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24/06/2024

Carlo Fidanza : "Il faut que les populaires regardent à droite, c’est Macron qui est fragilisé, pas Meloni."

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Italie. Revue de presse.

Les discussions pour les nominations à la tête des institutions européennes en vue du Conseil Européen des 27 et 28 juin, ainsi que la visite à Rome de V. Orban, font les gros titres de la presse : « Les tractations brunes contre l’UE » (Repubblica), « Nominations, Orban en visite à Rome, les populaires font des concessions à Meloni » (La Stampa), « Meloni prête à voter Ursula » (Il Messaggero). La réforme sur l’autonomie régionale différenciée fait la une de Repubblica « Autonomie régionale, les doutes de Mattarella ». Enfin, l’attentat terroriste dans une synagogue et une église orthodoxe au Daghestan et la victoire du joueur de tennis italien J. Sinner à l’Open de Halle sont aussi cités avec couverture photographique en une. 

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Viktor Orbán et Giorgia Meloni

ENTRETIEN, La Stampa, de Giuseppe Busia, président de l’autorité nationale contre la corruption « Effacer le délit d’abus de pouvoir est une erreur, cela fera fuir les investisseurs étrangers » : « Le projet de loi arrive aujourd’hui à la Chambre pour son adoption finale. Le président de l’autorité anti-corruption met en avant les aspects difficiles. ‘’Pour rassurer les maires au moment où ils apposent leur signature sur des actes publics, craignant des mises en cause pénales, il ne faut pas abroger les sanctions contre ceux qui ne respectent pas les normes mais écrire les lois de manière claire. Il faut aussi aider les petites communes en leur fournissant les moyens de suivre la bonne démarche. Effacer le délit d’abus de pouvoir fait perdre de crédibilité à l’administration en lui ôtant l’impartialité prévue par la ConstitutionEt les investisseurs internationaux, pour décider où investir, évaluent attentivement qu’il y ait des instruments à la hauteur pour lutter contre la corruptionIls exigent de la transparence et de la certitude.’’ »

ARTICLE, il Messaggero, F. Bechis : « Le plan de Fratelli d’Italia : les maires pourraient être élus immédiatement avec 40% des voix » : « Rompre le blocus. Les seconds tours ont souvent pour effet de sortir la gauche de sa torpeur électorale, de compacter les blocs, afin de laisser le champ libre aux rivaux de la droite, qui est décidée à changer la loi électorale dans les communes de plus de 15 000 habitants. Concrètement, il s’agit d’éliminer le second tour : il suffirait alors d’atteindre 40% des suffrages pour conquérir la mairie, et non plus 50%, le seuil fatidique et souvent indépassable pour les « patriotes » au gouvernement. C’est le plan préparé par la majorité à la Chambre et au Sénat, alors que la présidence du conseil retient son souffle pour les 102 élections municipales où des duels avec la gauche d’Elly Schlein se profilent, notamment à Florence, Pérouse ou Bari. Le gouvernement pourrait essayer d’introduire cette loi anti-second tour dans le « texte unique des collectivités locales », sûrement à la reprise des travaux après l’été. L’objectif majeur de cette loi serait de préparer le terrain pour la conquête de Rome, en 2026, d’autant que d’ici là elle devrait avoir obtenu des pouvoirs et des financements élargis, comparables à une région. En effet à Rome, à l’exception de l’élection de 2008 qui s’est tenue juste avant le raz-de-marée de Silvio Berlusconi aux élections générales, la droite a en effet toujours vu le chemin du Capitole barré par la gauche. Au quartier général de Fratelli d’Italia, on estime qu’une loi électorale modifiée et l’implantation locale du parti pourrait permettre de conquérir Rome, et même d’autres grandes villes comme Milan. »

