Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

23/05/2024

"Sur l’AfD, Salvini et Le Pen passent à la vitesse supérieure. Mais pour Tajani "Elle (M. Le Pen) est aussi un problème.""

FI-AN.jpg

Ligue.jpg

M5S.jpg

Italie. Revue de presse. 

L’annonce de la suspension du décret rétablissant le contrôle fiscal nommé « redditometro », après les tensions au sein des partis de majorité, fait les gros titres de la presse : « Redditometro, Meloni demande sa suspension » (Corriere della Sera, Messaggero, Giornale), « Meloni rencontre le vice-ministre Leo (Frères d’Italie) et décide de suspendre la mesure » (Sole 24 Ore). La reconnaissance de l’Etat palestinien par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège est aussi largement citée : « Trois pays disent oui à la Palestine » (Avvenire), « Reconnaissance de la Palestine, l’Europe se divise » (Corriere, Messaggero). Enfin, Repubblica titre en une sur les recommandations du FMI à l’Italie sur la nécessité d’accélérer la réduction de son déficit « FMI, alerte sur les comptes publics italiens ». 

SONDAGES, Corriere della Sera, de N. Pagnoncelli, « Fratelli d’Italia recule à 26,5%, le Parti démocrate progresse à 22,5%, Forza Italia et la Ligue sont en hausse alors que le Mouvement 5 Etoiles recule » : « Il s’agit du dernier sondage avant les élections européennes avant deux semaines de réserve durant lesquelles la publication d’estimations est interdite. On sait par ailleurs que plus d’un quart des électeurs choisissent le parti pour lequel voter au cours de la dernière semaine avant le scrutin. A ce stade, Fratelli d’Italia obtient 26,5% des intentions de vote, reculant de 2 points par rapport à avril. La popularité de la Présidente du Conseil a reculé également, perdant trois points le mois dernier et 5 points par rapport à son pic de popularité dans les sondages en lien avec les élections européennes. La tendance est la même pour le gouvernement. Elle peut s’expliquer par la situation difficile des finances publiques, les différends de plus en plus évidents au sein de la coalition, ou encore les positions récemment exposées par Giorgia Meloni au rassemblement de Vox et qui ont terni l’image européenne qu’elle s’était construite. Si ce résultat se confirmait pour Fratelli d’Italia, la performance ne serait pas particulièrement enthousiasmante. Concernant les autres partis de la coalition, Forza Italia, avec Noi Moderati, progresse de 0,6% et se situe à 9,2%. La capacité de Tajani (Forza Italia) à prendre ses distances avec la Ligue et à maintenir un cap modéré et européen continue de payer. Toutefois, si Forza Italia reste bien devant la Ligue, l’écart se réduit, la Ligue ayant progressé de plus d’un point en un mois, avec 8,6% d’intentions de vote. Le Parti démocrate se situe actuellement à 22,5% d’intentions de vote, estimation la plus élevée depuis l’arrivée de la secrétaire Elly Schlein. La réserve des électeurs quant à certains candidats opposés à l’envoi d’armes en Ukraine semble s’être dissipée et dans l’ensemble le parti s’est montré plus uni ces dernières semaines. Le Mouvement 5 Etoiles recule encore un peu (-0,5 points) se situant désormais à 15,4%. Si Giuseppe Conte est très présent dans cette campagne, il n’est lui-même pas candidat et occulte un peu les ‘’véritables’’ candidats. L’électorat des 5 Etoiles n’est du reste pas très “européen’’ (concentré au sud de la Péninsule, où la participation aux élections européennes est plus faible). Les partis Alliance des Verts et de la Gauche (4,6%), et Etats-Unis d’Europe (4,1%) sembleraient passer le seuil des 4% pour l’obtention de sièges. Ce ne sera à priori pas le cas du parti de Carlo Calenda, Azione (3,6%). Si ce scénario est confirmé, Fratelli d’Italia quadruplerait son nombre de sièges, passant de 6 à 22, Forza Italia maintiendrait 7 députés européens, alors que la Ligue s’écroulerait en passant de 29 à 7 sièges. Le Parti démocrate conserverait 19 députés, le Mouvement 5 Etoiles en perdrait un, passant à 13. L’Alliance des Verts et de la Gauche pourrait obtenir 4 sièges et les Etats-Unis d’Europe 3. Attendons donc de voir la fin de la campagne électorale, en espérant que l’on parle réellement d’Europe, à l’approche de grands changements que nous ne devrions pas ignorer. » 

