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15/07/2024

"Demain, Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen se rencontreront."

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Italie. Revue de presse. 

La tentative d’assassinat contre Donald Trump samedi lors d’un meeting de campagne fait largement la Une des quotidiens italiens. « Trump, les services de renseignements accusés [de manquements] » (Corriere della Sera), « Trump-Biden, l’appel lancé à l’Amérique » (La Stampa), « Trump le miraculé » (Il Giornale), « Trump touché, Biden coulé » (Libero), « Le cauchemar américain » (Domani). 

ARTICLE, la Stampa, G. Agliastro : « L’ultradroite du monde entier accuse [ses opposants] : “vous l’avez mis en danger’’. Et Moscou attaque sur l’Ukraine » : « Tous les leaders mondiaux ont condamné la tentative d’assassinat contre Donald Trump. La Russie ne fait pas exception, et elle a profité de ‘l’événement pour dénoncer l’aide à l’Ukraine, expliquant qu’ ‘’il serait peut-être plus sage d’utiliser l’argent [donné à Kiev] pour financer la police américaine ?’’. Moscou essaie donc d’utiliser cet événement pour envoyer des messages sur l’invasion de l’Ukraine à ses citoyens mais aussi à ceux des pays occidentaux, alors même que divers observateurs estiment que le retour de Trump aux commandes ferait planer un doute sur le soutien de Washington à l’armée ukrainienne. Mais le Kremlin ne s’arrête pas là puisqu’il dénonce ‘’l’atmosphère créée par cette administration pendant la campagne, notamment les discours autour de Donald Trump, a provoqué ce que l’Amérique doit aujourd’hui affronter’’, ajoutant même que ‘’après de nombreuses tentatives pour discréditer le candidat Trump, il était évident pour tous les observateurs que la vie de Trump était en danger’’. Même si Joe Biden a immédiatement condamné ces violences, nombreux sont ceux qui l’accusent, comme le sénateur J.D. Vance, potentiel vice-président de Trump : ‘’La campagne de Biden insinue que le président Trump est un fasciste autoritaire qui doit être arrêté à tout prix. C’est cette rhétorique qui a mené à sa tentative d’assassinat’’. Et ailleurs, de nombreux représentants d’extrême-droite ont dénoncé cette tentative ratée et se sont déchainés contre la gauche, les accusant de créer un climat de tension. Geert Wilders a par exemple déclaré que ‘’la rhétorique de la haine employée par de nombreux politiciens et médias de gauche, qui qualifient la droite de racistes et de nazis, a des conséquences ; de même en Espagne, le leader de Vox a appelé à ‘’arrêter la gauche qui diffuse la haine, la ruine et la guerre. Pour Javier Milei, ‘’la gauche internationale fait la promotion du terrorisme’’, et Robert Fico a comparé l’attaque dont il a été victime à celle contre Donald Trump, accusant les médias qui les critiquent. En Italie, Matteo Salvini parle d’un certain ton violent employé par la gauche qui risque d’armer les faibles d’esprit’’. » 

ENTRETIEN, Corriere della Sera, d’A. Tajani (Forza Italia), vice-Président du Conseil et ministre des Affaires étrangères, « Ce qui compte maintenant c’est la réaction, le climat doit être plus serein lors des meetings » : « L’attentat contre Donald Trump est une grave atteinte à la démocratie. La façon de réagir à cet événement sera fondamentale. La convention républicaine bientôt, puis démocrate d’ici quelques semaines, devront être des occasions d’apaiser le climat. Je salue les propos de Biden et de Trump en ce sens, immédiatement après les événements. Sans ingérence naturellement, nous suivons les élections américaines avec beaucoup d’intérêt. Quiconque sera élu président aura pour interlocuteur ouvert le gouvernement italien et pourra compter sur des relations fondées sur une amitié historique. Concernant le débat au sein de la majorité avec Matteo Salvini sur l’envoi d’armes à l’Ukraine, il n’y a pas plus grand défenseur de la paix que moi mais si nous cessions de soutenir l’Ukraine, quel genre de paix en découlerait ? Ce serait la loi du plus fort qui l’emporterait. La Russie doit se heurter à une impasse militaire, autrement elle ne s’arrêtera pas. L’Italie n’est toutefois pas en guerre avec la Russie, nous avons des relations diplomatiques normales et nous soutenons les initiatives pour la paix. Concernant l’Europe, les alliances nationales sont différentes de celles au niveau européen. Les institutions fonctionnent différemment, U. von der Leyen doit recueillir des voix au Parlement et personne ne veut faire d’accord avec les deux groupes d’extrême-droit, les Patriotes et l’Europe des nations souveraines. Ils sont donc à mes yeux ‘’dépourvus d’influence’’ et cela tient à leurs choix politiques. L’alliance avec les libéraux et les socialistes est l’unique voie possible. J’appelle les Conservateurs [que cela gêne] à se concentrer sur les contenus du programme de von der Leyen. Au PPE c’est la lutte contre le changement politique sans postures fondamentalistes, et les politiques industrielles et agricoles qui nous intéressent. C’est la Présidente du Conseil qui décidera du commissaire italien à Bruxelles mais Raffaele Fitto a en effet toutes les qualités nécessaires. »

