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09/07/2024

"Giorgia Meloni envisage maintenant de voter en faveur d’un deuxième mandat d’Ursula von der Leyen."

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Italie. Revue de presse.

La presse italienne titre largement sur Les hypothèses sur le futur gouvernement en France au lendemain des élections législatives dominent les unes de la presse italienne : « La France secouée, Macron refuse la démission du Premier ministre » (Corriere della Sera)« Macron et le plan anti-Mélenchon » (Stampa), « La France est enlisée » (Avvenire), « En France, la gauche se divise » (Il Messaggero), « Macron gagne du temps et demande à Attal de rester » (Sole 24 Ore). Par ailleurs, les frappes russes contre un hôpital pédiatrique à Kiev faisant plusieurs victimes sont aussi citées en une avec large couverture photographique : « L’horreur à Kiev » (Corriere). « Des missiles sur des enfants » (Repubblica), « Le message de Poutine à l'Europe » (Stampa).

Les JT couvrent essentiellement les frappes russes à Kiev et la réaction de Giorgia Meloni, les élections législatives en France avec les difficultés à former un gouvernement et les différentes coalitions possibles, les réactions italiennes à la situation française, la gauche félicitant le bloc contre la droite et la droite dénonçant le chaos qui règne à Paris, ainsi que la vague de chaleur qui va frapper le sud du pays cette semaine et l’Euro de football, où la France jouera ce soir contre l’Espagne en demi-finale.

COMMENTAIRE, Corriere della Sera, M. Franco : « Le paradoxe des souverainistes qui progressent mais qui s’isolent » : « En France comme dans l'UE, l’extrême-droite amorce une recomposition et témoigne d’un paradoxe. Marine Le Pen progresse dans les urnes, mais se retrouve isolée et déclassée en termes de nombre de sièges au Parlement, dans une France qui aurait dû la couronner. En Europe, les ‘Patriotes’, le nouveau groupe se targuant de représenter le radicalisme souverainiste, prend la place d'I&D et réunit Marine Le Pen, Matteo Salvini, Viktor Orbán et tous les autres extrémistes, au point de devenir le troisième groupe au Parlement européen. Il s’agit cependant d’une coalition de partis avec laquelle personne ne veut avoir à faire. L'attitude servile à l'égard de l'agression russe contre l'Ukraine, aggravée hier par le bombardement de l'hôpital pour enfants de Kiev, pèse certainement. Ainsi que le ton employé contre l'OTAN et Bruxelles. Il semble toutefois y avoir quelque chose en plus. Se présenter comme les seuls représentants exclusifs "des peuples", nationalistes et Européens, s'avère présomptueux. Ces "peuples" se révèlent être des minorités importantes, bruyantes et agressives à chaque vote et cette autosuffisance se transforme en isolement, suscitant la méfiance de tout allié potentiel. Chacun lit désormais la "leçon française" à son avantage. En Italie, une Ligue traumatisée par la défaite de Le Pen déplore une "démocratie trahie" et un vote qui aurait récompensé tout ce qu'il y a de pire à gauche. L'émergence des Patriotes européens est présentée comme une perspective radieuse. Forza Italia souligne au contraire la nécessité d'unir le centre et la droite, si cette dernière ne veut pas perdre. Tandis qu’à gauche, on souligne l'affirmation du Front Populaire en disant que le secret est l'unité, même si elle est très ambiguë : un signal entre le Pd, le M5 et l'extrême gauche. Les répercussions majeures du vote français ne concerneront pas uniquement la politique italienne, mais les négociations à Bruxelles pour la présidence de la Commission et les autres postes clefs. Pour Meloni, la situation est à la fois favorable et difficile. Favorable parce que le recul de l'extrême-droite légitime son propre parti, plus modéré, ne serait-ce que par l'atlantisme et le dialogue laborieux avec l'UE. En même temps, le groupe qu’elle dirige, les conservateurs d'ECR, est mis à mal par la formation des Patriotes européens. Aujourd'hui, Meloni peut espérer obtenir un poste de commissaire de poids en tant que cheffe du gouvernement italien, plus qu’en cheffe de file du groupe qui s'est révélé peu fiable en raison de ses liens avec la droite pro-russe. Elle a la possibilité d’amener son parti, Fratelli d’Italia, à entretenir une relation plus étroite avec le PPE. De toute façon, Le Pen et Salvini la critiqueront : à moins qu’elle ne décide de les rejoindre dans leur situation paradoxale. »

ANALYSE, Sole 24 Ore, d’E. Patta : « Salvini rejoint l’ultradroite de Viktor Orban et Giorgia Meloni envisage maintenant de voter en faveur d’un deuxième mandat d’Ursula von der Leyen » : « La défaite de Marine Le Pen en France affaiblit, sans aucun doute, la droite européenne souverainiste et pro-Poutine. Mais s’il y a bien quelqu’un qui, en Italie, se préparait à trinquer à la victoire de son alliée française et a dû se contenter d’une déception, c’est bien Matteo Salvini, qui a annoncé hier rejoindre le groupe des ‘’Patriotes’’, en même temps que le RN. Giorgia Meloni se retrouve un peu seule à la tête du groupe conservateur, surtout depuis que Vox a quitté ECR en appelant à créer une grande union autour du groupe de Viktor Orban. Mais c’est une solitude qui peut jouer en faveur de la Présidente du conseil, en lui donnant la possibilité de s’éloigner de la droite radicale anti-establishment et de se rapprocher du PPE. Pour l’instant, elle s’est abstenue sur le vote en faveur d’Ursula von der Leyen, afin de protester contre sa mise à l’écart lors des négociations, mais ne pourrait-elle pas transformer cette abstention en vote favorable ? Antonio Tajani travaille en ce sens, afin d’isoler Salvini dans son refus. Giorgia Meloni a quant à elle déclaré hier, juste avant de partir pour Whashington : ‘’Les Patriotes ? Ils n’auront aucune influence. Moi aussi je suis patriote, mais aussi européiste’’. Lundi, aucune réaction sur les élections françaises. Quelques membres de Fratelli d’Italia se félicitent que la droite de Meloni soit la seule à jouir de la confiance des citoyens, d’autres soulignent à quel point les marchés perçoivent le pays comme stable comparé à la France ou à l’Allemagne. Une droite différente donc, crédible financièrement et sur la scène internationale, qui souhaite exploiter sa crédibilité lors du sommet de l’OTAN, où elle rencontrera notamment Emmanuel Macron. De son côté, Raffaelle Fitto (Frères d'Italie), pressenti pour un poste de commissaire européen, prévient : il faudra ‘’comprendre l’évolution’’ et attendre le discours de von der Leyen sur le programme qu’elle souhaite mettre en place. En d’autres mots, attendre de constater des ouvertures sur le Pacte vert et la question migratoire. Est-ce que cela suffira à justifier un changement de posture de la part de Giorgia Meloni ? Ou demandera-t-elle aussi un poste de vice-président pour l’Italie ? Des questions qui ne trouveront réponse que le 18 juillet. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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