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10/09/2024

"Sur les rapatriements depuis l’Allemagne, l’Italie réitère son "non"."

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Italie. Revue de presse.

En unes, le rapport sur la compétitivité de M. Draghi « Le plan Draghi, une secousse pour l’Europe » (Corriere della Sera)« « L’UE risque l’agonie » » (Repubblica)« UE, le plan Marshall de Draghi » (Stampa) et la finalisation de la loi de finances « Les limites fixées par Meloni » (Messaggero)« Budget, coupes dans les dépenses et les bonus » (Domani), « Budget, réunion entre Meloni et ses alliés » (Giornale).

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzoni, « Giorgia Meloni souhaite que les tensions cessent, ainsi que les fuites en avant des partis » : « Giorgia Meloni, Antonio Tajani (Forza Italia), Matteo Salvini, Maurizio Lupi (Noi Moderati) et le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti (Ligue) se sont réunis afin d’ébaucher la Loi de Finances mais aussi de dissiper les vilains échos du scandale Sangiuliano-Boccia qui a renforcé la Ligue et Forza Italia. La tentative des participants de liquider la question (‘’nous n’en avons pas parlé’’) confirme la volonté de tourner la page après un été pour le moins compliqué. Les partis de la majorité se sont empressés de relancer à l’unisson le communiqué du Palais Chigi sur la volonté de se ‘’concentrer sur les défis gouvernementaux’’ (pas de couac sur les communiqués cette fois, alors qu’il y a dix jours un passage supplémentaire dans la version diffusée par la Ligue avait souligné les divergences sur le soutien à l’Ukraine). G. Giorgetti a présenté le ‘’plan budgétaire et structurel à moyen terme’’ qui devra être approuvé le 17 septembre en Conseil des ministres. ‘’Les chiffres nous disent que nous allons dans la bonne direction […]. Pour réaliser une loi de finances très sérieuse et responsable nous devons éviter de dépenser des ressources dans des mesures qui ne peuvent pas être financées’’ a déclaré la Présidente du Conseil. C’est donc la fin des bonus à tout-va mais aussi des fuites en avant des partis, car la situation économique ‘’n’est pas facile’’ insiste G. Meloni. D’après les premiers comptes du ministre de l’Economie, au moins 10 milliards d’euros supplémentaires seront nécessaires afin de prolonger les mesures les plus importantes. Il compte sur la ‘’bouffée d’oxygène’’ apportée par la réduction des taux d’intérêts par la BCE. Les 5 participants de la réunion étaient d’accord sur la nécessité de maintenir les ‘’piliers’’ de la Loi de finances, à savoir l’IRPEF (l’impôt sur le revenu), les charges salariales et les pensions minimum de retraite. Le ministre Giorgetti rencontrera les délégations de chaque parti (Ligue, Forza Italia, Fratelli d’Italia et Noi Moderati) afin d’éviter les surenchères de chacun. »

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco « Le cartel populiste contre Draghi refait surface » : « Du côté italien, les réactions négatives sont frappantes car elles viennent des partis de gouvernement de Giorgia Meloni et du camp de l'opposition. Elles font ressortir l'hostilité d'un "cartel populiste" qui avait manifestement participé malgré lui au gouvernement de l'ancien président de la BCE, de 2021 à septembre 2022. Et maintenant, il veut souligner à quel point il était opposé. Il existe une harmonie singulière, mais pas sans précédents, entre les jugements exprimés par les membres de la Ligue et par le Mouvement 5 Etoiles. Elle constitue une sorte de manifeste involontaire des contradictions qui persistent à droite comme à gauche. Au sein du M5S, c’est surtout la nostalgie de Giuseppe Conte à la Présidence du Conseil qui émerge des propos de P. Tricarico, selon qui ce rapport ‘’retoque la classe politique européenne dont fait aussi partie Draghi’’. C’est aussi la posture anti-OTAN et les aides à l’Ukraine qui refait surface chez les 5 Etoiles, une hostilité que Draghi a toujours combattue. Les critiques de la Ligue sont même plus radicales. Ce n’est pas un hasard si le commentaire a été fait par l’un des représentants le plus antieuropéens des léghistes, Claudio Borghi ‘’chaque ligne du rapport Draghi représente un danger mortel pour l'Italie", a souligné le sénateur. "De la dette commune aux majorités qualifiées, Draghi est désireux de nous faire finir comme la Grèce par esprit de revanche’’. Bref, l’agenda Draghi fait peur à ceux qui ont vivoté grâce au droit de véto qui a souvent bloqué les choix de l’UE. Le parti de Giorgia Meloni, en revanche, bien qu’à l’opposition pendant le gouvernement d’unité nationale dirigé par Draghi, ne s’est pas associé à ce peloton d’exécution contre le rapport et son auteur. Au contraire, il a confirmé une attitude plus responsable, surtout à l’heure où la Commission devrait confier un poste important au ministre Raffaele Fitto. »

