Stampa). Autres titres : les auditions des candidats commissaires de la Commission européenne « Europe : la majorité Ursula tremble. Les socialistes à l’offensive : « nous ne soutiendrons pas Fitto » » (Corriere), « Les socialistes : « non à Fitto, la confiance est rompue » » (Repubblica), « Veto des socialistes, la commission vacille » (Il Messaggero), « L'Europe se fracture sur l'Italie » (il Giornale).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’invitation de J. Biden à D. Trump à la Maison Blanche en vue de la transition politique, l’enquête pour corruption sur des contrats routiers à Rome et les intempéries en Sicile.
Sur X #Musk au sujet des déclarations d’Elon Musk concernant la décision du tribunal de Rome qui a annulé la détention de 7 migrants qui avaient été transférés en Albanie et le hashtag #Fitto au sujet de l’audition de Raffaele Fitto pour le poste de vice-président exécutif de la Commission européenne, font tendance.
L’ensemble des quotidiens consacre les unes et les premières pages à sur la réponse du président Mattarella aux propos d'Elon Musk sur X contre les juges italiens ayant suspendu la décision d’envoi de migrants vers les centres en Albanie. « Il était impossible pour le Quirinal de rester indifférent aux propos de Musk, face à une ingérence aussi fracassante, et devant le silence de la présidente du Conseil Meloni et l’enthousiasme de M. Salvini. Le Président Sergio Mattarella représente, entre autres, la dignité même du pays » (Corriere della Sera, M. Breda). « Par ailleurs, le soutien des partis de centre-gauche à l’initiative du Président Mattarella est une façon de critiquer l’exécutif et son souverainisme mis à dure épreuve par un allié » (Corriere, M. Franco). « Giorgia Meloni joue les équilibristes avec le Quirinal : le communiqué du Palais Chigi en défense de l’initiative de Mattarella représente la prise de distance la plus explicite de Meloni dans cette histoire. Et puisque Matteo Salvini continue dans son soutien aux initiatives de Musk, la présidente du Conseil a voulu se démarquer de son allié, comme l’a fait aussi Forza Italia. » (La Stampa, M. Sorgi). « Il reste encore beaucoup à comprendre de cette initiative de Musk, notamment s’agissant des intérêts qu’il pourrait avoir en Italie avec ses entreprises, à commencer par Starlink. Entretemps, sur les réseaux sociaux, Mattarella a remporté le match contre Musk au sujet des réactions du web. ». Le quotidien romain Messaggero propose une analyse différente « Meloni, le coup de froid avec le Quirinal : de retour de la Cop29, Meloni a dû jouer les médiateurs pour freiner l’ami Elon et le convaincre à publier un communiqué afin de baisser les tensions. Dans le cercle des proches de Meloni, l’intervention de Mattarella a été accueilli avec une grande froideur. Un bref communiqué de « sources » de la présidence du Conseil se borne à dire que « Meloni a écouté avec respect » les mots du Chef de l’Etat. Le « respect » ne veut pas dire « partage ». Le communiqué du Secrétaire d’Etat à la présidence du Conseil, Giovanbattista Fazzolari, authentique interprète du verbe mélonien, dissipe tous les doutes. Il qualifie la remarque de Mattarella contre Musk de « juste et appropriée », « l'Italie peut s'occuper d'elle-même ». Puis il ajoute une postface qui révèle la véritable arrière-pensée. « Nous n'avons pas besoin d'ingérence étrangère de la part d'autres gouvernements, d'ONG ou de grands médias ». Gouvernements, ONG, médias : trois catégories qui n'ont rien à voir avec Musk, « qui, à ce jour, n'est à la tête d'aucun gouvernement ». Traduit par les conseillers de Meloni, cela donne ceci : « Lorsque Soros et Macron se sont interposés dans la politique italienne, personne ne s’est insurgé » » (Il Messaggero, F. Bechis).
Les nouvelles règles sur l’immigration envisagées par le gouvernement sont aussi citées : Messaggero: « ‘’Le ministère italien de l’Intérieur n’entend pas reculer sur son plan avec l’Albanie’’. ‘’Le gouvernement poursuit les transferts de migrants et compte sur la sentence de la Cour de cassation pour l’emporter sur les recours déposés par les juges’’. ‘’Une norme permettant de contourner les blocages des juges pourrait voir le jour’’. ‘’La majorité prépare son prochain coup contre les sections immigration des tribunaux qui œuvrent actuellement au démantèlement de l’accord avec l’Albanie sur l’immigration. Une députée Fratelli d’Italia a présenté un amendement au décret sur les flux migratoires (‘décret flux’) proposant de retirer auxdites sections la compétence d’approuver ou non les détentions des migrants, pour la confier aux Cours d’Appel jugées ‘’moins politisées’’ par le centre-droit. Cette proposition a été censurée par les oppositions : ‘le gouvernement et la majorité tentent d’intervenir de manière compulsive pour masquer l’échec de l’expérimentation en Albanie’ tonne le secrétaire de Più Europa Riccardo Magi. » La Stampa : « Le coup de force de la majorité sur l’immigration’’. ‘’Les accords passés avec la Libye et la Tunisie relèvent du secret d’Etat’’. ‘’Par exemple le silence plane concernant les bateaux de patrouille que l’Italie donnera aux Gardes côtières tunisienne et libyenne’’. ‘’L’amendement à ce sujet est très clair, un ressort technique du Code régissant les commandes publiques est utilisé pour étendre la confidentialité à ce type spécifique de livraison entre Etats : […] l’Etat italien fournit à des Etats tiers des moyens et du matériel afin d’assurer la gestion et le contrôle des frontières et des flux migratoires. Cela impose l’adoption de mesures spéciales de sécurité dans la mise en œuvre des contrats relatifs’’. ‘’Le premier à s’être aperçu du stratagème est Ricardo Magi, le secrétaire de +Europa : ‘’non seulement le gouvernement dissimule les prochaines livraisons de patrouilleurs à la Tunisie ou à la Libye afin de leur laisser faire le sale travail, mais il met en place une dérogation à l’obligation de justifier le recours à ce type de livraisons confidentielles. Ils veulent faire régner le silence absolu autour des aides à ces soi-disant Gardes côtières’’. ‘’ ‘Le gouvernement et la majorité continuent à ignorer ls graves violations des droits humains en Tunisie’, dénonce également Giuseppe Provenzano du Parti démocrate’ ».
