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18/07/2024

"Meloni-Ursula, la négociation finale."

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Italie. Revue de presse. 

Les tractations autour de la Présidence de la Commission européenne et en particulier les échanges entre Ursula von der Leyen et Giorgia Meloni font la Une des quotidiens italiens : « Von der Leyen, les négociations n’en finissent pas » (Corriere della Sera), « Ursula ouvre la porte à Fratelli d’Italia » (La Repubblica), « Meloni-Ursula, la négociation finale » (La Stampa), « Nominations à la tête des institutions européennes ; des signes d’ouverture pour Meloni » (Il Messaggero). La campagne électorale de Donald Trump aux Etats-Unis continue également d’apparaître en Une. 

PREMIER PLAN, La Repubblica, de M. Puccarielli, « Le rapport européen alerte sur l’information [en Italie], “Fratelli d’Italia a investi la RAI, le pluralisme est remis en cause’’ » : « Un rapport européen intitulé "Suivi du pluralisme de l'information à l'ère numérique" évoque ‘’l'occupation et la répartition [des postes], par le principal parti au pouvoir" au sein la RAI, où "la qualité et la crédibilité des médias de service public semblent fortement diminuer et le pluralisme de l'information s'est grandement détérioré". Il s’agit d’un projet de recherche soutenu par la Commission européenne afin d’identifier les risques potentiels pour le pluralisme de l'information dans les États membres et les pays candidats à l’entrée dans l’UE. Hier, le document a été distribué à tous les membres du comité de surveillance de la RAI par la présidente du comité Barbara Floridia (Mouvement 5 étoiles), alertant sur l'état de santé de l'information en Italie. Plusieurs affaires sont mentionnées concernant la télévision publique écrasée par les désidératas du gouvernement et du centre-droit. Par exemple, avec les amendements proposés par les représentants de Fratelli d’Italia qui ont créé un "dangereux déséquilibre, et vont à l’encontre de l'un des principes fondamentaux de la campagne électorale" avec la distinction dans le décompte du temps de parole des discours institutionnels de la Présidente du Conseil et des ministres. A la RAI, "le cadre législatif actuel – découlant de la réforme voulue par Matteo Renzi - ne garantirait pas l'autonomie du service public vis-à-vis du pouvoir politique". Ce rapport du prestigieux Robert Schuman Centre for Advanced Studies corrobore les craintes et les alertes émises par plusieurs journaux, forces d'opposition et syndicats de journalistes jusqu'ici ignorées par la droite et qui pourrait être accusés de ne pas être neutres. L'étude cite également le cas d'Antonio Angelucci, député léghiste connu pour ses absences à la Chambre, entrepreneur dans le domaine de la santé, propriétaire d'un groupe d'édition qui contrôle plusieurs journaux et qui a maintenant "l'intention d'acquérir l'agence de presse AGI à ENI". Le rapport relève également "une tendance inquiétante aux poursuites pénales et civiles contre les journalistes, y compris de la part de membres du gouvernement". Barbara Floridia appelle à ‘’doter l'Italie d'une loi conforme [aux exigences européennes] et à une réforme sérieuse sur les conflits d'intérêts et l'incompatibilité entre les fonctions publiques et l’occupation de certaines fonctions dans les médias’’. »

ARTICLE, La Repubblica, « De la Tuscia à Strasbourg, l’ascension de la militante anti-avortement qui a trahi Forza Italia et enchanté Arianna Meloni » : « Finalement, la flamme n’aura pas pris en Europe, comme le prophétisait Arianna Meloni lors d’un meeting dans le Molise. Mais dans la région italienne de la Tuscia, elle a tout de même fait quelques étincelles. À Viterbe près de Rome, Fratelli d’Italia réalise un score de 40%, et pour remercier ce fief, les sœurs Meloni ont décidé de présenter la candidature à la vice-présidence d’une eurodéputée nouvellement élue et sans aucune expérience politique. Antonella Sberna, 42 ans, vient de Viterbe et a su aller dans le sens du vent. Après un stage au Parlement européen en 2005, A. Sberna a toujours fréquenté les modérés du centre droit. Après avoir été élue au conseil municipal de Viterbe, elle quitte Forza Italia en 2019 pour rejoindre Fratelli d’Italia, où son mari deviendra le chef de groupe du parti dans le Latium. Et c’est lui qui met Alessandra Sberna en contact avec Arianna Meloni, qui fait en sorte de l’ajouter sur la liste des européennes. Elle est peu appréciée de Forza Italia pour sa trahison, mais aussi au siège de Fratelli d’Italia, où on considère qu’elle a volé le siège à d’autres, plus méritants. Et que dire de l’opposition, qui a tout fait hier pour qu’elle ne soit pas élue vice-présidente, en insistant sur ses positions anti-avortement, qui ne serait ‘’pas un droit mais un échec’’ d’après l’intéressée. Des propos qui, apparemment, ont finalement été acceptés par le Parlement européen. » 

