24/07/2024
"CasaPound, les tentatives de justification de La Russa."
Italie. Revue de presse.
L’affaire autour de l’agression d’un journaliste par des membres de CasaPound et les déclarations du président du Sénat à ce sujet « CasaPound, les tentatives de justification de La Russa » (La Stampa), de même qu’un rapport européen « épinglant l’Italie » : « L’UE retoque l’Italie » (La Repubblica).
Sur X le hashtag #La Russa, en référence au Président du Sénat Ignazio La Russa, domine suite à ses déclarations sur l’agression d’un journaliste par un groupe néofasciste.
ANALYSE, La Stampa, de F. Olivo et F. Capurso, « Fratelli d’Italia ignore les sorties d’Ignazio La Russa : “ce qui compte, c’est ce que dit Giorgia’’ » : « Chez Fratelli d’Italia, on aurait préféré qu’Ignazio La Russa se contente de condamner, sans ajouter de ‘’mais’’, l’agression dont a été victime un journaliste de la Stampa par des militants d’extrême-droite proches de CasaPound. Mais après la condamnation, il y a bien eu un ‘’mais’’ : ‘’S’est-il fait reconnaitre comme étant journaliste ?’’ et ‘’Je ne pense pas qu’il était là par hasard’’. À Forza Italia, on note que les doutes du président du Sénat sont exactement ceux exprimés par Casa Pound. Chez Fratelli d’Italia, les dirigeants haussent les épaules et se réfugient derrière la position de Giorgia Meloni : ‘’Elle a été extrêmement claire, il n’y aucune nuance dans notre condamnation, telle est la ligne du parti’’. Ainsi, pour les partisans, c’est ‘’la parole de Giorgia qui compte’’. Certains dans le parti pensent que La Russa a voulu ‘’utiliser’’ l’affaire pour dénoncer entre les lignes ‘’les méthodes’’ qu’il ne voudrait pas voir utilisées au quotidien par les journalistes, une façon de faire le lien entre cette affaire et l’enquête de Fanpage sur le mouvement de jeunesse du parti. Une position qui, si elle était avérée, serait tout aussi condamnable. Dans les rangs de Frères d'Italie, les partisans semblent toutefois s’être habitués aux sorties douteuses de leur co-fondateur. De plus, ces deux dernières années, La Russa a déjà montré qu’il ne s’avait pas s’arrêter lorsqu’il s’engage sur un terrain particulièrement glissant, comme lorsque, quelques jours avant la fête du 25 avril, il avait soutenu un version fantaisiste de l’attentat des partisans de via Rasella, expliquant que les soldats attaqués n’étaient pas des SS mais seulement des militaires proches de la retraite ; un an plus tard, il avait pris la défense de son fils, Leonardo Apache, accusé de violences sexuelles en le déclarant innocent et en doutant de la sincérité de la femme de 22 ans qui l’avait dénoncé. Des dérapages récurrents que Frères d'Italie a décidé d’ignorer, en croisant les doigts pour que les polémiques disparaissent vite et en ramenant toujours la ligne du parti aux déclarations de sa présidente, comme si elle l’incarnait désormais totalement. »
Ignazio La Russa
ARTICLE, Corriere della Sera, d’I. Sacchettoni, « Décret sur les prisons, l’opposition se révolte. La surpopulation est de 14.000 prisonniers » : « Les partis d’opposition sont unis contre le décret pénitentiaire présenté par l'exécutif. Treize articles - dont ceux sur les Rems (Résidences pour l'exécution des mesures de sécurité), plus ceux sur la nomination d'un commissaire aux bâtiments pénitentiaires, qui ont convaincu l’opposition d’exiger le retrait immédiat du décret et d'abandonner dans la soirée les travaux de la commission de justice du Sénat. La confrontation a éclaté au cours d'une journée riche en actualités alarmantes sur la situation dans les prisons, des émeutes dans plusieurs centres de détention comme à Gorizia, à l'arrestation des trois jeunes évadés de la prison pour mineurs de Rome, en passant par les données présentées par l'association Antigone. Il y a dans les prisons italiennes 14 000 détenus de plus que le nombre maximal de lits réglementaires, soit une surpopulation de 130 %. Depuis le début de l'année 58 suicides ont été enregistrés. Plusieurs maires attaquent également le gouvernement : comme la maire de Pérouse Vittoria Ferdinandi et le maire de Rome Roberto Gualtieri : "Je visiterai certains instituts avec notre garant. Le gouvernement doit faire quelque chose." »
