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21/02/2024

"Salvini défend le Kremlin et suscite la polémique."

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Italie. Revue de presse. 

Suite à la mort de l’opposant politique russe Alexeï Navalny, la convocation de l'ambassadeur russe à la Farnesina et les polémiques autour des propos de Salvini (Ligue), vice-président du Conseil des ministres, font les gros titres: « Affaire Navalny, Rome convoque l'ambassadeur russe : « Moscou doit s'expliquer » » (Corriere della Sera), « Salvini est la voix de Moscou - polémiques sur les déclarations du dirigeant léguiste : «je comprends la veuve Navalny mais c'est aux juges de faire toute la lumière sur ce décès »» (Repubblica, Stampa). L'échange entre Poutine et une étudiante italienne est aussi cité : « Poutine : « l'Italie est un pays ami ». Embarras du gouvernement italien » (Messaggero, Giornale). La mise sous tutelle par l'Etat de l'aciérie de Tarente et le sort de l'activiste italienne Ilaria Salis emprisonnée en Hongrie sont aussi cités. 

ARTICLE, La Stampa, F. Grignetti « Salvini défend le Kremlin et suscite la polémique » : « Avec sa position ambiguë sur la mort de Navalny et sa difficulté à prononcer le nom de Poutine, Matteo Salvini est peut-être désormais le seul en Europe à ne pas faire imputer la responsabilité de la mort de l’opposant russe à l’homme du Kremlin. Ses propos sur une enquête russe peu probable (‘’il faut faire toute la lumière mais c’est le rôle des médecins, des juges, ce n’est pas à nous de le faire’’) soulèvent un tollé, et pas seulement en Italie. La Commission Européenne, par le biais de son porte-parole, fait savoir que ‘’la position de l’UE sur les dossiers de politique étrangère, y compris celui de la mort ou de l’assassinat de Navalny, a fait l’objet d’une déclaration à 27. Ce qui veut dire qu’elle a été concertée aussi avec l’Italie. Des enquêtes pénales ne sont pas nécessaires pour définir ce qui a causé exactement sa mort. Les 27 ont été très clairs sur ce point’’. Si le ministre léghiste reste ambigu, le ministre des Affaires étrangères Tajani assume, lui, une position tout à fait différente en convoquant à la Farnesina l’ambassadeur russe Paramonov pour demander des explications. Notre ministère demandera que cette mort fasse l’objet d’un examen de la part d’une commission d’enquête internationale et indépendante. Le dirigeant d’Azione Carlo Calenda, pour sa part, menace d’une motion de défiance le ministre léghiste au cas où ‘’la Ligue et Salvini ne démentiront pas publiquement le renouvellement de l’accord avec le parti de Poutine, Russie Unie. Un ministre de la République ne peut pas être le partenaire politique d’un dictateur assassin et impérialiste qui veut diviser l’UE ’’. Le M5S, Italia Viva et le PD insistent eux aussi sur l’aspect de la sécurité nationale. Même l’allié Maurizio Lupi de Noi Democratici a souligné : ‘’sur les valeurs de démocratie et de liberté, il ne peut pas y avoir d’hésitations’’. Le ministre de l’Agriculture Francesco Lollobrigida a lui aussi pris ses distances ‘’le régime de Poutine est responsable, il faut le dénoncer et pas seulement sur l’affaire Navalny’’. Ainsi, après des mois de trêve, le problème de l’accord politique entre la Ligue et le parti de Poutine refait surface. » 