ARTICLE, Corriere della Sera, de M. Galluzzo, « Confrontation von der Leyen-Meloni - Vers l'abstention. Mais tous les scenarii restent ouverts - Les conservateurs divisés sur le vote de jeudi » : « Selon toute probabilité, Ursula von der Leyen téléphonera aujourd'hui à Giorgia Meloni. La prédiction se fonde sur le fait qu’après-demain, à 9 heures, la leader allemande, qui brigue un nouveau mandat au sommet de la Commission européenne, a prévu un échange politique avec le groupe ECR, les conservateurs européens dirigés par G. Meloni. Evoquer avec Meloni, au moins officieusement, ce qu'elle dira aux 78 députés d'Ecr serait un acte de courtoisie nécessaire, certainement aussi utile pour la suite des négociations sur la place de l'Italie au sein de la Commission de l'UE. Une vice-présidence opérationnelle, comme l'a demandé Meloni ? Ou plutôt un simple commissaire avec une délégation? La question reste ouverte.  Le gouvernement italien ("nous visons le maximum en accord avec notre poids", a déclaré la présidente du Conseil) souhaite au moins un commissaire qui pourrait être aussi bien à la Concurrence, au Budget ou pour le Marché intérieur. Certains n'excluent cependant pas l'industrie.  Meloni décidera ce que son groupe national, soit les 24 députés de Fratelli d'Italia, votera. Au sein du groupe conservateur, les délégations de Pologne, de Roumanie et de France ont annoncé un vote négatif. Alors que les députés belges et tchèques sont enclins à dire oui. Meloni, au-delà des négociations sur le commissaire, pourrait maintenir le choix fait lors du dernier Conseil européen : l'abstention. Cependant, tout est entre les mains de la Présidente du Conseil, et on ne peut exclure ni un vote contre, ni une surprise de dernière minute, à savoir un vote favorable. Il est certain qu'en plus du commissaire, le gramme compte. Sur l'immigration, il faut le même engagement que celui dont Mme von der Leyen a fait preuve ces derniers mois. Ensuite, un recul par rapport à une transition écologique que de nombreux conservateurs jugent trop idéologique. Et un autre recul sur l'Europe fédérale, afin de ne pas céder trop de souveraineté nationale à Bruxelles. Bref, le jeu est ouvert. »

