08/05/2024
"Arrestation de Toti, le choc en Ligurie."
Italie. Revue de presse.
La presse écrite titre largement sur l'arrestation du président de la région Ligurie, Giovanni Toti (Forza Italia), dans le cadre d'une enquête pour corruption : « Arrestation de Toti, le choc en Ligurie » (Corriere della Sera), « Le système de pots-de-vin de Toti s'écroule » (Repubblica) « Arrestation de Toti et le ministre Nordio (Frères d'Italie) s'en prend aux juges » (La Stampa), « Arrestation de Toti, signes de mauvais temps sur les élections » (Messaggero), « La bombe judiciaire à retardement » (Giornale), « Le séisme judiciaire secoue la Ligurie » (Avvenire). La cérémonie de prestation de serment de Vladimir Poutine fait la une de plusieurs quotidiens avec large couverture photographique : « Poutine intronisé pour la cinquième fois : nous sommes de plus en plus forts » (Repubblica, Avvenire) « Peu d'ambassadeurs occidentaux à l'investiture de Poutine » (Messaggero).
PREMIER PLAN, Corriere della Sera, de M. Cremonesi, « Affaire Toti - Le ministre Carlo Nordio (Frères d'Italie) est perplexe sur les délais [de l’enquête] et Fratelli d’Italia n’exclut pas l’organisation d’élections » : « Le Garde des sceaux s’exprime de manière très générale sur l’arrestation de Giovanni Toti [ancien député de Forza Italia et fondateur de Cambiamo!, président de la région Ligurie], évoquant le respect du principe de présomption d’innocence. Le ministre met toutefois le feu aux poudres en affirmant ceci : ‘’j’ai cru comprendre qu’il s’agissait de faits qui remontaient à il y a quelques années’’ et en indiquant qu’en 40 ans de carrière en tant que magistrat, ‘’j’ai rarement demandé des mesures de détention provisoire après plusieurs années d’enquête’’. La responsable justice du Parti démocrate, Debora Serracchiani, réagit vivement en jugeant les propos de Carlo Nordio ‘’surprenants’’ pour un ministre de la Justice, dénonçant des déclarations qui ressembleraient davantage à celles de ‘’la défense du président Toti, certainement pas à celles d’une personne devant agir pour une bonne collaboration des institutions’’. Le PD, l’Alliance des Verts et Sinistra Italiana demandent la démission de Giovanni Toti et l’organisation d’élections anticipées, ce que ne semble pas non plus exclure Fratelli d’Italia. Toti pourrait du reste choisir de démissionner ‘’afin de pouvoir se défendre plus sereinement’’ auquel cas ‘’des élections seraient organisées’’ souligne un député FdI. Le chef de groupe à la Chambre Tommaso Foti se montre peu chaleureux vis-à-vis de Toti : ‘’Nous prêtons la plus grande attention à ce qui se passe en Ligurie, comme nous l’avons fait pour Bari et plus généralement la région des Pouilles. Nous espérons que l’enquête sera menée rapidement et que tout le monde fera preuve de la plus grande transparence’’. Le ministre Lollobrigida (Frères d'Italie) souligne que les ‘’accusations qui pèsent sur Toti’’ sont ‘’lourdes’’ mais relève aussi que ces ‘’longues enquêtes se concluent à 20 jours des élections par des arrestations retentissantes. Nous faisons confiance à la magistrature’’. La Ligue est à l’inverse très réticente quant à de possibles élections anticipées, pour Matteo Salvini ‘’la simple initiative d’un juge ne suffit pas à déclarer quelqu’un bon ou mauvais’’. Giorgio Mulè de Forza Italia appelle à s’en tenir strictement à l’avis de la justice, quelle que soit l’appartenance politique de la personne visée, une ligne également revendiquée par Maurizio Lupi (de Noi moderati, qui est désormais le parti de Toti) : ‘’nous n’appelons pas à l’application rigoureuse de la loi seulement lorsque cela nous arrange, une enquête est en cours mais les procès se mènent au tribunal’’. Pourtant, plusieurs hommes politiques appellent à la démission de Toti, au-delà de sa culpabilité, pour la sérénité de l’administration de la région. »