PREMIER PLAN, Corriere della Sera, M. Galluzzo : « Réunions et appels téléphoniques : le nom de Fitto (Frères d'Italie) est évoqué pour la vice-présidence » : « Une semaine décisive commence aujourd'hui pour le gouvernement italien et pour Giorgia Meloni. À partir d'aujourd'hui et jusqu'au début du Conseil européen de jeudi prochain, de nouvelles iront certainement s'ajouter au puzzle des nominations des hauts responsables de l'UE, qui pourraient être identifiés lors du prochain sommet européen. Meloni tentera d’agir avec plus de force et un rôle différent de celui qu'elle pouvait avoir il y a dix jours. Et non seulement parce que le groupe parlementaire européen qu'elle préside, ECR, a dépassé les libéraux avec de nouvelles entrées d'eurodéputés. L'insistance avec laquelle notre ministre des Affaires étrangères, Antonio Tajani (Forza Italia), demande aux Populaires d'inclure les conservateurs de Meloni dans la majorité tient aussi aux échanges confidentiels avec Rome, qui ont été plus intenses ces derniers jours, L'appel téléphonique de la Présidente du Conseil avec Kyriakos Mitsotakis, Premier ministre grec mais surtout l'un des négociateurs du PPE, peut en effet être considéré comme un avant-gout des discussions des prochains jours. Si l’on considère qu’Ursula von der Leyen - évidemment si elle sera reconfirmée - doit recevoir le soutien parlementaire de Ecr, l'Italie semble plus proche d'obtenir cette vice-présidence opérationnelle de la Commission, avec un paquet important de délégations, qu'elle n'avait pas lors de la dernière législature et dont Meloni a déjà discuté avec la Présidente. Les indiscrétions qui circulent continuent d’identifier Raffaele Fitto, actuel ministre des Affaires européennes, comme le candidat le plus probable du gouvernement pour une délégation à la mise en œuvre du PNRR. Aujourd’hui, Meloni verra Orbán, qui est engagé dans une tournée des capitales européennes dans son rôle de président de l’UE pour le semestre qui s’ouvre, plus que dans celui de président hongrois. Une réunion au cours de laquelle seront discutés l’agenda et les priorités de la Présidence hongroise, mais qui prévoira nécessairement aussi une discussion politique, liée aux négociations en cours et au destin parlementaire du groupe d’Orbán. Le groupe ECR, donc le parti de Meloni, lui a fermé la porte en lui demandant une déclaration d’engagement contre Moscou. Or, il n’est pas exclu qu’Orbán tente finalement de former un troisième groupe des droites européennes. Meloni sera à la Chambre mercredi matin, pour expliquer la position de notre gouvernement en vue du Conseil européen. Jeudi, elle se rendra à Bruxelles, pour essayer de faire valoir les considérations qu’elle a déjà présentées à ses collègues européens, à savoir que le vote a déplacé les équilibres politiques vers la droite et qu’il est juste que ce fait soit reconnu. »

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Raffaele Fitto et Giorgia Meloni

COMMENTAIRE, La Repubblica, E. Mauro « Les Colonnes d’Hercule de la droite » : « Il est désormais clair que les élections européennes, loin d'être un affrontement final, n'ont été que la première partie du grand jeu politique qui se joue sur notre avenir. En dehors des urnes, trois enjeux s'entremêlent : la compétition parlementaire pour le gouvernement de l'Europe à un moment décisif pour son destin, l'enjeu culturel entre la droite radicale-populiste et la gauche occidentale, et enfin l'enjeu national entre le souverainisme au pouvoir et les oppositions dispersées. Jamais auparavant l'Europe n'avait été le carrefour de tous nos choix. Oui, mais quelle Europe ? Le projet alternatif de l’extrême droite ne reconnait pas l’existence d’un « peuple européen », préférant une alliance européenne des Etats basée sur l’identité des peuples et sur la coopération volontaire des Etats membres. De manière silencieuse, les Colonnes d’Hercule refont surface, renfermant l’Europe dans sa dimension domestique de la Méditerranée, prisonnière de sa géographie et privée d’ambition de faire valoir son histoire, en agissant dans les grandes crises internationales comme un acteur politique. C’est une vision qui pourrait être synthétisée par les mots prononcés par Marine Le Pen : ‘’l’Europe n’est pas un Etat et doit rester à sa place’’. Ce jeu décisif ne fait que commencer et l’enjeu est l’hégémonie culturelle. D’une part l’idée de République basée sur l’égalité des citoyens dans les droits et devoirs, de l’autre l’idée de nation comme défenseur ethnique et généalogique d’une communauté en héritage. Ce sont donc deux visions opposées. Ce que la droite veut réaliser, après le changement de gouvernement, est un changement de système, à Rome comme à Bruxelles. Il faut en être conscient afin de transformer tout acte politique en un grand référendum permanent sur le destin libéral-démocratique de la démocratie européenne. »