ANALYSE, La Stampa, d’A. Barbera : « Le chemin étroit de Meloni » : « Demain, Giorgia Meloni et Ursula von der Leyen se rencontreront. La présidente de la Commission européenne rendra visite à tout le groupe des conservateurs européens. En attendant, Giorgia Meloni est dans un véritable labyrinthe politique. Hier, le leader d’AVS, Angelo Bonelli, a annoncé un ‘’oui sous condition’’ par rapport au vote en faveur d’Ursula von der Leyen, et il a fait référence à une série de points difficiles à entendre pour ECR : la poursuite des politiques en faveur du climat et la mise en place d’un cordon sanitaire vis-à-vis des Patriotes et d’ECR. Avec le soutien des verts, l’actuelle présidente de la Commission peut espérer remporter le vote de jeudi, puisqu’elle aurait une large majorité la mettant à l’abri d’éventuels francs-tireurs. Un représentant de Frères d'Italie nous a fait part de rumeurs sur ce qui se passera à Strasbourg : ‘’Nous attendons. La rencontre de demain est importante, mais ce n’est pas la seule réponse à nos doutes’’. Le discours d’Ursula von der Leyen est présenté comme déterminant, et trois points seront particulièrement importants : l’immigration, la transition énergétique, une Europe plutôt orientée vers un esprit fédéral, abandonnant la création d’un ‘’super Etat’’. Sur ces trois thèmes, l’approche des socialistes et des verts est très différente, et von der Leyen devra par conséquent tenir un discours équilibré. Selon les bruits de couloirs à Bruxelles, celui-ci se concentrera sur le soutien à l’Ukraine, la réforme du droit d’asile, et la création d’un commissariat au logement. Mais c’est le Pacte verte qui sera le point le plus délicat. Un éventuel ‘’non’’ du parti de la présidente du conseil aurait des conséquences en Italie. Meloni doit clarifier la situation avec, d’un côté, Forza Italia, qui soutient la présidente de la Commission, et avec, de l’autre, l’hostilité affichée de la Ligue. Si elle choisit de se rapprocher de FI, elle pourra prétendre à un commissaire italien ; si en revanche elle se rapproche de la Ligue, elle mettra en péril les intérêts nationaux, ce avec quoi Matteo Salvini joue cyniquement. »

PREMIER PLAN / COMMENTAIRE, La Stampa, de D. Stasio, « L’activité de la Cour Constitutionnelle est en danger, le Parlement doit la défendre » : « ‘’Tout le monde l’a fait’’, ‘’c’est une caste qui n'intéresse pas les Italiens", "ce sont les règles de la politique’’… voici quelques-unes des réponses que l’on reçoit, dans l’indifférence générale, lorsque l'on fait remarquer que, depuis huit mois, il manque l'un des 15 juges constitutionnels, nommés par le Parlement, alors que son remplacement doit normalement se faire dans un délai d'un mois. Le président de la Chambre des députés Lorenzo Fontana (Ligue) n'a convoqué le Parlement en session conjointe que cinq fois et n'a pas encore fixé le sixième tour de scrutin ; la Présidente du Conseil Giorgia Meloni n'a pas cherché d'accord avec les autres forces politiques, conformément à l’esprit de la Constitution, pour attendre jusqu’au 21 décembre que le mandat de trois autres juges expire, afin de faire un coup groupé. Or la majorité n’a besoin que de 11 voix pour atteindre le quorum des trois cinquièmes, par exemple avec le soutien d'Action ou d’Italia Viva (partis avec lesquelles certaines batailles ont déjà été menées en commun). La Cour constitutionnelle sera ainsi contrainte à travailler à seulement 11 juges, et l'absence d'un seul d’entre eux suffira à bloquer la justice constitutionnelle.  Cette situation pourra affecter certains dossiers brulants déjà au calendrier : les référendums sur les élections et sur l'autonomie régionale différenciée, la gestation pour autrui, le décret dit ‘’Caivano’’ [notamment sur les délits commis par des mineurs], la limitation du nombre de mandats pour les maires des grandes villes, les aides publiques aux chaînes de télévision, et bien d'autres encore. Notre démocratie est fragile et cette affaire nous donne la mesure de la dangereuse complaisance à l'égard des attitudes absolutistes du pouvoir, précisément celles contre lesquelles le Président de la République Sergio Mattarella nous a mis en garde dans son précieux discours sur la démocratie. Ces Cours constitutionnelles, qui continuent à poser de problème à tant de gouvernement, doivent être défendues à chaque étape, de leur composition, rapide et transparente, à leur pluralisme et à leur autorité. C’est d'autant plus nécessaire lorsque la démocratie recule et que les gouvernements cherchent à avoir la mainmise sur ces instances de régulation. Par exemple en interférent dans leur composition (en la retardant, en la paralysant, en envoyant à la retraite des juges gênants et en en nommant d'autres plus favorables), en les décrédibilisant, en les accusant d’être politisées. Le Parlement doit être saisi afin de mettre fin à cette violation flagrante de la Constitution. Il s'agit d'une institution garante des droits de tous, qui ne peut pas être ‘’prise en otage’’ par les majorités politiques du moment. Dernièrement, le groupe de juges a été convoqué moins d’une fois par mois, loin du rythme bimensuel, sinon hebdomadaire, habituel. En octobre 2015, Sergio Mattarella était intervenu pour demander l'élection "de toute urgence" des trois juges manquants. Plusieurs autres présidents sont intervenus dans l’histoire pour mettre fin à de telles impasses et Giulio Andreotti avait même rappelé la possibilité pour la Présidence de la République de dissoudre le Parlement en cas de grave défaillance. Il faut éviter que les citoyens ne cultivent ce sentiment anti-caste distillé par les nouveaux populismes, et rappeler qu'aucun gouvernement n'est maître du Parlement et de la Cour Constitutionnelle. La Cour pourrait aussi adopter des mesures pour se protéger, mais ce serait une défaite de la coopération entre les institutions et donc de la démocratie. Les partis, de majorité et d’opposition, doivent proposer des candidats de tous bords faisant preuve de vitalité démocratique. Le Parlement doit s’affirmer. Rien n'empêche le président de la Chambre, M. Fontana, de convoquer la session commune le samedi, le dimanche ou pendant l'été afin de mettre en œuvre la Constitution et une démocratie saine. »