COULISSES, La Stampa, d’I. lombardo, « Bolkestein et Fitto, l’ultime négociation de Meloni » : « Il n'est pas facile de prédire ce qui se passera demain au Parlement européen, et bien que les journaux se voient souvent attribuer des compétences divinatoires, le choix que Giorgia Meloni imposera aux 24 députés de Fratelli d'Italia n’est pas évident. D'après ce qui a filtré, la décision sera prise entre ce soir et demain matin, après un échange en visio entre Meloni et les députés Carlo Fidanza et Nicola Procaccini, et après un appel téléphonique avec Ursula von der Leyen. Le premier signal, très positivement accueilli par Fratelli d'Italia, est l'élection d'Antonella Sberna à la vice-présidence du Parlement européen. C'est la "reconnaissance politique" que Meloni demandait depuis des semaines et qu'elle attendait après l'humiliation qu'elle a subie en étant exclue des négociations pour les nominations à Bruxelles. Renforcée par un double résultat, car le groupe des Conservateurs et Réformistes, ECR, gagne également un autre vice-président, le Letton Roberts Zile. ‘’L'intérêt italien représenté", "le rôle prestigieux", "la reconnaissance de la droite italienne", sont des résultats - affirme Meloni - jamais obtenus par la droite italienne la plus à droite. De nouveaux contacts ont également eu lieu entre Meloni et Roberta Metsola. La présidente reconfirmée du Parlement européen, issue du PPE, tente depuis des semaines de persuader la Présidente du Conseil italien de voter en faveur d’U. von der Leyen, en évitant de marginaliser l'Italie à un moment très délicat pour l'Europe. Metsola aurait tiré parti d'un fait important : le nouveau supergroupe de souverainistes, les Patriotes du Premier ministre hongrois Viktor Orban, la Française Marine Le Pen et M. Salvini, sont exclus de la vice-présidence, tandis qu’ECR en fait partie. Le cordon sanitaire a tenu bon mais il s'est élargi. C'est le deuxième signal bien reçu par FdI. Le troisième signal a été à peine abordé lors des discussions d'hier entre la délégation conservatrice et Mme Von der Leyen. Ce n'était certainement pas le contexte pour parler du poste de commissaire qui reviendra à l'Italie. Dans les coulisses des négociations purement politiques, les diplomates insistent sur quatre cases : Concurrence, Industrie, Budget et Marché intérieur. L'une d'entre elles reviendra à l'Italie, et c'est Raffaele Fitto, ministre directement chargé des affaires européennes, de la politique régionale, de la cohésion et du Sud, qui occupera le poste de commissaire. Meloni demande que des pouvoirs concrets lui soient conférés sur certains dossiers qui concernent principalement l'Italie. Le plan national de relance et de résilience est considéré comme acquis. L'autre dossier concerne les règles de concurrence européennes. Hier, des sources de poids proches de FDI ont confirmé une discussion ouverte sur la directive Bolkestein, pour laquelle l'Italie fait l'objet d'une procédure d'infraction, et une éventuelle vice-présidence consacrée à la débureaucratisation. Meloni doit donner une réponse aux propriétaires d’établissements balnéaires, qui attendent d'elle des réponses cohérentes avec les promesses faites ces dernières années. C'est justement R. Fitto qui travaille depuis des mois pour un compromis, dans le sillage de la solution identifiée par le gouvernement Draghi, qui avait imaginé des formes de compensation pour les actuels concessionnaires lorsque les plages se retrouveraient sur le marché libre. La nouvelle Commission, née dans la continuité de l'ancienne, ne pourra pas se renier, mais un signal dans cette direction - sur la concurrence – est attendu par le parti de Meloni. »