ENTRETIEN, Il Foglio, Tommaso Foti, chef de file du groupe Fratelli d’Italia à la Chambre des députés, « ‘’Nous sommes avec Draghi : sa ligne est la nôtre, et celle de Von Der Leyen’’ » : « ‘’L’horizon culturel délimité par Mario Draghi se rapproche bien plus de nos positions de ces cinq dernières années que de celles de bien d’autres’’. Tomaso Foti considère le rapport Draghi comme ‘’le souhait d’une saison concrète et pragmatique pour relancer la compétitivité’’. ‘’L’Europe ne peut plus se bercer d’illusions et doit affronter avec pragmatisme les enjeux de l’énergie, du déclin démographique, alors qu’un tout autre cadre semble se dessiner, même chez les défenseurs de l’Etat providence. L’Europe doit davantage s’occuper des grandes réformes à mener plutôt que du diamètre des petits pois selon moi. Draghi souligne l’importance par exemple d’une politique extérieure affirmée, notamment sur la question de la gestion des ressources stratégiques. Nous pouvons affirmer qu’une partie des thèses de Draghi a validé nos propres thèses. Nous porterons bien entendu une attention particulière à la façon dont ces propositions seront concrètement mises en œuvre, et nous espérons que la prochaine Commission puisse en bénéficier’’. ‘’Sur le thème de la défense, l’Europe doit maintenir sa position historique : demeurer du côté de l’Occident. C’est une condition préalable d’ordre stratégique, culturel et géopolitique. Nous avons besoin d’une plus grande coopération à la fois dans la recherche que dans la réalisation d’un système de défense européen. C’est une des conditions pour maintenir ce climat de non-belligérance que chacun souhaite’’ ».

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Tomaso Foti

COMMENTAIRE, Domani, V. Malagutti « Le plan Draghi pour sauver l’UE est une chimère » : « Le rapport Draghi estime que chaque année il sera nécessaire de faire des investissements supplémentaires à hauteur de 750-800 milliards d’euros. Voici les chiffres avec lesquels l’Europe est appelée à se confronter dans une des plus graves crises d’identité, incapable de prendre des décisions rapides et où le poids de la bureaucratie complique les projets les plus simples. C’est la raison pour laquelle, au vu de la récente histoire de l’institution européenne, les difficultés du tournant expliqué dans le rapport apparaissent pour le moins difficiles à surmonter. Le problème est que, jusqu'à présent, les écarts entre les pays en matière de finances publiques n'ont pas permis d'aboutir à un accord. Et la volte-face du gouvernement Meloni, avec la non-ratification du MES, n'a fait qu'accroître la méfiance à l'égard des pays nordiques. »