ARTICLE, Repubblica, G. Foschini, A. Fraschilla : « De l’hôtel Metropol à la Vénétie, ces relations jamais clarifiées entre la Ligue et le Kremlin à la veille des élections européennes » : « Dans le fil rouge qui relie la Russie de Poutine à la Ligue de Matteo Salvini, il y a une coïncidence de dates qui mérite d'être soulignée. En octobre 2018, l'actuel vice-premier ministre prenait un vol pour Moscou, accompagné d’un important groupe de collaborateurs, pour rencontrer l’entourage de Vladimir. C’était cinq mois avant les élections européennes de 2019, suivies par la Russie de Poutine avec un intérêt tout particulier, cherchant à en tirer parti. Aujourd’hui, c’est à nouveau à la veille d'une élection européenne que Salvini, isolé sur ce point en Europe, se tourne vers Moscou, mettant en doute la responsabilité du président russe dans la mort du dissident Navalny. Au même moment à Moscou, Poutine souligne son amitié avec l'Italie : "Nous avons toujours été proches". Ces dernières années, Salvini a souvent gardé le silence lorsqu'il a dû expliquer ses relations avec le Kremlin. Il a crié au complot quand l'enquête sur Metropol a été archivée (essentiellement à cause du manque de collaboration de Moscou), mais il n'a jamais répondu aux questions politiques qu'elle soulevait. Pourquoi, en marge de l'agenda officiel, Matteo Salvini avait-t-il rencontré le vice-ministre russe chargé de l'énergie et de l'industrie, Dmitry Kozac, le 17 octobre 2018 ? Et encore : à quel titre son porte-parole Savoini est-il allé, dans le cadre d'une visite officielle, à la recherche de pétrole russe ? Bref, pourquoi des hommes de la Ligue parlaient-ils affaires à Moscou ? Ce ne sont pas les seules questions qui restent sans réponse. Une fois de plus, à la veille des dernières élections législatives en Italie, Salvini a eu des contacts directs avec le gouvernement de Poutine. Il était même le seul dirigeant européen prêt à se rendre à Moscou au plus fort du conflit ukrainien. La visite a été annulée uniquement parce que la nouvelle a été rendue publique : les billets avaient déjà été achetés par l'intermédiaire d'Antonio Capuano, un avocat napolitain ayant un passé au sein de Forza Italia et entretenant de bonnes relations avec la Russie et le Moyen-Orient. Les relations entre Salvini et Capuano n'ont jamais été clarifiées par le vice-président du Conseil, mais ce qui est certain, c'est que les billets avaient été achetés ("à mon insu", jure Salvini) avec la carte de crédit d'un fonctionnaire de l'ambassade russe, le premier secrétaire Oleg Kostyukov, fils d'Igor, le directeur du Gru, le service militaire russe. Un des hommes les plus proches de Poutine. Aujourd’hui, la Ligue ne parvient à tenir aucun propos clair sur l'assassinat de Navalny. Certains dirigeants locaux, qui gèrent des associations et des comptes sur les réseaux sociaux, sont ouvertement pro-russes. La Vénétie est un véritable laboratoire de soutien à la Russie. Vito Comencini, député léghiste, abandonna le Parlement en "protestation" lors du discours de Zelensky, tandis que le conseiller régional élu sur la liste Zaia, Stefano Valdegamberi, est un fervent défenseur de Moscou contre les sanctions occidentales : tous deux avaient organisé la présentation du livre du général Roberto Vannacci, candidat possible de la Ligue aux élections européennes. Une coïncidence aussi, peut-être. » 

COMMENTAIRE, Repubblica, S. Folli « L'ami pro-russe qui met Giorgia Meloni dans l’embarras » : « La plaisanterie de Poutine affirmant s’être ‘’toujours senti chez lui en Italie" ressemble à une allusion. L'autocrate tient à faire savoir qu'il a de très bons amis dans notre pays. L'un d'entre eux, comme chacun sait, était Silvio Berlusconi. Laissons de côté Conte et sa longue campagne contre les livraisons d'armes à l'Ukraine, qui a certainement été appréciée par Moscou. L'homme du jour est Matteo Salvini : pourquoi le chef de la Ligue, vice-président du Conseil et ministre des Infrastructures, a-t-il éprouvé le besoin de réaffirmer, hier, son amitié avec Poutine ? Après avoir pris ses distances avec la veuve de Navalny, Salvini a déclaré qu'il fallait attendre la réponse des médecins et des magistrats russes sur la mort du dissident. Par pure coïncidence, au même moment, Poutine a fait savoir qu'une enquête internationale, et donc indépendante, était exclue. Aucun dirigeant européen n'est allé aussi loin. Aucun politique n'a voulu exprimer une telle proximité avec le Kremlin. Sauf Salvini, celui qui voulait ''échanger Mattarella avec Poutine'' et dont il existe des célèbres photos, prises sur la place du Kremlin, portant un tee-shirt à l’effigie du dictateur. C’est presque comme si le leader de la Ligue voulait - ou devait - s’excuser de la présence du chef de groupe de la Ligue au Sénat lors de l’hommage sur la place du Capitole à Rome en mémoire de Navalny. Quelque chose n’est pas clair dans cette affaire, qui est d'ailleurs liée au réseau de contacts avec l'extrême droite européenne, à commencer par les allemands de l'AfD. L'explication politique est classqiue : Salvini veut rassembler tous les partis de droite qui refusent d'être étiquetés et se présentent comme des forces anti-système. Le fil rouge qui unit ces groupes est qu'ils sont anti-OTAN, donc anti-américains et fortement pro-russes. Il est clair que les services de Moscou infiltrent beaucoup de ces groupes. Nous ne savons pas où se situe Salvini dans cet ensemble. Nous savons qu'il est prêt à tout pour récupérer des voix et, par la même occasion, nuire à sa rivale détestée, Giorgia Meloni. Mais, dans son soutien à Poutine, Salvini a franchi le seuil. Et il l'a fait en tant que vice-président du Conseil. Il serait intéressant de connaître l'avis de la Présidente Meloni à ce sujet. Elle qui, sur l'Ukraine, a choisi la ligne américaine, la même que celle de l'Union européenne. C'est précisément la crédibilité italienne qui est menacée par un vice-président du Conseil qui veut être le point de référence de la faction pro-russe. » 