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ENTRETIEN, la Stampa, Carlo Fidanza, chef délégation de FdI au sein des Conservateurs : « Il faut que les populaires regardent à droite, c’est Macron qui est fragilisé, pas Meloni » : « Carlo Fidanza, Giorgia Meloni participera-t-elle à l’accord sur les tops jobs ? Tout le monde a compris qu’on ne peut pas court-circuiter l’Italie. Giorgia Meloni a eu le courage de parler pour tant de leaders qui n’acceptent pas que quelques ‘illuminés’ se répartissent les sièges sans penser à quelle Europe nous voulons. Y a t -il un risque que l’Italie reste en dehors de la discussion ? Parmi les pays fondateurs, Meloni guide l’unique gouvernement qui jouisse encore d’un important soutien populaire et elle obtiendra pour l’Italie ce qu’elle mérite, eu égard à son poids. Ceux qui risquent le plus gros, ce sont Macron, qui court à la défaite, et Scholz, dont le gouvernement est dans l’incertitude. Les socialistes mettent leur véto sur une alliance avec vous, et vous faites de même avec eux. Comment sortir de cette situation ? Il revient au PPE de décider du chemin à prendre. Les citoyens ont décidé de récompenser dans les urnes ECR et de rejeter les socialistes, les verts et les macronistes. Il faut un virage de la droite sur le Green Deal et l’immigration, c’est ce que demandent les européens. Vous êtes le représentant de FdI, comment jugez-vous la création d’un nouveau groupe souverainiste, avec l’ex-premier ministre tchèque Andrej Babis et peut-être Viktor Orban ? C’est une clarification. La naissance de plusieurs groupes à droite du PPE permettra à Giorgia Meloni de renforcer son rôle, et de construire des majorités de droite pour créer une alternative à la gauche. Pourquoi Orban n’est pas entré dans ECR ? Aujourd’hui, il présentera à Giorgia Meloni les objectifs de la présidence hongroise de l’UE, des objectifs que nous soutenons pour la plupart. Nous coopérerons, même dans des groupes différents, contre l’instrumentalisation de ‘l’Etat de droit’. Sur l’Ukraine en revanche, il a une position différente, et un mariage forcé serait inutile. Dans le gouvernement italien, il y a trois positions différentes sur l’Europe. Cela met-il à risque la stabilité italienne ? Au contraire, cela nous permet de porter la position italienne dans trois familles politiques importantes. Ces derniers jours, Antonio Tajani pousse pour que le PPE se tourne vers nous et non pas vers les Verts. Il y a des candidats que vous préféreriez à Ursula von der Leyen ? Cette obsession sur les noms est écœurante. Les citoyens veulent savoir s’ils seront obligés d’acheter des voitures électriques ou de rénover leurs maisons en dépensant des dizaines de milliers d’euros. Les agriculteurs veulent savoir si les politiques contre leur secteur vont se poursuivre, et les industriels se demandent combien de cadeau on fera à la Chine. Il serait temps de penser à ces sujets, Ursula ou pas Ursula. » 

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Carlo Fidanza et Giorgia Meloni