PREMIER PLAN, La Stampa, d’I. Famà, « [Le naufrage meurtrier] de Cutro aurait pu être évité » : « En février 2023, le naufrage de Cutro, sur les côtes calabraises, avait fait 98 victimes parmi les 180 migrants amassés sur une petite embarcation. Hier, le parquet de Crotone, chargé de l’enquête, a rendu son verdict et clos l’affaire : ‘’la tragédie aurait pu être évitée’’. Six militaires italiens, quatre membres de la Garde des Finances et deux du Corps de la Capitainerie du port, ont été visés par l’enquête. Il a été établi que l’alerte sur le risque de naufrage avait été lancée par Frontex alors que l’embarcation se trouvait encore à bonne distance des côtes calabraises. S’en est suivie une longue série d’erreurs et d’omissions. Le plan ‘’Search and Rescue’’ pour porter secours aux migrants n’est pas activé, la dégradation des conditions en mer n’est pas signalée à l’embarcation, la Garde Côtière n’est pas déployée, la Capitainerie ne cherche pas à obtenir davantage d’informations… ‘’Toutes [les autorités impliquées] avaient l’obligation prioritaire, fondamentale et inéluctable de sauver les vies en mer, y compris face à la conduite imprudente et négligente des passeurs’’ conclue le rapport du Parquet. Enfin, suite à une erreur de navigation l’embarcation heurte les rochers et cède ; près d’une centaine de personnes dont un tiers d’enfants et de nouveau-nés meurent noyés. Sur les plages, dans un premier temps, il n’y a que les pêcheurs pour leur porter secours. Les passeurs ont été condamnés à 20 ans de prison. Les secours vont maintenant être jugés. Le ministre de l’Intérieur Matteo Piantedosi a déclaré ‘’connaitre la compétence et le dévouement de l’ensemble du corps de la Garde des Finances et de la Capitainerie du Port, qui s’engagent dans la lutte contre le trafic d’êtres humains’’ et se dit certain que ‘’les enquêtes démontreront que les six militaires visés ne sont pas responsables’’. Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti écrit sur les réseaux avoir le ‘’plus grand respect pour la magistrature et en défendre le travail et la méthode. Je défends dans le même temps le travail de la Garde des Finances et de la Capitainerie du Port, certain qu’ils ont toujours agi pour le bien commun’’. La secrétaire du Parti démocrate Elly Schlein souligne que ‘’les victimes du naufrage auraient pu être évitées si les autorités compétentes avaient fait leur devoir’’. »
COMMENTAIRE, Sole 24 Ore, L. Palmerini : « Les batailles d’Elly Schlein à Bruxelles, aux frontières de la coalition » : « Une des présidences de commissions parlementaires a été attribuée au PD, la commission Environnement et santé, un choix stratégique car il s’agit d’enjeux qui se trouvent à la frontière de l’actuelle coalition à Bruxelles, ‘’le’’ point névralgique, encore plus que les Affaires économiques. En effet, ce sera sûrement ce sujet que la droite, sous la pression des forces souverainistes, tentera de saper le plus. Par conséquent, il s’agit d’une commission cruciale dans la bataille politique, mais aussi pour ouvrir un dialogue avec le monde de l’industrie. C’est aussi là que s’affronteront les deux visions du développement de la droite et de la gauche, ce qui aura forcément des conséquences au niveau national. Surtout que c’est Antonio Decaro, ancien maire de Bari et de l’association des maires italiens, qui en a hérité, et il est plus proche du médiateur habile que de l’ayatollah de l’écologie. Petit à petit, la gauche essaie de se relever, un peu avec les référendums, un peu avec des projets de loi, et maintenant un peu avec l’Europe. Une autre conquête importante