COMMENTAIRE, La Repubblica, de L. Abbate, « Salvini doit démissionner » : « Le vice-président du Conseil, Matteo Salvini, continue d’afficher sa sympathie pour Poutine de manière effrontée. Il le fait depuis longtemps et a continué même après l’invasion de l’Ukraine. Aujourd’hui avec la mort d’A. Navalny, dont la responsabilité repose sur le président Vladmir Pourine et ses autorités, le ministre du gouvernement Meloni se permet de réaffirmer, à travers des déclarations dangereuses, sa proximité avec le Kremlin, convaincu que les juges russes (d’après lui libres et indépendants) et que les médecins (libres de s’exprimer) pourront faire la lumière sur cette affaire, dans un pays où la peur et la violence règnent et où les ennemis du tsar sont assassinés. La réponse de Poutine à l’étudiante italienne à Moscou, ‘’l’Italie a toujours été proche de nous’’, ressemble à une tape sur l’épaule de la Russie à Salvini. Mais le plus grave est qu’en n’ayant pas la force de prendre ses distances vis-à-vis de Poutine et de condamner sa politique, Salvini permet à l’ombre de la Russie de planer jusque sur le gouvernement. Cela peut être une sorte de virus s’infiltrant dans nos institutions, capable d’atteindre des informations réservées du pays, comme les stratégies économiques et financières, nuisant grandement à notre pays. Avec de telles amitiés, le risque est élevé. La déclaration de l’Italie s’indignant de la mort de Navalny dont Poutine est responsable a été très claire et a été concertée avec l’Union européenne. Elle recommande aux membres du gouvernement, après les déclarations malheureuses de Salvini hier matin, ‘’de lire ce que leurs gouvernements sont en train d’approuver et d’adopter’’ en réaction. Mais alors comment fait la Présidente du Conseil Giorgia Meloni pour maintenir à ses côtés un adjoint et allié de gouvernement resté lié au Kremlin ? Elle doit s’expliquer sur ce point, surtout dans le contexte de présidence italienne du G7, dont l’agression russe en Ukraine remet en cause les principes. Le 24 février, Giorgia Meloni présidera une réunion du G7 à laquelle participera le leader ukrainien Zelensky, mais comment sera jugée la présidente du Conseil alors qu’elle maintient, à ses côtés, au gouvernement, un ami de Poutine ? Le chef de la Ligue se comporte comme s’il était le chef du parti de Poutine en Italie, ce n’est pas qu’une question morale, c’est de la politique pure, car nous ne devons pas permettre à un homme politique infiltré d’ouvrir le parti au Kremlin et pour cela il est nécessaire que le vice-président du Conseil et ministre Matteo Salvini quitte le gouvernement et présente sa démission, ne serait-ce que par dignité. » 