La presse italienne traite encore largement les auditions des commissaires européens et notamment le sort de Raffaele Fitto (Frères d’Italie). « On assiste à un bras-de-fer entre Populaires et Socialistes qui risque de faire reporter la naissance de la nouvelle Commission. Le PPE a fait mal ses calculs, cette fois-ci, car les Socialistes ont décidé de réagir à l’humiliation adressée à la candidate Ribera » (Corriere della Sera). « Le PPE fait sauter le pacte de gouvernement européiste avec l’implosion de la majorité qui avait élu Ursula. La première tentative de médiation de la présidente de la Commission échoue » (Foglio, D. Carretta). « Le coup d’arrêt imposé par les Socialistes à Ursula : La gauche demande donc la suppression du titre et la rétrogradation de Raffaele Fitto en simple commissaire chargé de la Cohésion et des Réformes (ainsi qu'une réduction des délégations de Varhelyi). Sinon, selon le sens du raisonnement, von der Leyen peut très bien chercher des voix au-delà du cordon sanitaire, auprès des patriotes et des souverainistes. Dans le bras-de-fer Populaires-Socialistes, les libéraux demeurent en position d’équilibre en condamnant ‘’le comportement irresponsable des partis ne contribuant pas à une solution responsable’’ et invitant la présidente von der Leyen à ‘’s’assumer la responsabilité de surmonter l’impasse et de construire des ponts’’ ». « L’enlisement sur les nominations, le pacte Fitto-Ribera saute. Pour les socialistes italien, Fitto ne mérite pas une vice-présidence. Les Espagnols sont plus souples car ils craignent pour leur candidate Ribera. Basé sur un fragile accord entre socialistes et populaires, von der Leyen a voulu rendre plus lourd le poids du compromis en imposant come vice-président l’Italien Fitto. Du coup sa nomination est liée à celle de l’Espagnole Ribera. » (Domani) Le quotidien milanais propose une analyse sous le prisme de la politique intérieure « l’affaire Musk peut avoir des retombées sur le prochain vote à la Commission : la rupture entre les partis de majorité et les oppositions se creuse. Elle peut devenir un autre élément de friction. » (Corriere, M. Franco)
L’intervention de G. Meloni à la COP29 est largement citée : Messaggero : ’’Giorgia Meloni accélère sur le nucléaire : ‘l’Italie jouera un rôle précurseur’ affirme la Présidente du Conseil en déplacement éclair à Bakou’’. ‘’Elle souligne la nécessité d’un ‘mix énergétique équilibré pour améliorer le processus de transition’ et appelle à une ‘approche pragmatique pour atteindre la neutralité technologique’ en s’appuyant non seulement sur les énergies renouvelables mais aussi sur le gaz, les biocarburants, l’hydrogène, l’absorption du CO2 et, à l’avenir, la fusion nucléaire pour la production d’une ‘énergie propre, sûre et illimitée’ ‘’. ‘’Le gouvernement italien a confié à l’entreprise ENEL, aux côtés de Ansaldo et Leonardo, une étude de faisabilité sur les mini réacteurs SMR les plus proches de la phase de commercialisation et la mission de soutenir dans le même temps la recherche et le développement de technologies AMR et de fusion’’.’’ ‘Dans le cadre de la présidence italienne du G7, nous avons organisé la première rencontre du World Fusion Energy Group. Nous avons l’intention de relancer cette technologie qui pourrait rebattre les cartes sur table’’. ‘’Le ministre italien de l’Environnement et de la Sécurité énergétique a également souligné le potentiel non seulement énergétique mais également économico-productif de ce secteur’’. ’’En fonction des investissements, il faudra 5 à 10 ans pour parvenir à produire de l’énergie issue de la fusion nucléaire à large échelle’’. ‘’L’AIEA a souligné ‘l’approche différente, plus dynamique’’ du gouvernement Meloni faisant de l’Italie le ‘pays le plus nucléaire des pays non-nucléaires’ ‘’. Il Foglio : ‘’A Bakou, Giorgia Meloni relance la piste du nucléaire mais pas dans l’immédiat, seulement lorsque la fusion sera disponible’’. ‘’Des doutes émergent quant à la stratégie du gouvernement’’. ‘’ ‘On a l’impression que le gouvernement tente de repousser l’échéance’, ‘Giorgia Meloni semble vouloir séduire l’électorat pro nucléaire sans prendre la responsabilité de contrarier les autres’ commente un juriste spécialiste du nucléaire’’. ‘’Il y a une semaine, Giorgia Meloni avait affirmé que le parcours vers la fusion nucléaire ‘ne devait pas exclure des étapes intermédiaires, telles que les réacteurs à fission de quatrième génération’, ce qui témoigne de la confusion générale autour de la technologie sur laquelle le centre-droit s’appuiera pour concrétiser son plan’’. ‘’A ce jour, la fusion relève encore du domaine de la recherche, et il faudra encore des décennies pour en faire une technologie pour la production d’énergie.’’
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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