PREMIER PLAN, La Stampa, de F. Capurso, « Nordio et les ministres de FdI s’en prennent aux juges pour le timing mais Meloni veut éviter un affrontement direct avec la magistrature » : « Au QG de Fratelli d’Italia, il a été tout de suite clair qu’il serait difficile de contrôler la situation pendant la journée d’hier. Alors qu’on a vivement recommandé aux parlementaires de ne pas en rajouter, au nom de la ‘’présomption d’innocence’’ et de ‘’la confiance envers la magistrature’’, les ministres ont lancé leurs critiques contre l’enquête en cours. C’est le ministre de l’Agriculture Lollobrigida (Frères d'Italie) qui s’est exprimé le premier en évoquant la possibilité d’une justice au timing calculé, auquel s’est ajouté le collègue de la Défense Crosetto (Frères d'Italie), qui s’est dit ‘’surpris’’ par les chefs d’imputation dans l’enquête contre Toti. Mais c’est le ministre de la justice Nordio (Frères d'Italie) qui infligera le coup le plus dur en décidant de critiquer, malgré son rôle, le choix du juge d’assigner à résidence le président de la région Ligurie. Nordio a souligné que ‘’dans [sa] carrière de juge, [il a] rarement demandé de telles mesures après des années d’enquête’’». C’est une position qui est partagée par Crosetto. C’est toutefois dans l’analyse de Lollobrigida qu’il est possible de comprendre le sentiment qui règne au sein de Fratelli d’Italia. Lollobrigida est intervenu en premier et a reconnu que ‘’les chefs d’imputation sont graves’’, puis il a assuré n’avoir aucun doute sur la possibilité d’une justice qui a choisi son timing pour déclencher les arrestations. Néanmoins, le doute fait surface dans les mots utilisés ‘’je constate que cette enquête, qui a duré trois ans, se termine à 20 jours des élections avec des arrestations importantes’’. Bref, le doute demeure. Ce sont des postures qui compliquent le souhait de Giorgia Meloni de ne pas ouvrir une saison de bras-de-fer avec la magistrature, comme à l’époque berlusconienne. Le Secrétaire d’Etat Mantovano (Indépendant, autrefois Alliance nationale) et le secrétaire d’Etat à la magistrature Delmastro (Frères d'Italie) seraient plutôt favorables à reporter après les élections européennes la réforme prévoyant la séparation des carrières des juges, tout comme la norme sur l’abolition du délit d’abus de pouvoir. Or, le ministre Nordio n’a aucune envie d’attendre. Par ailleurs, il faudrait aussi surmonter les résistances de Forza Italia. ‘’J’espère que cette enquête n’est pas une réponse aux réformes qui sont en chantier’’ affirmera ensuite le chef de groupe à la Chambre de FI, Paolo Barelli. »
ENTRETIEN, Quotidiano Nazionale, d’Antonio Tajani, ministre des Affaires étrangères, vice-Président du Conseil et coordinateur de Forza Italia, « Nous nous engageons avec le PPE pour la protection de la démocratie ; il faut des aides pour lutter contre les fake news » : « Nous devons élire une équipe de députés européens qui connaissent les mécanismes de l’UE, et qui la rendent plus forte et plus à même de résoudre les problèmes des citoyens. Notre succès découlera de la qualité des personnes élues, pas de la victoire idéologique d’une tendance politique plutôt qu’une autre et éloignée des besoins des Européens. Forza Italia est un parti solide, bien ancré dans les territoires où le parti parvient à transmettre ses valeurs. Il faut que nous rassemblions et donnions de la visibilité aux forces populaires et pro-européennes. Je me présente personnellement pour guider mon parti dans la campagne et afin de porter des sujets concrets concernant l’Europe et les retombées que peuvent avoir en Italie les décisions prises à Bruxelles. Je compte mettre à profit mon expérience au sein des trois institutions européennes. Forza Italia sera le premier parti italien à avoir un rôle décisif en Europe et le PPE orientera de nombreuses décisions européennes. Mais l’issue des élections n’aura pas d’impact sur le gouvernement italien, elle confirmera la force de notre coalition et s’il doit y avoir un changement dans les rapports de forces, tout sera géré de façon équilibrée. Il est vrai qu’une confirmation nette du gouvernement permettrait à l’exécutif de travailler plus efficacement aux réformes à mener et aux mesures à prendre. Les crises et les conflits dramatiques en cours alimentent une dangereuse guerre hybride risquant de désorienter les citoyens et de causer une perte de confiance envers les institutions et un détournement de la vie démocratique. A l’approche d’échéances électorales décisives pour notre avenir, la meilleure réponse est d’unir nos forces comme cela a été fait avec l’European Media Freedom Act ou pour l’AI Act. L’Italie est dotée d’un système de soutien économique du monde de l’édition tout à fait valide avec des aides reconduites même lorsque la situation budgétaire était difficile. Face à l’évolution des médias, nous devons toutefois revoir certains paramètres de notre système national de l’information afin que notre système démocratique ne régresse pas. Le gouvernement doit travailler à de nouvelles aides : le soutien à l’édition est un soutien à la démocratie. »
(Traduction : ambassade de France à Rome)
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