13/11/2024
"Musk contre les juges italiens."
Italie. Revue de presse.
En Unes ce matin : les propos tenus par Elon Musk sur X sur les juges italiens « Musk contre les juges italiens » (Corriere della Sera), « Musk contre les juges » (Repubblica), « Migrants, Musk tempête contre les juges » (Stampa), « Migrants, Musk attaque les juges » (il Messaggero). L'audition du candidat commissaire italien Fitto est également mentionnée « Duel autour de Fitto, FdI soutiendra von der Leyen » (Repubblica), « Fitto : « je ne suis pas fasciste, je défends l'UE » » (Stampa).
Les JT couvrent essentiellement, outre les sujets traités par les quotidiens, l’annonce de l’équipe de l’administration Trump, le débat parlementaire sur la loi de finances, l’attaque des Houthis en Mer Rouge et l’alerte météo dans le sud de l’Italie.
Sur X le hashtag #Musk fait tendance, au sujet des propos d’Elon Musk concernant la décision du tribunal de Rome qui a annulé la détention de 7 migrants qui avaient été transférés en Albanie.
L’ensemble des quotidiens consacre les unes et les premières pages à la polémique autour du post d’Elon Musk critiquant les juges italiens au sujet de la décision de suspendre la détention de migrants, provenant de pays jugés « sûrs » en Albanie. En général, les quotidiens modérés mettent en avant une « ingérence ». « Le croche-pied de Musk aux juges italiens » (Sole 24 Ore), « Musk fait irruption dans le débat, les juges et la gauche s’insurgent » (Corriere). « C’est une ingérence, si Musk propose une telle approche sur l’échiquier européen, c’est parce que la lutte contre l’immigration irrégulière représente le premier pilier du mouvement politique de Trump, et cela deviendra le terrain de la discorde (ou de l’entente) avec les partenaires et les alliés. C’est le premier test que Trump lance à Meloni » (Repubblica, M. Molinari). « Ces propos publiés sur X révèlent que sur la migration clandestine Musk est plus proche des positions de Salvini que de celles de Meloni. Quant au dirigeant léguiste, il a réagi sans limites et sans se sentir inhibé par son rôle institutionnel » (Stampa, M. Sorgi). Les quotidiens orientés à droite qualifient en revanche l’intervention de « légitime » : « Elon se découvre leader du souverainisme global. Ceux qui s’attendaient à un rôle marginal de l’entrepreneur devront changer d’avis. Le patron de X se propose en stratège et « défenseur » des batailles, également en dehors des frontières américaines » (Il Messaggero). « E. Musk n’a pas besoin d’aller sur Mars pour rencontrer les Martiens : ils sont déjà là, en Italie, avec la gauche qui apparait comme une opposition désorientée avec des idées erronées se limitant à faire un toast dans les salons romains à la suite de leurs défaites. La gauche a perdu le contact avec la réalité » (Libero, éditorial du directeur M. Sechi). « Le milliardaire Musk, qui a tout le droit de s’exprimer en tant que simple citoyen, désoriente les démocrates qui dénoncent ‘’une attaque contre la démocratie’’ et qui signale une ingérence, alors qu’ils ne disent rien quand ce sont les Gates, Soros ou Zuckerberg à le faire » (La Verità).
L’embarras du Palais Chigi [siège du Premier ministre] est aussi mis en avant : « Si Salvini salue les propos de Musk, il est clair que cela embarrasse le Palais Chigi : il s’agit d’une ingérence concernant la défense de la souveraineté nationale. Cette déclaration maladroite risque de faire porter sur la majorité l’accusation de vouloir chercher l’affrontement direct avec la magistrature, après des jours de tension. » (Corriere, M. Franco). « La position officielle du Palais Chigi est que Musk s’est exprimé en tant que simple citoyen américain : on peut y voir toutefois un embarras suivi d’une réaction réaliste à la limite du cynisme. Par ailleurs, Meloni doit revoir sa relation avec les Etats-Unis et se rallier à la hiérarchie de valeur que Trump voudra imposer. Des sources proches de Meloni expliquent alors que la présidente du Conseil ne veut pas perdre le soutien de Musk » (Stampa). « Le pragmatisme est le mot-clé de la droite italienne mais sacrifier le tout pour passer sous les ordres d’un Bannon ou d’un Musk n’apparait pas comme un choix gagnant. En Italie on l’a vu avec Salvini, Conte et Di Maio : le spectacle n’était guère enthousiasmant » (Il Foglio, G. Ferrara).
