13/08/2024
"Réforme de la justice et concessions balnéaires"
Italie. Revue de presse.
Les tensions au Proche-Orient dominent les unes de la presse : « Les fronts de guerre » (Repubblica), « L’UE et les Etats-Unis appellent l’Iran à la retenue » (Stampa, Avvenire), « Iran : les Etats-Unis déplacent leur porte-avions » (Giornale). L’incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk fait la une du Corriere della Sera : « Kiev avance, colère de Poutine ». Enfin, l’actualité politique, et notamment la question de la réforme de la justice et celle des concessions balnéaires, est aussi largement citée : « Surpopulation carcérale, Nordio annonce son plan : « j’en parlerai au Quirinal » » (Corriere), « Concessions balnéaires : il n’y aura pas de prolongation mais juste des compensations » (Stampa).
Les JT couvrent essentiellement la menace d’une attaque iranienne sur Israël et la percée ukrainienne en territoire russe, l’entretien entre Elon Musk et Donald Trump sur X, le rapport de l’OCDE mentionnant la hausse du revenu des ménages italiens, les fortes chaleurs en Italie, et enfin l’arrivée du drapeau olympique à Los Angeles et l’avenir de la vasque olympique des Jeux à Paris.
COULISSES, La Stampa, F. Capurso « Biden associe également Meloni. Selon Tajani (Forza Italia), Téhéran adopte une posture « trop rigide » » : « Au moment le plus délicat du parcours de paix tenté à Gaza, la présidente du Conseil Meloni a reçu l’appel du président américain Biden, qui avait déjà appelé les dirigeants de la France, de l’Allemagne et du Royaume-Uni. La tentative de freiner Israël dans ses bombardements pourrait être entravée par les menaces provenant de l’Iran, qui promet de se venger après l’exécution du chef du Hamas à Téhéran. Washington veut ainsi commencer à construire un front commun et (avec les alliés) invite l’Iran à la retenue. Le ministre Tajani ne se montre guère optimiste : ‘’il ne faut pas se leurrer’’ a-t-il déclaré. Hier, Tajani s’est entretenu par téléphone avec son homologue iranien Ali Bagheri : ‘’je lui ai répété notre appel à la prudence, mais il y a eu une position plutôt ferme de la part de mon homologue : il a souligné le droit de l’Iran de réagir à l’attaque subie en territoire iranien et contre son consulat à Damas’’. ‘’Nous avons souligné que la stabilité du Proche-Orient est fondamentale pour tous. J’espère que notre appel à la modération sera écouté’’ a-t-il ajouté. Le titulaire de la Farnesina espère encore pouvoir jouer un rôle lors de la réunion diplomatique qui se tiendra le 15 août : ‘’c’est une situation très difficile et délicate. Nous espérons que la proposition des Etats-Unis, du Qatar et de l’Egypte sera accueillies favorablement’’. L’Italie participe ainsi aux négociations, malgré son exclusion dans la déclaration conjointe avec la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Cela a été fortement critiqué par les partis d’opposition, qui ont regretté l'isolement international de l’Italie. Comme l’a souligné Enrico Borghi d’Italia Viva, ‘’l’Italie, qui assure la présidence tournante du G7, n’a pas été prévenue ’’. Les diplomates italiens ont voulu minimiser la polémique : ‘’cela est tout-à-fait naturel, il s’agit du format E3 des trois pays européens faisant partie de la discussion sur le JCPOA sur le nucléaire iranien’’. Quant au G7, dont la Russie et la Chine ne font pas partie, il est considéré par les Iraniens comme une entité fortement occidentale, et donc ‘’moins bien perçu par la diplomatie iranienne’’. »
ENTRETIEN, Corriere della Sera, de Carlo Nordio, ministre de la justice : "En ce qui concerne la détention provisoire, tout doit être revu. Avec nos propositions, on peut arriver à 15 à 20.000 personnes en moins dans les prisons » de Virginia Picollillo : « Ce que j’ai lu [sur des tensions éventuelles avec G. Meloni) est faux. Notre entente n’a jamais été meilleure, comme l’a montré notre dernière réunion à Chigi. Quant à la réunion avec le président Mattarella, ce qu’on a raconté est faux, elle a été concertée lors de cette même réunion au palais Chigi. Concernant le fait que cette réunion se soit tenue pendant le vote, la présidente du conseil avait décidé de tenir une réunion pour se pencher sur les mesures concrètes et urgentes afin d'éliminer, ou du moins de réduire, l'éternel problème de la surpopulation carcérale. Que l’opposition s’en indigne est une bonne nouvelle : cela veut dire qu’elle n'a pas d'autres arguments. Au sein de la majorité, nous avons toujours eu des sensibilités un peu différentes. Tout le monde sait que j'ai été voulu comme ministre par Giorgia Meloni alors que j'avais présidé le comité de promotion des référendums, souhaitant aussi l'abrogation de la loi Severino, à laquelle FdI était opposé. Mais nous sommes en train de trouver sereinement une synthèse. Une question aussi complexe ne peut pas être traitée en termes presque contractuels avec les autres partis. Et je rappelle que le référendum sur la détention provisoire était aussi proposé par la Ligue. Or, la