13/09/2024
"Taux, le gouvernement contre la BCE."
Italie. Revue de presse.
La presse italienne titre largement sur l'abaissement du taux directeur de la BCE « Taille dans les taux : baisse de 0.25%"» (Repubblica, Sole, Messaggero), « Taux, le gouvernement contre la BCE : il faut plus de courage » (Stampa, Giornale), l'Ukraine « Plus de missiles à kiev ? Poutine menace: « l'OTAN en guerre » » (Corriere), « mandat d'arrêt de Moscou contre deux journalistes de la Rai à Koursk » (Repubblica) et la finalisation de la loi de finances (Corriere, Avvenire).
ARTICLE, La Stampa, par F. Goria, « BCE, réduction des taux mais ralentissements sur les prochains objectifs : le gouvernement attaque : « Ce n’est pas suffisant » » : Les réactions s’enchainent au gouvernement. D’après le leader de Forza Italia et ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani, ‘’réduire de 0.25% n’est pas assez, nous devons nous concentrer sur la croissance, l’inflation est en baisse’’ . Il ajoute ‘’La BCE devrait pouvoir en faire plus et je crois que l’on devrait en modifier les statuts pour qu’elle ne soit plus que la gardienne de l’inflation, mais qu’elle puisse intervenir sur les variables monétaires pour soutenir la croissance et l’économie réelle’’. Le ministre Urso a lui suggéré à Lagarde ‘’il faut écouter Draghi, pour qui nous avons besoin de plus de croissance. J’appelle à avoir plus de courage et plus d’efficacité’’ face à une réduction des taux jugée ‘’insuffisante’’. Le président FDI de la commission des Finances Marco Osnato se montre lui plus prudent : ‘’C’est bien que Francfort pense à la croissance, mais il doit créer un cadre de stabilité dans lequel la politique fiscale puisse agir avec succès. Le gouvernement est prêt et continuera à prendre sa part du travail’’. Lagarde n’a pas manqué de recommander aux gouvernements, en s’appuyant sur les conclusions du rapport Draghi/Letta, d’entreprendre ‘’maintenant’’ les réformes pour réduire les déficits budgétaires. ‘’Les gouvernements devraient entreprendre avec détermination leurs plans à moyen terme pour les politiques fiscales et structurelles’’ ».
COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Le gouvernement n’a pas peur des conséquences et après le changement de ministre de la Culture, la Présidente du Conseil envisage un remaniement » : « A la Présidence du Conseil, ils sont de plus en plus nombreux à penser que plus on en parle de l’affaire Boccia-Sangiuliano, mieux c'est pour le gouvernement, pourvu que cela la discrédite et mette en lumière les mensonges de l'influenceuse. Au Palais Chigi, on est convaincu que plus cette affaire prendra de l’ampleur plus elle sera susceptible d’alimenter leur popularité, ‘’victimes’’ face aux ‘’oppositions médiatiques’’. La Présidente du Conseil a déjà montré qu’elle les craignait bien plus que les oppositions politiques. Par ailleurs, l'affaire Boccia-Sangiuliano ‘’occulte’’ depuis quinze jours les "vrais problèmes du pays", à la satisfaction mal dissimulée de l’entourage de Meloni. On dit que le remplacement éclair du ministre de la Culture a brisé 'le tabou du remaniement' pour Giorgia Meloni. Un mot auparavant imprononçable qu’on entend désormais beaucoup au Palais Chigi. Même si elle a toujours défendu son équipe dirigeante, la leader de Fratelli d’Italia pense à la renforcer, parce qu'à l’usage, tous les choix ne se sont pas révélés adaptés. L'inquiétude concernant un remaniement s'est accrue parmi les ministres. Même ceux qui pensaient que Meloni l'éviterait comme la peste, en raison de son obstination à vouloir arriver à la fin de la législature avec la même équipe, ne se sentent plus en sécurité. La ministre du Tourisme Daniela Santanchè pourrait être visée dans un procès pour fraude présumée. Bien avant cela, il faudra remplacer Raffaele Fitto, sans forcément devoir redemander la confiance au Parlement, d’après les informations des Présidences de la République et du Conseil. Or la Présidente du Conseil n’envisage pas de ‘’gouvernement bis’’, elle tient trop à établir un record, en associant son nom à l'un des gouvernements les plus durables de l'histoire de l'Italie. »