PREMIER PLAN, Il Messaggero, D’A. Bulleri, « Le Parti démocrate devrait approuver (avec des réserves) la nomination de R. Fitto ; ‘’il représente l’ensemble de l’Italie’’ souligne Paolo Gentiloni » : « Le Parti démocrate s’interroge sur la position à adopter concernant Raffaele Fitto, membre de premier plan de Fratelli d’Italia qui sera probablement nommé vice-président de la Commission. Les grandes figures du parti (Antonio Decaro, Elly Schlein…) ne sont pas opposées mais émettent quelques réserves, le commissaire aux Affaires économiques P. Gentiloni avertit que, lorsqu’on devient commissaire européen, ‘’on laisse derrière soi l’appartenance à un parti’’ pour ‘’représenter l’ensemble de l’Italie’’. Plus d’un démocrate italien est prêt à voter oui, au-delà de l’apparente froideur de la secrétaire du parti Elly Schlein : ‘’au final nous voterons pour lui car il est probable qu’il réussisse le test de l’audition’’ disent la plupart. A. Decaro, ancien maire de Bari, originaire des Pouilles comme Fitto et avec qui il a travaillé étroitement sur les fonds du PRR observe que ‘’ce n’est pas un souverainiste, il peut apporter quelque chose à notre pays et si on doit choisir quelqu’un de droite, mieux vaut que ce soit lui’’. A noter que ce n’est pas l’ensemble du Parlement européen qui devra voter mais uniquement les Commissions en lien avec les dossiers qui seront confiés à R. Fitto, or les démocrates les plus dubitatifs ne siègent pas dans les commissions potentiellement concernées (affaires régionales, budgets, questions économiques et budgétaires…). C. Strada, M. Tarquinio, A. Zan et A. Corrado auraient entre autres manifesté leur réserve en privé. Le réformiste [et ancien maire de Florence] D. Nardella se montre ouvert à Fitto mais attend de voir pour juger et se prononcer, s’attendant lui aussi à ce que l’ancien ministre Fratelli d’Italia ‘’fasse preuve de son autonomie [vis-à-vis du gouvernement politique qui l’a nommé] et œuvre pour l’intérêt de l’Italie dans son ensemble’’. E. Schlein se dit ‘’prête à en discuter’’ si sur les dossiers délicats qui seront confiés au nouveau commissaire européen celui-ci se montre ‘’rassurant’’ et ne cherche pas à ‘’isoler l’Italie du reste de l’Europe comme le fait  Meloni’’. »

ARTICLE, Corriere della Sera, par R. Frignani, « « Une décision légitime », mais sur les rapatriements depuis l’Allemagne, l’Italie réitère son « non » » : Une décision légitime de l’Allemagne, qui s’est résolu à restaurer un contrôle à ses frontières durant les 6 prochains mois au moins, aussi légitime que la décision de l’Italie depuis un an de ne pas accueillir les migrants « dublinois ». Il ne s’agit pas d’un dressage de barrières entre deux nations alliées opposées sur la gestion de l’immigration et des flux, mais bien du respect des exigences nationales de chacun. Ainsi se résume la position de l’Intérieur, qui a accueilli positivement l’ordre de la ministre allemande Nancy Fraser. Certains voient pourtant l’ombre d’une réponse à la décision de Rome de ne pas accueillir 20 000 migrants « dublinois », comme demandé par Berlin et d’autres pays de l’UE. Cette réponse négative peut s’expliquer par l’impossibilité pour le moment d’accueillir les réfugiés déjà présents sur le sol italien, dans le cas où ils seraient arrivés d’un autre pays européen puis partis de celui-ci. Ceux-ci étaient auparavant 44 000 dans les agences dédiées, et sont aujourd’hui près de 150 000. Le cas des « dublinois » pourrait aussi finir sur la table de la rencontre bilatérale à Avellino (ou à trois si le ministre français Gérald Darmanin devait rester en poste), entre le locataire du Viminal Matteo Pantedosi, qui présidera l’évènement, et son homologue allemande Fraser, à l’occasion du prochain G7 des ministres de l’Intérieur de l’UE, qui doit se tenir du 2 au 4 octobre. Chacun indique que les relations italo-allemandes demeurent positives en la matière, dans un climat de collaboration où les rôles semblent toutefois inversés, l’Allemagne appelant les autres pays à accueillir certains réfugiés présents sur son sol, alors que l’Italie reprend son souffle. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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