Elon Musk
Les centres pour migrants en Albanie font encore l’objet de plusieurs articles. Corriere della Sera : ‘’Le risque de préjudice financier est souligné par les oppositions. Le gouvernement [italien] ralentit désormais sur le transfert de migrants vers l’Albanie et pourrait attendre le verdict de la Cour de justice européenne concernant les pays jugés ‘sûrs’ comme l’ont demandé ces derniers jours les juges de Bologne et Florence’’. ‘’Le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi insistait sur le fait qu’il n’a pas l’intention de mettre fin à ces transferts, une ligne partagée avec Giorgia Meloni, mais les dernières sentences du département immigration du tribunal de Rome les contraignent à revoir leur position’’. ‘’Des réunions se sont tenues au ministère de l’Intérieur comme au Palais Chigi pour analyser les possibles conséquences de ces sentences’’. ‘’La Cour des comptes avait également été saisie par l’opposition (M5S, AVS) pour se pencher sur le coût des opérations’’. ‘’En 2024, le nombre enregistré de personnes arrivées clandestinement en Italie (58 769) est bien inférieur à 2023 (147238 personnes) et 2022 (91 220 personnes)’’. ‘’Le verdict de la Cour de Justice européenne est attendu d’ici janvier 2025 et pourrait avoir pour conséquence un durcissement ultérieur de la confrontation entre pouvoir politique et pouvoir judiciaire’’. Repubblica : ‘’En Albanie, les centres pour migrants restent vides, 50 agents italiens repartent’’. ‘’Les effectifs des forces de l’ordre mobilisées dans les centres albanais vont en effet être ‘revus’ et passer de 220 unités à 170, soit le minimum pour assurer les roulements’’. ‘’Initialement, 295 agents avaient été prévus pour assurer le fonctionnement à plein régime du centre’’. ‘’Le centre s’étant vidé après les sentences du tribunal, le ministère de l’Intérieur ne veut pas continuer à laisser des agents sans travail dans les hôtels albanais, et éviter un préjudice en termes d’image pour le gouvernement qui continue à dépenser de l’argent public pour le fonctionnement de ces centres vides’’.
L’hypothèse d’un « bonus Noël » dans la loi de Finances est évoquée par le Messaggero : « Hier en Conseil des ministres le décret repoussant l’échéance de la présentation de l’accord budgétaire a bien été approuvé’’. ‘’De même, la date limite de déclaration de revenu des travailleurs indépendants a été repoussé au 12 décembre également’’. ‘’Le ministère de l’Economie et des Finances table ainsi sur 1,2 milliards de recettes supplémentaires par rapport aux 1,3 milliards déjà levés pour financer la révision du barème de l’impôt sur le revenu. Le bonus Noël devrait voir un nombre plus important de bénéficiaires : une contribution de 100 euros pour environ deux millions de salariés’’ »
L’audition du candidat commissaire italien Fitto est largement rapportée. « Fitto a fait une bonne prestation, il s’est montré modéré et européiste. Surtout, il n’est pas tombé dans le piège tendu par Alleanza Verdi e Sinistra. Sa nomination est désormais liée au sort des autres candidats à la vice-présidence. C’est surtout la candidature de la socialiste Ribera qui tient en suspens la Commission, la candidate espagnole a été fortement critiquée par les Populaires » (Foglio, D. Carretta). « Fitto rejette les accusations et les provocations sur l’appartenance à un parti de droite et rappelle que les régions auront un rôle central dans la politique de cohésion de l’Union. La crainte de croche-pieds réciproques a entraîné le report du « vote » sur les dernières auditions. » (Sole 24 Ore). « Meloni, irritée par l’hypothèse que les démocrates ne soutiennent pas Fitto, défie Schlein sur le thème de l’intérêt national : ‘’cela me parait impensable que le PD souhaite priver l’Italie d’une vice-présidence’’ » (Stampa). La décision de Fratelli d’Italia de soutenir l’équipe présentée par von der Leyen est aussi soulignée « Afin d'envoyer un signal pour sortir de l'impasse, le chef de la délégation du FdI, Carlo Fidanza, annonce un vote en faveur de la Commission von der Leyen, bien que les conservateurs ne fassent pas partie de la majorité ». (Repubblica). « Du côté des Conservateurs, on rappelle l'attitude constructive des 19 auditions précédentes, avec le feu vert donné à tous les candidats, un peu comme si les conservateurs avaient rejoint officieusement la coalition. Fratelli d'Italia est encore plus explicite, se projetant déjà dans le rendez-vous du 27 novembre (sauf coup de théâtre et rebondissements), lorsque la plénière de l'Europarlement sera appelée à valider en bloc l’équipe de von der Leyen-bis : les « meloniens » voteront « pour » » (Il Messaggero).
Green&Blue, Repubblica, Gilberto Pichetto Fratin (Forza Italia), ministre de la Sécurité énergétique : « ‘’Les énergies renouvelables et le nucléaire sont indispensables pour l’indépendance énergétique » : « A la Cop29 l’UE se présente avec un document approuvé à l’unanimité en octobre dernier. Il s’agit de garder une ambition élevée, que nous avons soutenue comme Union Européenne également lors des G7 et des G20. En tant qu’Europe, nous demandons de dresser un cadre financier soutenable. L’Italie est encore un pays fortement fossile, hélas. Nous effectuerons la décarbonisation le plus vite possible et nous misons pour cela sur les énergies renouvelables. L’attention du gouvernement italien est concentrée sur les petits réacteurs nucléaires. D’après le Ceo d’EDF, ces réacteurs de 300 mégawatts coutent environ 2 milliards : l’énergie nucléaire nous couterait alors bien moins cher par rapport à celle photovoltaïque’’. »
Corriere della Sera, Maurizio Lupi, dirigeant de Noi Moderati : « ‘’Les mots de Musk étaient inopportuns. Une intervention choc dans la relation entre le monde politique et le monde judiciaire d'un pays étranger. Une intervention, donc, venant d'un entrepreneur étranger qui n'est pas n'importe qui : Elon Musk a participé activement à la campagne électorale de Donald Trump. Ce qui se passe en Italie ne devrait pas le concerner. Ses propos alimentent un conflit avec le pouvoir judiciaire dont le centre-droit ne veut pas. Il n'y a pas ici de conflit entre les pouvoirs de l'Etat. Entre le gouvernement et le pouvoir judiciaire dans son ensemble’’ ».
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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