ARTICLE, Il Foglio, E. Antonucci, « Pourquoi le décret de loi sur la sécurité est le fruit du populisme pénal » : « Le décret de loi sur la sécurité, cher à la droite sécuritaire et examiné ces jours-ci à la Chambre, marque le triomphe du populisme pénal. Si l'on lit attentivement le texte, on découvre qu'elle introduit 24 nouveaux délits, des circonstances aggravantes et des peines plus sévères. Vingt-quatre, d'un seul coup. Comme si c’était une urgence nationale. La présidente du Conseil Meloni l’avait en effet annoncé, interviewée il y a une semaine sur Rete 4 : ‘’La sécurité sera ma priorité dans les mois à venir’’. De toute façon, cela ne coûte rien. Il suffit d'insérer une petite clause dans quelques articles du code pénal et le tour est joué. Le tout peut être ainsi offert à l’opinion publique. Mercredi, plusieurs élus de Fratelli d’Italia avaient posté la même image de Meloni rayonnante avec la légende ‘’le texte a été approuvé, prison de 2 à 7 ans’’ pour les squatteurs. Le ministre de la Justice Carlo Nordio n’est pas sur les réseaux sociaux, mais il est facile d’imaginer sa tête, lui, le défenseur de la dépénalisation, qui maintenant se tait et qui doit avaler un énième réforme justicialiste. »
ARTICLE, Il Foglio, « La décision de Scholz représente une opportunité pour l’Italie » : « Le chancelier allemand Olaf Scholz, aux prises avec la poussée électorale de l'extrême droite, a décidé de durcir sa politique d'immigration. Comment le gouvernement italien doit-il réagir ? Il devrait tout d'abord éviter de suivre la voie indiquée par la Ligue : selon la sénatrice Mara Bizzotto, par ailleurs vice-président de la commission Schengen, ‘’le social-démocrate allemand dit ce que nous, à la Ligue, disons depuis 20 ans’’. Les questions migratoires ne peuvent être abordées dans le cadre d'une logique nationale, qui, en outre, se fait au détriment des pays de première arrivée tels que l'Italie. Au lieu d'une régression de l'initiative européenne, nous devrions pousser à son renforcement, à la recherche de mécanismes plus efficaces pour partager les problèmes continentaux. Ce n’est certainement pas une voie facile mais cela représente la seule alternative aux initiatives du ‘’chacun pour soi’’. Cette initiative devrait venir avant tout des pays les plus exposés à l’immigration irrégulière, comme l’Italie. »
COMMENTAIRE, La Repubblica, L. Abate « Les responsabilités de Matteo Salvini » : « Le ministre de l'intérieur de l'époque a refusé le débarquement dans un port italien pendant 19 jours aux immigrants secourus par le navire de l'ONG Open Arms, les privant de leur liberté personnelle et abusant de son pouvoir, violant même un certain nombre de lois internationales. Matteo Salvini est aujourd'hui non seulement ministre des Infrastructures et des Transports, mais aussi vice-président du Conseil. Au-dessus de sa tête plane la décision qui sera prise par le tribunal à l'issue des demandes qui seront formulées demain par les procureurs. A part l’aspect juridique, sa décision n'était pas un acte politique du gouvernement. Car, comme l'ont révélé les témoignages, la décision d'interdire le débarquement des migrants n'a pas été partagée avec le reste de son gouvernement. Ce choix était exclusivement celui du dirigeant de la Ligue. Indépendamment de ce que décidera le juge, ce qu'il reste de cette histoire, c'est qu'un dirigeant politique a agi contre des êtres humains faibles et sans défense dans le seul but de recueillir des voix. »
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de F. Basso, « Les socialistes ne ferment pas la porte à Raffaele Fitto (Frères d’Italie) » : « L'ancien Premier ministre slovène Janez Janša se met à nouveau en travers du chemin de la présidente de la Commission européenne, bien qu'ils appartiennent tous les deux au PPE, au sujet de la commissaire désignée par Ljubljana, risquant de provoquer un nouveau report de la présentation de l’exécutif européen et des différents portefeuilles. Cela poserait également un problème au Parlement européen, qui doit programmer les auditions puis le vote en séance plénière. L’allongement des délais laissent toutefois aux différents groupes davantage de temps pour insister sur leurs demandes respectives, ce qui risque de provoquer un effet d'usure. Hier, les socialistes ont