EDITO, Il Foglio, de C. Cerasa, « Rester coincé entre les européistes et les populistes signifie marginaliser l’Italie, il faut voter Ursula von der Leyen sans crainte » : « Le Parlement européen a reconduit hier Roberta Metsola comme présidente. Forza Italia, mais aussi la Ligue, Fratelli d’Italia, et le PD ont voté en sa faveur, ce qui montre que faire front en Europe est possible, même entre partis rivaux. Mais si cette réélection était attendue, celle de von der Leyen l’est beaucoup moins, et il est probable que les partis se présentent divisés et incapables de travailler en équipe pour obtenir ce qui serait utile à l’Italie. Nous savons déjà que la Ligue ne votera pas en faveur de la présidente sortante ; nous savons que Forza Italia le fera, tout comme le Parti démocrate ; mais personne ne peut encore dire si Fratelli d’Italia votera demain en raisonnant sur le plan italien ou bien sur le plan européen. Si la situation italienne préoccupe trop FdI, alors Giorgia Meloni refusera d’offrir sur un plateau d’argent à Salvini la critique facile qui consisterait à dire qu’elle se rapproche de la ‘’droite mainstream’’. Si en revanche elle choisit de se tourner vers l’Europe, alors il lui sera facile de comprendre qu’elle n’a qu’un seul choix pour se renforcer, croître, compter un peu plus, avoir un commissariat de poids…voter Ursula von der Leyen sans délai et avec transparence, comme l’avaient déjà fait ses alliés tchèques ou polonais en 2019, en expliquant tout ce que peut apporter à l’Italie une présidente de Commission élue avec les voix décisives du parti au pouvoir. Outre le facteur Salvini, d’autres éléments pèseront sur le vote en faveur de von der Leyen : la volonté de se distancier de la droite nationaliste à la Le Pen, de la droite eurosceptique à la Orban, des polonais du PiS qui votent moins contre von der Leyen que contre leur ennemi national, Donald Tusk, et enfin la volonté de se distinguer des droites pro-Trump à un moment où son retour semble toujours plus probable. Mais ce qui pèsera le plus, c’est sans doute l’examen de conscience de Meloni : une droite qui soutient l’Ukraine, l’Europe, l’atlantisme, qui combat Poutine, peut-elle se permettre de rester coincée entre ceux qui rêvent de défendre la démocratie et ceux qui veulent la désarmer ? » 

COULISSES, Corriere della Sera, de M. Guerzioni, « Meloni veut des garanties "solides" : ce qui compte, c'est ce qui est dans le programme. Un coup de fil est prévu dans les prochaines heures. ‘’Ursula von der Leyen ? Son attitude a changé’’ estime le ministre Francesco Lollobrigida » : « Giorgia Meloni ne dévoile pas encore ses cartes, elle veut négocier jusqu'à la dernière minute et obtenir le maximum "dans l'intérêt de l'Italie", avant d'accorder à Ursula von der Leyen les 24 voix de Fratelli d’Italia. C'est ainsi que Giorgia Meloni raisonne en ces heures de veille avec les ministres et les parlementaires FdI, qui s'accordent à dire que "la décision n'est pas prise et que le véritable nœud de la négociation est le Pacte vert". Les méloniens écartent la voie de l'abstention et ne laissent que deux voies ouvertes : soutien ou rejet. ‘’Nous devrons expliquer notre choix publiquement et nous ne le ferons qu'après que la candidate à la présidence se sera exprimée", c'est la ligne que Meloni a officieusement donnée à ses ministres, consciente que son choix fera encore la une des journaux.  La majorité est partagée entre le non de la Ligue, le oui de Forza Italia et l'attentisme de FdI. Hier, U. von der Leyen a rencontré le groupe des conservateurs et au cours de cette heure qu'elle a qualifiée d'"intense", elle n’est pas parvenue à dissiper les nombreux doutes des Meloniens, qui ont pourtant apprécié l'exclusion de l'agenda des Patriotes de Le Pen, Salvini et Orbàn.  G. Meloni a apprécié les propos sur la sécurité, la défense et l'Ukraine, tandis que sur le Pacte vert, elle a demandé, par la voix de son principal eurodéputé Carlo Fidanza, un "changement radical ". Les Meloniens se plaignent que von der Leyen, ‘’pour plaire aux Verts, ait été évasive" sur ce point. Pour que le "non" se transforme en "oui", la Présidence du Conseil attend des "garanties fortes et précises". Un portefeuille pour Raffaele Fitto qui combine la cohésion avec des responsabilités de premier plan telles que le marché intérieur, l'industrie ou la concurrence. Ce dernier point est l'un des mots clés de la négociation, car Meloni aurait demandé à von der Leyen d'avoir un œil sur la directive Bolkestein. La libéralisation de la gestion des plages, à laquelle la droite italienne résiste depuis longtemps, est également en jeu. »