ENTRETIEN, La Stampa, de Matteo Renzi, dirigeant d’Italia Viva « Moscou est responsable de la mort de Navalny, la Ligue refuse d’accepter la vérité » : « Face aux doutes soulevés par Matteo Salvini sur les causes de la mort de Navalny, le dirigeant d’Italia Viva Matteo Renzi dénonce ‘’la responsabilité évidente et irréfutable du Kremlin’’. Selon Renzi, Salvini est rattrapé par son passé. Il n’est pas possible d’effacer l’image de Salvini avec un T-shirt à l’effigie de Poutine devant le Parlement Européen. Il tient aussi à rappeler que Meloni disait elle aussi ‘’Poutine est mieux que Renzi’’. Q. Croyez-vous que les positions de Salvini, qui sont de plus en plus distantes de celles de Meloni et Tajani, pourraient provoquer une crise de gouvernement ? R. Meloni tenait des propos semblables, mais comme toujours elle change d’avis plus rapidement. En revanche, Salvini se retrouve au pied du mur. Il ne peut qu’empirer sa situation. Comme du reste pour Giuseppe Conte qui avait sollicité Poutine pour qu’il envoie des soldats russes en Italie [pendant la pandémie, ndt.]. Conte est plus rusé et se tait. Salvini, lui, parle et cela se retourne contre lui. Salvini et Meloni sont divisés sur tout, mais le pouvoir agit comme un aimant. Seule Meloni peut prendre la décision de faire tomber le gouvernement. Q. Selon vous, cette éventualité ne se produira pas facilement ? R. Seulement si le cercle des très proches de Meloni se fissure. Salvini ne représente pas un problème pour Meloni. S’il sortait de la majorité, personne ne le suivrait. Q. Le député d’Italia Viva Roberto Giachetti a proposé la candidature de la veuve de Navalny au Parlement Européen dans le groupe de Renew Europe. Etes-vous d’accord ? R. c’est une très belle proposition, avec une forte valeur symbolique mais qui rencontre deux obstacles. La premier, surmontable, est qu’il faut lui donner la nationalité italienne. Ce qui peut se faire en Conseil des ministres. Ce serait aussi une manière pour Meloni et Salvini de se faire pardonner pour leur passé. L’autre est plus difficile : Azione ne veut pas faire de liste unique avec nous et donc je ne crois pas qu’il y aura une liste Renew Europe (en Italie)’’. » 

ENTRETIEN, Nuova Sardegna, d’Antonio Tajani, dirigeant de Forza Italia, vice-président du Conseil et ministre des Affaires étrangères « Q. A Bruxelles vous avez rencontré la veuve d’Alexeï Navalny, le principal opposant politique russe… R. Yulia Navalnaya est une femme qui veut continuer à se battre pour défendre la liberté dans son pays. Elle m’a répété que la Russie n’était pas Poutine et que Poutine n’était pas la Russie. Elle est très déterminée à continuer le combat. Ella a d’abord rencontré tous les ministres des affaires étrangères de l’UE, puis nous nous sommes vus rapidement dans les bureaux de la Représentation Italienne car l’Italie assure la présidence du G7. J’ai fait ce que tous les pays du G7 et de l’UE feront : confirmer que nous continuerons à défendre la liberté d’expression en Russie et la liberté de mener ses propres batailles politiques. Nous demanderons la libération de tous les prisonniers politiques.’’ » 

PREMIER PLAN, Il Messaggero, de F. Malfetano, « Nouvelle provocation de V. Poutine : ‘’l’Italie a toujours été proche de nous’’, le gouvernement italien dénonce de la propagande » : « ‘’En Italie, je me suis toujours senti comme chez moi’’ : c’est la nouvelle provocation de Vladimir Poutine alors qu’à Rome le gouvernement est encore en difficulté à cause des polémiques qui ont suivi la mort de Navalny. ‘’Je me souviens de la façon dont j’ai été accueilli chez vous’’ a dit le président russe lors de la conférence ‘’Des idées fortes pour des temps nouveaux’’ répondant aux questions d’une étudiante italienne inscrite à la Mgimo, l’université de relations internationales sous l’égide du Kremlin. ‘’L’Italia a toujours été proche de nous’’ a-t-il ajouté. On se souvient des propos de Silvio Berlusconi il y a un an qui avait dit avoir un avis ‘’très négatif’’ sur V. Zelensky. Aujourd’hui, ce sont les propos de Matteo Salvini suite à la mort de A. Navalny qui embarrassent le gouvernement dénonçant la propagande russe. La Présidence du Conseil et le ministère des Affaires étrangères préfèrent garder le silence officiellement. Deux ans après l’invasion russe en Ukraine, la Présidente du Conseil présidera la première réunion du G7 en visioconférence sous présidence italienne. Volodymyr Zelensky interviendra lui aussi. L’objectif de la réunion est de démonter ‘’la fausse rhétorique sur un Occident fatigué’’. Des proches de Meloni affirment que son objectif est de mettre les choses au clair sur le soutien à l’Ukraine et de faire signer aux six autres leaders une déclaration pour le renforcement du système de sanctions déjà existant. Dans le sillage des annonces de Washington et de Bruxelles, ils discuteront du moyen d’affecter encore plus les canaux de financements sur lesquels la Russie continue à s’appuyer et sur les canaux de vente de son énergie à des pays tiers. Lors de cette première réunion, les autres dossiers (par exemple la crise au Proche-Orient et en mer Rouge) passeront au second plan et ne figureront pas dans la déclaration finale cette fois-ci. Les sept dirigeants devraient également se consulter sur l’usage des biens gelés de fonds souverains et de citoyens privés russes visés par les sanctions. Ils étudieront la possibilité de contourner les contraintes légales et financières qui empêchent de s’en saisir pleinement. Un déplacement à Kiev de Giorgia Meloni n’est pas exclu et les autres leaders du G7 envisagent aussi cette possibilité, à l’exception de Macron qui l’écarte pour le moment ‘’pour des raisons de sécurité’’, sans donner plus d’explications. Les leaders du G7 reviendront sur la mort de Navalny, conscients qu’elle ne peut pas ne pas être interprétée comme un signe de faiblesse du régime de Poutine, excluant pour le moment des initiatives spécifiques. Des initiatives que plusieurs capitales européennes, dont Rome, ont déjà prises de manière autonome : hier l’Ambassadeur de Russie en Italie a été convoqué au ministère des Affaires étrangères précisément en lien avec l’affaire Navalny. » 