à nouveau insisté sur leurs "priorités", sans pour autant fermer la porte à l'hypothèse d'une vice-présidence exécutive pour Raffaele Fitto, qui devra démontrer son "adhésion aux valeurs européennes". L'hypothèse de confier la vice-présidence au groupe ECR, qui n'a pas voté pour U. von der Leyen, reste "incompréhensible". Ainsi, la vice-présidence de la Commission, bien que contestée par le groupe des socio-démocrates, les Verts et Renew, ne serait pas menacée. R. Fitto serait par ailleurs nommé commissaire à l’Économie et au Plan de Relance, et serait également en charge de la task force sur la relance. Concernant le calendrier, seule l’affaire soulevée par la Slovénie bloque encore. Le candidat slovène initial avait été remplacé par l'ancienne diplomate Marta Kos en réponse à la volonté d‘U. von der Leyen de nommer davantage de femmes. M. Kos doit d'abord passer devant la commission des affaires européennes du Parlement slovène pour devenir officiellement candidate. L'audition était initialement prévue aujourd'hui mais la délégation slovène au sein du S&D a demandé l'accès aux documents afin de connaître la "véritable" raison du retrait de Vesel, le candidat initial. »
COMMENTAIRE, La Stampa, de M. Sorgi « La fin du double jeu » : « il n’est pas clair si la décision de remplacer Giorgetti et Fontana comme vice-secrétaires de la Ligue servira à donner plus d’autonomie respectivement au ministre de l’Economie et au président de la Chambre. Cela servira plutôt à donner plus de liberté à Salvini de mener sa campagne sur la loi de finances et de lancer des propositions comme un taux d’imposition à 15% pour les professions libérales. Or, le nouveau Pacte de Stabilité réduit les marges de promesses sans couverture financière. Cela augmentera inévitablement les tensions au sein même de la majorité et avec l’opposition. Meloni, pour sa part, espère que les critères du Pacte seront dilués lors des négociations avec Bruxelles (aussi parce que l’Italie fait partie d’un groupe assez large de pays partageant les mêmes problèmes, comme la France et l’Allemagne). Cette négociation retombera aussi sur Fitto. Ce dernier sait très bien que l’Italie fera l’objet d’une attention particulière, en raison aussi du double jeu ‘’européiste-souverainiste’’ inauguré par Meloni au début de la mandature avec le ‘’non’’ au deuxième mandat de von der Leyen et les négociations intenses menées pour faire obtenir à l’Italie un poste dans l’exécutif italien. Bref, avec les nouvelles règles sur la stabilité, Meloni se retrouve face à un dilemme bien avant ses prévisions. »
ARTICLE, Corriere della Sera, par A. Muglia, « Mandat d’arrêt de Moscou contre une journaliste du TG1 après un reportage en Russie » : « Stefania Battistini figure sur une liste de personnes recherchées par le Kremlin pour ‘’avoir illégalement traversé la frontière’’, comme l’a fait savoir le ministre de l’Intérieur russe. Avec le technicien Simone Trani, elle avait été la première à documenter les incursions ukrainiennes en territoire russe en aout dernier. Battistini a été rappelée, courant le risque d’être condamnée à 5 ans d’emprisonnement en Russie. Pourtant, le statut du journaliste sur les zones de guerres est protégé par la Convention de Genève, et même les Russes en admettent parfois certains parmi eux, comme à Marioupol dans le Donbass où le photo-reporter Gabriele Micalizzi avait réussi à pénétrer. La montée des tensions diplomatiques entre l’Italie et la Russie était inévitable, et le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani a convoqué l’ambassadeur russe en Italie : Alexandre Paramonov devrait être reçu à la Farnesina cet après-midi. Tajani a exprimé sa ‘’surprise’’ par rapport à une ‘’décision singulière’’, une première en presque 3 ans de conflit. La Rai a dénoncé un ‘’acte de violation de la liberté de l’information. La journaliste et le technicien ont accompli de manière exemplaire et objective leur travail de témoignage des évènements’’, peut-on lire dans un communiqué, ‘’La Rai se réserve le droit d’œuvrer en chaque endroit pour dénoncer la décision du gouvernement russe’’. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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