LE POINT, S. Folli, Repubblica, « Dernière ligne droite pour Meloni » - « Le parcours de Giorgia Meloni à travers ses propres contradictions et celles de l'Europe, dont certaines coïncident, arrive au dernier tournant. Après de nombreuses hésitations, elle devrait voter en faveur d'Ursula von der Leyen. La tension qui accompagne les dernières heures avant le vote est surtout un phénomène médiatique, car en réalité un non-vote ou une abstention (qui compterait comme un vote négatif) du groupe Fratelli d'Italia n'aurait aucun sens » : « Le vrai nœud de la question Ursula concerne le vote des Italiens, c'est-à-dire de Giorgia Meloni. Celle qui gouverne l'une des plus grandes nations européennes est encore en pleine évolution interne. Si elle s'arrête, si elle se limite à l'abstention, selon les conseils de certains de ses collaborateurs, à quoi aboutit-elle ? A rien. Elle ne retrouvera aucun crédit auprès de ses anciens ‘’associés’’, dont elle s'est elle-même débarrassée en prenant la défense de l'Ukraine contre les pressions des pro-russes bien représentés dans son gouvernement comme dans l'archipel des droites européennes. L'atlantisme constant et revendiqué qui a tant surpris et valu à Giorgia Meloni l'estime de l'administration de Washington (version Biden) est un choix qui doit être confirmé par le vote pour la Commission. Concrètement, un vote en faveur d'Ursula von der Leyen est la seule voie logique pour la Présidente du Conseil. Ce serait le premier port (et non le dernier) de l'évolution conservatrice du parti et la seule option qui lui laisserait une marge de manœuvre en Europe. À l'heure où les tensions internationales s'accroissent, l'Union sait que l'heure n'est pas aux divisions internes. » 

ANALYSE, Il Foglio, de L. Gambardella : « Meloni va à Tripoli et laisse le Parti démocrate s’occuper du Plan Mattei » : « Alors que la présidente du conseil est attendue aujourd’hui à Tripoli pour participer au Trans-Mediterranean Migration Forum, nombreux sont ceux qui, à Rome, se demandent où en sont les rencontres annuelles promises par le gouvernement pour discuter du Plan Mattei. Lia Quartapelle, députée du PD, explique que pour l’instant aucune date n’a été communiquée. Pour elle, ce plan reste pour l’instant un peu creux. Et, paradoxalement, les seuls qui essaient de le remplir sont précisément le Parti démocrate et l’Alliance des Verts et de la Gauche, comme il y a peu, quand ils ont voulu donner plus de budget au Plan Mattei en commission environnement. Pour Quartapelle ‘’ce n’est pas une surprise, nous reconnaissons que ce projet est ambitieux, et justement nous le prenons au sérieux et ne voulons pas qu’il reste un vœu pieu’’. Le Plan est financé par des coupes budgétaires dans d’autres secteurs, notamment 2,5 milliards retirés à la coopération pour le développement. En Janvier dernier, une augmentation de 500 millions d’euro a été votée, de quoi faire tourner ce que la majorité appelle ‘’la régie’’ du Plan. Mais pour le PD, c’est largement insuffisant : ‘’je ne sais pas comment on peut penser proposer un plan de ce genre, pour 54 pays’’. C’est pourquoi le parti a demandé une augmentation à 1 milliard pour 2024, 2025 et 2026. ‘’La Chine dépense 10 milliards par an en Afrique, est-il crédible de vouloir contester sa domination avec quelques petits millions ?’’ s’interroge Quartapelle. Mais plus que l’argent, c’est le contenu même du plan qui reste flou pour l’instant : ‘’quel est notre plan pour le Mozambique ? pour l’Ethiopie ? pour le Ghana ?’’ martèle la députée. Pour Meloni, qui débarque pour la deuxième fois en quelques mois à Tripoli, les chiffres sont de son côté, notamment sur l’immigration. En 2024, le nombre de débarquements illégaux en Italie a chuté de 60%, les opérations de search and rescue de 67%, mais les sauvetages en mer ont par contre augmenté de 50%. Un autre chiffre intéressant, que le ministère de l’Intérieur ne fournit pas : 10 500 personnes ont été interceptées par les autorités libyennes, un chiffre en augmentation. En somme, les migrants n’ont pas disparu, ils sont bloqués en Afrique, et sur ce sujet l’Italie et l’Europe ne disent rien. ‘’Le Plan Mattei, selon Quartapelle, ne donne aucune réponse en ce qui concerne la stabilité de la zone la plus stratégique pour nous, le Sahel et l’Afrique du Nord. Si le gouvernement croit pourvoir tenir la dragée haute à la Russie et à la Chine de cette façon, il se berce d’illusion. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome) 

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