revient au Mouvement 5 Etoiles, puisque Pasquale Tridico obtient la sous-commission aux questions fiscales, sans oublier d’autres postes concernant le dialogue avec les entreprises, attribués au Parti démocrate : Dario Nardella devient le coordinateur pour les politiques agricoles tandis que Brando Benifei se chargera du commerce international et de la délégation UE-Etats-Unis du parlement européen. Elly Schlein essaie donc de structurer le défi qu’elle souhaite imposer à Giorgia Meloni en exploitant sa situation européenne délicate. Sur le versant environnemental, de nombreux dossiers ont certes été traités par la précédente législature, mais l’affrontement entre droite et gauche se fera maintenant sur le terrain des politiques industrielles, un terrain sur lequel Elly Schlein a décidé de s’engager, mais jusqu’où ? »
ARTICLE, Messaggero, de F. Bechis, « Rai, Marinelli Soldi anticipe son départ : bras de fer sur le Conseil d’administration - La présidente part le 10 août (pour son affectation à la BBC). Délai serré pour un accord sur la nouvelle direction générale. Rossi sera CEO, mais le problème du directeur général demeure : Roberto Sergio (actuel Administrateur Délégué) et un candidat de la Ligue sont en lice » : « Un éclair dans le ciel (peu) dégagé de la RAI. Marinella Soldi, présidente de la télévision publique italienne, s'en va : elle rejoindra la BBC, où elle travaille déjà depuis longtemps, à partir du 10 août prochain. Elle l'a annoncé dans une lettre envoyée hier au ministre de l'Economie Giancarlo Giorgetti. Ainsi, une valse que la Présidente du Conseil Giorgia Meloni aurait volontiers reportée est lancée en plein été. Quid du Conseil d’administration ? A-t-on le temps - et la volonté - de trouver un accord au centre-droit et de renouveler la direction de la télévision publique ? Le départ de la présidente de la Rai - en conflit, pour ne pas dire plus, avec la droite à la Présidence du Conseil - était en effet considérée comme imminente. Le Cda a expiré depuis deux mois et survit, en attendant que la majorité décide de ce qu'il faut faire. L'accord initial, signé entre Forza Italia et Fratelli d'Italia, prévoyait une rotation à la tête de la RAI et un "relais" entre les deux dirigeants. Rossi, qui a toujours été un chien de garde de la télévision de droite, était prêt à prendre le rôle de PDG, Roberto Sergio celui de directeur général. Avec Simona Agnes, conseillère municipale de Forza Italia, lancée vers la présidence. Tel était le pacte qui commence à présenter des fissures transversales. Tout d'abord, l'accord n’a pas été signé par Matteo Salvini ni la Ligue, qui se dispute avec ses alliés l'espace au sein de la RAI. En attendant, la loi prévoit qu'à partir du 10 mai, les délégations passent au conseiller le plus ancien. Surprise : il s'agit de Roberto Sergio, qui se retrouverait, à moins qu'il ne renonce, dans la position (presque) inédite de jouer également le rôle de président, jusqu'à ce que la Présidence du Conseil sorte de l'impasse. L'idée ne déplaît pas à la Ligue, qui est en ligne directe avec Sergio. Il est cependant peu probable que Meloni remette à plus tard une affaire qui n'a que trop duré : elle serait dit-on agacée par le brouhaha autour de la Rai et la campagne de la Ligue, et déçue par la gestion de la télévision publique par sa classe dirigeante qui, au cours de ces deux années de gouvernement, lui a causé plus d'un ennui, entre gaffes et polémiques montées en épingle – par exemple les accusations de censure dans l'affaire Scurati-Bortone. Son super-conseiller Giovanbattista Fazzolari est tout autant énervé. Meloni aurait admis sa perplexité lors d'une récente confrontation avec Rossi, qui reste cependant un vétéran du parti Fratelli d’Italia et donc en pole position pour prendre les rênes de la télévision. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
14:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.