PREMIER PLAN, Affari&Finanza, de F. Santelli, « L’effet Paris, le syndrome français aggrave les maux de l’Italie » : « Le ‘’risque Europe’’, incarné par les visages de Marine Le Pen et de son dauphin Jordan Bardella, agite à nouveau les marchés. Le phénomène est encore contenu, en particulier par rapport aux crises souveraines passées, et il est probable qu’un point d’équilibre soit trouvé. Mais cela maintiendra une volatilité et une tension à des niveaux élevés au moins jusqu’à la fin de l’année. Or, les économistes, analystes et investisseurs sont d’accord, le fait que l’épicentre se trouve cette fois en France ne met pas à l’abri les pays les plus exposés comme l’Italie. L’architecture fiscale et financière de l’Europe pourrait être déstabilisée. L’avancée des droites changerait peu de choses aux équilibres institutionnels européens avec une substantielle reconduction de la ‘’majorité Ursula’’, mais le triomphe du RN en France a poussé le Président Emmanuel Macron à convoquer des élections anticipées, imprévues, qui pourraient offrir aux forces eurosceptiques et à leur programme fait de dépenses, la majorité parlementaire dans un pays où la dette s’élève à 112% du PIB et qui vient d’être déclassé par les agences de notation. L’effet sur les marchés a été immédiat, le spread français et d’autres pays voisins s’est élargi de façon plus marquée sur les titres à échéance brève et même sur les échéances décennales avec un pic à 80 points en France (record depuis 2017) et à plus de 150 pour l’Italie (record de ces deux dernières années). Le discours rassurant de Le Pen qui ne ‘’demandera pas la démission d’Emmanuel Macron’’ en cas de victoire (probable) et le ‘’bouclier anti-spread’’ évoqué par la BCE ont calmé le jeu. L’ouverture de procédures pour déficit excessif n’a finalement pas provoqué de trop fortes secousses. Une stabilisation qui rime avec normalisation, le scénario le plus probable semble somme toute gérable, d’après les observateurs. Pour Vincent Mortier (Amundi), la droite lepéniste devra de toute façon composer avec un président de la République fort et, concernant les propositions les plus dispendieuses telles que la retraite à 60 ans, avec la réalité ‘’comme nous l’avons vu en Italie avec Giorgia Meloni’’. Mais l’existence-même de ‘’scénarios encore pire’’ maintient le niveau de risque élevé. Il n’y a pas eu tant de cas de cohabitation, fait-on remarquer, et la répartition des compétences n’est pas si nette. Pictet Asset Management appelle à bien évaluer les effets d’une impasse politique française sur l’UE : ‘’sans la France, l’Europe s’arrête, dans un contexte mondial qui demande des décisions fortes et avec des chantiers cruciaux à mener, comme l’union bancaire, l’union des marchés de capitaux et à terme un parcours de convergence vers les eurobonds’’. Depuis la proposition de Frexit, Marine Le Pen a certes modéré ses propositions mais le RN pourrait bien remettre en cause les institutions et les règles européennes. On pourrait le vérifier très vite avec le nouveau Pacte de stabilité et le plan que la France devra présenter, dont dépend également l’activation du mécanisme anti-spread par la BCE. Un rejet des recommandations européennes compliquerait l’activation des mécanismes de protection et affaiblirait surtout sa capacité de dissuasion. L’issue du scrutin apportera une réponse partielle mais pas définitive, il y aura d’autres rendez-vous décisifs pour les équilibres européens et l’ampleur du ‘’risque Europe’’. L’Allemagne est par exemple l’autre grand moteur de l’Europe qui est en panne. Il y aura ensuite les élections américaines or les investisseurs américains peuvent ‘’être encouragés ou découragés par l’attitude de l’administration [à la tête du pays] et avec Trump nous aurons un président hostile à l’Europe’’ souligne l’économiste et vice-président de la Bocconi Guido Tabellini. Mais il faudra attendre 2027 pour savoir si le pari de Macron décrédibilisera Le Pen ou lui livrera la France. Le fait qu’aujourd’hui la France soit le maillon faible, la rendant plus semblable à l’Italie, ne met pas notre pays à l’abri. ‘’En matière de spread BTP-bund, ce qui se passe en Europe compte beaucoup plus que ce qui se passe en Italie’’ remarque le chef conseiller en Investissement de Pictet Asset Management. ‘’L’hypothèse d’une discipline financière moindre, dans un contexte toutefois de collaboration, diviserait les pays en fonction de leur fiabilité et pourrait amener le spread italien à 200 points ; ce ne serait pas un problème majeur en revanche, ne serait-ce qu’évoquer un Frexit ou le moindre doute émis quant à la cohésion de l’Europe, aurait des effets dévastateurs’’ observe Andrea Delitala. Pour les marchés, une Italie sans contraintes européennes endiguant ses dérives sur la dette et la compétitivité, même en étant plus solide financièrement que par le passé, représenterait un risque bien plus fort. Le choix de Meloni sur le parti qu’elle soutiendra en Europe sera donc crucial et la prochaine loi de finances, avec une dette de 140% du PIB, un plan de rééquilibrage à 10 milliards l’année et 20 milliards à réunir pour reconduire la réduction des charges fiscales et de l’impôt sur le revenu, sera particulièrement délicat. ‘’Il faudra accélérer sur le plan de redressement car il était basé sur des scénarios optimistes, quoiqu’il en soit le gouvernement devra revoir significativement ses plans’’ observe Tabellini. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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