SONDAGES, La Repubblica, d’I. Diamanti, “L’intelligence artificielle plait aux plus jeunes mais la droite a peur qu’elle nous vole des emplois » : « Nous vivons désormais dans l’ère de l’intelligence artificielle. Mais l’idée de nous en remettre au quotidien à des technologies que nous ne contrôlons pas directement continue à susciter de l’inquiétude, en particulier lorsqu’il s’agit de médias et d’information. L’intelligence artificielle, associée au réseau et au numérique, a projeté la politique dans une forme de communication ‘’immédiate’’ – sans médiation et sans médiateur – plus que ‘’directe’’. Cela encourage une forme de ‘’démocratie immédiate’’ davantage basée sur le mécontentement que sur le consensus. Car l’échange direct avec le citoyen est plus facile et immédiat lorsqu’il alimente le mécontentement, le ressentiment. D’où l’affirmation de partis antisystème et ‘’personnalisés’’ ces 15 dernières années en Italie, du Mouvement 5 Etoiles, à la Ligue, jusqu’à Fratelli d’Italia, même si cela vaut aussi pour Forza Italia et la figure de Silvio Berlusconi. Pour en revenir à l’IA en général, un sondage Demos a tenté d’évaluer la perception de l’impact de cette technologie sur l’emploi. L’étude montre que, depuis 2017, l’image des technologies aux yeux des Italiens s’est améliorée. La part de ceux qui y voient une menace pour l’économie a reculé de 50 à 35%. Deux tiers des citoyens à l’inverse ne sont pas inquiets, un taux qui chute à 18% chez les plus jeunes et les plus instruits, ceux qu’on surnomme depuis peu la ‘’génération E’’ pour leur ouverture sur l’Europe (et le monde) :  les étudiants, les professions libérales, ceux qui ont plus de compétences et de confiance en ces instruments. A l’inverse, les ouvriers (45%), les travailleurs indépendants (57%), les retraités (38%) se montrent les plus inquiets de l’avènement de technologies peu compatibles avec leurs activités ou leurs compétences. Aucune distinction de genre n’émerge de ce point de vue (35% se disent inquiets chez les hommes comme chez les femmes).  En revanche, sur le plan politique, il ressort de cette étude que l’électorat de centre-droit est bien plus inquiet face à ces innovations (44% des électeurs de la Ligue, 42% de Fratelli d’Italia, 41% de Forza Italia), mais aussi du parti Etats-Unis d’Europe (40%) et, dans une moindre mesure, d’Azione (37%). Parmi les électeurs de gauche, cette proportion est moindre, ce qui recoupe aussi une population plus urbaine. A l’inverse, les périphéries considèrent ces technologies comme un problème réel or en effet celles-ci pourraient accentuer cette ‘’marginalisation’’ de certains territoires. » 

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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