ARTICLE, Sole 24 Ore, d’E. Patta, « Réforme dite du ‘’premierato’’, des possibilités d’amendement lors de l’examen à la Chambre » : « Le Sénat a commencé à voter sur la réforme du gouvernement pour l’élection directe du Président du Conseil, dans un climat de confrontation entre la majorité et les oppositions, à quelques jours des élections européennes. Pour une fois, les oppositions se sont unies en défense de la Constitution et à l’issue du rejet du premier amendement, le Parti démocrate, le Mouvement 5 Etoiles et les Verts et la Gauche ont brandi le texte de la Constitution en signe de protestation. Mais, plus que les protestations, ce sont les lenteurs des débats et des votes qui inquiètent le gouvernement, compte tenu des 3 000 amendements présentés par les oppositions. Les travaux pourraient être bloqués pendant des mois. Fratelli d’Italia plaide pour l’introduction de délais obligatoires mais dans tous les cas les travaux se poursuivront après les élections européennes puisque le Sénat devra suspendre ses travaux pendant la campagne électorale à partir du 30 mai. Sur le fond aussi, il reste du travail : la Ligue reste opposée au système à deux tours, la loi électorale pose donc question. La ministre chargée des réformes institutionnelles, Elisabetta Casellati (Forza Italia) et le rapporteur de Fratelli d’Italia espèrent d’abord obtenir la première approbation de la réforme de la part du Sénat et régler cette question plus tard, au Parlement, comptant notamment sur une Ligue ayant perdu de son poids politique à l’issue du scrutin et donc plus encline aux compromis. Le sénateur Fratelli d’Italia Marcello Pera a souligné que de ‘’nombreux points à corriger demeurent mais ce qui pose problème avant tout est que ce texte affirme que le Président du Conseil est élu directement par le peuple sans toutefois préciser comment il est élu, et de nombreux aspects sont confier à la loi électorale’’. Pour Pera, tout ne peut pas reposer sur la loi électorale sans un cadre constitutionnel clair, par exemple la question des 5 millions de voix des Italiens établis à l’étranger qui ne peut être tranchée qu’en modifiant la Constitution. De nombreuses questions pratiques restent ainsi en suspens et une fuite en avant en poursuivant avec le texte tel quel serait risquée. Des corrections lors du passage de la réforme à la Chambre pourraient donc bien être nécessaires. » 

ANALYSE, Sole 24 Ore, D. Pesole « Le règlement de comptes sur la dette et la dépense » : « Le sujet n’est pas évoqué en campagne électorale mais une fois les urnes fermées, il sera inévitable de l’aborder. En 2025, la dette publique atteindra le niveau record de 3 110 milliards, puis 3 224 milliards en 2026 et 3 306 milliards en 2027. Selon les dernières estimations de la Commission européenne, la dette atteindra 138,6 % du PIB cette année, contre 137,3 % en 2023, et 141,7 % en 2025. Ces prévisions divergent par rapport à ce qu’a prévu le gouvernement respectivement de +0,8% en 2024 et de +2,8% en 2025. Il est vrai, comme le dit le ministre de l’Economie Giorgetti, que ces prévisions européennes ne tiennent pas encore compte du fait que les remboursements des primes vertes pour les bâtiments seront étalés sur 10 ans, tout comme les recettes venant des privatisations qui devraient s’élever à 1% du PIB entre 2025 et 2027. Le problème se posera l’année prochaine où les nouvelles règles communautaires entreront en vigueur. Il est légitime de se demander - au-delà même de la procédure d'infraction qui va demander au gouvernement de réduire la dette d'au moins un point de pourcentage par an - s'il y a une prise de conscience réelle de la complexité de la transition qui attend notre pays à partir de l'automne prochain. La prochaine loi de finances devra tout d’abord trouver ces 18 milliards pour faire face à la décontribution pour les revenus inférieurs à 35 000 euros et à la réforme de l’impôt des revenus à trois taux. Outre les 8-10 milliards pour honorer ce qui a été établi par les règles de l’UE qui prévoient une intervention à hauteur de 0,5% du PIB. On arrive ainsi à 30 milliards. Ce qui veut dire que peu d’argent sera disponible pour soutenir la croissance. On s’appuie donc sur le PNRR, qui devrait déployer ses effets de croissance les plus importants précisément en 2026 (3,4 %), mais il est difficile de parier sur ces estimations dès à présent. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, F. Basso : « Sur l’AfD, Salvini et Le Pen passent à la vitesse supérieure. Mais pour Tajani ‘Elle (M. Le Pen) est aussi un problème’ » : « Les ‘mesures’ contre l’AfD de la part du groupe Identité et Démocratie (ID) pourraient arriver avant les européennes. La Ligue l’a fait savoir hier, après un appel vidéo entre Matteo Salvini et Marine Le Pen, dont le parti est la principale force du groupe. Une collaboration que Forza Italia ne voit pas d’un bon œil. Le ministre Antonio Tajani a en effet rappelé que le parti de Marine Le Pen constitue aussi un problème « car il est contre l’Europe et l’Otan ». Salvini et Le Pen craignent de voir leurs listes pénalisées par les sorties nostalgiques et extrémistes de Maximilian Krah sur les SS de la seconde guerre mondiale et la « nécessité de juger chacun individuellement ». Interdit de toute expression publique par son parti, ce n’est pas la première fois que Krah s’attire les foudres d’ID puisqu’il avait également été sanctionné pour son soutien à Éric Zemmour, « ennemi » politique de Marine Le Pen. La femme politique française attire d’ailleurs l’attention depuis dimanche dernier avec sa participation au meeting organisé par Vox, le parti d’extrême droite espagnol intégré dans le groupe des conservateurs européens, ce qui fait penser qu’une éventuelle alliance des extrêmes droites est possible. Avec 29 sièges selon les sondages, plus que les 23 prévus pour Fratelli d’Italia, le Rassemblement National pourrait devenir un élément clef à l’échelle européenne, lui permettant de se démarquer et de se « dédiaboliser » en vue des présidentielles françaises de 2027. Mais c’est globalement toute l’extrême droite qui croît en Europe : ID pourrait obtenir 83 sièges, les conservateurs de l’ECR également. Toutefois, rien n’est joué en ce qui concerne une future coalition d’extrême droite : les positions pro-russes passées du RN ou présentes du Fidesz de Viktor Orban devraient créer des tensions avec Fratelli d’Italia et le PiS polonais. » 