nécessité d'une réforme en la matière est ressentie par l'ensemble de la majorité. Il est évident que pour les voleurs, les violeurs corrompus et les auteurs d'autres crimes graves, la détention provisoire sera maintenue. Ce qui est important, c'est de mieux définir les conditions de son application. En commençant par l'exigence de réitération du crime. Le danger ne peut être déduit du fait que le fonctionnaire accusé de corruption est maintenu dans ses fonctions. Concernant le droit européen, nous ne sommes pas du tout en dehors des règles. L'UE dit "peut" et non "doit" supprimer ce délit. Nous l'avons déjà dit clairement. À tel point que les recommandations reçues de Bruxelles n'en faisaient pas mention et que le président Mattarella a signé sans commentaire. La norme proposée contient des nouveautés notables, à commencer par la possibilité d'exécuter la peine dans des milieux autres que la prison, comme les centres pour toxicomanes. Ensuite, c'est aux magistrats de décider de les y envoyer ou non. Je rappelle que les prisonniers ne sont pas mis en prison par le gouvernement, mais par les juges. La question de l’impact de la norme sur les rave party est une autre fausse information. Pour ce nouveau crime, personne n'a jamais été emprisonné. Au contraire. On n'en a pas organisé d'autres, évitant ainsi des incidents qui auraient provoqué, ceux-là oui, plus d'arrestations. Concernant la surpopulation carcérale, nous avons des projets que nous voulons présenter au chef de l'Etat. Il serait irrespectueux de les annoncer ici. Mais si nous combinons la possibilité pour les toxicomanes d'aller dans d'autres établissements, avec celle de renvoyer les détenus étrangers dans leur propre pays, sur laquelle nous travaillons nuit et jour, avec la Farnesina, nous pouvons arriver à 15 à 20 000 détenus en moins. Le problème de la surpopulation serait donc résolu ».
ARTICLE, Stampa, I. Lombardo, « Concessions balnéaires : le compromis de Fitto (Frères d’Italie) à un pas de la nomination européenne » : « Le 6 juin, quelques jours avant les élections européennes, Raffaele Fitto laissait entendre qu’il n’avait pas la solution attendue sur les concessions balnéaires et qu’il ne l’aura peut-être jamais. Bien rodé à la politique, Fitto sait faire des déclarations dans lesquelles il évite de trop s’exposer, et les propriétaires de concessions de plage en ont assez de ce qu’ils considèrent comme des propositions vagues et en déduisent que le gouvernement ne va pas satisfaire leurs revendications. La directive Bolkenstein impose qu’il y ait des nouveaux appels d’offre pour ces concessions, ce à quoi Fratelli d’Italia s’est toujours déclaré opposé. Le site spécialisé du secteur Mondo Balneare écrit que « depuis qu’il est au gouvernement [le parti de Giorgia Meloni], hormis la prolongation d’un an, n’a rien approuvé de concret ». Avec les élections européennes et la formation de la majorité parlementaire soutenant la nouvelle Commission de Ursula von der Leyen, le gouvernement de la droite italienne a eu encore moins de marges de négociations. Fitto l’a toujours su, d’autant plus que son nom fait partie des négociations pour le fauteuil de commissaire qui reviendra à l’Italie. L'annonce devrait avoir lieu lors du Conseil des ministres prévu après le 25 août. Avant de partir pour les Pouilles, Meloni et von der Leyen se sont entretenues au téléphone pour sceller l'accord. D'après des sources gouvernementales, Fitto se verrait attribuer le poste du Budget renforcé par les délégations au plan de relance et à la Cohésion. Aucune possibilité apparemment d’obtenir la Concurrence, sur laquelle l’Italie paye son manque de respect continu des normes européennes. Sur les concessions balnéaires, Fitto explique qu'il serait préférable d'opter pour la solution imaginée par le gouvernement Draghi. Viser des compensations, peut-être plus substantielles, tout en cherchant d'autres formes de protection pour les entrepreneurs qui perdront leur activité lors des appels d'offres. Le ministre a compris avant les autres que l'Europe n'acceptera pas de nouvelles prolongations. Fitto et Meloni savent aussi que le Président de la République Sergio Mattarella n'accepterait pas de signer une loi prévoyant de nouveaux reports qui, après l'ouverture d'une procédure d'infraction, exposeraient l'Italie à une condamnation par la Cour de justice de l’Union européenne. Fitto cherche depuis quelques temps à clore le différend avec l’Europe mais à Fratelli d’Italia et dans la majorité, il y a deux lignes. Des brouillons circulent, prévoyant des extensions différenciées et pluriannuelles et proposés par l’aile des faucons, menée par Riccardo Zucconi, député mélonien dont le CV mentionne une activité d’entrepreneur sur la côte de la Versilia. Meloni évite par tous les moyens de prendre parti, la seule manière d’éviter d’être dans le viseur de ceux qui lui reprocheraient une nouvelle promesse trahie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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