SONDAGE, Corriere della Sera, S. Finetti « Oui aux aides, non aux armes. Les Italiens partagés sur l’entrée de l’Ukraine dans l’UE » : « Incertitude est le mot qui résume l’état d’esprit des Italiens face au contexte géopolitique actuel. Incertitude quant à l'évolution de la guerre en Ukraine. Incertitude quant aux solutions possibles au conflit. Incertitude face à un monde de plus en plus polarisé, incertain et menaçant, y compris pour notre pays. C'est ce qui ressort de l'enquête réalisée par Ipsos pour Ispi, qui inaugure l'Observatoire "ItaliaInsight - Italiens et politique internationale". À quelques jours du deuxième anniversaire du début de la guerre, les Italiens sont beaucoup plus incertains qu'il y a un an. Si, à l'époque, l'opinion dominante était que l'OTAN, les États-Unis et l'UE gagnaient en influence et en unité, aujourd’hui la Russie et Poutine sont perçus comme en pleine ascension. Au point que près d'une personne interrogée sur quatre (23 %) estime que Moscou est en train de gagner la guerre, tandis que 7 % seulement pense que Kiev l'emportera ; mais la majorité des Italiens (69 %) sont convaincus que l'impasse actuelle ne peut être surmontée par les armes. C'est pourquoi, face à l'hypothèse de négociations, un Italien sur deux se dit favorable à un accord en échange d'un retrait partiel de la Russie du territoire ukrainien, pour un Italien sur quatre, les négociations devraient être engagées à n'importe quelle condition, et seulement 6 % y sont totalement opposés. 51 % des personnes interrogées s'opposent à l'envoi d'une nouvelle aide militaire à l'Ukraine, seuls 32 % sont favorables. Les Italiens sont également divisés sur l'efficacité des nouvelles sanctions contre Moscou : 52 % y sont favorables tandis qu'une large majorité soutient l'accueil des réfugiés ukrainiens (68 %) et la fourniture d'une aide humanitaire à Kiev (74 %). En revanche, le pays est divisé en trois pour ce qui est de l'éventuelle entrée de l'Ukraine dans l'UE : 34 % y sont favorables et 32 % s'y opposent. En général, la guerre au Moyen-Orient attire davantage l'attention, en particulier chez les plus jeunes. En ce qui concerne les dirigeants, les Italiens considèrent Poutine comme le plus influent (36 %), suivi de Xi Jinping (17 %) et de Joe Biden (17 %). Parmi les acteurs qui gagnent en influence, la Chine (+33 %) et la Russie (+25 %) sont aussi prédominants ; l'Italie est en queue de peloton (-20 %). Les Italiens sont certains de trois choses : le monde est plus fragmenté (87 %), plus incertain (86 %) et plus inégal (75 %) qu'il ne l'était il y a seulement quelques années. »

(Traduction : ambassade de France à Rome)

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