ARTICLE, Corriere della Sera, M. Galluzzo: « Rome se démarque: ‘’Une décision qui crée de nouvelles tensions’’ ; le soutien du PD et du Mouvement 5 Etoiles (M5S) à la reconnaissance d’un Etat palestinien » : « La Farnesina, le ministère des Affaires étrangères italien, critique explicitement la décision de l’Irlande, de la Norvège, et de l’Espagne : « Il s’agit de trois gouvernements socialistes qui espèrent peut-être gagner quelques voix aux européennes ». Sur cette question, la Farnesina suit la ligne de la présidence du Conseil : « C’est une décision politique. Il ne faut pas oublier que, à l’heure où l’on parle, les Palestiniens n’ont pas d’Etat, pas de gouvernement, pas de souveraineté ni de territoire, il manque donc les éléments clefs à la reconnaissance d’un Etat ». Telle est la position italienne, qui maintient l’objectif d’une solution à deux Etats mais ne cède pas à la précipitation et lui préfère des progrès concrets et efficaces, ce qui est, plus que jamais, une conception alignée sur celle de Washington. Le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani clarifie encore cette politique : « Toute solution doit être atteinte à travers la négociation entre les deux parties. Bientôt, nous rencontrerons le dirigeant de l’autorité palestinienne et ouvrirons la voie à un dialogue qui doit toutefois inclure la reconnaissance de la Palestine par Israël, et vice-versa. De plus, il faut clarifier ce qu’est l’Etat palestinien, car nous ne pouvons pas reconnaître une entité dirigée par le Hamas ».  Giuseppe Conte, chef du M5S, critique quant à lui le gouvernement : « Tajani nous explique que l’Italie s’est abstenue car la plupart des membres du G7, qu’elle préside, se sont abstenus. C’est ça le gouvernement Meloni : on voit ce que fait le G7 et on les suit. L’Italie ne montre pas la voie, elle ne choisit pas, elle tourne le dos ». Elly Schlein, secrétaire du PD, s’exprime différemment : « Bravo à l’Espagne, l’Irlande et la Norvège. Nous aussi, nous demandons la reconnaissance de l’Etat palestinien à l’échelle européenne. Il faut que l’UE joue un rôle diplomatique plus important ». Et Renzi de nuancer : selon lui, ces décisions prises en autonomie « montrent qu’il y a un manque d’Europe » sur cette question. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

Les commentaires sont fermés.